Cette biographie a été publiée en 1857, deux ans après la mort de
Charlotte Brontë. Ecrite par son amie et romancière
Elizabeth Gaskell, à la demande du père, Patrick Brontë, elle se lit comme un roman. Ces éléments me semblent intéressants, car ils permettent de se faire une idée, la plus juste, de ce que fut cette femme de lettres. Si l'entrée en matière a été difficile pour moi, les deux premiers chapitres décrivant les lieux de vie des Brontë, et les moeurs des habitants de cette lande hostile des siècles lointains (que Charlotte décrit très bien dans ses romans), dès que l'on entre au coeur de cette famille Brontë, il est difficile de lâcher le livre.
C'est captivant, et les nombreuses lettres de Charlotte à telle amie, tel éditeur, nous permettent d'en savoir plus sur ses états d'âme, et ses difficultés, notamment pour trouver un éditeur. Son souhait d'écrire sous un pseudonyme masculin, Currer Bell, est expliqué, à travers ses lettres notamment. Cette bio, dont on imagine la relecture de chaque phrase par son pasteur de père, est toutefois dénuée de toute allusion à la vie sentimentale de Charlotte. Les recours aux notes en fin d'ouvrage ont donc été incessants (fastidieux parfois), mais il est nécessaire d'y aller pour une version plus précise de certains faits.
J'ai apprécié découvrir les retours de lectures de
Charlotte Brontë, et ses avis sur ses propres romans. J'ai eu l'impression de mieux la connaître, et à travers elle, ses soeurs, car cette bio est aussi celle des soeurs Brontë. Une vie recluse et austère, en compagnie d'un père Pasteur, qui, bien qu'il n'ait jamais entravé la liberté de ses filles, les laissant voyager, seules parfois, jusqu'en Belgique, mener leurs vies comme elles l'entendaient, n'a pas suffi à les maintenir en bonne santé.
Elles ont toutefois, grâce à leurs lectures et leur soif de connaissances, acquis un niveau intellectuel leur permettant de sortir du cadre strict dans lequel la société victorienne cantonnait les jeunes filles. En avance sur leur temps, elles ont refusé le rôle qu'on leur assignait, et leur courage peut être salué. Cette biographie de Charlotte en témoigne, à chaque page.