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Critique de BazaR


C'est fini… sniff !

David Gemmell m'a surpris avec ce dernier tome de Rigante. Je ne m'attendais pas à le voir prendre ce virage vers des forces mystiques réellement actives dans le scénario (et plus seulement guidant de loin), des forces franchement néfastes. En fond d'écran, j'ai pensé qu'il avait sombré dans la facilité. Il est en effet plus facile de conclure un récit manichéen, avec un côté obscur identifié, puissant et extrêmement séduisant, que de s'engluer dans la complexité des relations entre groupes humains qui menaient le jeu jusqu'ici. L'enjeu s'élève. La menace concerne toute l'humanité. Niveau tragique, ça pète autant qu'un Seigneur des Anneaux ou un Star Wars.
En fond d'écran, j'ai aussi pensé que Gemmell n'avait pas prévu finir ainsi. Rien dans les tomes précédents n'annonce ou n'évoque Kranos ou Cernunnos. Rien dans les légendes qui ont bercé les Rigantes. Les terribles exactions des Dezhem Bek n'ont laissé aucune trace ni dans l'histoire ni dans les contes alors que les histoires de Seidhs imprègnent la culture Rigante depuis ses origines. Bref, j'ai senti une espèce de cassure, presque une improvisation pour ce dernier tome.

Mais ça, c'était en « fond d'écran ». En premier plan j'ai dévoré avec un plaisir absolu chaque paragraphe de ce récit mis en musique par un chef d'orchestre hors pair. Chaque page apportait son lot de petits frissons qui descendaient le long de ma colonne vertébrale. Chaque matin je me plongeais dans ce monde avec émerveillement et pleurais presque de devoir le quitter pour aller bosser.
Vu l'augmentation des enchères, David Gemmell étend son théâtre d'opérations sur de nombreux lieux. Mais il n'abandonne pas sa technique de narration à base de points de vue limités ; ceux-ci se multiplient simplement sur plus de personnages et changent à de nombreuses reprises au sein de chaque chapitre. Défaut de cette extension de la base, on partage beaucoup moins les pensées des héros principaux qu'on avait tant appréciés dans « Coeur de Corbeau » comme Kaelin, Chara ou Maev. Avantage, Gemmell nous offre quelques superbes personnages comme les frères Cochland ou Gallowglass, à la réputation ambiguë mais capables de trouver le chemin de la rédemption. le plus beau selon moi est la transformation du Moïdart déjà entamée dans le tome précédent. Elle prend beaucoup de place dans le récit. Petit à petit on voit son absence totale d'empathie s'effriter, son discours impitoyable se teinter d'ironie, voire d'humour pince sans rire. C'était jouissif !

La guerre occupe toute la deuxième partie. Elle est féroce et m'a vraiment mis mal à l'aise. le « côté obscur » s'est insinué partout et le carnage est montré sans fioritures.
Pourtant l'auteur offre à cette obscurité un droit de réponse qui nous permettrait presque de comprendre son point de vue. Elle aime la Terre, les arbres, les fleurs, les ours et les loups. Et l'humanité et une maladie qui, à terme, ne peut que détruire cette beauté. Gemmell a mis beaucoup de lui dans son « côté obscur », je pense.

Je n'ose évoquer la fin, mais elle est « à la Gemmell » et m'a encore une fois arraché des larmes. Je suis triste de quitter ces personnages qui m'ont accompagné (et ont accompagné Fifrildi, Alfaric, Tatooa, Aelinel, lyoko) pendant tout un semestre. Grâce à eux, je ne sais plus si leur réalité n'est pas bien plus réelle que notre pauvre monde. Elle est en tout cas très attirante (les guerres mis à part).
Je vais laisser passer plusieurs mois avant de replonger dans un Gemmell. C'est décidément trop d'émotions !
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