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Poésies (Federico Garcia Lorca) tome 3 sur 4
EAN : 9782070301720
256 pages
Gallimard (28/02/1968)
3.65/5   17 notes
Résumé :
"Heureuse, géniale, miraculeuse, éminemment gracieuse, [la poésie de Federico Garcia Lorca] est aussi tragique. Et c'est là sans doute la raison profonde de son universel succès. Ses pièces sont fascinantes parce qu'elles sont, non seulement tragiques, mais la tragédie même, l'actus tragicus, l'auto sacramental, la représentation, non point d'une circonstance particulière et de ses contingentes conséquences, mais de la Fatalité elle-même et de l'inexorable accomplis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Comme frandj (voir sa critique), je restai dubitatif à la lecture des premiers poèmes de ce recueil. Je ne connaissais rien de l'oeuvre de Garcia Lorca. Je pensais que la traduction devait inévitablement déprécier ces poèmes. Mais sur le chemin de ma patiente lecture, mon oreille s'est habituée au rythme assez constant de la grande majorité des poèmes de ce recueil bien que Garcia Lorca s'ouvre à de nombreuses formes. Son goût pour certaines images qui reviennent souvent d'un poème à l'autre comme la lune, le sang, l'herbe, les fourmis et encore plus les figures bovines (taureau, vache ou génisse) m'a ainsi dévoilé des mondes étranges aux frontières des mythes et façonnés par les vives émotions du poète de la vieille terre andalouse lorsqu'il se retrouve dans le temple new yorkais de l'urbanité et de la modernité.
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J'avais beaucoup apprécié les premières poésies de F. Garcia Lorca. Or, aujourd'hui, ce troisième tome me laisse un peu perplexe. Je ne suis pas vraiment emballé par la plupart des textes qui y sont donnés, notamment par ceux que le poète a écrits à New York vers le début du siècle. Je ne proposerai en citation qu'un seul poème qui est parvenu à m'émouvoir; il est douloureux car c'est une ode funèbre.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
PETITE VALSE VIENNOISE

À Vienne il y a dix jeunes filles,
une épaule où sanglote la mort
et une forêt de colombes empaillées.
Il y a un fragment de matin
au musée du givre.
Il y a un salon à mille fenêtres.
Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse la bouche fermée.
 
Cette valse, cette valse, cette valse,
de oui, de mort et de cognac
dont la traîne plonge dans la mer.
 
Je t’aime, je t’aime, je t’aime,
avec le fauteuil et le livre mort,
dans le couloir mélancolique,
au grenier sombre de l’iris,
dans notre couche sur la lune
et dans la danse que rêve la tortue.
Ay, ay, ay, ay !
Prend cette valse aux reins cambrés.
 
À Vienne il y a quatre miroirs
où jouent ta bouche et tes échos.
Il y a une mort pour piano
qui peint de bleu les jeunes gars.
Il y a des mendiants sur les toits.
Il y a de fraîches guirlandes de larmes.
Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse qui se meurt dans mes bras.
 
Parce que je t'aime, je t'aime, amour,
dans le grenier où s'amusent les enfants,
qui rêvent de vieux lustres de Hongrie
tandis que bruisse le tiède après-midi,
et que, sous l'obscur silence de ton front,
ils voient défiler des brebis
et des iris enneigés.
Ay, ay, ay, ay !
Prends cette valse de « l'éternel amour. »
 
À Vienne je danserai avec toi
et je mettrai un déguisement
avec une tête de fleuve.
Vois mes rives de jacinthes !
Je laisserai ma bouche entre tes jambes,
mon âme dans les lis et les photographies;
et dans l'obscur sillage de ta marche,
je veux, mon amour, mon amour, laisser,
violon et sépulcre, les rubans de la valse.

(En souvenir de Léonard Cohen qui, dans sa chanson, TAKE THIS WALTZ, a mis ce poème en musique)
-----------------------------------------
PEQUEÑO VALS VIENES

En Viena hay diez muchachas,
un hombro donde solloza la muerte
y un bosque de palomas disecadas.
Hay un fragmento de la mañana
en el museo de la escarcha.
Hay un salón con mil ventanas.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals con la boca cerrada.

