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EAN : 9782757835012
696 pages
Points (13/06/2013)
3.61/5   66 notes
Résumé :
1796. La guerre contre la France révolutionnaire fait rage et ses répercussions ébranlent les provinces anglaises les plus lointaines. Le petit port baleinier de Monkshaven (Yorkshire) paie un lourd tribut en hommes valides, que les sergents recruteurs, haïs par la population, kidnappent de force pour servir le Roi. L’héroïne, Sylvia Robson, seize ans, fille unique de fermiers locaux, est une jolie sauvageonne, follement aimée par son terne cousin, Philip Hepburn. A... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Les amours contrariées auront toujours, pour les lecteurs romanesques dont je suis, cet attrait irrésistible qui, lorsqu'il est servi par une plume sensible et talentueuse, marque durablement leur mémoire.

Ainsi en est-il de ce beau roman qui réunit tout ce qui caractérise la période : le bord de mer anglais riche de ses landes et de ses falaises, de son vent et de ses marins, une petite ville commerçante tout imprégnée de ruralité, des traditions au charme désuet et des habitants aux strictes valeurs. Dans ce contexte de la fin du XVIIIème siècle, auquel il convient d'ajouter le conflit en Méditerranée contre Boney, vit une jeune fille, presque encore une enfant. Sylvia est la fille unique de fermiers et, si elle ne brille ni par son esprit ni par son instruction, elle se distingue par sa grâce et son tempérament. Comme le titre l'indique, des amoureux évoluent autour de la jeune femme ; l'un a bonne réputation, l'autre non et tous deux se disent très épris. Mais l'homme, aussi bien que la femme, sait dissimuler et manipuler quand il comprend où se trouve son intérêt.

Elizabeth Gaskell tisse autour de ce triangle amoureux une très belle histoire aussi dramatique que passionnée, de laquelle se dégagent de très belles figures, à l'instar d'Hester Rose ou de Daniel Robson, les personnages secondaires. Ce n'est pas Sylvia, en effet, qui m'a le plus touchée au fil des pages mais les "seconds couteaux", ainsi que Philip, l'amoureux éconduit, coeur fidèle et être protecteur que ses sentiments finiront par aveugler car, bien évidemment, si l'amour avait le pouvoir d'effacer les faiblesses humaines, ça se saurait depuis longtemps.

Un reproche toutefois à mon éloge ; le rythme de la narration aurait gagné à être plus enlevé. Comme dans "Nord et Sud", mais surtout comme dans "Cranford" - roman qui a eu raison de ma patience -, Elizabeth Gaskell aime s'attarder ; sa plume très descriptive, bien que brillante, m'a parfois ennuyée. De plus, la minutie qu'elle apporte à la présentation et à la préparation des événements nuit selon moi à la spontanéité de l'action et c'est souvent sans grande surprise que le lecteur découvre les rebondissements du récit.

Il n'en demeure pas moins vrai que ce roman est parfaitement structuré et équilibré et qu'il séduira sans aucun doute de nombreux lecteurs, à commencer par les aficionados de la période.


