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EAN : 9782021064452
144 pages
Seuil (02/02/2012)
4.17/5   6 notes
Résumé :
L'homme a la canne grise, c'est le père de l'auteur, disparu en août 2010. Un Français d'origine catalane qui s'est engagé aux côtés des républicains espagnols avant de rejoindre la Résistance en Lozère. Mais ce père épique autant qu'admiré en cache un autre, plus fragile, guetté par la cécité. Entre présent et souvenirs, l'auteur se dévoile aussi, par touches discrètes, pudiques, sensibles.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"L'homme à la canne grise" est le portrait plein de tendresse que dresse Michèle Gazier, ex responsable des critiques littéraires dans Télérama, autour de la vie de son père. Ce n'est ni la première ni la dernière qui prendra sa plume pour évoquer une figure paternelle. L'exercice ici n'est pas forcément original, l'auteur ayant choisi de retracer les moments forts de sa vie de manière chronologique et nous ne sommes pas du tout dans l'écriture épurée et intime d'une Annie Ernaux. Michèle Gazier préfère rechercher les événements, les anecdotes, pour éclairer celui qui vécut partagé entre une vie quotidienne rendue un peu morne par sa cécité et l'homme épris de liberté qu'il était dans sa tête.
La citation de René Char, "Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler et ce n'était pas le silence." , placée en épigraphe du livre, résume parfaitement le propos. Il est beaucoup question de silences dans ce livre. Silence autour de son engagement en tant que combattant français auprès des républicains espagnols puis de son passé de résistant en Lozère. Silence autour de sa vie intérieure, intense, mais réservée à quelques rares priviligiés. Silence autour de cette vie de famille, coincé avec une femme dépressive et des enfants adorés. Et pourtant, ces silences n'en sont pas vraiment, parce que l'amour, même tu, est là, dans chaque geste, chaque décision importante, chaque renoncement. Michèle Gazier restitue avec émotion cette recherche de vérité dans le portrait de ce père, quasi aveugle, qui, toute son existence, a essayé d'écarter le brouillard jaunasse de sa vision mais aussi de sa vie. Il en ressort un homme à la personnalité double mais attachante. Il y a le héros, toujours jeune dans sa tête et dans son corps, même au seuil de la vieillesse, pétri d'idéaux et de justice et le mari, acceptant avec abnégation une vie de semi-infirme, quasi reclus auprès d'une femme malade. Et, malicieusement (?), à la mort de chacune de ses deux compagnes, sa fille note que ce sont les moments où elle l'a senti le plus libre, comme si ces unions avaient été des freins plus importants à ses ambitions, ses désirs que le fait d'être mal-voyant.
La fin sur le blog
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Mon père, ce héros au sourire si doux… La formule mythique de Victor Hugo s'applique parfaitement à la figure du père telle que Michèle Gazier nous la dépeint dans ce récit à la première personne. Un récit éparpillé au fil des souvenirs, les siens mais aussi ceux des personnes qui ont connu ce Français d'origine catalane, rescapé de la Guerre d'Espagne puis de la Résistance. Un héros taiseux, frappé très jeune par une cécité partielle qui ira en s'aggravant au fil du temps. Ce père, dont elle a servi de guide tout au long de l'enfance, qui a à sa manière favorisé sa vocation de journaliste et d'écrivain, l'a-t-elle vraiment si bien connu ? Et d'ailleurs, connaît-on jamais vraiment ces parents avec qui nous avons passé de si longues années ? C'est donc cette quête, quête de la vérité cachée de ce père qui lui était si cher, que nous fait partager l'auteure, avec ce talent de conteuse et cette qualité d'écriture que ses fidèles lecteurs et lectrices reconnaîtront sans peine. Michèle Gazier, nobélisable ? Je vote pour, sans hésiter…
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C'est un beau récit d'une fille qui admire son père récemment disparu. Antoine P. qui a combattu à côté des républicains espagnols et qui pourtant s'est vu demander de prouver qu'il est français par un obscur policier de l'hôtel de Police au moment du renouvellement de sa carte d'identité.

Michèle Gazier au moment de la disparition a dû ressentir le besoin d'évoquer son père et elle a déroulé dans ce court récit tous ses souvenirs d'enfance et plus, jusqu'à ce 14 août 2010 où l'infirmière de la maison de retraite lui a annoncé son décès.

C'est bien raconté avec humour quelquefois (voir page 42 l'anecdote sur les rouges indisciplinés et misérables que leur chef, pour les faire avancer au pas, hurlait : Alpargata, zapato, alpargata, zapato !) mais avec tendresse le plus souvent.

