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EAN : 9782493909022
198 pages
Collection Proche (18/08/2022)
3.91/5   383 notes
Résumé :
"Je suis le fils d'un salopard qui m'aimait. Mon père était un marchand de meubles qui récupéra les biens des Juifs déportés. Mot par mot, il m'a fallu démonter cette grande duperie que fut mon éducation. À vingt-huit ans, j'ai connu une première crise de délire, puis d'autres. Je fais des séjours réguliers en hôpital psychiatrique. Pas sûr que tout cela ait un rapport, mais l'enfance et la folie sont à mes trousses. Longtemps je n'ai été qu'une somme de questions. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (66) Voir plus Ajouter une critique
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Le texte s'ouvre sur la mort du père de Gérard Garouste. Immédiatement, les émotions sont dissonantes. « Il était mort et j'étais soulagé. » (p. 11) le fils qui ne s'émeut pas de la mort de père, on voit ça depuis Oedipe. Mais jamais la disparition de l'homme qui fut le père n'a su calmer les angoisses du fils, même devenu homme. « Sa mort ne change pas grand-chose. Elle ne résorbe rien. Je vis depuis toujours dans la faille qui existe entre lui et moi. C'est là que j'ai compris mon rapport aux autres et au monde. » (p. 13)
Garouste père fut un homme, un mari et un père brutal, professant à tout va une immense haine des Juifs. « Mon nom est une jurisprudence. » (p. 20) Toute sa vie, Gérard voudra réparer les fautes de son père. « Il n'avait pas pu faire héros. Alors il avait fait salaud. Son éducation de bon catholique l'y préparait. Il appartenait à un monde d'illusion et de certitudes, où les Juifs avaient sale réputation. » (p. 23) le fils se sent des devoirs sur l'héritage de culpabilité que lui a laissé son père, un devoir de battre en brèche son éducation catholique.
Mais c'est ce père si ambivalent qui sauva Gérard. « Il se savait dangereux pour moi. Il avait, je crois, voulu me sauver de lui et se sauver de lui-même à travers moi, à l'ancienne. » (p. 25) Gérard est élevé par une tante et un oncle mis au ban de la famille. C'est là qu'il a ses premiers chocs artistiques, auprès d'un homme rustre qui n'avait pas conscience qu'il sublimait la réalité. Puis Gérard découvre la pension. Alors qu'elle est une prison pour certains, le garçon y fait l'expérience d'une liberté inouïe.
Adulte, il sait qu'il veut peindre, mais quelque chose le retient. Des peurs, des angoisses, des restes d'enfance. Gérard tombe alors dans le délire et découvre les centres psychiatriques. « le délire, c'est une fuite, une peur d'être au monde, alors, on préfère se croire mort, tout-puissant, ou juste un enfant. » (p. 86) Mari, puis père, Gérard ne peut empêcher son esprit de lâcher prise. Il fut un enfant rêveur, il est maintenant un adulte tourmenté et inquiet. Pour peindre, il lui faut s'affranchir de ses angoisses. « le délire ne déclenche pas la peinture, et l'inverse n'est pas plus vrai. La création demande de la force. » (p. 97) Et l'on suit le peintre, ses premiers succès, ses expositions, ses rencontres. le talent est là, sans aucun doute, encore faut-il qu'il soit reconnu. Alors, finalement, qui est cet homme ? « Je suis peintre. Et fou, parfois. » (p. 133)
J'ai été profondément bouleversée par la figure de ce peintre qui se sait fragile et qui, petit à petit, détricote tout un écheveau culturel. Il repousse le catholicisme inepte et s'ouvre à la pensée judaïque. Il s'affranchit, autant qu'il le peut, d'un héritage qu'il ne reconnaît pas. Avec quel brio Gérard Garouste décrit-il son père ! À la fois figure à détruire et à distancer, cet homme a tout fait pour son fils. Mais, au terme de sa vie, il a cédé à ses terreurs et à préféré tout lui supprimer. La détresse du gamin, dans les premiers chapitres, m'a rappelé les chefs d'oeuvre de Jules Vallès, de Jules Renard ou d'Hervé Bazin : ces gosses-là avaient le coeur trop grand et trop tendre et leurs parents n'en on pas tenu compte.
