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EAN : 9782371000049
172 pages
NOUVEL ATTILA (28/08/2014)
3.5/5   530 notes
Résumé :
Debout-Payé est le roman familial d'Ossiri, étudiant ivoirien sans papier atterri en France dans les années 1990 pour démarrer une carrière de vigile. C'est
l'histoire d'un immigré, de l'enfer qu'il vit pour se loger et pour travailler, et du regard qu'il pose sur notre pays. C'est aussi un chant en l'honneur d'une famille où, de père en fils, on devient vigile à Paris, et plus globalement en l'honneur de la communauté africaine, avec ses travers et sa génér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (119) Voir plus Ajouter une critique
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Un regard acide, doublé d'un humour ravageur, le bouquin de Gauz m'a enthousiasmé. Mais au delà de la légèreté que laisse au premier abord le roman, c'est aussi un portrait réaliste de la condition des africains débarquant en France, plein de rêves et d'espoir mais vite ramené par la dure réalité de la vie. le taf à la mode c'est vigile. de Camaïeu à Sephora, ces définitions pour définir les différents clients ou voleurs ! sont un vrai régal.
Puis, Gauz à travers le portrait de trois des leurs, propose une réflexion beaucoup plus fine, réaliste de la difficulté de faire sa place dans un pays ou les liens avec l'Afrique sont indéfectibles. Des années Pompidou aux attentats du onze septembre, il revient sur les difficultés pour s'y intégrer (papiers, logement, travail, le chemin est semé d'embuches).
Lu d'une traite, une belle découverte.
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« Les noirs sont costauds, les noirs sont forts, les noirs sont obéissants, les noirs font peur. Impossible de ne pas penser à ce ramassis de clichés du bon sauvage qui sommeillent de façon atavique à la fois dans chacun des blancs chargés du recrutement et dans chacun des noirs venus exploiter ces clichés en sa faveur. » La longue file d'hommes noirs qui montent les escaliers ce matin-là est venue chercher un job. Ils seront tous vigiles. Formation minimaliste, aucune expérience exigée, regard volontairement bienveillant sur les situations administratives, devenir vigile est le moyen le plus simple de décrocher un CDI pour les africains de Paris. « Ceux qui déjà ont une expérience du métier savent ce qui les attend les prochains jours : rester debout toute la journée dans un magasin, répéter cet ennuyeux exploit de l'ennui, tous les jours, jusqu'à être payé à la fin du mois. Debout-payé. »

Gauz raconte dans ce premier roman très autobiographique l'itinéraire d'Ossiri, étudiant ivoirien sans papiers devenu vigile dans le Paris des années 90. Il retrace aussi à travers lui l'histoire d'une communauté et l'évolution de ce métier particulier depuis la Françafrique jusqu'à l'après 11 septembre. On trouve entre chaque chapitre des interludes, sortent d'instantanées croqués sur le vif par Gauz lui-même lorsqu'il travaillait comme vigile dans un magasin de fringues de Bastille puis dans la plus grande parfumerie des Champs-Élysées. Autant de réflexions sur la société de consommation ou sur son travail, de portraits de clients et d'aphorismes particulièrement bien troussés. Exemples :

« Les jeunes de banlieue à qui l'on donne le titre abusif et arbitraire de racailles viennent se parfumer systématiquement au rayon Hugo Boss, ou avec One Million de Paco Rabanne, une bouteille forme de lingot d'or. Il y a du rêve dans la symbolique et de la symbolique dans le rêve. »

« Ennui, sentiment d'inutilité et de gâchis, impossible créativité, agressivité surjouée, manque d'imagination, infantilisation, etc., sont les corollaires du métier de vigile. Or, militaire est une forme très exagérée de vigile. »

« Une théorie lie l'altitude relative du coccyx par rapport à l'assise d'un siège et la qualité de la paie. Elle peut être énoncée comme suit : Dans un travail, plus le coccyx est éloignée de l'assise d'une chaise, moins le salaire est important.
Autrement dit, le salaire est inversement proportionnel au temps de station debout. Les fiches de salaire du vigile illustrent cette théorie. »

