Encore une découverte d'un auteur italien que je ne connaissais pas et c'est vraiment une belle rencontre !
Un roman sur le travail d'éducateur, oui, mais sur les êtres fracturés dont il s'occupe et dont il partage les misères, le quotidien.
C'est triste souvent mais jamais mélodramatique : on se surprend à sourire en lisant car l'humour est présent dans l'écriture et on s'attache aux différents personnages dont la vie aurait pu être simple....
Marta fait désormais partie de mes pensées, on ne peut l'oublier une fois le livre refermé...
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Le récit défile et retient l’attention, sans tire-larmes ; met en évidence un métier rarement évoqué dans les romans avec une précision exacte, sans jugement mais avec beaucoup d’attachement. Une authenticité à valeur biographique puisque l’auteur a exercé le métier d’éducateur.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Elle arrive devant la maison, mais elle n'entre pas.
Papa et maman se disputent.
Une voix l'appelle depuis les champs.
Sur le toit de la remise se posent deux corneilles.
Tac,tac.
"Marta,Marta !
- Oui ?"
Vincenzo se rue sur elle, il la prend par la main. Il tremble.
"Marta, Anna est tombée dans le canal..."
Marta lâche un soupir agacée. "Vincenzo, Gianluca vient de la faire, cette blague, ça suffit" Elle dégage sa main d'un geste sec." Je dis à maman où on est et j'arrive
- Marta..." Les joues de Vincenzo sont striées de larmes, sa lèvre inférieure tremble.
" Vincenzo, qu'est-ce qui s'est passé ?
- Elle essayait d'attraper la chaussure. Cours, Marta. Vite..."
Page 75
Elle se dit que pourtant, ce serait bien pratique d'avoir des tissus succulents : de temps en temps, elle pourrait aller à la campagne, ou bien juste sur une colline, vu qu'il y a de très belles collines tout autour de la ville, emmagasiner la nature dans ses tissus succulents et libérer un peu de feuilles, de terre et de ciel à l'intérieur d'elle-même quand son corps le demande. Et faire semblant d'être sur l'un de ses arbres fruitiers ou sur le toit de la grange à foin à regarder la ligne des crêtes, ce triangle parfait qui s'appelle le Monviso, d'après ce que lui a dit son père, ou bien de restée couchée sur le dos, dans un pré, à chercher à quoi ressemblent les nuages. Elle pourrait libérer un peu de chlorophylle dans ses veines quand elle se sent assiégée par les immeubles ou prise dans les mailles du réseau filaire de trams comme une mouche dans une toile d'araignée.
Page 161
Ascanio Berardi se délecte à écouter le gargouillis du café qui monte dans la cafetière._Pour Ascanio la préparation du café est une véritable lithurgie [...] lorsque l'on sait le reconnaître à l'odeur, le mélange utilisé suggère l'humeur avec laquelle on s'apprête à vivre sa journée...
Il faut faire chaque chose comme si c'était la dernière et la plus importante. C'est comme ça qu'on avance...
Ascanio est persuadé d'avoir été, dans une autre vie, un moine bénédictin, ou peut-être, vu son amour pour la bière, un trappiste.
Payot - Marque Page - Fabio Geda - Dans la mer il y a des crocodiles