Le sous-titre donne l'idée d'une gradation : le fils est devenu peintre qui est devenu fou. L'enfant portait en lui le peintre et le fou. Mais le fou cherche à redevenir un enfant et c'est le peintre qui le lui permet. Cette lecture est une grande claque. Je ne connaissais pas le peintre avant de lire son autobiographie. À comparer les toiles et le texte, je trouve la même beauté, la même complexité : il y a des chemins secrets partout, des mystères partout. Dans cette autobiographie, Gérard Garouste ne condamne pas son père : ce dernier avait signé tout seul sa sentence. le peintre ne blâme que lui-même pour ses faiblesses et ses hésitations. Mais il ne fait de façon telle qu'il sublime le processus de création, il donne au talent une dimension qui dépasse le génie. Il investit l'art et se revendique à travers lui.
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Gérard Garouste, je suis allée à sa rencontre avant même de le lire. En effet, il y a 2 ans, il a fêté les 20 ans de "la Source", association d'action éducative et d'aide aux enfants par l'art qui siège en Normandie. Concernée et impliquée dans ma sphère professionnelle par son oeuvre, ayant des magnifiques tableaux peints par des adolescents sous mes yeux tous les jours, je me suis décidée d'aller à la rencontre de cet artiste...Ce jour là, l'heure n'était pas à la dédicace, mais au protocole, avec tous les personnages qui vont avec....j'ai été émue par toutes les fresques murales faites par les enfants, des sculptures alambiquées, des machines a écrire qui produisent des feuilles dessinées, enfin j'ai adoré. J'ai donc rencontré le peintre et son oeuvre, mais je savais qu'il avait été tourmenté et je voulais connaitre son histoire....
L'in....tranquille, j'ai aimé ce titre, car il montre bien tout de suite ce qui va se passer....
L'écriture de Gérard Garouste met en relief ses blessures d'enfance ("il a mal à son père") qui vont le conduire dans des délires, dans la dichotomie de son âme, partagée dans un désir d'aller dans une certaine lucidité vers ses démons, pour les exorciser et en même temps dans l'incapacité de maîtriser ses bouffées délirantes aiguës, qui le conduiront vers plusieurs séjours en hôpital psychiatrique.
Garouste a du mal à se trouver, à se retrouver après ; pourtant entouré de personnes comme Jean Michel Ribes, Alain Pacadis....c'est par petites touches de peinture....si on peut dire qu'il se construit, toujours aimanté par son passé...., il rencontre Leo Castelli qui le propulse a New York, Berlin....Entre d'eux, il réussit à se marier, à avoir deux enfants....sa vie est émaillée et impactée par cette alchimie cérébrale dissonante, qui peut ressurgir à n'importe quel moment, si l'émotion est trop forte....son cerveau prend une autre autoroute....et c'est la crise....
Il s'est établi en Normandie après avoir reçu ses premiers revenus, et fonde quelques années plus tard face "au tableau", d'une famille dans une profonde détresse, l'association la Source.....
Cette lecture a fini par me "tourmenter", ayant vu quelques tableaux, sa folie s' incarnant dans ses peintures, j'ai cherché à faire un trait d'union entre l'écrivain et l'artiste.....qui fait référence à la Bible, à Don Quichotte......on a l'impression que Garouste nous a ouvert sa cervelle et ses électrifications......son cheminement vers une certaine résilience, tout en sachant que le délire peut encore toquer "à sa porte"....Il le dit, il en est conscient, et on se demande si malgré lui il ne joue pas avec....(sans équivoque à travers ses tableaux) avec en toile de fond des messages subliminaux, que le lecteur décode au fil des pages.....
J'espère ne pas vous avoir à mon tour, embrouillé la crinière......dans cette critique ! enfin vous l'avez compris....j'ai aimé cette rencontre de l'artiste et de l'écrivain......

