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EAN : 9782878587012
171 pages
Viviane Hamy (18/04/2013)
3.94/5   24 notes
Résumé :
Un Russe, émigré à Paris, décide de révéler le lourd secret qui assombrit son existence depuis tant d'années. Lorsqu'il était à peine âgé de 16 ans, la guerre civile faisait rage. Au service des blancs, partisans de la Russie impériale, contre les révolutionnaires bolchéviques, il tua un homme. Ce souvenir, pourtant si banal en temps de conflit, ne l'abandonnera plus, et le hantera même. Un beau jour, il lit dans une nouvelle cet épisode raconté, au détail près, du ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Gaïto Gazdanov était le cadet de Nabokov de quatre ans, tout comme lui, dans les années 30, leur renommée se limite à la diaspora russe, la gloire véritable de Nabokov date de l'époque où il est publié en anglais.
Gazdano n' écrira toujours qu'en russe ," Je ne connais la Russie que très peu, car j'avais seize ans lorsque je l'ai quittée mais c'est ma patrie..."
Cette Russie dont il est empreint dans sa chair mais aussi dans les thèmes de la littérature russe .
Un mélange de fatalisme, une part réelle de nihilisme, le poids du destin ,l'amour foudroyant ,la résurrection , la nostalgie indéniablement russe.
Dans ce récit, le narrateur a aussi seize ans , lorsqu'il croit " «assassiner»" un rouge alors qu'il lutte avec les Blancs. Nous sommes en pleine guerre civile en Russie en 1917.
Le narrateur tout comme l'auteur fuit son pays et son exil le conduit à Paris. Mais l'homme qu'il croit avoir tué devient son obsession, son Spectre.
Le récit met l'accent sur le hasard qui détermine une vie , un événement qui bascule une existence dans un sens ou dans un autre.
Il en est de même de l'amour, il vous porte ou vous ensevelit.
Le hasard permet aussi la chance d'exister, c'est le cas dans le récit, puisque "l'assassin" n'a fait que blesser la victime qu'il retrouve plus tard d'abord dans un livre puis en connaissant l'auteur en chair et en os.
Ce qui est important pour Gaïto Gazdanov, c'est la valeur que tout cela confère à la vie, à la chance d'exister , il faut défendre cette vie.

Gaïto Gazdanov meurt en 1971, sans avoir revu son pays, tout comme Vladimir Nabokov qui meurt 6 ans plus tard en 1977.


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On est en Russie , en pleine guerre civile, et le narrateur , combattant pour les blancs, tue un rouge. Cet acte va le poursuivre et hanter ses nuits et ses jours. Jusqu'au jour où il tombe sur un roman, écrit en anglais, où une des nouvelles relate exactement la scène vécue des années plus tôt dans le sud de Russie ? Et si son opposant n'était pas mort ?

Gaïto Gazdanov fait partie de ces écrivains russes qui n'ont existé que pour les expatriés. Son public a lui était très maigre et ce n'est que 20 ans après sa mort , une fois le bloc communiste déchu qu'il fut publié dans son pays. Son oeuvre, une dizaine de romans comporte deux périodes bien précises, une "russe " et une "française". le spectre d'Alexandre Wolf clôt la période russe, où seule la scène pendant la guerre , qui initie le livre, s'y déroule.
La majeure partie du roman se déroule à Paris dans l'entre deux guerres.
On retrouve dans cette oeuvre un goût de Zweig, ne serait ce que dans le style.
Sombre collerait bien à l'ambiance. le doute de l'être humain, sa destinée, le fait que tout le monde peut se muer en tueur, l'être poursuivi par ses fantômes et qui s'extirpent d'eux péniblement. Il y a sans doute ici une part autobiographique , ne serait que dans l'exode du narrateur.
Un livre surprenant,beau à la lecture et intéressant dans sa construction.
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"Rien n'a autant pesé dans mon existence que le meurtre, unique, que j'ai commis". C'était la guerre, enrôlé dans l'armée des Blancs contre les Bolcheviques, le narrateur alors âgé de seize ans a tiré sur un cavalier qui pointait son fusil dans sa direction. C'était lui ou l'autre. Et pourtant le sentiment de culpabilité l'a poursuivi partout où le destin l'a mené, de la Russie jusqu'à Paris où il s'est installé pour devenir journaliste. Il y mène une vie sans joie mais sans déplaisir non plus jusqu'à la découverte d'un recueil de nouvelles relatant son histoire.
Le récit s'engage alors dans une enquête sur l'auteur Alexandre Wolf, enquête qui oscille au fil des pages entre chasse au fantôme du passé et volonté confuse de triompher dans la vie, poursuite policière et quête métaphysique. Car tant par sa poésie que par la trouble densité de son propos et de ses personnages, le roman n'est pas un simple jeu de piste. C'est un roman habité par une question qui menace d'étouffer le narrateur, il décompose la vie énigmatique des deux individus qui pourraient n'être qu'un seul puisque chacun est hanté par la mort. Fascination et désillusion mêlées.
Et c'est sans aucun doute dans cette quête existentielle que réside la réussite du roman : confronter un homme à ce qu'il a échappé et le pousser à se frayer un chemin introspectif salvateur ou irrémédiable. Privilégier l'éloquence et la profondeur de la réflexion quitte à enfermer l'intrigue dans des rebondissements parfois trop prévisibles. Construction aléatoire donc mais on s'en accommode fort bien tant il est passionnant dans le traitement qui est fait des thèmes du traumatisme, du destin ou encore de la valeur de l'existence.
Nimbé d'une obsédante mélancolie, "Le spectre d'Alexandre Wolf" fut une lecture troublante et captivante.
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Entre deux coups de feu, un récit exemplaire où se mêlent suspens, amour et réflexions sur le hasard des destinées.
Le narrateur, journaliste, russe exilé à Paris doit lutter contre "le spectre d'Alexandre Wolf" ( un double de lui-même?) pour redonner sens à sa vie.
Une postface d'Elena Balzamo éclaire le lecteur sur tous les thèmes développés dans l'oeuvre de ce contemporain -longtemps oublié- de Nabokov.
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Dans le Spectre d'Alexandre Wolf, de Gaïto Gazdanov, nous suivons un narrateur hanté. Hanté par le souvenir de l'homme qu'il a tué lors de la Révolution russe. Russe blanc, il est depuis en exil en France. Un jour, par hasard, il lit un recueil et se rend compte que l'histoire qu'il lit est exactement la même que celle qu'il a vécu, mais raconté du point de vue de l'homme abattu ! Peu à peu, notre narrateur s'aperçoit que partout où il est allé, il a été suivi par l'ombre inquiétante de l'homme qu'il pensait avoir tué. Roman philosophique, pré-existentialiste, le Spectre d'Alexandre Wolf aborde le thème du double, de l'exil intérieur et de l'identité introuvable. Une lecture exigeante mais diablement efficace, une écriture subtile et captivante.
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critiques presse (2)
Telerama
26 juin 2013
Du fantastique philosophique à l'état pur, où les souvenirs et les paroles ont le même tranchant que les armes blanches.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
17 juin 2013
Ce récit est plus proche du roman noir mi-fantastique, mi-existentialiste que du polar pur et dur.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Sa philosophie de l'existence excluait l'illusion : le sort de l'individu ne compte pas ; chacun porte en lui sa propre mort, qui correspond à la rupture d'un rythme et se produit généralement de manière brutale ; chaque jour, des quantités d'univers naissent et meurent, et nous passons à proximité de ces invisibles catastrophes cosmiques, persuadés, à tort, que l'espace restreint qui nous est perceptible, constitue un microcosme. Il croyait pourtant en un système difficilement intelligible de lois générales, ... : ce qui nous semble hasard aveugle est le plus souvent nécessité. La logique n'existait que dans les créations presque mathématiques de l'esprit. ; quant à la mort et au bonheur, il les considérait d'essence similaire car l'une et l'autre impliquait l'idée d'immuabilité.

