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EAN : 9782290336779
157 pages
Librio (01/06/2003)
3.56/5   811 notes
Résumé :
Deux archéologues déchiffrent un papyrus trouvé dans le sarcophage d'une belle Égyptienne : c'est le "Roman de la Momie" (1858) de Théophile Gautier (1811-1872). L'histoire de Tahoser, princesse éprise d'un Hébreu et aimée d'un pharaon... Dans cette fresque colorée et mystérieuse comme une pyramide de la Vallée des Rois, Théophile Gautier, entre histoire et légende, a reconstitué une fascinante histoire d'amour, et l'Égypte antique telle que l'imaginèrent les romant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (87) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 811 notes
Je viens de lire une critique negative de ce livre sur un blog dedie a la lecture. La lectrice disait ne pas avoir aime les details trop longs et qui s'etalaient sur des pages et des pages. J'avoue que j'ai sursaute a cet avis trop injuste envers un roman magnifique. Comment trop ? Alors que, justement, ce sont les descriptions minutieuses qui font le charme de ce roman.

Et puis comment parler de l'Egypte ancienne, celle des pharaons au faste sans pareil, celle des palais joyaux de l'architecture, des pyramides, des chambres aux tresors infinis. Comment ecrire toute cette beaute sans passer par les descriptions.

Comment exciter l'imagination des lecteurs sans decrire les couleurs, les formes et les senteurs de la vie quotidienne en ce temps la.

En fait, les details dans ce genre de litterature deviennent plus qu'indispensables : vitales au recit.
Sinon a quoi ressemblerait Nefertiti sans le tableau de mots peint par les ecrivains decrivant son nez, sa bouche, ses yeux....