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Dans ce livre autobiographique écrit avec Judith Pérignon, le peintre Gérard Garouste raconte ses secrets d'enfance, ses dépressions et ses séjours en hôpital psychiatrique.

Sans détour, il parle du père dont il avait peur et de sa plongée dans la folie, de l'antisémitisme paternel et de son mariage avec une femme juive. Tout comme la remise en cause de son éducation catholique et son attirance pour la religion juive, ces évènements ont bien sûr un lien : celui d'avoir détesté son père pour ce qu'il avait fait et représentait.

Gérard Garouste, artiste mondialement reconnu, évoque aussi sa peinture, sa conception de l'art et se pose des questions dont il cherche les réponses dans la littérature, dans les textes fondateurs des religions et chez les philosophes.

Sombre, profond, authentique, parfois agaçant, ce livre, dont l'auteur est animé d'une puissante volonté de vivre et de donner un sens à sa vie, dégage une grande force.
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Grace à cet ouvrage, j'ai fait plus ample connaissance avec un artiste français que j'avais entre aperçu dans une émission de télévision*. Sans avoir de goût particulier pour son style artistique, j'avais été séduit par son humilité et aussi par celle qui l'accompagne dans la vie depuis sa jeunesse. Cette femme, devenue son épouse, a été sa bouée de sauvetage. Avec une abnégation et une persévérance admirables, elle n'a eu de cesse de lui témoigner la croyance qu'elle plaçait en lui pour le soutenir. Elle l'a sauvé de la démence.

Dans L'intranquille, Gérard Garouste nous apprend ce parcours qui aurait pu tourner court si ce n'avait été la force de cette femme. Sans jamais le prononcer, il nous fait comprendre que toutes ces qualités se résument en un seul mot : amour.

L'intranquille est un ouvrage dans lequel l'artiste se livre très intimement. Cet ouvrage est touchant de sincérité, d'humilité. Gérard Garouste l'annonce lui-même dans son sous titre : autobiographie d'un fils, d'un peintre, d'un fou.
Un fils, parce que l'héritage paternel est lourd à porter. Un peintre, parce que sa vie dépend entièrement de son art. Un fou, parce qu'il a longtemps lutté contre la dépression, laquelle lui a valu d'être interné à plusieurs reprises en hôpital psychiatrique.

"Les toiles sont la réparation de quelque chose" affirme-t-il dans son entretien enregistré pour la télévision. A la lecture de son ouvrage autobiographique, on ne doute plus une seconde que l'antisémitisme dont son père a fait preuve, allant jusqu'à la spoliation des biens de familles juives, fasse partie de ce devoir de réparation dont il se fait obligation.

Quand par ailleurs il lui est demandé si la folie est la porte d'entrée pour accéder au talent, il répond, en se gardant bien de s'élever au rang de génie, en faisant oeuvre de modestie, se qualifiant même de médiocre, certes au sens de sage, de raisonnable : "Je me suis nourri de mes délires, de mes crises de démences pour élaborer mes oeuvres". Et d'enchaîner que ses tableaux appartiennent désormais à celui qui les regarde.

Il laisse donc au contemplateur de ses tableaux, comme au lecteur de son ouvrage, la responsabilité de faire de ses legs des oeuvres qui traverseront le temps. On a en tout cas plaisir à le lire, le voir et l'entendre évoquer ce parcours chaotique vers le succès qui est le sien aujourd'hui et qu'il se gardait bien de prévoir, conscient qu'il était de sa maladie.

Il est une autre de ses oeuvres que l'on découvre dans cet ouvrage : son association La Source. Elle s'est donné pour mission d'éveiller les enfants à la création et pourquoi pas de faire pousser des artistes en herbe. Une certaine façon de transmettre l'espoir. Belle initiative monsieur l'artiste.

