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EAN : 9782070128136
296 pages
Gallimard (15/12/2009)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Publié à ses frais en 1918, oublié par la suite, Impressions et paysages est le premier livre de Federico Garcia Lorca. Ecrit à dix-neuf ans, quand le poète était étudiant à l'université de Grenade, il est la relation d'un voyage que fit le jeune homme avec quelques compagnons d'études à travers les terres de la Vieille-Castille et du Léon. Oeuvre de jeunesse, Impressions et paysages révèle déjà, en sa forme encore hésitante, les prodigieuses ressources d'un tempéra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Oeuvre de jeunesse et premier livre de Federico Garcia Lorca, écrit lorsqu'il avait 19 ans. Cet essai très poétique est déjà très prometteur et annonce la naissance d'une grande plume. Ce livre avait été édité aux frais de l'auteur en 1918 et oublié par la suite. Federico Garcia Lorca y fait référence à l'art, la religion, la musique et le lecteur y trouve deux thèmes chers à l'auteur l'obsession de la mort et l'amour de la ville natale. Un beau livre, rempli de superbes descriptions, mais je le trouve quand même d'une très grande mélancolie, assez inquiétant et plutôt sombre.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Toutes les choses dorment d'un sommeil léger... On dirait que dans les rues tristes et silencieuses passent de vieilles ombres qui pleureront sur le minuit... De tous côtés, des ruines couleur de sang, des arcs pareils à des bras qui cherchent à s'étreindre, des colonnes brisées, jaunes, couvertes de lierre, des têtes qui s'effritent parmi la terre humide, des écussons qui disparaissent sous un vert obscur, des croix rouillées qui parlent de la mort... Puis un doux son de cloches qui sans arrêt bourdonne aux oreilles... des voix d'enfants qui portent toujours très loin et un aboiement continuel qui emplit tout... Enfin, la lumière, infiniment pure. Sur le ciel, d'un bleu intense, se découpent avec force les palais et les maisons aux oriflammes de sisymbres. Les rues sont vides, et si quelqu'un les traverse, c'est d'un pas très lent, comme si l'on craignait de réveiller quelque personne au sommeil délicat... Les herbes envahissent les chemins et se répandent par toute la ville, obstruent les rues, bordent les maisons et effacent les empreintes de ceux qui passent. Les cyprès donnent une note de mélancolie à l'atmosphère et sont des encensoirs géants qui parfument l'air de la ville, continuellement dissous en une poussière rouge...
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ALBAYZIN

Avec des échos fantastiques les maisons blanches surgissent sur la colline... En face, profilées sur le ciel, les tours dorées de l'Alhambra plongent dans un rêve oriental.
Le Darro clame sa vieille plainte en léchant des lieux pleins de légendes maures. Toute l'atmosphère vibre des rumeurs de la ville.
L'Albayzin s'entasse sur la colline, dressant ses tours pleines de grâce mudéjare... Il y a une harmonie extérieure infinie. Tout autour du coteau, la danse des maisonnettes est suave. Parfois, parmi les notes blanches et rouges des maisons, on voit les âpres taches vert sombres des figuiers d'Inde... Entourant les hauts clochers des églises, les campaniles des couvents montrent leurs cloches cloîtrées derrière des jalousies, cloches qui chantent dans les divines aubes de Grenade, pour répondre peut-être au miel profond de la Vela.
(...)
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Les souvenirs que laissent les jardins sont infiniment vagues... Lorsque nous traversons leurs recoins ombreux, nous nous sentons gagnés par la mélancolie... Toutes les mélancolies ont une essence de jardin... A l'heure du crépuscule, des frissons aux tons ténus, qui ont toute la gamme de la couleur triste, parcourent le jardin... Dans les aubes obscures, tout l'esprit de la femme qui nous obsède revit parmi le lierre... Et dans le cadre de cette fontaine d'argent liquide et de ces feuilles éternellement inquiètes, notre imagination place les visions spirituelles de notre monde intérieur que fait surgir la magique suggestion de l'atmosphère. Il semble que les jardins aient été créés pour servir de reliquaire à toutes les scènes romantiques de la terre. Un jardin, c'est une chose supérieure, c'est une mosaïque d'âmes, de silences et de couleurs, qui guettent les coeurs mystiques pour les faire pleurer. Un jardin, c'est une coupe immense aux mille essences religieuses. Un jardin, c'est quelque chose qui vous étreint avec amour, c'est une paisible amphore de mélancolies. Un jardin, c'est un tabernacle de passions, c'est une grandiose cathédrale pour de très beaux péchés. Dans les jardins se cachent la mansuétude, l'amour, et cette sorte de vague à l'âme que donne l'oisiveté........
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Le rideau se lève. L'âme du livre va être jugée. Les yeux du lecteur sont deux petits génies qui cherchent les fleurs spirituelles pour les offrir à ses pensées. Tout livre est un jardin. Heureux celui qui sait le cultiver et bienheureux celui qui coupe ses roses pour en nourrir son âme!... Les lampes de l'imagination s'allument en recevant le baume parfumé de l'émotion.
Le rideau se lève.
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Méditation