Challenge 19ème siècle 2015
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Elizabeth Gaskell a considéré ce roman comme le plus triste qu'elle ait écrit, et on ne saurait lui donner tort. C'est Andromaque dans le Yorkshire, entre 1794 et 1800. Sylvia, jeune fermière dotée d'une grâce infinie dont elle n'a pas totalement conscience, vit gâtée par ses parents dans un village de baleiniers. Son père est un patriarche, un peu trop satisfait de lui-même pour ne pas s'attirer des ennuis. Sa femme, à la mode de l'époque, bien plus sage que lui, fait tourner la maison parfaitement et entoure sa fille de tendresse. Philip, son neveu, austère et assez raseur, prônant la mesure et la morale, est, totalement contre ses propres principes, passionnément amoureux de la jeune fille, sa cousine. Mais il ne se rend pas compte de ses paradoxes. Il énerve prodigieusement Sylvia, qui n'aime pas qu'on lui fasse la leçon. Plus elle le fuit et le rembarre, plus il s'accroche.
Le contexte historique est aussi important : nous apprenons que les Anglais, pour alimenter les troupes, procédaient à des enlèvements de marins sur les baleiniers qui rentraient, et arrachaient ainsi à leur famille des frères, des fils, des maris, des fiancés. En toute légalité. Ainsi, lors du retour d'un de ces navires, les marins se rebellent contre les "recruteurs", particulèrement l'un d'eux, Charley Kinsraid, qui résiste héroïquement, et est laissé pour mort. Mais il survit, et en vient à rencontrer Sylvia, qui tombe amoureuse de lui. Cet amour semble réciproque, mais le jeune Kinsraid est réputé volage...J'oublie aussi Hester, qui, elle, aime Philip. A la suite d'un drame concernant Kinsraid, le destin des personnages va se trouver bouleversé.
Le roman est extrêmement intéressant du point de vue historique, montrant les effets des guerres napoléoniennes en Angleterre, explorant des aspects qui m'étaient totalement inconnus, notamment ces enlèvements extrêmement violents d'hommes pour les verser dans l'armée, au mépris complet de leur liberté et de leur survie. Quant aux personnages, leur portrait est profond et d'une grande subtilité. Leurs faiblesses, leurs mensonges, leurs faux-fuyants sont analysés sans aucune mièvrerie, mais toujours avec justesse, parfois avec une certaine cruauté qui rappelle ou plutôt annonce Maupassant, Flaubert...Leurs failles font leur malheur, et la vie ne fait pas de cadeaux. Si certains passages, notamment la fin, sont édifiants, on sent bien que c'est pour épargner un peu la lectrice d'autrefois, mais que la réalité est ailleurs, dure et sans appel. Indifférence, égoïsme, aveuglement, faiblesse tissent le malheur, mais que faire ? Quand on n'aime pas, on n'aime pas. Quand on veut, on ne peut pas. L'autre s'échappe toujours, quelque soit la façon dont on essaie de le posséder. Une leçon bien universelle pour un magnifique roman qui n'a pas pris une ride.
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Dans ce roman Les amoureux de Sylvia, Elizabeth Gaskell décrit la vie de gens simples dans un petit port baleinier du nord-est de l’Angleterre à la fin du XVIIIème siècle. La jeune Sylvia, son père et sa mère vivent chichement dans leur ferme et Philip Hepburn le cousin meurt d'amour pour Sylvia, qui elle, est attirée par Kinraid un harponneur de baleine. A la suite de la disparition de ce dernier et sa mort probable, Philip va désespérément faire une cour à Sylvia qui, plus pour des raisons matérielles et de protection après la mort du père va accepter la demande de Hepburn. Mais les amours malheureuses vont caractériser par la suite l'ensemble des personnages qui semblent marqués par un destin sombre et source de frustrations.
J'ai commencé ce roman, avec les souvenirs de la lecture d'un court roman Les confessions de Mr Harrison dont j'avais aimé le style mais au fur et à mesure de la lecture de ce roman de plus de 600 pages, j'ai trouvé le style minutieux, détaillé précis....mais terne voire ennuyeux. Certes Elizabeth Gaskell décrit les profondeurs de la nature humaine avec beaucoup d'acuité mais elle ressasse tellement de redondances et s'attarde à faire tellement de descriptions que j'ai eu du mal à prendre un plaisir réel à la lecture, c'est lent et le rythme s'accélère vers la deuxième moitié du roman mais il faut quand même faire preuve d'une sacrée patience.
Un roman intéressant pour ces études de mœurs, des études psychologiques fines et un contexte historique instructif, mais une lecture ennuyeuse et un peu lassante. Je ne pense pas me lancer de si tôt dans la lecture de Nord et Sud.
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Si vous recherchez à retrouver le plaisir de lecture que vous avez ressenti avec Nord et Sud ou si vous pensez à un roman victorien austenien, vous pouvez passez votre chemin mais uniquement en sachant que vous avez choisi la voie de la facilité. Tel n'est, assurément pas, le chemin parcouru par Elizabeth Gaskell.

Cette auteure me surprend et m'intrigue de plus en plus. Les failles, les aspérités, les douleurs que l'on nie et qui nous empêchent d'avancer, Gaskell les creuse, les met à nu en tissant une toile narrative d'une grande précision. On sent l'odeur iodée du vent au bord des falaises, les heures de marche avec la lande sous nos pieds.

L'auteure donne la voix aux petites gens, dépasse les préjugés et les idées reçues en offrant à ses personnages une grande dimension psychologique. L'écriture est fouillée et ample. le point fort de cette fresque ambitieuse reste le contexte historique. le lecteur découvre les guerres de la Révolution sous un angle inédit, celui des sacrifices faits par les anglais durant cette période. Nous sommes loin des soldats d'Austen qui font danser les jeunes filles au bal. Ici, ils sont enrôlés de force, kidnappés par des recruteurs que le peuple redoute avec crainte.

Au fil des pages, les années transforment Sylvia, de l'insouciance à la maturité, et Elizabeth Gaskell ne perd rien de son sujet central : la douleur de l'amour à sens unique. Fort et âpre.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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« Tout le monde dépendait de la pêche à la baleine, et presque tous les hommes de la ville avaient été marins, ou espéré l'être. Près de la rivière pendant certaines saisons, l'odeur était presque intolérable, hormis aux habitants de Monkshaven ; mais sur les quais nauséabonds, vieillards et enfants s'attardaient pendant des heures, malgré des relents d'huile de poisson dont ils paraissaient presque se délecter. » C'est dans ce petit port du Yorkshire que prend place « Les amoureux de Sylvia », chez des petites gens : pêcheurs ou fermiers. La jeune et jolie héroïne est fille unique de fermiers. Choyée, surprotégée par ses parents, Sylvia est frivole, capricieuse et insouciante. Elle est passionnément aimée par son cousin Philip, trop sérieux, trop morne pour séduire sa charmante cousine. La vie de la jeune fille sera bouleversée par l'arrivée de Charley Kinraid, un séduisant harponneur. Il s'éprend également de Sylvia mais les évènements historiques vont changer leurs vies.