(*) Thé ou café, mai 2018, disponible sur Youtube.
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J'ai acheté ce court livre pour mieux comprendre Gérard Garouste, peintre aujourd'hui mondialement connu, particulièrement apprécié de mon gendre Nicolas. Je l'avais découvert grâce à lui, sans toujours saisir ce qui, dans cette peinture figurative et narrative à la manière de Dali, interpelle aussi violemment le spectateur d'un tableau bourré de références, pétri d'hallucinations, secoué de nuages inquiétants.
Gérard Garouste brosse de lui-même et de sa famille un portrait sans concession, sans indulgence. de son père, il dit à ses propres fils après sa mort : « La guerre a engendré des héros, des gens qui se débrouillaient et s'en foutaient, des tueurs, des grands et des petits salopards. Votre grand-père faisait partie des petits salopards. »
Gérard Garouste est né en 1946, comme moi. Son père exploitait un magasin de meubles prospère, d'autant pus que pendant la guerre il avait reçu en gérance des autorités de Vichy la direction des établissements Lévitan. Il était donc pétainiste et antisémite. Son fils et lui se haïssent, tout en s'aimant sans savoir se le dire. C'est à la campagne, en Bourgogne, que Gérard est heureux, chez sa tante un peu simplette et son mari italien qui a entièrement recouvert les murs et les objets de son atelier à la peinture métallisée minium.
La jeunesse de Gérard sera rythmée par les renvois d'écoles en boîtes à Bac, dont une où il fera des rencontres décisives pour la suite de sa carrière : Jean-Michel Ribes, Philippe Stark, Patrick Modiano, François Rachline, des rencontres avec des hommes de la nuit comme Fabrice Emaer et son inénarrable Palace. Mais des allers et retours, il en fera aussi vers des hôpitaux psychiatriques : Sainte-Anne, Villejuif …On comprend mieux le caractère « illuminé » de certaines toiles, ses allusions à la Thora puisque Garouste a fort bien compris que la haine proférée par son père à l'égard des juifs est en réalité un signe de sa crainte et de sa sourde admiration. On comprend alors pourquoi , parallèlement à une analyse, Garouste prend des cours d'hébreu, épouse Elizabeth, qui est juive…
Lisant ces lignes, on pourrait croire à un roman tout en ressentant toute la tristesse et la violence de la vérité. Vite, vite, se reporter sur un beau livre des peintures de Gérard Garouste : L'ânesse et la figue.
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critiques presse (1)
LeFigaro
26 octobre 2011
Cette rencontre entre Gérard Garouste et Judith Perrignon donne un récit émouvant porté par la parole du premier et la plume de la seconde. En quelques pages, le portrait, les tourments et la complexité d'un artiste sont dévoilés. Des pages d'une grande richesse humaine. A lire absolument
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (128) Voir plus Ajouter une citation
C’était en 1953, je m’en souviens à cause du couronnement de la reine d’Angleterre, nous avions passé la matinée avec Eléo, l’oreille collée au poste de radio alors aussi gros qu’une télévision, et les yeux rêveurs à deviner les fastes du monde. Casso, lui, se fiche complètement de ce genre d’événement, rien ne brille plus que son univers en minium.

Cette année-là, mes parents m’envoyèrent pour Noël un jeu de construction en bois dont le couvercle promettait un chalet. Après l’avoir ouvert, je me suis installé devant la cheminée et j’ai fait brûler les baguettes de bois, une par une sous le regard de mon oncle. Il disait calmement, moi je serai toi, je ne ferais pas ça, si Eléo te voit, tu vas prendre une sacrée fessée, mais je continuais sans l’écouter la lente destruction du cadeau. Ça s’est terminé comme prévu par une fessée pantalon baissé sur les jambes d’Eléo, et mon oncle en face qui semblait dire je t’avais prévenu. Je ne sais pas si je repoussais par ce geste tout ce qui venait de mes parents. Je sais seulement que mes plus beaux souvenirs d’enfance sont là-bas.