Il y a de l'inquiétude et de la mort dans ces villes silencieuses et oubliées. Je ne sais quel son de cloche profond entoure ta mélancolie... Les distances sont courtes, mais néanmoins quelle fatigue elles donnent au coeur. Dans certains d'entre eux, comme Ávila, Zamora, Palencia, l'air semble fait de fer et le soleil jette une tristesse infinie dans ses mystères et ses ombres. Une main d'amour a couvert leurs maisons pour que la vague de la jeunesse n'arrive pas, mais la jeunesse est arrivée et continuera d'arriver, et au-dessus des croix rougeâtres nous verrons s'élever un avion triomphant.

Il y a des âmes qui souffrent avec le passé... et quand elles se retrouvent dans des terres anciennes couvertes de moisissure et d'immobilité ancestrale, elles oublient ce qu'elles sont pour regarder vers ce qui ne viendra pas, et si elles pensent à leur tour à l'avenir, elles viendront pleure tristement. et amère déception... Ces gens qui traversent les rues désertes le font avec la gigantesque fatigue d'être entourés d'un rythme rouge et aplatissant... Les champs !...

Ces champs, immense symphonie de sang séché, sans arbres, sans nuances de fraîcheur, sans aucun repos pour le cerveau, pleins de prières superstitieuses, de fer brisé, de peuples énigmatiques, d'hommes flétris, produits douloureux de la race colossale et d'ombres augustes. cruelle... Partout c'est l'angoisse, l'aridité, la misère et la force... et des champs et des champs qui défilent, tous rouges, tous mêlés d'un sang qui a celui d'Abel et de Caïn... Au milieu de ces champs les villes rouges ils se voient à peine. Des villes pleines de charmes mélancoliques, de souvenirs d'amour tragique, de vies de reines attendant perpétuellement l'époux qui se bat la croix sur la poitrine, de souvenirs de cavalcades funèbres où, craignant les flambeaux, on apercevait le visage décomposé de la sainte martyr qu'ils emmenèrent enterrer fuyant la profanation mauresque, de pas de chevaux vigoureux et d'ombres fatidiques de pendus, de moines miracles, d'apparitions blanches en peine de prières qui à midi sortiraient des clochers, écartant les hiboux pour demander grâce aux vivants pour leurs âmes , des voix de rois, réponses cruelles et angoissantes de l'Inquisition en criant la chair brûlée de quelque astrologue hérétique. Toute l'Espagne passée et presque présente se respire dans les cités augustes et les plus solennelles de Castille... Toute l'horreur médiévale avec toute son ignorance et avec tous ses crimes... « Ici, nous dit-on en passant, était l'Inquisition ; là le palais de l'évêque qui présidait les autos de fe", et en compensation ils s'exclament : "Ici Teresa est née. Là Juan de la Cruz"... Villes de Castille pleines de sainteté, d'horreur et de superstition ! Villes ruinées par le progrès et mutilées par la civilisation actuelle !... Vous êtes si majestueux dans votre vieillesse qu'il semblerait qu'il y ait une âme colossale, un Cid de rêve tenant vos pierres et vous aidant à affronter les féroces dragons de la destruction... Des âges flous ont traversé tes carrés mystiques. Des figures immenses vous ont donné la foi, des légendes et une poésie colossale ; vous restez debout bien que miné par le temps... Que vous diront les générations futures ? Quel salut la sublime aurore du futur vous fera-t-elle ? Une mort éternelle t'entourera au doux et suave bruit de tes fleuves, et une couleur vieil or t'embrassera toujours sous la forte caresse de ton soleil de feu... Les âmes romantiques que le siècle méprise, tant tu es si romantique et si passé,

L'âme voyageuse qui traverse vos murs sans vous contempler, ne connaît pas l'infinie grandeur philosophique que vous renfermez, et ceux qui vivent sous votre manteau n'arrivent presque jamais à comprendre les grands trésors de consolation et de résignation que vous possédez. Un cœur fatigué et plein de lassitude pour les vieux et pour l'amour trouve en vous la tranquillité amère dont il a besoin, et vos nuits d'une immobilité incomparable apprivoisent l'esprit rugissant de celui qui vous cherche pour le repos et la méditation... Cités de Castille,

vous sont pleines d'un mysticisme si fort et si sincère que vous mettez l'âme en haleine !... Villes de Castille, en vous contemplant si sévèrement, les lèvres disent quelque chose de Haendel !...

