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EAN : 9782021067989
352 pages
Seuil (20/09/2012)
3.33/5   36 notes
Résumé :
La demeure éternelle met en scène la confrontation entre deux générations, deux sortes d'hommes : Dallas Hardin, le Mal incarné, obsédé par l'argent et complètement insensible à la valeur d'une vie humaine, impose à tous sa volonté par la force et la ruse, protégé par l'impunité que lui confèrent son audace et sa cruauté. Nathan Winer, jeune et forte tête, travaille de ses mains, qu'il a costaudes, pour se nourrir, ainsi que sa mère : son père a disparu un beau mati... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Après La Mort au crépuscule, la publication du deuxième roman de William Gay (en réalité son premier) prend une résonance toute particulière. La Demeure éternelle… pour un auteur qui nous a quittés en février dernier.

Nous sommes en 1933 dans le Tennessee. Thomas Hovington, cloué au lit par la maladie, ne peut empêcher Dallas Hardin, un homme sorti de nulle part, de s'installer chez lui, de prendre sa femme et son commerce d'alcool de contrebande et d'exercer sa domination sur sa fille Amber Rose. Nathan Winer, un voisin, tente de s'interposer et de mettre fin au séjour de ce parasite, mais il est tué lors de l'altercation et son cadavre précipité dans un gouffre. Ni vu, ni connu. Tous ceux qui se dressent sur le chemin de Hardin meurent en général très rapidement. Dix ans passent. Âgé de 17 ans, le fils de Winer, prénommé Nathan, est à la recherche d'un emploi. Sa route croise celle de Grande-Gueule Hodges, de Hardin et de Guillaume Tell Oliver, un vieil homme sage au passé trouble qui le met en garde contre celui qui apporte le malheur. Mais il va tomber amoureux d'Amber Rose… et osera affronter le démon.

William Gay raconte cette histoire avec la voix traînante du Sud. On pense au Ron Rash d'Un pied au paradis, et l'accent se pare d'une violence soudaine. Beaucoup de sang répandu sur une terre avide de le boire. Et cette brume de violence et de mal qui s'évapore dans l'atmosphère, contaminant les personnages et leur vie. le style de William Gay, c'est une beauté sévère, une lande de terre aride parsemée d'arbres moribonds.

La Demeure éternelle est un voyage dans une Amérique rurale en crise, pauvre et ignorante, le récit de la lutte éternelle du bien contre le mal, une Bible dans une main, un fusil dans l'autre. C'est surtout une écriture précise, poétique. Un bon roman, à conseiller plutôt aux amateurs d'ambiances qu'aux fans de thrillers.
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De William Gay, j'avais énormément aimé "La mort au crépuscule" et son ambiance "southern gothic", semblable à celle de "La nuit du chasseur".
"La demeure éternelle" est son premier roman, et on y retrouve déjà cette dualité du Bien et du Mal, la noirceur de l'âme dans toute sa profondeur, et la beauté de la Nature dans toute sa splendeur.
L'action se passe en 1943, dans un coin perdu du Tennessee, où un sale type tyrannise toute une ville. Il est question de bagarres, de vols de chevaux, de whiskey frelaté, d'incendies criminels... tout cela est violent et un peu désespérant, et une tension angoissante perdure tout au long de la lecture. Car il faudra bien qu'il y ait une fin à tout cela, mais laquelle ?
Heureusement, toute cette noirceur est contrebalancée par l'exaltation de la Nature, et la douce tranquillité de quelques personnages nimbés de pureté.
Néanmoins, ce roman m'a semblé partir un peu dans tous les sens, comme si l'auteur se mettait en situation d'observateur, sans vraiment oser accompagner ses personnages principaux, appuyé en cela par un style un peu aride mais imprégnant, avec quelque chose de pudique, de "taiseux" en lui (paradoxal, pour un roman !). Comme si William Gay était intimidé par l'acte d'écriture. Et j'ai trouvé cela touchant.

Attention : ne pas se fier à la 4ème de couverture, dont le résumé parait avoir été écrit par quelqu'un n'ayant pas lu le livre.
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Dans les années 1940, dans une région reculée du Tennessee, Dallas Hardin règne par la terreur sur Mormon Springs. Après avoir fait son nid dans la demeure de Thomas Hovington, s'arrogeant son commerce d'alcool clandestin et sa femme, Hardin apparaît comme intouchable, multipliant menaces, vengeances et meurtres en toute impunité. Jusqu'à ce que le jeune Nathan Winer croise sa route et celle d'Amber, la fille de Hovington. C'est que si Nathan n'a jamais su ce qu'était devenu son père, disparu dix ans plus tôt, Hardin, lui, le sait bien, puisqu'il l'a tué de ses propres mains.