Et finalement, le detail est au reve ce que le printemps est a la nature, il l'a reveille, fait eclater ses couleurs et accentue la beaute des choses.
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Les premières pages de ce livre nous plongent en plein milieu du XIXème siècle à quelques encablures du Nil, dans la vallée de Biban-el-Molouk. Un jeune aristocrate anglais, Lord Evandale et un égyptologue allemand, le docteur Rumphius, y découvrent, grâce à l'aide d'un escroc grec dénommé Argyropoulos, une tombe inviolée. Depuis plus de trente-cinq siècles, nul n'a foulé le sol de la chambre funéraire dans laquelle repose le sarcophage d'un pharaon. Mais quand on ouvre le lourd couvercle de basalte noir, les trois hommes trouvent, à leur grande stupéfaction, la momie parfaitement conservée d'une jeune femme d'une magnifique beauté appelée Tahoser. Un mystérieux papyrus est enfoui près de la momie, que le docteur Rumphius va déchiffrer, révélant les secrets de l'histoire de cette jeune femme. C'est ainsi que commence le Roman de la momie...
Le roman de la momie , c'est l'histoire d'un triangle amoureux sous l'Égypte ancienne, une histoire d'amour impossible.
Nous sommes à Thèbes. Tahoser, jeune égyptienne de seize ans, fille du grand prêtre Petamounoph, vit dans un palais doré. Elle est riche.
Elle aime secrètement Poërie, intendant des biens de la couronne. Mais il est Hébreu, ce qui rend toute liaison amoureuse impossible, d'ailleurs il est indifférent aux sentiments de la jeune Égyptienne et en aime une autre, Ra'hel, dont l'amour lui est réciproque.
La beauté de Tahoser est extraordinaire, elle ne laisse aucun homme indifférent, suscite les convoitises et les désirs, à commencer par le Pharaon. En effet, tandis que la jeune femme imagine un stratagème pour s'approcher du jeune Hébreu, Ahmosis, le Pharaon tout puissant qui domine l'Égypte, tombe amoureux d'elle au moment où il revient vainqueur d'une expédition. Mais être désiré par l'homme le plus puissant de toutes les nations est un privilège qui peut s'avérer fort fâcheux si l'on repousse ses avances...
Voilà pour l'intrigue amoureuse ! Cela dit, cette intrigue révèle au lecteur peu de surprises.
Le récit vaut davantage pour la richesse des descriptions avec un soin du détail qui permet à notre imagination de nous enrouler dans un tourbillon envoûtant de couleurs et de parfums enivrants.
Théophile Gautier s'est fait ici autant peintre que conteur.
Cette peinture m'a évoqué la lecture de salammbô, roman de Gustave Flaubert, dont la description de Carthage était tout aussi flamboyante.
Nous voici plongés dès les premières pages dans la féérie d'un conte oriental empli d'enchantements et de sortilèges. le Roman de la momie, aux accents fantastiques, c'est un récit digne d'un conte des mille et une nuits.
Le Roman de la momie, c'est un péplum haut en couleurs, romantique et sensuel à souhait. Évoquant les splendeurs de l'Égypte ancienne, Théophile Gautier y célèbre un idéal de la beauté, paradis des parnassiens qui lui était cher. Et puis, il a fait de ce personnage fabuleux qu'est Tahoser, une jeune femme furieusement moderne pour l'époque où ce récit fut écrit, souhaitant être maître de son destin, décidant par elle-même qui elle veut aimer, quitte à décevoir et attirer les foudres du puissant Pharaon.
Ici le mouvement d'une barque poussée d'une rive du fleuve à l'autre préfigure autant le voyage de l'amour que celui de la mort.
Déroulant les pages de ce conte teinté d'exotisme, j'ai retrouvé dans cette lecture mon âme d'enfant, celui qui croyait aux rêves échevelés des contes anciens, poussant à mon tour une barque secrète et m'y glissant comme on se glisse dans un songe merveilleux, devenant visible aux yeux des seuls personnages que je retrouvais sur l'autre berge.
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Les caprices d'un lord anglais revenu de tout ont parfois du bon, surtout quand ils permettent d'exhumer du néant une histoire d'amour vieille de 3000 ans. Un amour impossible. Une histoire intemporelle. Un coeur brisé par l'indifférence ou l'incompréhension de l'être tant aimé. Un sentiment si fort, si exclusif qu'il fait prendre des risques inconsidérés. Et au bout du chemin, une tristesse insondable, la désillusion, l'amertume de l'échec et du rejet…
Cette histoire d'amour impossible se déroule au temps lointain de l'Egypte des pharaons. Elle est racontée sur un rouleau de papyrus jauni par le temps, coincée sous le bras d'une momie de femme. Une momie si admirablement conservée, si belle, si coquette que notre lord anglais n'eut aucune difficulté à l'imaginer vivante. Il tomba d'ailleurs éperdument amoureux de celle qui se nommait Tahoser.
Fille d'un grand prêtre d'Egypte, Tahoser est riche. Son extraordinaire beauté en fait l'objet de bien des convoitises, de bien des désirs. Tous les hommes sont à ses pieds, sauf le jeune Poëri, dont elle est précisément secrètement amoureuse. Mais Poëri est un hébreu. Outre cette croyance incongrue envers un Dieu unique, il a, comme tous les Hébreux vivant en terre d'Egypte, un statut de quasi-esclave. Et pour corser le tout, il est promis à une autre… Mais Tahoser au coeur ardent et au caractère entier ne s'arrête pas pour si peu, et commet mille folies pour attirer l'attention du jeune chanceux (qui manifestement n'en a pas du tout conscience) et se rapprocher de lui. Toute occupée à ses frivolités, elle ne voit pas que Pharaon vient de jeter son dévolu sur elle. Pharaon ! Dieu sur terre. Celui-là même qui fait courber l'échine à tous les vivants et à toutes les nations du monde connu. Quelqu'un à prendre très au sérieux, même pour la volcanique Tahoser qui peut difficilement lui dire d'aller se faire voir… Bref ! Elle se retrouve coincée entre le bellâtre insignifiant, la promise qui roucoule, et Pharaon au caractère chatouilleux. L'embrouille est totale. Alors quand Moshé (Moise) décide de mettre dans l'histoire déjà bien confuse son petit grain de sel !!!!
Laissez Théophile Gautier vous embarquer dans ce conte flamboyant des mille et une nuits… Entrez dans la cité de Thèbes la munificente, l'odorante, la colorée, la lumineuse. Laissez-le aussi vous guider vers ses zones d'ombre où vous trouverez bassesse, magie, aigreur, et ressentiment.
Je crois qu'on apprécie ce livre, et notamment ses longues descriptions d'un monde presque enchanté, si on prend tout son temps pour le lire. J'ai toujours eu le dico à portée de la main. D'abord parce qu'en matière de civilisation égyptienne, je n'y comprends goutte, ensuite parce que l'érudition de Théophile Gautier m'a rendu au fil des pages quelque peu modeste.