- Et les milliers d'être qui vivent heureux ?

- Vous parlez de ceux qui vivent en aveugles ?

- ...

- Si vous possédez ce courage dur et triste qui contraint à vivre les yeux ouverts, comment pouvez-vous vivre heureux ? ... Shakespeare ne pouvait pas être heureux. Pas plus que Michel-Ange.

- Et Saint-François d'Assise ? ...

- Il aimait le monde comme d'autres aiment les petits enfants. Mais je ne suis pas sûr qu'il était heureux. Jésus était triste, ne l'oubliez pas ; sans cette tristesse, le christianisme serait impensable ... J'ai toujours pensé que la vie ressemblait à un voyage en chemin de fer ; l'existence de l'individu est ralentie et prisonnière d'un mouvement extérieur rapide ; on jouit d'une sécurité factice, d'une illusion de pérennité, jusqu'au moment où, brusquement, se présente un pont effondré ou un rail déboulonné : il s'agit de la rupture du rythme que nous appelons mort"...



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J'ai toujours pensé que la vie ressemblait à un voyage en chemin de fer; l'existence de l'individu est ralentie et prisonnière d'un mouvement extérieur rapide ; on jouit d'une sécurité factice, d'une illusion de pérennité, jusqu'au moment où, brusquement, se présente un pont effondré ou un rail déboulonné : il s'agit de la rupture du rythme que nous appelons " mort ".
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- raconte-moi ce qu'a été ta vie, qui tu as aimé, si tu as été heureux.

- Je ne sais pas par quoi commencer. C'est très compliqué, très long et bourré de contradictions. Chaque matin, quand je me réveille, je me dis que le jour est enfin arrivé où ma vie va commencer ; j'ai l'impression de n'avoir guère plus de seize ans, et l'homme qui s'est couché la veille dans mon lit après avoir accumulé tant d'expériences tragiques et tristes m'est parfaitement étranger ; je ne comprends ni la fatigue de son esprit, ni sa tristesse. Chaque soir, quand je m'endors, j'ai l'impression d'avoir effectué une traversée interminable dont il ne reste que le dégout et le poids des ans. Au fur et à mesure que la journée avance et tire à sa fin, la fatigue, empoisonnée, pénètre plus profond en moi...
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Je crois que par la simultanéité toujours inexplicable des attirances mutuelles, Elena éprouvait ce que nous appelons en russe " un mouvement de l'âme" semblable au mien - comme sont semblables une lentille convexe et une lentille concave de même courbure, mais complémentaires.
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c'est pour cela que j'étais journaliste : au lieu de me consacrer aux travaux littéraires, ... qui... auraient exigé du temps et des efforts désintéressés, je m'adonnais à des besognes irrégulières... dans leur diversité... Je traitais n'importe quel sujet, de l'article de politique intérieure au compte rendu sportif en passant par la critique cinématographique. Cela ne demandait ni efforts notables ni connaissances précises...
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Gaïto Gazdanov : Le Retour du Bouddha
Olivier BARROT, présente le livre "Le retour de Bouddha" (éditions Viviane Hamy) de Gaïto GAZDANOV à bord du bus 47 (à Paris). Une femme montre le livre. Un homme demande à Barrot (qui est maintenant dans le jardin des plantes., s'il a du feu, il lui répond qu'il ne fume pas.
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