AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782849503065
160 pages
Syllepse (07/07/2011)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Ce numéro fait le choix du contretemps. Prenant ses distances avec l'immédiate actualité, il consacre son dossier à Frantz Fanon. Ce révolutionnaire disparu il y a 50 ans, dont l’œuvre a connu une éclipse, mérite aujourd'hui un retour et une réflexion approfondie, pour en redécouvrir toute la force. C'est le propos des articles de Rafik Chekkat, Peter Hallward et Leo Zeilig. Autre actualité distanciée : celle du marxisme, avec une étude de Patrick Massa sur Marx et ... >Voir plus
Que lire après ContreTemps, N° 10, juin 2011 : Frantz Fanon, 50 ans après...Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce numéro nous invite à un retour sur l'oeuvre de Franz Fanon. « Mais là encore, tout en se souvenant de Fanon, on ne cesse de l'oublier. Ce retour à Fanon, en se concentrant dans l'académie, a participé d'un certain oubli : celui de l'unité de la théorie et de la pratique (que ravive, dans ce dossier, l'article de Leo Zeilig) ou encore l'oubli de son volontarisme (que ramène à nous l'article de Peter Hallward). Quand à la question raciale (au centre de l'article de Rafik Chekkat), si l'enveloppe académique la réquisitionne bien, elle le fait en la disjoignant des questions d'économie politique. »

Comme l'indiquent aussi les auteur-e-s dans une forme d'introduction « le souffle de Fanon » : « Fanon met à jour jusqu'où l'emprise coloniale a atteint le colonisateur, la nation colonisatrice et a quel point celle-ci a dû intégrer le racisme à sa propre formation sociale. »

Léo Zeiling retrace la vie révolutionnaire de Franz Fanon, de la Martinique, à l'Algérie et à l'exil en Tunisie, en soulignant les questions abordées « Les questions qu'il a posées restent vitales pour ceux et celles qui entendent faire l'étude des transformations sociales. Ses préoccupations sont aussi les nôtres : quelles sont les limites des mouvements révolutionnaires ? Quelles forces politiques usurpent les luttes révolutionnaires ? Quel est le rôle du leadership dans les luttes politiques ? Comment les mouvements nationalistes et la conscience nationale sont par eux-mêmes restrictifs pour la transformation politique et sociale ? » L'auteur insiste l'expérience du colonialisme, sa violence et la nécessaire violence de l'opprimé « composante nécessaire et inévitable de la décolonisation ». Il souligne aussi les limites des conceptions de Franz Fanon sur la « nation comme création dynamique de l'action du peuple ».

L'article de Rafik Chekkat « Entre erreur blanche et mirage noir, la question raciale dans les premiers écrits de Fanon » apporte des éclairages importants sur l'institutionnalisation de l'oppression raciale. Il s'appuie à la fois sur les travaux de Franz Fanon et les analyses de Saïd Bouamama « Pour discriminer, il faut disposer d'un pouvoir dans un mécanisme social » et fait ressortir la race comme rapport social.

Sur un autre thème « L'invisibilité du travail », Roland Pfefferkorn introduit trois textes et souligne que c'est « la lutte qui permet à ces travailleuses et travailleurs de sortir de l'invisibilité, de rendre visible leur travail, de se rendre visibles… » Certains travaux (nettoyage, aide à la personne, etc.) ne peuvent être délocalisés, mais ils donnent lieu à « une délocalisation sur place ».

J'ai particulièrement été intéressé par l'article de Louis-Marie Barnier « Lutte contre l'invisibilité , la lutte invisible ? Femmes du nettoyage avion et résistances collectives ». L'auteur montre comment tout est organisé pour rendre invisible ces travaux, pour la non-rencontre entre usager-e-s et le personnel de nettoyage. Il insiste aussi sur la création d'un cadre mythique sans lien avec le travail « La contradiction entre le travail à la source de ce transport, avec sa communauté de vie et de labeur, et le voyage comme acte mythique et acte commercial, interroge sur la situation de l'agent et la représentation contradictoire de son travail ». L'invisibilité concoure aussi à la déconsidération du travail et de ces travailleuses et travailleurs.

Il aurait été bien venue de poursuivre sur l'invisibilité du travail de nettoyage des hôtels et des violences sexistes qui sont beaucoup plus quotidiennes, ici et là-bas, que ce que l'actualité met au devant de la scène aux États-Unis.

En compléments possibles, je rappelle les recueils, sous la direction de Philippe Cardon, Danièle Kergoat et Roland Pfefferkorn : Chemins de l'émancipation et rapports sociaux de sexe (Editions La Dispute, Paris 2009) et sous la direction de Sophie Béroud et Paul Bouffartigue : Quand le travail se précarise, quelles résistances collectives (Editions la Dispute, Paris 2009)

Je signale aussi l'entretien avec Enzo Traverso à propos de son livre L'histoire comme champ de bataille (La Découverte 2011) « Un monde sans utopie c'est un monde dont le regard est tourné vers le passé » dont je ne peux que conseiller la lecture attentive Essor de l'histoire globale, retour de l'événement et surgissement de la mémoireet Entre XXe et XXIe siècles, violences et mélancolie…

Les autres textes sont d'un intérêt plus inégal.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mais là encore, tout en se souvenant de Fanon, on ne cesse de l’oublier. Ce retour à Fanon, en se concentrant dans l’académie, a participé d’un certain oubli : celui de l’unité de la théorie et de la pratique (que ravive, dans ce dossier, l’article de Leo Zeilig) ou encore l’oubli de son volontarisme (que ramène à nous l’article de Peter Hallward). Quand à la question raciale (au centre de l’article de Rafik Chekkat), si l’enveloppe académique la réquisitionne bien, elle le fait en la disjoignant des questions d’économie politique.
Commenter  J’apprécie          00
Mais là encore, tout en se souvenant de Fanon, on ne cesse de l’oublier. Ce retour à Fanon, en se concentrant dans l’académie, a participé d’un certain oubli : celui de l’unité de la théorie et de la pratique (que ravive, dans ce dossier, l’article de Leo Zeilig) ou encore l’oubli de son volontarisme (que ramène à nous l’article de Peter Hallward). Quand à la question raciale (au centre de l’article de Rafik Chekkat), si l’enveloppe académique la réquisitionne bien, elle le fait en la disjoignant des questions d’économie politique.
Commenter  J’apprécie          00
Fanon met à jour jusqu’où l’emprise coloniale a atteint le colonisateur, la nation colonisatrice et a quel point celle-ci a dû intégrer le racisme à sa propre formation sociale.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Isabelle Garo (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Isabelle Garo
Pourquoi faut-il lire Karl Marx aujourd'hui ? .200 ans après la mort du philosophe et économiste allemand, ses idées résonnent avec les mobilisations sociales de notre temps. Lutte des classes, privatisation, féminisme ou esclavage autant de bonnes raisons de lire ou relire Marx aujourd'hui, avec les analyses des spécialistes Jules Falquet et Isabelle Garo.
autres livres classés : réflexionsVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (1) Voir plus




{* *}