J’étais un Indien : avec un cousin on s’enfermait dans la cave fraîche et obscure, nous étions en slip avec un arc et des flèches, à cheval sur les tonneaux, nous passions là de longues heures à nous croire les plus forts.
J’étais un cancre, j’allais à l’école, une vraie petite classe unique digne du XIXe siècle, tenue par un instituteur avec une raie au milieu du crâne aussi droite que la règle dont il usait pour nous taper sur les doigts. Il ne laissait rien au hasard et dessinait à la plume sur mes cahiers des zéros d’un graphisme impeccable.

J’étais ivre à la moisson de septembre encore menée par les chevaux. La poussière nous asséchait la gorge, il fallait boire beaucoup et l’on ne servait que du vin, aux adultes comme aux enfants.
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J’ai peint 600 tableaux, ils portent ma signature mais pas de dates. Rien ne trahit les longs moments passés à ne pas peindre. Sur les toiles terminées, j’écris des lettres et des chiffres, un code secret qui m’amuse et que j’emprunte à un vieux système d’écriture babylonien, ça me permet de les classer et de les situer dans le temps. Ces signes mis bout à bout formeront un jour une phrase de cinquante lettres, que je ne dis pas, elle sonne comme une métaphore de ma vie. Il y a sûrement, derrière ce petit jeu, ce bon vieux fantasme de l’artiste qui veut croire que tout prendra du sens après la mort, qu’il laissera une trace. J’ai d’ailleurs glissé sous certaines toiles, Adhara notamment, bien des repentirs, c’est ainsi qu’on appelle les corrections des peintres, elles apparaissent au fil du temps quand la couleur s’use et laisse voir ses premières couches (…) Les repentirs me font penser au lapsus, à l’acte manqué. J’en ai glissé sous les couleurs, autant qu’il y en a dans la vie. Ils apparaîtront quand je ne serai plus là, ainsi je parlerai encore.
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"Je cogitais sans cesse, comme s'il me fallait me justifier, me situer, ça m'épuisait, l'envie de peindre m'abandonnait puis elle revenait, plus brûlante encore. Où était le courage artistique désormais ? Fallait-il brûler les toiles ? Certains essayaient. Mais l'avant-garde c'est une bataille, pas une surenchère. Il faut un risque à la peinture. Je n'avais pas envie de prendre le train en marche. J'allais peindre, quitter le magasin, prendre un nouveau départ ! L'originalité était morte avec Picasso ? Bon débarras ! On allait pouvoir s'intéresser au sujet plus qu'au style, raconter des histoires, joué avec les sens, les émotions, j'en avais tant des émotions. Je voulais renouer avec la peinture, quitte à être jeune et classique, quitte à revenir en arrière. Je ne voulais pas d'une peinture nostalgique, je voulais déjouer l'avant-garde avec mes pinceaux et mes couleurs. L'art doit, de toute façon, tendre des pièges."
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"Je devais faire quelque chose, le mot devoir est énorme, mais je n'en connais pas de plus juste. C’est quand on sait nager qu’on peut sauver l’autre de la noyade, j’avais appris, je n’étais plus à la merci de la vie, peut-être juste de la folie. J’ai pensé monter une association, sortir ces enfants de chez eux, quelques heures, quelques jours pendant les vacances scolaires, leur montrer ce qui est beau, et surtout leur dire que ça pouvait avoir un rapport avec eux. Je sais que l’art ne peut sauver le monde, mais je sais qu’il contamine les désirs et éveille l’amour propre. Je réalisais alors la carte de voeu du Premier ministre, Michel Rocard, j’ai profité d’un passage à Matignon pour parler de mon projet, un conseiller nous a aidés au montage juridique de l’association. Elle s’appelle La Source, c’est le bruit de l’eau à la campagne, la musique des mots anciens que j’aime lire, c’est là que tout commence. Elle a vingt ans maintenant (en 2009), des locaux, une équipe, des projets, toujours plus d’enfants, venus de la campagne mais aussi des banlieues aux portes des grandes villes. Chaque année, parallèlement aux ateliers menés par de jeunes artistes, un invité d’honneur, peintre, sculpteur, cuisinier, architecte, paysagiste, comédien, sa voix, dirige un ou plusieurs ateliers, prête des oeuvres personnelles.