Challenge XIXème siècle

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Contrairement à ce que son titre pourrait légitimement laisser croire, le "Roman de la momie" n'est pas un roman. C'est un récit qu'il faut rapprocher du conte et plus particulièrement du conte oriental. Tout y est : le voyage dans un pays enchanté comme est l'Egypte Ancienne décrite ici avec brio par Théophile Gautier, les personnages au caractère entier et passionné, à la limite du manichéisme, la magie, la vieille servante qui s'apparente à une sorcière hideuse, le couple d'amants dont l'amour est voué au désespoir, une femme aimé de trop (oui, quand il y a deux femmes pour un même homme, il y en a toujours une de trop!), les serviteurs dévoués, les sortilèges et les dieux. Bref, Théophile Gautier propose à la curiosité d'un lecteur à l'imagination fertile un conte de mille et une nuits sous le ciel étoilé de l'ancienne Thèbes, à l'époque glorieuse des Pharaons qui dominaient le monde connu.

Alors oui, c'est vrai, je l'accorde à certains lecteurs qui se laissent facilement rebuter dès qu'une description dépasse la longueur d'une phrase, le récit est très descriptif mais j'ajoute que c'est ce perfectionnisme dans la narration qui permet de compenser une intrigue assez peu prégnante qui réserve assez peu de surprises ; c'est ce souci du détail qui permet de véritablement plonger le lecteur dans un dépaysement total, le transportant véritablement dans l'Egypte des anciens millénaires.

Je reviens à mon fil rouge : le conte. Comme dans un conte, le lecteur trouvera plusieurs incohérences qui lui feront lever le sourcil lorsqu'il s'avérera que les explorateurs anglais venus déterrer de la momie trouveront on-ne-peut-plus facilement une tombe inviolée à exhumer, lorsqu'une humble servante juive sale, vieille et réduite en esclavage se hissera auprès de Pharaon dans son char royal, lorsque Tahoser, notre héroïne, traversera nuitamment le Nil à la nage faisant fi des crocodiles et que les rues de Thèbes, la plus grande ville orientale de l'époque, resteront désespérément vides... de même le lecteur attentif pourra s'étonner qu'un rouleau de parchemin trouvé dans une sépulture puisse, retranscrit en latin, correspondre à ce récit dont la prose est clairement inspirée du style littéraire français du XIXème siècle.

Mais laissez là tous ces éléments sans importance, fermez juste les yeux (pas facile de lire les yeux fermés, je sais) et laissez-vous transporter dans un monde à la fois féerique et cruel où les princesses aiment avec tant de passion qu'elles abandonnent le luxe pour se faire servante, où les rois sont si épris que leur rage devient leur ruine et que l'histoire est si bien écrite que, vous, lecteur, succomberez à son sortilège envoûtant.


Challenge ABC 2012 - 2013
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De Théophile Gautier, je n'avais lu jusqu'à présent que ses oeuvres fantastiques et, tout bêtement, je pensais retrouver le même genre littéraire en lisant le Roman de la Momie. Or, pour moi, ce n'est clairement pas le cas même si une étiquette "fantastique" figure bien sur sa fiche Babelio.

