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Troie - Roman (David Gemmel) tome 1 sur 4

Rosalie Guillaume (Traducteur)
EAN : 9782352941538
447 pages
Bragelonne (28/03/2008)
4.42/5   518 notes
Résumé :
Trois individus vont changer la destinée de plusieurs nations.
Helicon, le jeune prince de Dardanie, hanté par une enfance traumatisante ; la prêtresse Andromaque, dont le caractère de feu et l’indépendance forcenée se dressent contre la volonté des rois ; et le légendaire guerrier Argurios, emmuré dans la solitude, uniquement motivé par son besoin de vengeance.
À Troie, ils découvrent une cité déchirée par des rivalités impitoyables – un maelström de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (79) Voir plus Ajouter une critique
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Nom de Zeus !!!

J'ai fini le bouquin hier soir, j'ai eu du mal à m'endormir (le bouquin finit sur une bataille épique "à la 300" !), je dois dire, et j'en suis encore tourneboulée, et ça fait depuis que je suis levée que je me demande comment je vais tourner mon avis... Je ne vais pas développer le contexte, Bran_601 l'a fort bien fait, allez donc lire son avis hyper détaillé si vous en voulez plus !

On est à la fois proche et éloigné de ce que j'ai lu (le cycle Drenaï) de l'auteur. Ici, on a un roman historique, en fait. Il n'y a pas une once de fantasy, même pas de dieux qui interviennent (bien qu'omniprésents dans la vie des gens de l'époque, comme on se l'imagine). Plutôt réaliste, comme écriture, donc. On est proche aussi de ce qu'il a déjà écrit, par ses personnages attachants, hauts en couleur, fort ambivalents pour les "héros", et carrément détestables pour les "méchants", encore que certains sont également ambivalents, bref, c'est du Gemmell, on ne s'y trompe pas.

Je suis une fan (lus pour la première fois sous la forme des bouquins "contes et légendes" quand j'avais 10 ou 12 ans) de l'Iliade et l'Odyssée, ainsi que de l'Enéide. Vous comprendrez donc sans peine que ce cycle, je ne pouvais pas passer à côté, même s'il n'est pas publié en poche (à part chez France L...). Les occasions, c'est bien ! (De toute façon j'ai l'impression que je ne serai jamais déçue d'un achat de "Gemmell"... Il me manquait Rigante, ben pour le premier tome c'est fait depuis hier soir, lol !)

Nous avons ici une sorte de "préquelle" à la guerre de Troie. Les événements que nous décrit l'auteur se passent avant, et il nous présente les personnages clés (On voit même Hélène !) de cette future histoire, tout en nous déroulant une intrigue sympa, de l'action en veux-tu en voilà.

Je suis séduite par sa façon de décrire les sociétés et cultures du pourtour méditerranéen, "navigateurs" dans l'âme, sa façon de voir les personnages. Par exemple, Ulysse, roi "commerçant", est juste un conteur hors-pair qui a l'art d'enjoliver ses récits de voyage.

Les Mycéniens apparaissent ici comme des affreux jojos (quoique, pas tous, c'est vrai), pirates pillant, violant, massacrant à peu près tout ce qu'ils arrivent à choper, (mais il faut bien avoir un "méchant" à combattre) le tout avec la bénédiction (non-dite mais effective) d'Agamemnon, qui va jusqu'à frapper du sceau de la traîtrise un de ses Fidèles un peu trop "homme d'honneur" à son goût ! ...

Bien sûr on n'est pas dans la "vérité" historique (d'autant moins que les avis sont encore et toujours partagés quant à "l'historicité" de la Guerre de Troie), mais cette reprise de la légende d'Homère (enfin, cette préquelle à la reprise, mdr !) à l'aune de l'échelle "humaine" est juste bien vue, bien écrite, avec des personnages formidables, à dévorer sans arrière-pensée et c'est pas assez long, et on en redemande !!!

