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4,05

sur 3319 notes
Légère déception à la lecture de ce roman de Laurent Gaudé même si la plume de l'auteur est toujours magnifique.

Eldorado, c'est le récit croisé de deux itinéraires: celui de Salvatore Piracci, un capitaine de bateau italien qui intercepte des bateaux de migrants, et celui de Soleiman, un jeune soudanais qui cherche à émigrer en Europe.

Je pense que le fait que les chapitres soient très séparés m'a d'une certaine manière empêchée de m'attacher aux personnages et de rentrer dans l'histoire.
En tout cas, j'ai progressé lentement et péniblement dans le récit, bien qu'il soit très bien écrit et que le sujet soit d'une actualité brulante.

Enfin, une mention particulière pour l'édition scolaire "Les ateliers d'Actes Sud" qui est très bien conçue avec un dossier très intéressant, des interviews, des photos, une mise en BD.



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Une claque monumentale!
Ce roman, d'une écriture riche et fluide, emmène de la poésie dans une réalité, si d'actualité encore de nos jours.
Tout m'a plus : la forme, passant de chapitres courts en alternance autour des deux protagonistes, l'écriture si puissante, l'histoire ou les histoires, cette fin si inspirante...
Un moment de lecture inoubliable!
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Très beau roman dont le thème principal, l'immigration est encore d'actualité. Un roman sur les rêves de ceux qui viennent et leur choc quand ils arrivent...Deux récits enchâssés, très beau, très réaliste...
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L'Eldorado… Combien sont-ils à l'avoir cherché, espéré? Combien sont-ils à l'avoir trouvé? … A quel prix? Car l'Eldorado est un voyage périlleux, triste et misérable avec pour seul but à atteindre, ce mythe que représente l'Europe. Pourtant, gonflés d'espoir, les migrants embarquent dans ces rafiots de fortune et, serrés les uns contre les autres, tournent leur regard vers l'immensité, promesse de liberté retrouvée.
"Ils levèrent l'ancre au milieu de la nuit. La mer était calme. Les hommes, en sentant la carcasse du navire s'ébranler, reprirent courage. Ils partaient enfin. le compte à rebours était enclenché. Dans quelques heures, vingt-quatre ou quarante-huit au pire, ils fouleraient le sol d'Europe. La vie allait enfin commencer. On rigolait à bord. Certains chantèrent les chants de leur pays."

Mais sur ces embarcations de fortune, les espoirs et désespoirs s'enchaînent, les souffrances endurées se succèdent, les illusions s'envolent pour laisser place à l'implacable réalité de la cruauté des hommes et de la fragilité de la vie.
"Les cris avaient été poussés par deux jeunes Somalis. […] L'équipage avait disparu. Ils avaient profité de la nuit pour abandonner le navire, à l'aide de l'unique canot de sauvetage. La panique s'empara très vite du bateau. […] Ils se rendirent compte avec désespoir qu'il n'y avait pas de réserve d'eau ni de nourriture. Que la radio ne marchait pas. Ils étaient pris au piège. Encerclés par l'immensité de la mer. Dérivant avec la lenteur de l'agonie."

Dans cette vaste étendue perdue au milieu de nulle part et sous les traits de Salvatore Piracci, c'est toute l'ambigüité occidentale que l'auteur nous expose. Chargé d'intercepter les embarcations bondées, ce capitaine de frégate sauve les migrants d'une mort certaine, avant de les livrer à la police portuaire qui, après les avoir soignés, abrités, les expulsera loin de cette terre promise. Mais parfois, certains destins se télescopent et font vaciller irrémédiablement les convictions, même les plus tenaces. de sa plume magistrale, Laurent Gaudé, déroule sous nos yeux le processus de transformation du capitaine. Il est de ces rencontres qui se veulent plus déterminantes que d'autres : ce jeune migrant implorant une cachette dans la frégate ou encore cette jeune mère dont le bébé est mort en mer et qui, malgré la douleur continue d'avancer jusqu'à son but ultime.
"Il y avait en elle une beauté solide et dure, la beauté de ceux qui ont décidé de leur route et qui s'y tiennent. La beauté confère au regard la volonté […]. Il se sentait vide par rapport à elle. D'un vide confortable qui le dégoûtait."