Dans ces promenades sentimentales et onctionnelles à travers l'Espagne des guerriers, l'âme et les sens profitent de tout et s'enivrent de nouvelles émotions qui ne peuvent être apprises qu'ici, de sorte qu'à la fin ils laissent derrière eux la merveilleuse gamme de souvenirs... Parce que Les souvenirs de voyage sont un retour au voyage, mais maintenant avec plus de mélancolie et réalisant plus intensément les charmes des choses... Quand on se souvient, on s'enveloppe d'une lumière douce et triste, et on s'élève avec nos pensées au-dessus de tout... On rappelez-vous les rues imprégnées de mélancolie, les gens que nous avons rencontrés, certains sentiments qui nous ont envahis et nous avons soupiré pour tout, pour les rues, pour la gare dans laquelle nous les avons vus... pour revivre la même chose en un mot. Mais si par un changement de nature nous pouvions revivre la même chose,
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Vidéo de Federico Garcia Lorca
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/sylvie-le-bihan-les-sacrifies-53498.html Elle est présente en librairie depuis plusieurs années et Sylvie le Bihan a prouvé la qualité de sa plume même si elle reconnait elle-même ressentir encore le syndrome de l'imposteur quand elle voit ses livres en vitrine. En 2013 parait son premier ouvrage, « Petite bibliothèque du gourmand », une anthologie de textes littéraires autour de l'art culinaire, un livre préfacé par son mari, le chef Pierre Gaignaire.
Elle est présente en librairie depuis plusieurs années et Sylvie le Bihan a prouvé la qualité de sa plume même si elle reconnait elle-même ressentir encore le syndrome de l'imposteur quand elle voit ses livres en vitrine.
En 2013 parait son premier ouvrage, « Petite bibliothèque du gourmand », une anthologie de textes littéraires autour de l'art culinaire, un livre préfacé par son mari, le chef Pierre Gaignaire.
L'année suivante, choisissant la plume romanesque, elle signe « L'autre », récompensé au festival du 1er roman de Chambéry, histoire saisissante sur le pervers narcissique. le livre est fortement remarqué. Dès lors, Sylvie le Bihan devient un nom qui compte. « Là où s'arrête la terre », « Qu'il emporte mon secret », « Amour propre » ont crée autour de la romancière un lectorat fidèle qui se retrouve dans ses intrigues, dans les sujets abordés, dans la fragilité des personnages, dans la subtilité de son écriture
Voici son nouveau titre, « Les sacrifiés ». Et quelle réussite ! Sylvie le Bihan choisit cette fois-ci la fresque historique et nous entraine dans l'Espagne des années 30, celle qui de l'insouciance va sombrer dans la violence et la guerre civile. Juan est le personnage central de cette histoire de soleil et de sang. Il est encore gamin quand on lui fait quitter son village d'Andalousie pour devenir le cuisinier du célèbre torero Ignacio Ortega. Dès lors, dans l'ombre, le jeune Juan va découvrir une nouvelle vie de luxe et d'insouciance où les stars de la tauromachie côtoie tous les artistes de l'époque. Fasciné, il va surtout devenir le témoin d'un trio exceptionnel, celui que forment, entre amour et amitié, le sémillant torero Ignacio, la belle danseuse Encarnacion et le fragile poète Federico Garcia Lorca. Mais bientôt, le ciel d'Espagne vire à l'orage. Juan et tous les protagonistes de cette histoire vont être balayés par le vent de l'Histoire.
Là est la force du livre de Sylvie le Bihan. A l'exception du personnage fictif de Juan, tous les autres sont authentiques. Au prix de plusieurs années de travail et de recherches, elle leur redonne vie dans ce roman foisonnant, flamboyant, douloureux, qui résonne étrangement avec notre époque contemporaine et interpelle : qui sont les sacrifiés d'aujourd'hui ?
Hommage à l'Espagne et à son histoire, hommage à la littérature et à Federico Garcia Lorca, Sylvie le Bihan signe un livre au souffle puissant, parfaitement construit, à l'écriture remarquable, un livre que vous refermerez le coeur déchiré
C'est un coup de coeur ;
« Les sacrifiés » de Sylvie le Bihan est publié aux éditions Denoël.
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Je suis né le 5 juin 1898 en Andalousie à Fuente ...?... Naci el 5 de junio de 1898 en Andalucia en el pueblo de Fuente ...?... precisamente.

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