C'est très bien écrit, c'est drôle, empreint d'une ironie mordante qui fait mouche. le regard porté par Gauz sur sa communauté est aussi tendre que lucide. Cette lucidité permanente, cette fausse légèreté, cette causticité exempte de toute méchanceté donnent au récit une atmosphère douce-amère pleine de sensibilité. Une excellente surprise parmi les nombreux premiers romans de la rentrée et un auteur à la plume singulière qui mérite vraiment que l'on s'attarde sur son cas.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Gauz est un auteur charismatique très en verve, avec beaucoup de personnalité et il a si bien parlé de son premier roman, en mai dernier, lors d'un café littéraire au Festival Etonnants Voyageurs à Saint Malo, que je me suis empressée d'aller acheter son livre, Debout payé.
Il est à son image, intelligent, plein d'humour caustique et n'épargne personne. Gauz s'est d'ailleurs largement inspiré de sa propre expérience pour raconter l'histoire d'Ossiri, un étudiant ivoirien devenu vigile, debout-payé, un travail bien ingrat et fatigant pour financer ses études à Paris…
Ce court roman atypique est plein de saveurs, bouscule les idées reçues et peut parfois dérouter le lecteur… Gauz dans la vie comme en écriture emprunte des chemins innatendus et n'hésite pas à entrecouper son récit de longues listes de fines observations de nos comportements dans les magasins, comme une série d'instantanés venus nourrir son texte. Rien ne lui échappe, il scrute et décrypte nos faits et gestes, fustigeant au passage la société de consommation.
Gauz porte un regard sévère sur les relations politiques entre la France et l'Afrique, sur la place des noirs dans la société, sur les nouveaux temples de la consommation (Camaïeu, Séphora). Il passe tout à la loupe et nous fait pénétrer avec tendresse dans la communauté étudiante africaine, soumise aux clichés sur les noirs et aux soubresauts de l'actualité, comme les attentats du 11 septembre 2001.
Vous ne percevrez plus jamais les vigiles, de la même manière après avoir lu Debout payé, élu meilleur premier roman français 2014 par la rédaction de Lire.
Un début prometteur pour un roman revigorant qui se lit d'une traite.








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Un jeune africain débarquant sans papiers à Paris dans les années 90 pouvait tenter de se faire embaucher par une agence de sécurité dirigée par des Ivoiriens : le vigile noir était (est toujours) très prisé, particulièrement en région parisienne. Les employeurs n'étaient pas très regardants en ce qui concernait les papiers, les clandestins étant finalement des employés plus fiables, moins enclins à la revendication que les autres... Par le biais des sous-traitances, un vigile un peu dégourdi pouvait créer sa propre entreprise au bout de quelques années et s'installer dans un pavillon de banlieue…Mais pour la plupart c'étaient les chambres sordides partagées à quatre ou cinq dans des immeubles vétustes aux sanitaires défaillants. Et la précarité.
Et puis les attentats de septembre 2001 ont créé un tournant dans le monde de la sécurité : les vigiles noirs sont toujours demandés mais désormais embauchés par des Blancs.
De Camaïeu au magasin Séphora des Champs Elysées en passant par les Grands Moulins de Paris, des années 90 aux années 2000, l'auteur nous fait vivre la journée de ces « debout-payé » au fil d'anecdotes pleines d'humour et de vécu. Des soldes aux mille et une manières de resquiller ; des femmes voilées, des Africaines, des grosses, des maigres, des coquettes, des travestis, des hommes costumés, toute une population qui vient s'habiller, se maquiller ou se parfumer sans se soucier du regard attentif de celui qui surveille… C'est aussi le regard d'un immigré africain sur la société parisienne, qui permet ce décalage humoristique : un oeil neuf qui voit ce qui pour nous n'est qu'évidence et banalité. Et souligne les contradictions des uns et des autres sans aucun tabou.
Un texte à mi-chemin entre l'essai sociologique, le roman, l'autobiographie, un peu décousu, aussi bien par sa forme, que par ses retours en arrière dans le temps qui le rend parfois assez confus, mais qui reste une analyse intéressante d'un métier souvent peu considéré et de la vision raciale qui lui est attachée.
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Debout -payé, c'est le nom que se donnent les vigiles africains qui opèrent dans les grands magasins parisiens. Bien trouvé, n'est ce pas ?