Le Roman de la Momie s'apparente plutôt au récit historique. Car même si une intrigue amoureuse s'installe autour du personnage de Tahoser (la superbe momie), c'est bien l'Égypte ancienne, avec ses moeurs, ses rites, son architecture..., qui est au coeur du récit.

Apparemment, Théophile Gautier n'avait pas mis un pied en Égypte au moment de la rédaction de son roman. Je ne l'aurais jamais cru si la source n'était pas fiable car il réussit à nous immerger totalement au coeur de l'Égypte pharaonienne. Le vocabulaire très riche et imagé ainsi que les nombreuses descriptions détaillées qui parcourent le roman transportent le lecteur vite et bien ! On apprend beaucoup sur la vie quotidienne à cette époque, et pas seulement sur les rites funéraires. C'est ce que j'ai le plus apprécié.

Le dénouement est des plus surprenants. Jamais je n'aurais imaginé ce genre de fin en ouvrant le Roman de la Momie ! Agréable surprise...

Après tous ces éloges, j'ai tout de même un reproche à faire à ce roman, qui est aussi celui de sa qualité (dans toute chose, il faut de la mesure) : les descriptions sont beaucoup trop répétitives.
Attention, j'aime les passages descriptifs même s'ils sont longs (j'adore ceux de Zola par exemple). Ici, ce ne sont pas les descriptions en elles-mêmes qui ont fini par me rebuter (elles sont très belles), mais le fait que ce soit toujours les mêmes choses qui soient décrites (notamment les tenues vestimentaires, à chaque nouveau personnage, même les très secondaires).