Je me rappelle le lancement de La Source, nous avons organisé un grand dîner dans notre jardin de normandie, nous avions invité les gens du village, des artistes, des élus, des enfants. Quelques jours avant, je racontais le projet à mon père, il m’avait écouté et posé beaucoup de questions sur les préparatifs de la journée. Et puis il avait eu cette phrase, pour moi son seul aveu. « C’est dommage que je haïsse l’humanité parce que sinon je serais bien venu."
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L'artiste le mieux vendu aujourd'hui s'appelle Jeff Koons, il a commencé trader à Wall Street, il a su digérer Duchamp et l'objet comme oeuvre d'art, Warhol et l'immersion de l'art dans la société de consommation, son atelier a tout d'une entreprise et il n'a aucun complexe à dire qu'il s'intéresse plus aux prix de ses oeuvres qu'à ses oeuvres elles-mêmes.
Il est levgagnant d'une époque faible, soûlée de télévision, d'argent et de performances où le métier d'artiste est très prisé. "Chômeur ! devenez artistes contemporains", écrit donc Ben. "L'art c'est l'espace qui existe entre mes doigts de pieds", clame--il aussi. Mais il faudra toujours des gens qui peignent, sculptent, écrivent loin du système, sans détester le passé, la rigueur et les règles de l'art, sans renoncer à la sincérité et à l'émotion que notre époque éteint ou détourne à force de surenchère.
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Videos de Gérard Garouste (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gérard Garouste
Le président Emmanuel Macron a renouvelé ce mercredi son soutien au ministre du travail Olivier Dussopt, qui doit être jugé pour favoritisme, estimant que le timing de cette affaire ne doit rien au hasard. En vidéo, Mediapart revient sur les enjeux du dossier et démonte un à un les arguments du gouvernement.
Faire bloc autour du soldat Olivier Dussopt, quoi qu'il en coûte. En conseil des ministres ce mercredi, Emmanuel Macron a signifié, selon Le Parisien, son « soutien entier et total » à son ministre du travail, qui doit être jugé dans une affaire de favoritisme avec l'un des leaders français de la gestion de l'eau, la Saur.
Comme l'a révélé Mediapart, le Parquet national financier (PNF) a estimé qu'Olivier Dussopt avait truqué un marché public, lorsqu'il dirigeait la commune d'Annonay (Ardèche), pour l'attribuer à l'entreprise privée, laquelle lui a offert plusieurs années plus tard deux lithographies de son peintre préféré, Gérard Garouste.
« On a la chance d'avoir un ministre courageux et compétent », a estimé Emmanuel Macron lors du conseil, alors qu'Olivier Dussopt porte le projet de réforme des retraites à l'Assemblée nationale. D'après Le Parisien, le président a également agité le fantasme du complot sur le timing de l'affaire, qui a pourtant débuté par des révélations de Mediapart en mai 2020 et s'est déroulé dans un calendrier classique. « Je ne crois pas au hasard », a toutefois insisté Emmanuel Macron.
Face aux arguments fallacieux de la communication gouvernementale, Mediapart revient en vidéo sur les enjeux de l'affaire.
Pour découvrir toutes nos révélations : https://www.mediapart.fr/journal/france/080223/affaire-dussopt-la-realite-des-faits-face-au-fantasme-du-complot#at_medium=custom7&at_campaign=1050
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