Ce livre , en grande partie autobiographique, est un condensé d'intelligence, d'humour. Une vision régénératrice de l'africain exilé sur le blanc .
C'est donc l'histoire d'un jeune ivoirien qui débarque en France et qui est pris en charge par la communauté ivoirienne locale.
L'auteur aurait pu se contenter de dérouler la bobine de sa vie , mais il a présenté son oeuvre autrement : Une partie historique , qui décrit trois grandes époques de l'immigration vers la France , ou plutôt des conditions de vie des immigrés en France et une partie loufoque , mais tellement drôle, où l'on est dans la tête du vigile qui commente son quotidien , à Séphora, Camaieu ou ailleurs.
S'il n'y a pas grand chose à dire de cette deuxième partie, sinon qu'elle est enthousiasmante, la partie historique , du premier ivoirien venant tenter sa chance en France à aujourd'hui, est poignante.
L'auteur explique les conditions de vie des arrivants, l'entraide, les réseaux , les difficultés à l'intégration. Il met surtout en lumière l'impact de la crise pétrolière ou des attentats terroristes du XXI ème sur le quotidien du sans papier.

Une bouffée d'oxygène, de bonne humeur . Une lumière sur les réseaux africains à Paris. Un moment de culture, de détente. Une très belle performance.
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critiques presse (4)
Lexpress
17 octobre 2014
Avec un humour noir et bigrement loufoque, Gauz […] donne enfin la parole [aux vigiles]. Brutal, féroce et souvent maladroit, son petit livre vous fera l'effet d'une fouille au corps.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Culturebox
07 octobre 2014
Gauz a toutes les réponses, et bien d'autres encore. Son savoureux petit livre, bien écrit, est un témoignage inédit et précieux sur les usages du monde marchand d'aujourd'hui.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
22 septembre 2014
Un portrait drôle, profond et sans concession des sociétés française et africaine, et un témoignage inédit sur ce que voient et ressentent les vigiles sous leur carapace.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Liberation
22 septembre 2014
Debout-payé est criblé de remarques acides qui ne sont pourtant pas l’essentiel du roman.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (93) Voir plus Ajouter une citation
QUAND SONNE LE PORTIQUE. Le portique de sécurité sonne quand quelqu'un sort ou entre avec un produit qui n'est pas démagnétisé. Ce n'est qu'une présomption de vol, et dans 90% des cas, le produit a été payé en bonne et due forme. Mais il est impressionnant de voir comme presque tout le monde obéot à l'injonction sonore du portique de sécurité. Presque jamais, personne ne le transgresse. Mais les réactions divergent selon les nationalités ou les cultures.
- Le Français regarde dans tous les sens comme pour signifier que quelqu'un d'autre que lui est à l'origine du bruit et qu'il cherche aussi, histoire de collaborer.
- Le Japonais s'arrête net et attend que le vigile vienne vers lui.
- Le Chinois n'entend pas ou feint de na pas entendre et continue son chemin l'air le plus normal possible.
- Le Français d'origine arabe ou africaine crie au complot ou au délit de faciès.
- L’Africain se pointe le doigt sur la poitrine comme pour demander confirmation.
- L'Américain fonce directement vers le vigile, sourire aux lèvres et sac entrouvert.
- L'Allemand fait un pas en arrière pour tester et vérifier le système.
- L'Arabe du Golf prend un air le plus hautain possible en s'arrêtant.
- Le Brésilien lève les mains en l'air.
- Un jour, un homme s'est carrément évanoui. Il n'a pas pu donner sa nationalité.
