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EAN : 9782742797745
160 pages
Actes Sud (04/05/2011)
  Existe en édition audio
3.73/5   344 notes
Résumé :
Un vieil homme croit entendre chevaucher Frédéric II dans le royaume des Enfers. Un centurion marche vers une Rome gangrénée dont il devance l'agonie. Un soldat des tranchées fuit le "golem" que la terre a façonné pour punir les hommes. Un juge anti-mafia tient le compte à rebours de sa propre exécution...

Dans la proximité de la guerre ou de la mort surgissent ces quatre récits où les héros - certes vaincus, mais non déchus - prononcent d'ultimes par... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (65) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 344 notes
Avec les oliviers du Négus, Laurent Gaudé traite à nouveau de sujets qui lui tiennent à coeur tels que l'Italie, L'Afrique, la mort ou l'antiquité.
Les oliviers du Négus font illusion aux oliviers de Càlena, dans la région des Pouilles. Zio Négus, un vieil homme, est mort. Revenu fou d'Ethiopie et passionné de Frédéric II, sa mort suscite alors une forte émotion chez notre narrateur qui nous conte ses exploits, sa folie, ses espoirs, ses conquêtes et sa mort.
Le bâtard du bout du monde, ainsi qu'il se nomme, est un centurion mourant, à l'agonie et dont la mort ronge son corps à petits feux. Officier romain, c'est vers cette ville qu'il se dirige, dont il pressent la chute, pour y vivre ses derniers jours.
La guerre bat son plein, les obus éclatent de toute part. C'est dans ce contexte qu'un vieillard raconte à un jeune soldat l'histoire du golem que la terre a façonné et qui tue les hommes responsables des massacres et du mauvais sort qu'ils lui réservent.
Le juge Borsellino pleure la mort de son frère jumeau. Parce qu'ils ont combattu tous les deux la mafia, que ce dernier est mort dans un attentat, il sait que le même traitement lui est réservé, que ses jours sont comptés. Il regarde alors la mort qui se dessine devant lui.

Quand Gaudé fait du Gaudé, c'est la magie qui opère dès les premières pages. Parce qu'il a une manière si particulière de nous raconter les choses que l'on est sous l'emprise de sa plume si poétique, sensuelle et captivante. Traitant de sujets forts, alternant présent et passé, de Rome à aujourd'hui, ces quatre nouvelles au souffle épique montrent à nouveau toute l'étendue du talent de Laurent Gaudé. L'atmosphère y est parfois étouffante ou suspendue. C'est tragique, théâtral et tellement humain.

Les oliviers du Négus... tout un symbole...
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Comblé! Voilà du fond et de la forme en 4 nouvelles. Recommandé avec procuration.
Laurent Gaudé est donc ce bon facteur qui sonne à votre porte. Il vous adresse ses missives avec humilité. Accessibles, elles sont pourtant des regards précis parfois sur les recoins de l'histoire. Ce qui fait réviser la frise chronologique du début de notre ère à aujourd'hui.
La fin d'un règne en Ethiopie, la fin du monde dans les tranchées de 14-18, la fin de l'Empire romain et la mort d'un juge anti-terroriste à Palerme. A cette dernière on crierait au chef d'oeuvre sans hésiter.
L'auteur a pour ligne d'horizon la finitude d'un monde et ses nouvelles se concentrent sur les premières fissures.
Laurent Gaudé, un grand nom sans être un béat triste de son prénom.
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Un beau recueil de nouvelles, mais je m'y attendais Laurent Gaudé est une valeur sûre, un écrivain contemporain de grand talent. Une fois de plus il a été fidèle à lui même. Il sait écrire et le prouve encore avec cette oeuvre. J'ai été plus sensible à la quatrième et dernière nouvelle, "Tombeau pour Palerme" qui rend un hommage appuyé aux juges anti-mafia Falcone et Borsellino, tous les deux lâchement assassinés dans l'exercice de leurs fonctions.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Ce livre est un recueil bref et puissant de quatre nouvelles, un hymne à des héros vaincus mais non déchus.
Ils veulent témoigner, transmettre ou sceller des adieux.
Laurent Gaudé nous emmène de nouveau en Italie, aux Pouilles, le fief des Scorta et de Zio Négus que nous rencontrons dans la première nouvelle, à Rome, pour finir en Sicile.