Donc ça tombe bien qu'il y ait un tome 2, si vous voyez ce que je veux dire ! Arf ! Je crois que je vais avoir du mal à lire mes Gemmell au "compte-goutte" et à les faire durer, du moins concernant cette trilogie maintenant commencée.
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C'est une époque de bravoure et de trahison.
Une époque de bains de sang et de terreur.
Une époque pour les héros !

Ce qui est particulièrement impressionnant dans cette relecture de l'ILiade de David Gemmell, c'est la capacité de l'auteur à renouveler le mythe tout en lui rendant un bien beau témoignage d'affection.
Si vous connaissez bien le mythe de la guerre de Troie et avez peur d'y retrouver ici un récit trop contemplatif, trop respectueux du matériau de base, un récit où l'auteur ne réussirait pas à s'octroyer la liberté nécessaire pour concevoir sa propre histoire, attendez vous à être agréablement surpris.
D'ailleurs les deux premiers romans du cycle se déroulent avant les événements contés dans l'Iliade de Homère, ce qui laisse la place à une interprétation libre et appropriée de David Gemmell.

La structure du roman alterne, chose n'est pas coutume selon l'auteur, différents points de vue, avec tour à tour Hélicon (Enée), prince de Dardanie et allié de Troie, Gershom le mystérieux naufragé égyptien, Andromaque une prêtresse d'Artemis de l'île de Théra, Argurios un légendaire guerrier Mycénien aujourd'hui en disgrâce et enfin Ulysse, l'opportuniste Roi marchand de l'île d'Ithaque..

Ce premier roman dévoile donc la contexte géopolitique de cette Grèce antique où s'oppose les deux super puissance de la méditerranée.
D'un coté les rois Achéens avec en chef de file Agamemnon Roi de Mycènes, et de l'autre ce qu'on pourrait appeler une ligue orientale guidée par Priam, Roi de Troie et vassal de l'empereur hittites.

Deux puissances aux forces dissemblables :
_ les Achéens ont une grande puissance militaire terrestre mais peu de ressources et de richesses
_ les Troyens et leurs alliés sont la grande puissance maritime de son temps, maître des routes maritimes et donc du commerce .. .

A l'instar de Bernard Cornwell sur son cycle d' Arthur Pendragon, David Gemmell s'empare d'un mythe pour le transposer dans une réalité historique probable, et en cela le cycle de Troie constitue bien pour l'auteur une nouveauté puisqu'il s'apparente plus à une fiction historique qu'à un récit de fantasy antique comme pouvait l'être le Lion de Macédoine ou bien le diptyque sur Uther Pendragon.
De ce fait l'autre grande particularité de cette histoire est l'abstraction de tout ce qui a trait aux éléments divins et mythologiques de la légende pour véritablement laisser aux hommes dans le récit, la responsabilité de leurs actes et la responsabilité du destin qu'ils se forgent.

Dans l'idéologie de David Gemmell, nous ne sommes pas " prédisposé à" mais nous apprenons avec le temps à faire le bien ou le mal et nous choisissons et nous mourront pour les valeurs que nous auront bien voulu défendre.
Dans ce sens, les héros de ce récit seront ceux amenés à payer le prix du sang pour une cause humaniste, et non ceux que les conteurs aiment à présenter comme des figures divines et donc inaccessibles.
David Gemmell aime l'idée qu'en chacun peut naître l'étincelle capable d'enflammer les ténèbres.

Dans Troie, David Gemmell prend de la distance également sur la nature des personnages et requalifie également les liens qui les unissent (Ulysse et Enee, Andromaque et Enée, Hector et Andromaque etc ...) sans toutefois s'affranchir totalement d'une grande ligne directive qui reprend les éléments clefs de l'oeuvre de référence.
Astucieusement il présente les choses subtilement de manière à ce qu'elle puisse être avec le temps appréhender sous la forme développée par Homère.
L'exemple de Ulysse, présenté également comme un fameux conteur et faiseur d'histoires dans le roman, qui n'hésite pas afin de divertir son auditoire à agrémenter de manière fantastique ses propres péripéties et ce afin de se forger sa propre légende. (on notera certaines références à l'Odyssée ici ou là).