Le Roman de la Momie me laissera donc un goût plus mitigé que les oeuvres fantastiques de Théophile Gautier, qui m'a toutefois encore prouvé que sa plume était excellente.
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Citations et extraits (87) Voir plus Ajouter une citation
- Peut-être, répondit Lord Evandale tout pensif, notre civilisation, que nous croyons culminante, n'est-elle qu'une décadence profonde, n'ayant plus même le souvenir historique des gigantesques sociétés disparues. Nous sommes stupidement fiers de quelques ingénieux mécanismes récemment inventés, et nous ne pensons pas aux colossales splendeurs, aux énormités irréalisables pour tout autre peuple de l'antique terre des Pharaons. Nous avons la vapeur : mais la vapeur est moins forte que la pensée qui élevait les pyramides, creusait les hypogées, taillait les montagnes en sphinx, en obélisques, couvrait les salles d'un seul bloc que tous nos engins ne sauraient remuer, ciselait des chapelles monolithes et savait défendre contre le néant la fragile dépouille humaine, tant elle avait le sens de l'éternité !
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De chaque côté s'élevaient en pentes escarpées des masses énormes de roches calcaires, rugueuses, lépreuses, effritées, fendillées, pulvérulentes, en pleine décomposition sous l'implacable soleil. Ces roches ressemblaient à des ossements de morts calcinés au bûcher, bâillaient l'ennui de l'éternité par leurs lézardes profondes, et imploraient par leurs mille gerçures la goutte d'eau qui ne tombe jamais. Leurs parois montaient presque verticalement à une grande hauteur et déchiraient leurs crêtes irrégulières d'un blanc grisâtre sur un fond de ciel indigo presque noir, comme les créneaux ébréchés d'une gigantesque forteresse en ruine.
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Je vous révélerai une tombe qui jusqu’ici a échappé aux investigations des chercheurs, et que nul ne connaît hors moi ; c’est un trésor que j’ai précieusement gardé pour quelqu’un qui en fût digne.
– Et à qui vous le ferez payer fort cher, dit le lord en souriant.
– Ma franchise m’empêche de contredire Votre Seigneurie : j’espère retirer un bon prix de ma découverte ; chacun vit, en ce monde, de sa petite industrie : je déterre des Pharaons, et je les vends aux étrangers. Le Pharaon se fait rare, au train dont on y va ; il n’y en a pas pour tout le monde. L’article est demandé, et l’on n’en fabrique plus depuis longtemps.
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Cette vieille hideuse, s'accrochant de ses doigts osseux au rebord du char, à côté de ce Pharaon de stature colossale et semblable à un dieu, formait un étrange spectacle qui, heureusement, n'avait pour témoin que les étoiles scintillant dans le bleu noir du ciel ; placée ainsi, elle ressemblait à un de ces mauvais génies à configuration monstrueuse qui accompagnent les âmes coupables aux enfers. Les passions rapprochent ceux qui ne devraient jamais se rencontrer.
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Le dernier obstacle enlevé, la jeune femme se dessina dans la chaste nudité de ses belles formes, gardant, malgré tant de siècles écoulés, toute la rondeur de ses contours, toute la grâce souple de ses lignes pures. Sa pose, peu fréquente chez les momies, était celle de la Vénus de Médicis, comme si les embaumeurs eussent voulu ôter à ce corps charmant la triste attitude de la mort, et adoucir pour lui l’inflexible rigidité du cadavre. L’une de ses mains voilait à demi sa gorge virginale, l’autre cachait des beautés mystérieuses, comme si la pudeur de la morte n’eût pas été rassurée suffisamment par les ombres protectrices du sépulcre.
Un cri d’admiration jaillit en même temps des lèvres de Rumphius et d’Evandale à la vue de cette merveille.
Jamais statue grecque ou romaine n’offrit un galbe plus élégant ; les caractères particuliers de l’idéal égyptien donnaient même à ce beau corps si miraculeusement conservé une sveltesse et une légèreté que n’ont pas les marbres antiques. L’exiguïté des mains fuselées, la distinction des pieds étroits, aux doigts terminés par des ongles brillants comme l’agate, la finesse de la taille, la coupe du sein, petit et retroussé comme la pointe d’un tatbebs sous la feuille d’or qui l’enveloppait, le contour peu sorti de la hanche, la rondeur de la cuisse, la jambe un peu longue aux malléoles délicatement modelées rappelaient la grâce élancée des musiciennes et des danseuses représentées sur les fresques figurant des repas funèbres, dans les hypogées de Thèbes. C’était cette forme d’une gracilité encore enfantine et possédant déjà toutes les perfections de la femme que l’art égyptien exprime avec une suavité si tendre, soit qu’il peigne les murs des syringes d’un pinceau rapide, soit qu’il fouille patiemment le basalte rebelle.Ordinairement, les momies pénétrées de bitume et de natrum ressemblent à de noirs simulacres taillés dans l’ébène ; la dissolution ne peut les attaquer, mais les apparences de la vie leur manquent. Les cadavres ne sont pas retournés à la poussière d’où ils étaient sortis ; mais ils se sont pétrifiés sous une forme hideuse qu’on ne saurait regarder sans dégoût ou sans effroi. Ici le corps, préparé soigneusement par des procédés plus sûrs, plus longs et plus coûteux, avait conservé l’élasticité de la chair, le grain de l’épiderme et presque la coloration naturelle ; la peau, d’un brun clair, avait la nuance blonde d’un bronze florentin neuf ; et ce ton ambré et chaud qu’on admire dans les peintures de Giorgione ou du Titien, enfumées de vernis, ne devait pas différer beaucoup du teint de la jeune Égyptienne en son vivant.