A l'instar de « Nord et Sud » ou « Femmes et filles« , Elizabeth Gaskell a écrit une grande fresque se déroulant sur plusieurs années. Elle y mêle des faits historiques à une étude psychologique poussée de ses personnages.

En 1796, au début du roman, l'Angleterre se bat contre la France révolutionnaire. le pays a besoin d'hommes et notamment de marins. le recrutement se fait de force et à peine rentrés chez eux, les baleiniers de Monkshaven sont réquisitionnés. Cela provoque des scènes de violence, de révolte chez les habitants qui sont décrites par l'auteur à plusieurs reprises. Mais les recruteurs font pire, ils kidnappent. Et c'est précisément ce qui arrive à Charley Kinraid. Il est fait prisonnier par les recruteurs du roi George III. Seul Philip assiste à la scène. Charley lui demande de prévenir Sylvia mais le cousin transi d'amour ne manque pas l'occasion d'éliminer son concurrent. La tragédie se noue à ce moment-là, que de vies seront brisées par le silence de Philip !

« Les amoureux de Sylvia » est un roman sur l'amour non réciproque. le motif se décline parmi les différents personnages. Philip aime Sylvia qui aime Charley. Philip est lui-même aimé par Hester Rose, avec qui il travaille, qui est aimée par un autre commis. Elizabeth Gaskell explore les différents sentiments naissant du rejet de l'être aimé. le dépit posé d'Hester s'oppose à l'obsession dévorante de Philip. L'étude psychologique des personnages est comme toujours très fine et précise. On suit tout particulièrement l'évolution du personnage central, son apprentissage douloureux. Pendant six ans, nous voyons changer Sylvia. Jeune fille coquette et sans éducation, elle évolue à la force des drames qui émaillent le récit. Son personnage passe de la lumière à l'ombre, de la joie à la détresse la plus profonde. L'expérience chez elle remplace l'éducation, qui lui apporte gravité et empathie.

Le talent d'Elizabeth Gaskell s'exprime une nouvelle fois superbement dans « Les amoureux de Sylvia ». Les personnages sont plongés dans les soubresauts de l'histoire et des sentiments. Un drame qui m'a totalement captivée.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
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Citations et extraits (78) Voir plus Ajouter une citation
Philip était resté longtemps malade à bord de l'hôpital flottant. Peut-être, s'il eût eu le cœur plus content, se serait-il rétabli plus tôt ; mais la volonté de vivre lui manquait. Son visage brûlé, noirci, défiguré, son corps couvert de cicatrices, le soumettaient à des tortures morales aussi bien que physiques. Ces vains rêves qui avaient flotté un moment devant ses yeux à l'époque de son enrôlement, - et qui lui étaient parfois revenus dans le tumulte fiévreux de la vie militaire, - il les avait à jamais perdus. Reconquérir l'amour de sa femme par l'éclat de l'uniforme, l'attrait de la prestance militaire, était une chance sur laquelle il ne pouvait plus compter. Dans l'avenir nouveau qui se révélait, il n'y avait plus qu'irrémédiable laideur, débilité corporelle, et, pour toutes ressources, les misérables secours que l'Etat accorde à ses serviteurs invalides, - maigre pitance qui les met tout juste à l'abri de la faim.
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Parmi la foule qu'elles quittaient ainsi, bien des cœurs battaient à l'approche des nouvelles attendues. On se le figurera aisément, si on songe que, pendant six longs mois d'été, ces marins dont on saluait le retour n'avaient pas donné une seule fois de leurs nouvelles. Or, les navires baleiniers partaient pour le Groënland peuplés d'hommes robustes et remplis d'espérances ; mais les équipages baleiniers ne revenaient jamais comme ils étaient partis. Quels étaient ceux dont les os blanchissaient maintenant sur les terribles îlots de glace flottante ?
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Aux compliments que d'autres lui adressaient, elle ne répondait que par des mouvements de tête un peu dédaigneux, ou par quelque phrase piquante qu'elle leur lançait à la volée ; mais quand il venait tout bas lui faire entendre un propos flatteur, elle le laissait patiemment achever, savourant le miel de ses douces paroles.
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- Je lègue tous mes meubles à Hester Rose, lui avait-elle dit quelques instants auparavant ; mais puisque tu aimes tant les puddings et la pâtisserie, tu auras, pour ta part, le rouleau et la planche à pâte... Donne-les à ta femme quand je serai partie, et puisse-t-elle s'en servir de manière à te satisfaire, ce qui, par parenthèses, n'est pas toujours si aisé.
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- L'enfant que la princesse de Galles va mettre au jour sera-t-il un garçon ou une fille ? Dans ce dernier cas, vaudra-t-il mieux l'appeler Charlotte, ou sera-t-il plus conforme aux traditions monarchiques de lui donner le nom d'Elisabeth ?
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