Sentant le vide l'envahir et son humanité s'amenuiser, le capitaine met les voiles et, laissant tout derrière lui, part à la recherche de son Eldorado. La Terre Promise n'est pas toujours celle que l'on croit.
"Les hommes n'étaient décidément beaux que des décisions qu'ils prennent."

En Afrique, le jeune Soleiman quitte son village natal avec son frère et entreprend à son tour une Odyssée à la fin incertaine. A ses côtés, le lecteur ne peut que se laisser envahir par la douleur de l'abandon, de l'adieu, de la peur de l'inconnu.
"J'ai vingt-cinq ans. le reste de ma vie va se dérouler dans un lieu dont je ne sais rien, que je ne connais pas et que je ne choisirai peut-être même pas. Nous allons laisser derrière nous la tombe de nos ancêtres. Nous allons laisser notre nom, ce beau nom qui fait que nous sommes ici des gens que l'on respecte […] Là où nous irons, nous ne serons rien. Des pauvres. Sans histoire. Sans argent."

L'amour fraternel qui les unit renforce le courage de partir et apaise quelque peu la douleur de quitter leur pays et leur mère. Mais, très vite séparé de son frère, c'est seul que Souleiman devra faire route, protégé par Massambalo, le dieu des émigrés. Par deux fois, il croisera le chemin de Piracci.

Fidèle à son écriture fluide et précise, Laurent Gaudé nous offre une vision cruelle, réaliste, poétique et dramatique de notre monde moderne. Au-delà de ces personnages fragilisés par la vie, ce sont tous les hommes que l'on entraperçoit. Les souffrances endurées, les espoirs déchus, la volonté sans faille, l'instinct de survie, la peur, la mort, l'abandon, la fuite et la loi s'entrechoquent, s'affrontent, se combattent pour ne faire jaillir, qu'in fine, le seul sentiment possible, l'humanité.
Un roman passionnant, déroutant, fort, philosophique. On frôle ici le chef-d'oeuvre
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Depuis cette rencontre tout lui pesait davantage le dégoût ne lui laissait guère de répit. Il rechignait à remettre ses pieds dans les traces de sa vie d'autrefois. Elle lui avait offert cela, peut-être, la gifle des pauvres, l'impérieux besoin de désirer. (p63)

Il y a des rencontres qui changent le destin. Salvatore Piracci, va le comprendre le jour où son chemin va croiser celui d'une femme sur un bateau intercepté. Elle va lui faire une étrange demande qu'il ne refusera pas. Mais en accédant à sa quête, lui-même va se lancer dans un périple à la recherche de lui-même.

Il avait compris que le commandant entreprenait un de ces voyages qui ne se décrivent pas en termes de destination ni de durée. Il quittait tout. Sans savoir lui-même s'il reviendrait un jour ou pas. Alors Angelo recommanda son ami au ciel en se disant que les hommes n'étaient décidément beaux que des décisions qu'ils prennent. (p131)

Quand on se lance dans un roman de Laurent Gaudé on s'attend à une plongée dans notre monde, ses travers mais aussi dans son humanité voir son inhumanité, avec une écriture précise, poétique, directe. Il nous fait regarder le monde en face, il oblige ses personnages, dans le cas présent Salvatore et Soleiman à se confronter à une réalité. Salvatore ne pensait pas remettre en question sa vie bien huilée de commandant d'un navire de surveillance maritime, Soleiman rêvait de l'Eldorado que représentent l'Europe et ses mirages et ne pensait pas le chemin si apre.

L'herbe sera grasse, dit-il, et les arbres chargés de fruits. de l'or coulera au fond des ruisseaux, et des carrières de diamants à ciel ouvert réverbéreront les rayons du soleil. Les forêts frémiront de gibier les lacs seront poissonneux. Tout sera doux là-bas. Et la vie passera comme une caresse. L'Eldorado, commandant. Ils l'avaient au fond des yeux. Ils l'ont voulu jusqu'à ce que leur embarcation se retourne. En cela, ils ont été plus riches que vous et moi. Nous avons le fond de l'oeil sec, nous autres. Et nos vies sont lentes. (p111)

Chacun d'un côté des frontières va être confronté à des choix, des renversements de situations, devenir celui qu'il n'aurait jamais imaginé devenir, en sortir grandi ou affaibli. Ce sont de ces voyages qui transforment des êtres et Laurent Gaudé, avec lucidité nous entraîne dans ces convois de clandestins, ce qu'ils doivent abandonner, ce qu'ils doivent subir, une course effrenée vers un ailleurs, loin de la violence, loin de la misère, vers une terre d'espoirs.

