Eldorado est un roman sur l'humanité, sur des hommes, qui quelles que soient leurs origines, n'aspirent qu'à une chose à trouver le bonheur, à vivre tout simplement.
Laurent Gaudé nous amène sur les traces de deux hommes, qu'en apparence tout oppose.
D'un côté, Salvatore Piracci, capitaine de frégate sicilienne, qui partage sa vie entre Catane, son port d'attache où il retrouve volontiers son vieil ami Angelo dans son magasin de la Piazza Placido autour d'un plat d'arancini ; et la mer, son terrain de jeu, là où il fait régner l'ordre et la justice depuis près de vingt ans, son rôle est d'intercepter les embarcations des émigrés clandestins. Il est de le dernier rempart de la citadelle Europe, comme on lui a tant de fois répété. Mais le commandant Piracci est un homme bon, en proie aux doutes, bien conscient de sauver des vies mais aussi les briser par la même occasion. A la fois sauveur et bourreau, pour lui que se voit comme "le mauvais oeil qui traque les désespérés", qui arrête les clandestins, les place en centre de rétention et constitue le dernier obstacle avec leur sésame pour l'Europe : l'île de Lampedusa. Mais plusieurs événements viennent ébranler sa foi en sa mission et donner un nouveau sens à sa vie...
De l'autre, Soleiman, un jeune homme soudanais et son frère Jamal, prennent la décision déchirante de quitter la terre qui les a vu naître afin de rallier l'Espagne, au profit d'une meilleure vie. Mais le voyage est long et dangereux pour les deux hommes qui veulent absolument rejoindre le continent de leurs rêves, l'
Eldorado européen, par tous les moyens et au prix de nombreux sacrifices.
Même si j'ai préféré
le soleil des Scorta, il n'en reste pas moins que
Laurent Gaudé est un auteur au talent immense; avec une écriture forte et poétique, il nous livre un livre sensible et humaniste qui porte à réflexion et interpelle le lecteur.