Dans ce premier roman (deuxième publié en France) William Gay joue la partition classique de la lutte du Bien contre le Mal. Sous le regard de William Tell Oliver, vieux voisin qui l'a pris sous son aile et cache bien mal ses blessures et son remord de n'avoir jamais affronté Hardin, Nathan, malgré son apparente innocence, va peu à peu prendre conscience de l'inéluctabilité du combat qui l'opposera à celui qui règne sans partage sur ce bout de Tennessee abandonné par la loi des hommes et où seule la volonté de Dieu, du diable ou de quelques forces ambivalentes de la nature (le gouffre, symbole central, qui apparaît sur le terrain de Hovington en ouverture du livre sert autant à dissimuler les méfaits qu'à les faire ressurgir) peut instaurer un certain ordre.
Une grande partie du roman, peu ou prou les deux tiers, est l'occasion pour Gay de nous montrer cet ordre des choses et de présenter une communauté profondément divisée par de vieilles rancoeurs, des peurs immémoriales et, surtout, l'absence d'hommes véritables. Partis à la guerre, partis là où il y a du travail, les hommes sont absents. Ceux qui restent sont vieux, ou bien jeunes et poussant sans une réelle autorité paternelle, prêts à dévier, fascinés, à l'image de Bille-de-Pied Chessor ou de Grande-Gueule Hodges, par la violence, mal dégrossis et tournant comme des bêtes en cage dans une communauté qui, malgré la nature immense et sauvage, a l'allure d'une prison dont il est impossible de s'extraire. Quant à ceux qui sont dans la force de l'âge et sont restés, ils rivalisent de lâcheté ou se trouvent impuissants face au lourd couvercle de silence et de peur maintenu sur les lieux par Hardin :

« Et comment pourriez-vous l'empêcher d'entrer chez vous ? À moins de le tuer, comment pourriez-vous assurer l'inviolabilité de votre logis, l'intégrité de votre famille ? Les portes brûlent, les vitres fondent et s'écoulent, visqueuses et en flammes, par-dessus les rebords de fenêtres, les serrures noircissent et gisent, inidentifiables, parmi les cendres. Si vous attendez sa venue, vous pouvez vous préparer, mais il est rusé. Quand viendra-t-il ? À quelle heure du jour ou de la nuit ? Il a tout son temps, il peut se permettre de choisir son moment, et vous, le seul temps dont vous disposez, c'est l'instant de son arrivée. C'est un rancunier, la moindre contrariété le met dans des états qu'un homme ordinaire n'a jamais connu ailleurs que dans les livres. »

De cette première partie, lente, plutôt lyrique et contemplative, émerge donc le portrait peu flatteur d'une communauté en butte à la crise, à l'individualisme, à la bêtise, et animée d'une peur quasi superstitieuse profondément ancrée en elle. Nathan s'en détache à cause de sa force de caractère, de l'opiniâtreté dont il fait preuve dans son désir de pouvoir vivre tranquille et honnêtement, mais aussi par la fascination réciproque qui s'exerce entre lui et Hardin.
Aiguillonnée par l'amour que Nathan va porter à Amber après que Hardin l'a embauché chez lui, le faisant entrer dans sa vie comme pour s'assurer qu'il peut aussi mettre sous sa coupe ce jeune esprit indépendant, l'histoire s'accélère dans le dernier tiers du roman qui voit les deux hommes s'affronter enfin.