L'auteur nous entraîne dans une réflexion sur les deux visions : celle de celui qui est chargé d'arrêter ces convois en mer

Un combat entre lui et la mer. Rien d'autre. Reprendre les hommes à la mort. Les extirper de la gueule de l'océan. le reste, tout le reste, les procédures d'arrestation, les centres de détention, les tampons sur les papiers, tout cela, à cet instant était dérisoire et laid. (p72)

et qui ne veut plus fermer les yeux, qui ne veut plus accepter le rôle qu'on lui assigne et celle de celui qui s'est lancé sur les routes inconnues, sans autre choix que d'avancer pour trouver un ailleurs meilleur.

On ne ressort pas indemne de cette lecture, comme les deux héros qui eux vont parfois se perdre, ne plus se reconnaître dans l'homme qu'ils sont devenus.

Je suis une bête qui fait mordre la poussière à ceux qu'elle croise. Je suis une bête charognarde qui sais sentir l'odeur de l'argent comme celle d'une carcasse faisandée. (p146)

C'est à la fois beau et tragique, fort et dérangeant, Laurent Gaudé utilise les mots pour nous faire regarder notre monde en face, en utilisant un récit à la manière d'une fable qui est d'une triste réalité encore aujourd'hui (le livre date de 12 ans…..).

C'est un court roman qui se lit d'une traite, d'un souffle, comme un appel. On est confronté aux bassesses des hommes mais aussi à leur humanité, à leur solidarité et à leur rédemption pour certains. Il y a les vivants mais les morts planent aussi, les ombres de tous ceux qui n'arriveront pas au bout du voyage, de tous ceux qui espéraient, rêvaient, croyaient, imaginaient que le voyage ne serait pas un calvaire, semé d'embûches et d'hommes avides de gains sur la misère humaine.

Dans les romans de Laurent Gaudé rien n'est tout noir, rien n'est tout blanc, il reste toujours une note d'espoir, une étincelle qui permet de garder foi en l'humain, peut-être….

D'un monde à l'autre, dans un sens ou dans l'autre, voyage aux confins des rêves et de l'espoir.

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Vous en avez assez d'entendre les réflexions racistes de votre collègue de travail ? Offrez lui ce livre ! Laurent Gaudé y évoque les tragédies humaines qui se déroulent au large de Lampedusa au milieu des flots voraces. L'auteur nous propose un roman humain, profondément et terriblement humain, à la fois touchant, bouleversant et très émouvant.

Laurent Gaudé nous parle de la vie, celle pour laquelle on se bat, celle que l'on souhaite vivre, celle à côté de laquelle on passe … Et c'est finalement là une leçon qu'il nous adresse à travers ses personnages sans cesse poussés à bout dans leurs consciences, dans leurs choix.

Qu'est ce qui pourrait nous pousser à tout quitter ? Qu'est ce qui pourrait nous pousser à laisser derrière soi les personnes que l'on aime le plus au monde ? Qu'est ce qui pourrait nous pousser à commettre l'irréparable ? L'espoir. Juste l'espoir. Celui d'un avenir meilleur, plus juste, moins violent. Et soudain, de relativiser sur nos vies à nous, bien au chaud à lire sous la couette en compagnie de cette famille que l'on aime. On prend conscience alors de l'inestimable chance que l'on a de vivre en paix, de ne pas avoir à fuir et j'espère de tout coeur ne jamais avoir à perdre mon enfant au milieu de la Méditerranée, ou piétiné sous les pas de policiers en cavale entre deux lignes de barbelées.

Laurent Gaudé nous propose un livre fort, puissant, qui bouscule les certitudes et incite à réfléchir, à changer de regard. Une lecture magistrale !


Lien : http://www.adeuxlignes.fr/el..
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"Eldorado" de Laurent GAUDE (Ed.: J'ai lu, n°8864) est le deuxième livre que je découvre de cet auteur. Une nouvelle fois, j'ai aimé!