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Nouvelles recrues. La longue file d’hommes noirs qui montent dans ces escaliers étroits ressemble à une cordée inédite à l’assaut du K2, le redoutable sommet de la chaîne himalayenne. L’ascension est rythmée par le seul bruit des pas sur les marches. Les escaliers sont raides, les genoux montent haut. Neuf marches, un palier, plus neuf marches supplémentaires, font un étage. Les pas sont feutrés par un épais tapis rouge déplié exactement au milieu d’une cage trop étroite pour laisser passer deux hommes côte à côte. La cordée s’étire avec les étages et la fatigue. On entend souffler de temps en temps. Au sixième étage, le premier de cordée appuie sur le gros bouton d’un interphone cyclope surmonté de l’objectif noir d’une caméra de surveillance. Le grand bureau où tout le monde se retrouve en sueur, est un open space. Aucune cloison n’arrête le regard jusqu’à une cage de verre sur laquelle deux lettres marquent le territoire du mâle dominant des lieux : DG. Une baie vitrée offre gracieusement la vue sur les toits de Paris. Distribution de formulaires. À tour de bras. Ici, on recrute. On recrute des vigiles. Protect-75 vient d’obtenir de gros contrats de sécurité pour diverses enseignes commerciales de la région parisienne. Son besoin en main-d’œuvre est immense et urgent. Le bruit s’est très vite répandu dans la "communauté" africaine. Congolais, ivoiriens, maliens, guinéens, béninois, sénégalais, etc., l’œil exercé identifie facilement les nationalités par le seul style vestimentaire. La combinaison polo-Jean’s Levi’s 501 des Ivoiriens ; le blouson cuir noir trop grand des Maliens ; la chemise rayée fourrée près du ventre des Béninois et des Togolais ; les superbes mocassins toujours bien cirés des Camerounais ; les couleurs improbables des Congolais de Brazza et le style outrancier des Congolais de Stanley… Dans le doute, c’est l’oreille qui prend le relais car dans la bouche d’un Africain, les accents sont des marqueurs d’origine aussi fiable qu’un chromosome 21 en trop pour identifier le mongolisme ou une tumeur maligne pour diagnostiquer un cancer. Les Congolais modulent, les Camerounais chantonnent, les Sénégalais psalmodient, les Ivoiriens saccadent, les Béninois et les Togolais oscillent, les Maliens petit-négrisent…
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Dialogue
- Monsieur, monsieur, s'il vous plait, je ne vois pas ma fille. Vous ne pouvez pas m'aider à la trouver ? (Une vieille dame en panique au vigile)
- Décrivez-la moi, madame, s'il vous plait. (Le vigile)
- Elle est blonde avec des cheveux courts. Elle s'appelle Marion, et...(La vieille dame encore plus affolée)
- Calmez-vous, madame. On va la trouver, je vais faire passer une annonce. Elle a quel âge, votre fille ? (Le vigile)
- 40 ans ! (La vieille dame)
- Madame, à cet âge-là, in ne se perd pas dans un magasin ! (Le vigile)
- Mais vous ne comprenez rien, monsieur. C'est moi qui suis perdue ! (La vieille dame au bord des larmes)
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Révolution IL est désormais reconnu qu'il n'y avait que 7 prisonniers hagards enfermés à la Bastille le 14 juillet 1789. Autrement dit, il n'y avait presque personne à libérer. Mais l'Histoire retient plus les symboles que les faits. Si elle se répétait aujourd'hui, la prise de la Bastille libèrerait des milliers de prisoniers de la consommation.
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Il y a aussi la fameuse lettre de motivation : "intégrer une équipe dynamique", "s'inscrire dans un projet de carrière ambitieux", "mettre en adéquation sa formation et ses compétences", "veuillez agréer monsieur", "sentiments distingués", "l'expression de ma plus haute considération", etc. Les circonlocutions moyenâgeuses et les phrases lèche-cul des lettres de motivation font sourire en un tel lieu et dans de telles circonstances. Pour tous ici, il y a une très forte motivation, même si elle est différente selon le côté de la baie vitrée où l'on se trouve. Pour le mâle dominant dans la cage au fond de l'open space, avoir le plus gros chiffre d'affaires possible. Par tous les moyens. Caser le maximum de personnes possible est un de ces moyens-à. Pour la cordée noire de la cage d'escalier, sortir du chômage ou des emplois précaires. Par tous les moyens. Vigile est un de ces moyens-là. Relativement accessible.
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