La première nouvelle portant pour titre, le titre du livre, parle de la mort d'un homme et ce qui le reliait à Frédéric II.
C'est l'histoire d'un vieil homme de 92 ans qui vient de mourir. “Si la terre peut cracher, elle le fît sur cet homme qui n'aimait rien tant que le silence des champs d'oliviers.”
Elena a dit : “ le Négus est mort.”Je n'ai dit qu'un mot, celui qu'impose l'annonce de toute disparition, j'ai dit simplement “ j'arrive”. La mort convoque. C'est ainsi. Elle nous écarte pour un temps du rythme du monde et nous met en arrêt. 
Zio Négus a vécu des horreurs en Ethiopie, depuis il garde des histoires en lui et il est relié pour toujours aux pierres, aux arbres et aux vents.
La seconde nouvelle s'appelle LE BÂTARD DU BOUT DU MONDE.
Nous sommes dans le nord de l'Italie, à Rome, pendant la fin de l'empire Romain. Lucius n'a pas de parents, il est citoyen de l'empire. “La pluie ne me fait rien, la terre ne me trahit pas.” Il doit remettre une lettre à Caïus, et lorsque cela a lieu, il est impressionné par ce colosse que les guerres les une après les autres ont sculpté.
Que dit la lettre ? Que dit l'intuition ? Quel est le lien entre ces deux hommes ?
La troisième nouvelle JE FINIRAI À TERRE, est une nouvelle située historiquement pendant la première guerre mondiale, la terre pleure, la terre se défend de ses hommes qui l'a rendue malade. Les hommes deviennent-ils fous ? La terre crée- t-elle des monstres pour tuer les précédents déjà formés ?
La dernière,TOMBEAU POUR PALERME est le récit de la mort d'un juge antiterroriste, une histoire terrible… quand la vie d'un homme n'est plus qu'une angoisse perpétuelle.

Des nouvelles captivantes, théâtrales, tellement humaines. 
J'ai adoré ce livre, quel talent fou. A chaque livre, une ivresse différente. A chaque histoire, une marque pour toujours dans mon esprit.
Gaudé nous montre la fin des hommes sur des terres qu'ils affectionnent. Une terre, un pays, une ville … attachés comme à une mère.
Des hommes ayant combattus ou abusés, des histoires d'hommes que l'on ne pourra défendre et d'un homme qui mène un combat pour tous les autres qui sont morts.
Il nous conte des fins de vie et la façon dont elle passait sur eux, et comment celle-ci s'est arrachée.
Une pépite encore ! 
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Dignes défaites.

Il s'agit d'un recueil de nouvelles autour d'êtres vaincus mais dignes dans la défaite.

J'ai découvert Laurent Gaudé à l'adolescence avec "le soleil des Scorta" que j'avais beaucoup aimé. Je renoue avec cet auteur par le biais de ces nouvelles.

Les Oliviers du Négus: Très belle nouvelle sur la mort d'une figure importante d'un village italien. Figure honnie mais paradoxalement aussi respectée, le narrateur se remémore sa vie.

Le Bâtard du bout du monde: un légionnaire romain se voit confier la charge de la forteresse la plus éloignée de Rome. Ma nouvelle préférée du recueil. Elle est magnifique. Deux destinées se confondent. La déchéance du narrateur précède celle de Rome. Toutefois les deux resteront digne face à la chute.

Je finirais à terre: 1ère Guerre mondiale, face aux outrages qu'elle subit, la terre se venge des hommes. La nouvelle que j'aime le moins. Je l'ai trouvée trop verbeuse et pas assez dans la suggestion.

Tombeau pour Palerme: Un juge anti-mafia compte les jours qu'il lui restent à vivre. Une belle nouvelle, un adieu déchirant mais digne à la vie.