Qu'ai-je aimé? le thème, d'abord. L'auteur met des mots, des images, du ressenti et un questionnement sur ces yeux pétillants des migrants en quête d'Eldorado. *...Les émigrants ont le coeur si grand qu'ils ont tout l'univers dedans (comme le chantait Bruno BREL).
On a tous, en tête, des images de ces migrants que d'aucuns exploitent et abandonnent,tragiquement tandis que d'autres les recueillent ... pour les remettre à la justice qui les renvoie à la case départ. Et comme souvent, devant la complexité d'un système foireux, on a envie de bouger, de faire quelque chose ... mais on ne sait trop quoi, on remet à plus tard, puis on abandonne et oublie ce qui criait à l'injustice en nous.
Ce livre a donc le mérite d'aborder la question même si aucune des réponses partielles proposées n'est satisfaisante. Mais au-delà des idées qu'il rappelle à notre esprit, il parle au coeur, ouvre à la réflexion.

Et puis, une autre bonne raison d'aimer ce livre, c'est la délicatesse de l'écriture. Sans jamais forcer le lecteur à une prise de tête qui pourrait être aussi ardue que peu productive, Laurent GAUDE nous propose une plume fine, sensible et 'titillante'. Il n'impose rien, mais par ses descriptions, ses silences, la juxtaposition de deux errances en sens contraires, l'auteur nous prend au coeur du texte et nous entraîne dans le questionnement, les doutes et les certitudes de ses personnages. On s'y retrouve, ou non. Mais on ne s'y perd pas... parfois même on peut y gagner une autre manière d'observer le monde, ses dysfonctionnements et les tentatives un peu folles de certains pour ramener un peu plus de sagesse et de justice sur Terre. Un livre court, vite lu, mais qui peut laisser des traces ...

C'est pour cela que j'ai aimé ce livre. C'est pour ces raisons que je le recommande!
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Avec son écriture toujours aussi élégante, Laurent Gaudé nous emmène cette fois au coeur de ces groupes de migrants cherchant désespérément à traverser une frontière pour quitter leur pays, tous en quête de l'Eldorado. Mais qu'est réellement l'Eldorado? Cet endroit magique qui promet un bonheur ailleurs existe-t-il vraiment?

On y suivra plus particulièrement le destin de Salvatore Piracci, commandant d'une frégate depuis une vingtaine d'années. Il est en charge de sauver les bateaux de migrants sur les eaux méditerranéennes pour ensuite les retourner dans leur pays. Celui-ci croisera à quelques reprises le regard chargé de détresse de certains migrants mais aussi une volonté de vivre qui lui manque cruellement et lui font prendre conscience de toute l'incohérence de son travail et de sa vie

Ce qui me fascine le plus chez Gaudé, c'est la façon dont il crée une ambiance mystérieuse pour décrire des tragédies humaines, tout en enrobant le tout d'une aura de lumière et d'espoir. de toute beauté!
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Un livre dur mais aussi très émouvant, dans lequel se côtoient le pire et le meilleur de la nature humaine. Laurent Gaudé nous force à réfléchir au drame de l'immigration et à ses causes. Deux personnages aux destins contradictoires, chacun à la recherche de leur ‘'Eldorado'' qui ne sera peut-être pas à la hauteur de leurs espérances. Bien que ce roman ait déjà plus de 15 ans, il est toujours d'une terrible actualité. Encore du tout bon Gaudé !!
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Humanité

Et dire qu'il aura fallu attendre que ma fille ait à lire Eldorado pour son entrée au lycée pour que je me décide à lire Laurent Gaudé.
Et pourtant, on m'avait dit qu'il fallait que je le lise.
Et bien mieux vaut tard que jamais ! Parce que maintenant je sais qu'il faut lire Laurent Gaudé et que moi aussi, je peux dire "Tu dois lire Laurent Gaudé", même après un seul livre lu.

Bref, au cas où je n'aurais pas été assez claire, j'ai aimé Eldorado.
J'ai aimé ces récits alternés dans lesquels on découvre Salvatore, un capitaine de navire sicilien, qui s'occupe de protéger les côtes italiennes des arrivées massives de migrants, mais aussi Soleiman et son frère Jamal, ayant entrepris le long périple vers l'Europe.
Une rencontre de hasard fera changer le regard de Salvatore sur sa mission et son but dans la vie tandis que que Soleiman tentera de ne pas perdre son âme sur la route menant à l'Eldorado.

J'ai aimé ce texte empli d'humanité. J'ai aimé la grâce qui se dégage de ce sujet pourtant rude.
Je suis tombée en admiration devant cette plume magnifique et j'ai souvent senti l'émotion monter.
Je terminerai par cette phrase qui m'a conquise dès les premiers chapitres :
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