AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de bgbg


Dans la nuit Mozambique, par Laurent Gaudé. Quatre nouvelles composent ce recueil, qui côtoient la cruauté, le fantastique, la démence, la nostalgie, la rage, l'amour, la mort.
La première nouvelle voit s'échapper d'un navire en escale dans le port de Saint-Malo, cinq captifs noirs destinés à l'esclavage, qui sèment la panique dans la ville, amenant les marins et les habitants à improviser une traque, avant que les autorités de la ville ne s'en saisissent. La traque a lieu, à l'origine d'une soif de sang inextinguible et d'une jubilation à chercher, trouver et tuer. le dernier captif n'est pas retrouvé, tandis qu'il s'ampute des doigts de ses mains et les cloue sur les portes de maisons où le malheur s'abat. La nouvelle vire au fantastique, d'autant que onze doigts noirs seront retrouvés ! de quoi perdre la raison…
La deuxième nouvelle relate le parcours d'un vieil homme, poète amoureux de New-York, pour l'heure jouet de voyous qui l'agressent, réveillant sa mémoire. Celle-ci l'amène dans un hôtel où il connut de grandes heures d'amour. Défilent alors des souvenirs de folle jeunesse, d'insouciance, de révolte, de lâcheté aussi devant ceux qui s'en vont, trop faibles pour vivre. Suprême injustice, jeunesse et mort s'opposent à l'âge qui avance dans la flétrissure, sans rien céder à la camarde. Tous finiront par s'en aller. Il n'y a que la Ville qui rajeunit et se renouvelle sans cesse.
La suivante se déroule en Afrique, mettant aux prises un poilu de la Première Guerre mondiale sauvé par un Africain, avec son esprit hanté par les tranchées, une fois la paix revenue. Inapte à la réinsertion, il va poursuivre le combat en Afrique aux côtés de ceux qui luttent contre le colonialisme, mais à trop tuer, il se vit comme un monstre assoiffé de sang.La défaite est toutefois au bout de l'insurrection, inéluctable. Alors le colonel Barbaque, apprêté par ses frères d'armes, se laisse dériver le long du fleuve.
Des gars de la Marine se retrouvent régulièrement dans un troquet de Lisbonne pour se raconter des histoires vécues. Cette année, les quatre ne sont plus que deux. L'un est mort, l'autre n'est plus revenu, laissant son histoire à jamais inachevée : personne ne saura jamais ce qu'est une « fille de Tigirka ! »
La prose de Gaudé, avec son style éprouvé, personnel, délectable, se décline au fil des phrases et des mots de façon poétique, mélodieuse, rythmée, avec des phrases courtes conjuguées au présent, et des répétitions qui nous font pénétrer dans le corps et dans l'âme de ses personnages. Je souhaite que cet auteur, dont un texte a été soumis aux candidats bacheliers, soulevant d'absurdes polémiques, passe l'épreuve du temps et de la postérité.
[lireecrireediter.over-blog.com]
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}