Le récit regorge de grands moments épiques dans la pure tradition de l'auteur, et pour peu que vous preniez place sur le vaisseau Xanthos sous le commandement d'Helicon, vous aurez droit en prime cette fois à d'inédites batailles navales sur fond de la grande Verte.

Hélicon est l'un des personnages de David Gemmell les plus insaisissable jamais écrit, c'est un homme assez introspectif, un homme qui s'est construit dans la douleur et dans la souffrance un peu à la manière d'un certains Dakeyras.
Mais c'est surtout un homme finalement assez nihiliste, n'ayant pas fondamentalement foi en l'humanité, un homme prêt à faire durement payer le prix de la sauvegarde de ceux dont il a la responsabilité.
C'est aussi un homme qui ne livre pas facilement ses états d'âmes et ne donne pas facilement son amitié comme son amour d'ailleurs.
C'est un homme forgé par cette époque, pour cette époque, un homme pouvant se montrer d'un cruel réalisme et d'une cruelle efficacité, mais c'est aussi l'image de l'ami fidèle qu'on aimerait avoir, celui avec lequel on aimerait combattre dos à dos dans la fureur de la mêlée, celui à qui on pourrait confier sa vie.

David Gemmell a toujours eu le don de concevoir des textes ayant la capacité de suspendre le temps au rythme de notre lecture.
Le seigneur de l'arc d'argent est admirablement bien écrit et se dévore littéralement jusqu'à ce final magnifique ou Argurios (le héros gemmellien par excellence de ce premier volume) nous livre une des plus belles séquences du cycle.

Argurios ou le nom d'un héros n'ayant jamais existé autrement que sous la plume de Dave, mais un héros au combien magnifique.
Là ou les autres se battent pour quelques choses qu'ils ont à perdre ou à gagner, lui ne combat que pour le sens qu'il donne à la justice et au prix qu'il est prêt à verser pour élever le faible au dessus du fort.

Je vous livre ce passage au combien révélateur de l'humanisme caractérisé de ce guerrier Mycénien, au code de conduite pas si éloigné que çà d'un certain héros Drenai.

"Argurios de Mycenes n'était pas un homme porté à l'introspection. Il avait consacré sa vie à servir son roi et son peuple.
Il ne remettait pas en question les décisions de son chef, et il ne se demandait pas si la guerre et la conquête étaient justes ou mauvaises. Pour Argurios, la vie était simple et univoque.
Les hommes puissants gouvernaient, les faibles étaient leurs serviteurs ou leurs esclaves. Il en allait de même pour les nations.
Pourtant, au milieu de cette philosophie simpliste, il avait aussi assimilé le code moral du roi Atrée, le père d'Agamemnon.
Le pouvoir accompagné de la conscience, la force sans cruauté, l'amour de la patrie sans haine aveugle de celle des ennemis.
En conséquence, Argurios n'avait jamais torturé un adversaire, violé une femme, ni tué un enfant.
Il n'avait pas brûlé de maisons, et n'avait jamais cherché à terroriser ceux qu'il n'avait vaincus."

A défaut d'être le personnage principal de ce premier tome, Argurios de Mycènes est bien le premier des grands héros de ce cycle de Troie.

"Argurios soupesa sa lance.
_ Pour le roi et pour Troie ! hurla-t-il.
Et les aigles chargèrent."
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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Après avoir lu la version troyenne de Marion Zimmer Bradley, je me suis attaquée au premier opus d'une saga qui me faisait miroiter de grandes promesses : Troie T1 de Gemmell. J'ai été littéralement harcelée par mon compagnon durant plusieurs années pour découvrir cette série et je dois bien avouer que je n'ai pas été déçue. Il avait bel et bien raison!