En bref, ces quatre nouvelles ont été agréables à lire. Je lirais à nouveau Laurent Gaudé.
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critiques presse (3)
LaPresse
28 novembre 2011
On reste sur l'impression d'un exercice de style bien accompli: hormis le monologue de Lucius, saisissant, on aurait aimé se sentir davantage emporté par ces voix d'outre-tombe
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaPresse
07 novembre 2011
On reste sur l'impression d'un exercice de style bien accompli: hormis le monologue de Lucius, saisissant, on aurait aimé se sentir davantage emporté par ces voix d'outre-tombe.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LePoint
30 juin 2011
La voix profonde d'un conteur, toujours la même, relie les livres de Laurent Gaudé en une oeuvre impressionnante, désarmante, littéraire.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Je retrouve ma ville et je reste bouche bée. J'avais oublié sa beauté lascive, brunie par le soleil. Rome, ville superbe où les hommes se déplacent avec la suavité des chats. Rome, aux murs ocre et aux statues d'éternité où les bougainvilliers mangent avec harmonie les façades des palais. Rome, où tout est patiné par le temps et la douceur du ciel. Rome, où cent mille esclaves s'échangent, jour et nuit, les odeurs de l'Empire. Rome, ville crasseuse de la puanteur de ses marchés et luxueuse de l'or de ses conquêtes. Je suis là. Je descends de cheval. Je veux sentir le pavé de mon enfance sous mes pas. Je marche comme un handicapé, faisant de grands mouvements grotesques avec mes bras. J'ai les larmes aux yeux.
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Longtemps la terre se demanda quelle offense elle avait faite aux hommes pour qu’ils la condamnent ainsi à cette pluie de grenades. Elle essayé de comprendre. Elle chercha comment se protéger. Enfouir sa tête entre ses mains, se recroqueviller,offrir le moins de prise possible aux coups, se durcir pour les empêcher de la pénétrer comme ils le faisaient, devenir plus dure que les bombes pour que les projectiles rebondissent sur sa peau et explosent aux visages étonnés des hommes : elle aurait aimé, mais elle ne pouvait pas.
Alors, elle continua d’encaisser les coups. La haine grandissait en elle. Elle était de plus en plus laide, de plus en plus usée. Elle pensait maintenant que plus rien, jamais, ne pourrait pousser en elle. Trop d’éclats d’obus et de débris d’acier étaient sous sa peau. Elle pensait que bientôt sortirait de son sein fatigué des arbres de métal, violents et rouillés. Elle n'espérait plus. Et puis l’hiver arriva et il se mit à pleuvoir sans discontinuer.
Ce fut d’abord un peu de réconfort, comme si le ciel lavait ses plaies. Les coups, bien sûr, continuaient mais elle les sentait moins. Elle devenait plus molle, plus facile à écarteler. Elle s’en inquiéta même, se demandant si les hommes n’allaient pas profiter de cette facilité pour la retourner complètement.
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J'arrive maintenant dans les ruelles du marché Ballarò. C'est un fouillis de tentes, de bruits et d'échoppes. On y vend de tout. Des légumes, du poisson, des tripes, des chaussures, des disques et des épices. La foule est dense. Je regarde les visages qui m'entourent. La Sicile est là, qui se presse à petits pas contre moi : les vieilles du quartier, les hommes accoudés aux murs, les marchands avec leur trogne cabossée qui s'époumonent pour vanter leur marchandise. Il y a dans la chaleur qui m'entoure un vent d'Afrique. Palerme est là, dans ses vieux marchés qui survivent à tout. Les gamins, ici, ont, dès leur jeunesse, des airs de comploteurs. Je les connais. J'ai traqué leurs pères, leurs oncles, leurs grands frères, toute ma vie. Ce sont eux les tueurs de demain.
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Le canon continuait de gronder au loin. Il posa deux verres sur la table et ouvrit une bouteille de rouge. A chaque nouvelle explosion les verres tintaient légèrement.
"Tant qu'ils pilonnent, ils n'avancent pas", dit-il et sa voix était si lugubre que l'envie me prit d'ajouter "amen". Il but son verre d'une traite et je le regardai avec pitié car il y avait dans sa hâte quelque chose de ceux qui savent que leur vie ne durera plus très longtemps.
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Nous enterrons Zio Négus. Je sais que ce n'est pas ici qu'il aurait dû reposer. Mais combien d'entre-nous ont cette chance d'être ensevelis dans un lieu qui leur ressemble et qu'ils ont choisi? Il aurait fallu à Zio Négus une tombe comme celle de Pirandello, dans les collines d'Agrigente. Avec un cyprès pour marquer l'endroit où repose le corps, une pierre, peut-être, sur laquelle on aurait gravé un nom tout au plus, et l'immensité de la mer au loin. Le vent l'aurait caressé pour l'éternité, charriant les odeurs de figuiers en tourbillon dans l'air chaud du soir. C'est cela qu'il aurait fallu à Zio Négus : une sépulture de Romain, un tumulus et le silence du monde alentour.
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Vidéo de Laurent Gaudé
Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles s'apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s'autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n'annonce encore l'horreur imminente. Laurent Gaudé signe avec *Terrasses* un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l'humanité qui éclot au coeur d'une nuit déchirée par l'impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.
le nouveau livre de Laurent Gaudé paraît le 10 avril. Lire les premières pages : https://www.actes-sud.fr/terrasses #litterature
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