Este vals, este vals, este vals,
de sí, de muerte y de coñac
que moja su cola en el mar.

Te quiero, te quiero, te quiero,
con la butaca y el libro muerto,
por el melancólico pasillo,
en el oscuro desván del lirio,
en nuestra cama de la luna
y en la danza que sueña la tortuga.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals de quebrada cintura.

En Viena hay cuatro espejos
donde juegan tu boca y los ecos.
Hay una muerte para piano
que pinta de azul a los muchachos.
Hay mendigos por los tejados.
Hay frescas guirnaldas de llanto.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals que se muere en mis brazos.

Porque te quiero, te quiero, amor mío,
en el desván donde juegan los niños,
soñando viejas luces de Hungría
por los rumores de la tarde tibia,
viendo ovejas y lirios de nieve
por el silencio oscuro de tu frente.
¡Ay, ay, ay, ay!
Toma este vals del "Te quiero siempre".

En Viena bailaré contigo
con un disfraz que tenga
cabeza de río.
¡Mira qué orilla tengo de jacintos!
Dejaré mi boca entre tus piernas,
mi alma en fotografías y azucenas,
y en las ondas oscuras de tu andar
quiero, amor mío, amor mío, dejar,
violín y sepulcro, las cintas del vals.
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Ville qui ne dort pas

Dans le ciel, personne ne dort. Personne, personne.
Personne ne dort.
Les créatures de la lune reniflent et rôdent autour de leurs cabanes.
Les iguanes vivants viendront mordre les hommes qui ne rêvent pas,
et celui qui se précipite l'esprit brisé rencontrera au
coin de la rue
l'incroyable alligator silencieux sous la tendre protestation des
étoiles.

Personne ne dort sur terre. Personne, personne.
Personne ne dort.
Dans un cimetière lointain, il y a un cadavre
qui gémit depuis trois ans à
cause d'une campagne sèche sur ses genoux ;
et ce garçon qu'ils ont enterré ce matin a tellement pleuré
qu'il a fallu appeler les chiens pour le faire taire.

La vie n'est pas un rêve. Prudent! Prudent! Prudent!
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LUNE ET PANORAMA DES INSECTES


Un petit gant corrosif m'arrête. Il suffit!
Dans mon mouchoir j'ai entendu le crac
de la première veine qui se brise.
Prends soin de tes pieds, mon amour ! de tes mains!
puisqu'il me faut livrer mon visage,
mon visage, mon visage! ah! mon visage mangé!

Ce feu chaste pour mon désir,
cette confusion par souci d'équilibre,
cette innocente douleur de poudre dans les yeux,
allègeront l'angoisse d'un autre cœur
dévoré par les nébuleuses.

Point ne nous sauvent les gens des magasins de
chaussures
ni les paysages qui deviennent musique au contact des
clés oxydées.
Mensonge que l'air. Seul existe
au grenier un petit berceau
qui se rappelle toutes choses.
Et la lune.
Mais non, pas la lune.
Les insectes,
les insectes seuls,
crépitants, mordants, frémissants, groupés,
et la lune
avec un gant de fumée, assise à la porte de ses
éboulements.
La lune!
New York, 4 janvier 1930.

p.106-107
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SONNETS


Spectre d'argent aux franges qui frémissent,
la brise de la nuit en soupirant
rouvre ma vieille plaie de sa main grise
et s'éloigne : je reste pantelant.

Douleur d'amour d'où rejaillit la vie,
puits éternel de lumière et de sang,
retraite où Philomèle muette et triste
trouve son nid, ses bois et son tourment.

Ah, quelle douce rumeur dans ma tête !
Je m'étendrai près de la fleur naïve
où flottera sans âme ta beauté,

et là, tandis que blondira l'eau vive,
mon sang se répandra par la jonchaie
humide et odorante de la rive.

p.186
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LUNE ET PANORAMA DES INSECTES
(poème d'amour)

La lune sur la mer se joue,
dans la voile gémit le vent
qui soulève si doucement
Les vagues d'argent et d'azur.
Espronceda.