La tête semblait endormie plutôt que morte ; les paupières, encore frangées de leurs longs cils, faisaient briller entre leurs lignes d’antimoine des yeux d’émail lustrés des humides lueurs de la vie ; on eût dit qu’elles allaient secouer comme un rêve léger leur sommeil de trente siècles. Le nez, mince et fin, conservait ses pures arêtes ; aucune dépression ne déformait les joues, arrondies comme le flanc d’un vase ; la bouche, colorée d’une faible rougeur, avait gardé ses plis imperceptibles, et sur les lèvres voluptueusement modelées, voltigeait un mélancolique et mystérieux sourire plein de douceur, de tristesse et de charme : ce sourire tendre et résigné qui plisse d’une si délicieuse moue les bouches des têtes adorables surmontant les vases canopes au Musée du Louvre.
Autour du front uni et bas, comme l’exigent les lois de la beauté antique, se massaient des cheveux d’un noir de jais, divisés et nattés en une multitude de fines cordelettes qui retombaient sur chaque épaule. Vingt épingles d’or, piquées parmi ces tresses comme des fleurs dans une coiffure de bal, étoilaient de points brillants cette épaisse et sombre chevelure qu’on eût pu croire factice tant elle était abondante. Deux grandes boucles d’oreilles, arrondies en disques comme de petits boucliers, faisaient frissonner leur lumière jaune à côté de ses joues brunes. Un collier magnifique, composé de trois rangs de divinités et d’amulettes en or et en pierres fines, entourait le col de la coquette momie, et plus bas, sur sa poitrine, descendaient deux autres colliers, dont les perles et les
rosettes en or, lapis-lazuli et cornaline formaient des alternances symétriques du goût le plus exquis.
Une ceinture à peu près du même dessin enserrait sa taille svelte d’un cercle d’or et de pierres de couleur.
Un bracelet à double rang en perles d’or et de cornaline entourait son poignet gauche, et à l’index de la main, du même côté, scintillait un tout petit scarabée en émaux cloisonnés d’or, formant chaton de bague, et maintenu par un fil d’or précieusement natté.
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Videos de Théophile Gautier (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Théophile Gautier
En 1834, Balzac imagine et commande une canne somptueuse à l'orfèvre parisien le Cointe. La « pomme » en or, finement ciselée des armoiries des Balzac d'Entraigues, qui n'ont aucun lien avec l'écrivain, est ornée d'une constellation de turquoises, offertes par sa bien-aimée Mme Hanska. Cette canne est excessive en tout, et très vite, elle fait sensation parmi journalistes et caricaturistes. C'est la signature excentrique de l'écrivain, la preuve visible et provocante de son énergie et de sa liberté, imposant sa prestance au milieu de la société des écrivains. Pour Charlotte Constant et Delphine de Girardin, amies De Balzac, la canne est investie d'un pouvoir magique…
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://c.bnf.fr/TRC
Crédits de la vidéo :
Direction éditoriale Armelle Pasco, cheffe du service des Éditions multimédias, BnF
Direction scientifique Jean-Didier Wagneur
Scénario, recherche iconographique et suivi de production Sophie Guindon, chargée d'édition multimédia, BnF
Réalisation Vagabondir
Enregistrement, musique et sound design Mathias Bourre et Andrea Perugini, Opixido
Voix Geert van Herwijnen
Crédits iconographiques Collections de la BnF
© Bibliothèque nationale de France
Images extérieures :
Projet d'éventail : l'apothéose De Balzac Grandville, dessinateur, entre 1835 et 1836 Maison de Balzac, BAL 1990.1 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
La canne De Balzac Orfèvre le Cointe, 1834 Maison de Balzac, BAL 186 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Sortie des ouvrières de la maison Paquin, rue de la Paix Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1662 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
La pâtisserie Gloppe, avenue des Champs-Elysées Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1733 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
Balzac à la canne Illustration pour Courtine, Balzac à table, Paris, Robert Laffont, 1976 Maison de Balzac, B2290 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac, croquis d'après nature Théophile Gautier, 1830 Maison de Balzac, BAL 333 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Portrait-charge de Balzac Jean Pierre Dantan, sculpteur, 1835 Maison de Balzac, BAL 972 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Honoré de Balzac Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 252 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac en canne Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 253 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Comtesse Charlotte von Hardenberg Johann Heinrich Schroeder (Boris Wilnitsky) Droits réservés
Delphine Gay (Portrait de Delphine de Girardin) Louis Hersent, 1824 Musée de l'Histoire de France © Palais de Versailles, RF 481
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