Comme tout ce que fait Gemmell, ce récit est fabuleux. Les batailles sont bien racontées, épiques et passionnantes. Les héros, et les personnages en général, sont bien travaillés, jamais tout blanc, avec une part d'ombre qu'on finit par accepter. L'émotion est toujours là, sur la fin, au moment où l'action est la plus haletante.

Ce tome 1 est donc bel et bien une réussite. Il présente une version d'un prologue de la guerre de Troie. Appréciant profondément l'histoire originelle, j'ai toujours un peu peur que mes héros - Ulysse, Hector et Cassandre - soient égratignés et que l'auteur prenne bien trop de libertés dans la réécriture. Gemmell ne tombe pas dans ces écueils malgré ses petites libertés. Priam est un roi lubrique. Hélène ne semble pas être la beauté éclatante et ostentatoire. Enée a un grand rôle. Certes, certes, certes. Mais tout cela n'est rien comparé au décor historique, à l'histoire de passion, de vengeance. Gemmell tisse des relations politiques, diplomatiques avec art, si bien que l'on sent la guerre poindre même si l'on sait que ce ne sera pas tel que le raconte le mythe. Au mythe, il donne une allure plus réaliste historiquement parlant. Quant aux personnages, on sent le drame arrivé. On sent que tout ne sera pas un happy end. Ce qui ne nous empêche pas de suivre avec satisfaction leurs péripéties, leurs décisions.

Un premier opus excellent qui me poussera à aborder prochainement le tome 2.

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J'avais un peu peur car je suis une fan de Gemmell mais pas tellement des livres historiques. Je craignais lire des faits que je connaissais déjà par exemple. Mais pas du tout ! Gemmell s'intéresse ici surtout à trois personnages : Andromaque , Enée et Argurios. Les deux premiers sont connus bien sûr mais moins qu'Hector, Hélène , Priam et autres protagonistes de l'Iliade. C'est donc avec grand plaisir que j'ai découvert un peu mieux ces personnages, grâce à une écriture fluide et un récit totalement passionnant ! Vraiment un régal de lecture ! Tension, guerres, trahison et amour : tout est réunis pour nous chambouler, les émotions faisant le grand huit par moment . Gemmell est vrai conteur et il ne faut pas passer à côté . Je sais déjà que la suite va me plaire .
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Le seigneur de l'arc d'argent est donc le premier tome d'une série de trois romans consacrés à Troie. David Gemmel, n'aura pas eu le temps d'achever son oeuvre, mais fort heureusement le travail a été achevé par son épouse.

L'action se passe ici avant la guerre de Troie et donc avant les événements contés dans l'Iliade. La première partie est davantage consacrée aux aventures maritimes du protagoniste tandis que la seconde se déroule à Troie. Cette distinction a le mérite de susciter une légère frustration (à force d'entendre parler de la cité avant de la découvrir enfin).

Habituellement, les ouvrages ont plutôt tendance à glorifier l'uns des deux camps, et celui de Troie notamment. Ce n'est pas le cas ici puisque les deux grandes cités dont il est question sont présentées sous un jour peu glorieux : Troie dirigée par un Priam vraiment détestable et bien loin de la figure du patriarche et de l'autre les Mycéniens conduits par un Agamemnon qui n'a rien à envier au précédent.

L'intrigue est assez classique mais elle se laisse lire avec un grand plaisir. Pourquoi ? Tout d'abord parce que David Gemmel sait écrire, nous embarquer dans ses histoires et nous donner envie de lire et d'envoyer balader tout le reste. Comme pour une sucrerie ou une série additive, la tentation sera forte, très forte. D'autant que la mise en scène, qui met en avant plusieurs personnages permet de dynamiser d'autant le récit.

Hélicon (dont la réelle identité sera révélée plus tard), Andromaque, Argurios : les personnages principaux ne sont guère nombreux, mais l'on s'attache très rapidement à leur sort. Nous voici avec une équipe de personnalités charismatiques qui contrebalancent un scénario assez léger. Et en prime un invité de marque présenté sous un jour radicalement différent fera parler de lui d'une manière originale. Il s'agit d'un grand héros de la mythologie grecque, mais chut !