C'est finalement une histoire d'une triste banalité que conte William Gay. Mais le lyrisme, l'empathie de l'auteur pour ses personnages dont il explore toute les facettes et dont il fait ressortir toute la complexité, le voile quasi mystique dont il pare les événements, font de la demeure éternelle un roman particulièrement fascinant et attachant. Une belle réussite.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Si vous attendez la lecture d'un bon vieux polar vous pouvez passer votre chemin. La publication dans la collection Policiers du Seuil et le bandeau accrocheur « par le lauréat du grand prix de la littérature policière » induit largement en erreur.
Dans les années trente au coeur du Tennessee profond on assiste à l'assassinat de Winer, charpentier et agriculteur par Dallas Harding, son voisin avide et dénué de tout scrupule.
10 ans plus tard Harding va employer le courageux fils de Winer, ignorant des faits mais à la recherche de la vérité. La confrontation des 2 hommes est le fil conducteur du récit. Pas beaucoup de suspens mais plutôt la description d'un quotidien noir. Les habitants sont frustes et pauvres. Dans cette campagne recluse le bien et le mal vont s'affronter. Chacun va choisir son camp.
Pourquoi ai-je mis tant de temps à m'intéresser à cette histoire sans jamais y adhérer totalement ? Il est manifestement plus facile de dire pourquoi on a aimé un texte que le contraire. le texte, qui n'est pas vraiment mauvais, est contemplatif, descriptif, parfois lyrique. Il ne retient pas l'attention. Il faut sans cesse faire un effort pour revenir à l'intrigue. Alors définitivement ce type d'écriture n‘est pas fait pour moi.
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Quand on aime autant un écrivain, quelle joie de tenir enfin son premier roman dans les mains !
Si vous êtes venus chercher un livre pour se détendre avec du soleil et une fin heureuse, passez votre chemin.
L'histoire se déroule dans une communauté rurale du Tennessee des années 1940. Un homme maléfique, Dallis Hardin, utilise les insécurités et les peurs des autres habitants pour avoir plus d'emprise sur eux. Il s'installe chez Thomas Hovington, condamné et affaibli par la maladie. Il profite cette situation pour exercer son emprise diabolique sur ses proches : sa femme et sa fille, Amber Rose. Il aime l'alcool, fait de la contrebande. Cet homme est le symbole de la corruption, des pots-de-vin et l'extorsion, tout en se faisant passer pour quelqu'un de plus puissant. Jusqu'au jour un jeune homme va tomber amoureux d'Amber Rose. Il s'agit d'un voisin, Nathan Winner, qui a grandi sans son père, ne sachant pas ce qu'il lui est arrivé et ignorant que ce dernier a eu le malheur de se mettre sur le chemin de Hardin en essayant de s'interposer à cet homme sans scrupules dix ans auparavant. Il commence par inadvertance un travail de charpentier pour Hardin et tombe amoureux d'Amber Rose, cette jeune femme qui est sous la dure influence de Hardin. Parallèlement, un vieil homme, William Tell Oliver, prudent et attentif, se demande ce qu'il doit faire à propos de ce qu'il sait sur la disparition du père de Nathan. Il doit réconcilier son esprit et ses actes.
Dans cette histoire opposant le bien au mal, on aime ou on déteste les personnages tant ils sont décrits avec brio, peints par la main de maître qu'était William Gay ! Certains sont remplis d'égoïsme, d'orgueil et de ressentiment, d'autres font preuve d'un grand courage. Peut-être n'aimerez-vous pas du tout ce livre. Mais une chose est certaine : vous tomberez complètement amoureux de l'écriture brillante et la narration épique de William Gay.
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critiques presse (1)
Telerama
27 novembre 2012
[L'auteur] oppose une écriture lyrique et incandescente à la banalité des jours, dans un monde crépusculaire, et rejoint ainsi des écrivains comme Harry Crews pour la folie, et Ron Rash pour l'ampleur historique.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Et comment pourriez-vous l’empêcher d’entrer chez vous ? À moins de le tuer, comment pourriez-vous assurer l’inviolabilité de votre logis, l’intégrité de votre famille ? Les portes brûlent, les vitres fondent et s’écoulent, visqueuses et en flammes, par-dessus les rebords de fenêtres, les serrures noircissent et gisent, inidentifiables, parmi les cendres. Si vous attendez sa venue, vous pouvez vous préparer, mais il est rusé. Quand viendra-t-il ? À quelle heure du jour ou de la nuit ? Il a tout son temps, il peut se permettre de choisir son moment, et vous, le seul temps dont vous disposez, c’est l’instant de son arrivée. C’est un rancunier, la moindre contrariété le met dans des états qu’un homme ordinaire n’a jamais connu ailleurs que dans les livres.
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Le long des maisons endormies (...). Un millier de vies tissées comme les fils d'une tapisserie sans motif, et s'il mourait ici, sur l'autoroute, cela ne changerait pas le dessin d'un iota. Le monde n'était que portes fermées, panneaux d'interdiction, chiens de garde.
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"Une vieille écrevisse borgne qui feignait d'être invisible le surveillait avec appréhension depuis fond de l'eau à présent de plus en plus claire puis elle battit en retraite sous une pierre"

poignant et indispensable pour le développement de l'intrigue. JD
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Et ce silence semblait distillé, parfaitement pur, un silence qui s’amplifiait de lui-même. Les murs écoutaient, la pièce retenait son souffle. Elle attendait. Dans cette absence de bruit, Winer avait l’impression d’être réceptif à tout un univers d’expériences, chaque sensation multipliée par d’autres fondant sur lui comme s’il était calé sur la longueur d’onde d’un vaste flot d’informations le bombardant de tous côtés. (p. 272.)
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Cet après-midi-là, quand il se rendit au bastringue, Grande-Gueule s’y trouvait toujours. Il n’avait pas cessé de boire depuis son arrivée, et peut-être avait-il bu avant de venir. Il semblait avoir atteint quelque sinistre avant-poste de l’ivresse, une étrange lucidité en ruine, et Hardin pensa qu’il n’avait jamais vu un homme aussi proche de la mort, que ce fût la sienne ou celle de quelqu’un d’autre. (p. 290.)
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Videos de William Gay (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Gay
Trois romans comme autant de variations sur les codes du polar. Ancien officier du renseignement israélien, Dov Alfon joue, avec un humour ravageur, des grammaires de l'espionnage et du thriller, entre Paris, Tel Aviv, Jérusalem et Macao. L'Américain William Gay, figure majeure de la littérature du Sud, interprète à sa manière les standards du hard boiled et de la country, sur les traces de Ross McDonald. Quant au Français Olivier Norek, il revisite pied au plancher l'enquête à l'ancienne, dans un village de l'Aveyron, façon Agatha Christie sous amphets.
"Unité 8200" de Dov Alfon (Liana Lévi) "Stoneburner" de William Gay (Gallimard) "Surface" de Olivier Norek (Michel Lafon)
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