Je n'ai pas lu son précédent récit "La Fille" consacré à sa mère mais j'ai été séduite par l'image qu'elle a su recréer de son père. Comme l'a dit son ami, Miguel de Castillo, un autre écrivain, en revenant sur son courage, sa dignité, sa droiture : "C'était un homme bien, et mieux que bien, de ceux qui ne tirent de leur bravoure ni avantages, ni gloriole".
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p.18 M'ennuyer, moi ? Bien sûr que non. Je ne peux pas bouger, pas lire, j'entends mal, mais j'ai une longue vie derrière moi. Alors je la fais défiler doucement. Lorsque j'arrive à des moments heureux, je me repasse plusieurs fois les images. Pour les sales moments je zappe Et puis je recommence. Selon les jours, je ne vois pas les mêmes choses...
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Un récit autobiographique comme un long cheminement du deuil facilité par la reconstruction des souvenirs proches et lointains avec son père. Egalement, sans que cela soit clairement dit, une quête des origines espagnoles, de la guerre d'Espagne dont ce père ne parle pas mais qui a laissé des traces, par exemple lorsqu'il nettoye les plaies de son fils. Par petites touches, sans ordre chronologique, plutôt dans l'ordre où les souvenirs resurgissent, Michèle Gazier retrace la vie de son père pour réussir à lui dire adieu...
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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critiques presse (2)
Telerama
04 avril 2012
Dans ce livre émouvant, parfois drôle, et qui sait restituer la présence de cette figure paternelle, Michèle Gazier fait aussi vivre le destin d'une génération qui fut trop digne pour accepter d'être plainte.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lhumanite
19 mars 2012
Michèle Gazier ne dessine pas un portrait, elle fait ressortir la dualité d’un être qui avait aspiré aux lumières et avait dû s’aménager un territoire dans les ténèbres.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le dimanche, il aimait aller au marché qui se tenait autour des halles. Il en revenait les bras chargés de livres d'occasion qu'il achetait au poids à un camelot surnommé Camembert, lequel a plus fait pour la lecture que bien des bibliothécaires et des enseignants de l'époque. Camembert m'impressionnait, il me faisait un peu peur avec ses cheveux en bataille, ses chemises claires portées sous des gilets de tailleur ouverts sur son ventre rebondi. Une foule se pressait toujours autour de son stand et il permettait à ses fidèles clients, dont mon père, de rendre les livres achetés la semaine précédente et d'en reprendre d'autres pour à peine quelques centimes en sus. Mon père aimait dire qu'il avait fait sa culture chez Camembert. Il aimait les romans policiers et d'aventure, les biographies, les histoires exemplaires, l'Histoire. Lire le confortait dans sa manière de penser et de voir le monde, de combattre l'injustice. Il y trouvait le plaisir de l'ailleurs que l'on rejoint, immobile, de l'évasion sans bouger de sa chaise. Le plaisir de la connaissance aussi.
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"Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n'est pas le silence."
René Char
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Ecrire dans l'immédiateté de l'événement relève à mes yeux plus du journalisme que de la littérature.
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Des années plus tard, ce prêtre qui m'a fait découvrir le bonheur des arts et de la nature a tenu à me faire comprendre que le lien l'unissant à mon père était une amitié vraie, de celles qui relèvent de l'échange, du partage. Chacun avait donné de soi, chacun avait reçu de l'autre.
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Videos de Michèle Gazier (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michèle Gazier
8 février 2013 :
À propos de Retour parmi les hommes «La beauté de Vincent, c'est de guetter les catastrophes, de voir le bonheur comme une erreur passagère. En cela, il fait partie des grands personnages de la littérature contemporaine, capables d'alimenter encore quelques suites... Un grand Besson !» Clara Dupont-Monod, Marianne La Trahison de Thomas Spencer «L'analyse est menée finement, la jalousie, les souffrances indiquées avec tact. le talent de Philippe Besson, la manière douce et tendre qui lui attire de plus en plus de lecteurs, consiste à ne jamais élever la voix, à montrer que les mouvements du coeur forment l'essentiel d'une vie humaine.» Dominique Fernandez, le Nouvel Observateur Un homme accidentel «Philippe Besson vient de réussir un roman intense et fulgurant.» François Busnel, L'Express L'Arrière-Saison «L'Arrière-Saison a la beauté mélancolique d'une sonate d'automne.» Michèle Gazier, Télérama Une villa en Italie, le soleil trop fort, des ferries qui font la traversée vers les îles, une romancière qui peine à finir un livre, un jeune officier de l'Académie navale, un accident de voiture à des centaines de kilomètres, l'enchaînement des circonstances, la réalité qui rejoint la fiction, la fin d'un amour, le commencement d'un autre peut-être. Dans ce roman plus personnel qu'il n'y paraît, l'auteur de L'Arrière-Saison dresse le portrait d'une femme puissante et de deux hommes fragiles, en proie à des hésitations sentimentales. À propos de son dernier roman Une bonne raison de se tuer «Tout l'art de Besson est là, dans l'introspection des âmes, le déphasage entre l'intime et le public, la marche inexorable du temps.» Marianne Payot, L'Express «Philippe Besson explore l'envers du rêve américain dans un de ses plus forts romans.» Pierre Vavasseur, le Parisien «Portée par un style implacable, dépouillé de tout apitoiement et de tout pathos, l'intrigue a des airs de tragédie grecque, où chacun est en marche vers son destin sans que rien ne puisse l'arrêter. On est touchés en plein coeur.» Valérie Gans, Figaro Madame «Philippe Besson explore la part intime des êtres et traque leur moindre secret. Il gagne encore son pari.» Jean-Claude Perrier, Livres Hebdo «Si juste et terrible. Quel magnifique portrait de femme et de nous aussi !» Joseph Macé-Scaron, le Magazine littéraire «Un livre qu'on lit d'une traite... C'est très triste et très doux.» Gilles Martin-Chauffier, Paris Match
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