Mon cœur aurait la forme d'un soulier
si chaque village avait une sirène.
Mais la nuit est interminable quand elle s'appuie sur les
malades
et il y a des bateaux qui veulent qu'on les regarde pour
pouvoir sombrer tranquilles.

Si l'air souffle doucement
mon cœur a la forme d'une petite fille.
Si l'air refuse de sortir des cannaies
mon cœur a la forme d'une millénaire bouse de taureau.

Voguer, voguer, voguer, voguer,
vers le bataillons aux pointes inégales,
vers un paysage de guets pulvérisés.
Nuit égale de la neige, des systèmes suspendus.
Et la lune.

La lune!
Mais non, pas la lune.
Le renard des tavernes,
la coq japonais qui s'est mangé les yeux,
les herbes mastiquées….

p.104
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Videos de Federico Garcia Lorca (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Federico Garcia Lorca
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/sylvie-le-bihan-les-sacrifies-53498.html Elle est présente en librairie depuis plusieurs années et Sylvie le Bihan a prouvé la qualité de sa plume même si elle reconnait elle-même ressentir encore le syndrome de l'imposteur quand elle voit ses livres en vitrine. En 2013 parait son premier ouvrage, « Petite bibliothèque du gourmand », une anthologie de textes littéraires autour de l'art culinaire, un livre préfacé par son mari, le chef Pierre Gaignaire.
Elle est présente en librairie depuis plusieurs années et Sylvie le Bihan a prouvé la qualité de sa plume même si elle reconnait elle-même ressentir encore le syndrome de l'imposteur quand elle voit ses livres en vitrine.
En 2013 parait son premier ouvrage, « Petite bibliothèque du gourmand », une anthologie de textes littéraires autour de l'art culinaire, un livre préfacé par son mari, le chef Pierre Gaignaire.
L'année suivante, choisissant la plume romanesque, elle signe « L'autre », récompensé au festival du 1er roman de Chambéry, histoire saisissante sur le pervers narcissique. le livre est fortement remarqué. Dès lors, Sylvie le Bihan devient un nom qui compte. « Là où s'arrête la terre », « Qu'il emporte mon secret », « Amour propre » ont crée autour de la romancière un lectorat fidèle qui se retrouve dans ses intrigues, dans les sujets abordés, dans la fragilité des personnages, dans la subtilité de son écriture
Voici son nouveau titre, « Les sacrifiés ». Et quelle réussite ! Sylvie le Bihan choisit cette fois-ci la fresque historique et nous entraine dans l'Espagne des années 30, celle qui de l'insouciance va sombrer dans la violence et la guerre civile. Juan est le personnage central de cette histoire de soleil et de sang. Il est encore gamin quand on lui fait quitter son village d'Andalousie pour devenir le cuisinier du célèbre torero Ignacio Ortega. Dès lors, dans l'ombre, le jeune Juan va découvrir une nouvelle vie de luxe et d'insouciance où les stars de la tauromachie côtoie tous les artistes de l'époque. Fasciné, il va surtout devenir le témoin d'un trio exceptionnel, celui que forment, entre amour et amitié, le sémillant torero Ignacio, la belle danseuse Encarnacion et le fragile poète Federico Garcia Lorca. Mais bientôt, le ciel d'Espagne vire à l'orage. Juan et tous les protagonistes de cette histoire vont être balayés par le vent de l'Histoire.
Là est la force du livre de Sylvie le Bihan. A l'exception du personnage fictif de Juan, tous les autres sont authentiques. Au prix de plusieurs années de travail et de recherches, elle leur redonne vie dans ce roman foisonnant, flamboyant, douloureux, qui résonne étrangement avec notre époque contemporaine et interpelle : qui sont les sacrifiés d'aujourd'hui ?
Hommage à l'Espagne et à son histoire, hommage à la littérature et à Federico Garcia Lorca, Sylvie le Bihan signe un livre au souffle puissant, parfaitement construit, à l'écriture remarquable, un livre que vous refermerez le coeur déchiré
C'est un coup de coeur ;
« Les sacrifiés » de Sylvie le Bihan est publié aux éditions Denoël.
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