Dans ce roman,
David Gemmel fait du Gemmel, comme d'habitude. Ce n'est pas une critique, juste une constatation.
Je veux dire par là que la trame ressemble aux autres : un guerrier compétent, torturé par son passé, en rédemption, qui a du sang sur les mains, qui n'a peur de rien.
Olek Skilgannon, qui n'a pas hésité à massacrer tous les habitants d'une ville (femmes et enfants compris), sur les ordres de sa reine, est aussi un homme respectueux des femmes (il ne viole pas les femmes, est respectueux, pas de #metoo avec lui). Hé, il a des valeurs.
Il vivait tranquille, peinard, puis les gens du village ont commencé à accuser les prêtres de tous les maux : famine, maladies et autres trucs. L'effet de meute a commencé et on a assisté à des passages à tabac de prêtres qui avaient soigné les gens durant une épidémie. Même dans la fantasy, l'humain reste le même.
Alternant les récits au présent avec ceux du passé qui éclairent la vie de quelques protagonistes (Skilgannon en tête), on suit nos personnages, fuyant l'avancée des envahisseurs, le récit se portant sur plusieurs d'entre eux.
Outre le guerrier aux épées de
légendes, on croisera aussi un vieux guerrier de 50 ans, armé d'une hache mythique, elle aussi :
Druss la légende. Comme Skilgannon, il est sans pitié sur un champ de bataille, a du sang sur les mains, mais respecte les femmes. Druss, je l'adore.
Les personnages sont comme souvent dans les romans de Gemmel : des guerriers terribles avec des codes moraux. Uniquement chez les héros, bien entendu, les autres, ce sont des crapules finies.
Autre chose, dans l'univers de Gemmel, on a toujours une quête qui paraît impossible à réussir ou une citadelle à défendre… Ici, ce sera la quête impossible. Comme je vous le disais, Gemmel fait du Gemmel, il y a une marque de fabrique reconnaissable entre toutes. Bizarrement, cela ne m'a jamais dérangé.
La première moitié du récit est assez lente, l'auteur pose ses décors, installe ses héros, les figurants, déroule son récit, nous propose des combats épiques (sa marque de fabrique aussi) et raconte le passé (et le passif) des personnages principaux.
La marque reconnaissable de Gemmel, c'est qu'il est aussi capable de captiver ses lecteurs dès les premières lignes.
Son style d'écriture est sans fioritures, simple, sans être simpliste. Il sait décrire le monde qu'il a créé, les différents peuples qui l'habitent (on retrouve des inspirations du nôtre) et habiller ses personnages, faisant en sorte qu'on ait l'impression de déjà les connaître.
Mélangeant habilement l'action au présent, les escarmouches, les souvenirs du passé, les événements qui se déroulent ailleurs, mettant un brin d'humour, Gemmel nous balade dans son monde imaginaire sans que l'on souffre de l'ennui.
On marche aux côtés de grands hommes, et même si ce sont des guerriers sans pitié et que Skilgannon ait massacré, avec son armée, une ville entière, on sent la rédemption sous la cuirasse, les remords, l'envie de changer les choses.
Nos guerriers, surtout Druss, ne sont pas avares de petites pensées philosophiques. Pas de la grande philosophie, pas de celle de comptoir non plus. Juste des pensées claires, nettes, précises, véridiques, poussant même le vice à se livrer à des discussions plus poussées.
Mon bémol ira pour le Grand Méchant qui est méchant jusqu'au bout des ongles (oups, il aime couper des doigts) : il aime torturer les gens, les faire souffrir longtemps, les faire hurler, mutiler, assassiner, frapper, battre,… Bref, rien pour équilibrer le portrait, ce qui est dommage.
David Gemmel applique, une fois de plus, la recette qu'il a mise au point et qu'il reproduit dans tous ses romans. Comme d'autres… Et bizarrement, ça marche à tous les coups ! Ses univers et ses personnages sont riches, c'est ce qui fait toute la différence. Les femmes dans ses romans sont fortes, ce ne sont pas des petites choses fragiles et c'est toujours appréciable.
J'étais resté quelques années sans lire du Gemmel, je m'y étais remise dans le cadre du "Mois Anglais" en 2020 et à chaque mois de juin, j'ai sorti de ma biblio ses romans que je n'avais pas encore lus. Cela m'a fait un bien fou.
Ce n'est pas de la grande littérature, mais j'apprécie les héros torturés qu'il met en scène, j'aime certaines de leurs valeurs (pas les massacres), leurs pensées, leur philosophie, la psychologie de certains.
Et puis, avec Gemmel, c'est l'évasion et le souffle de la grande aventure assuré.
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