Les adeptes de l'auteur seront ici en terrain connu et pourront ressentir une certaine déception. Gemmel utilise jusqu'à la corde des mécaniques qu'il a déjà exploités dans plusieurs des ses livres tels que Légende, le Roi sur le seuil, Renégats ou encore le lion de Macédoine. Oui le fameux thème des héros isolés qui se battent seuls contre plusieurs dizaines de milliers… Sans surprise, ce passage obligé fera ici office de dénouement. La conclusion du roman est par ailleurs parasité (osons le mot) par un événement prévisible.

Les psychologies d'Hélicon et d'Argurios sont intéressantes car elles offrent des zones d'ombre. Pourtant elles ne parviennent pas à contrebalancer le manichéisme triomphant. La plupart sont des méchant, certains s'élèvent contre cet état de fait : il s'agit de héros. La différence entre ceux-là et leurs adversaires : le courage ! Tout cela tourne hélas en boucle. Certaines références homophobes placées ici, sont d'autant plus choquantes qu'elles restent gratuites.

Il est inutile de trop insister sur l'histoire en elle-même car le plus important est ailleurs. D'ailleurs, même si elle ne brille par son originalité, elle reste plaisante. Dommage toutefois que certains personnages, tels que Xander et le fameux invité surprise soient laissés en plan, comme oubliés dès lors qu'ils ont apporté ce que l'on attentait d'eux pour ce premier tome. Dans le même ordre d'idée, certains raccourcis sont agaçants (notamment les visions de Cassandre qui s'éclaircissent à point nommé).

Le seigneur de l'arc d'argent n'est donc pas un chef d'oeuvre absolu, comme ceux que David Gemmel a pu écrire mais il reste l'une de ses réussites. Voici une lecture toute désignée pour découvrir la mythologie grecque différemment. Toute comme les Mémoires de Zeus de Maurice Druon, il propose une manière originale de revenir sur le passé. Bien entendu, la comparaison s'arrête ici puisque les dieux ne jouent pas ici un rôle déterminant. La lecture de ce roman n'est pas recommandée aux plus jeunes, elle donnera toutefois envie de redécouvrir une civilisation et des écrits qui appartiennent aux références universelles
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Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
— Tous ceux que tu vois, avait repris Priam d'une voix douce, requièrent une chose ou une autre du roi. Pourtant, chaque cadeau fait à l'un sera ressenti par l'autre comme un affront. Parmi eux, il y a ceux qui sont loyaux envers leur souverain. Et puis il y a les traîtres. Certains sont loyaux aujourd'hui, qui deviendront des félons demain. Certains pourraient devenir des traîtres, mais un cadeau de ma part m'assurera leur loyauté. Comment le roi sait-il à qui se fier, qui il faut tuer, qui il convient de récompenser et qui il doit châtier ?
Mal à l'aise, tendue, Andromaque avait admis :
— Je l'ignore.
— Alors apprends. Car, si les dieux le veulent, un jour, tu seras la reine de Troie. Et ce jour-là, tu te tiendras sur ce balcon et tous ceux qui sont en contrebas viendront te solliciter, ou solliciter ton époux. Il te faudra connaître leurs pensées, leurs rêves, leurs ambitions. Car une fois devant toi, les loyaux et les fourbes te sembleront impossibles à départager. Tous riront de tes plaisanteries, tous pleureront de te voir triste. Ils protesteront de leur amour indéfectible pour toi. Des paroles creuses, vides de sens... À moins que tu ne puisses lire dans leurs pensées.
— Et vous les connaissez toutes, roi ?
— J'en sais assez, sur leurs idées et leurs ambitions, pour assurer ma survie. (Il avait gloussé de rire). Un jour pourtant, l'un d'entre eux me surprendra. Il me plongera une dague dans le cœur, empoisonnera ma coupe ou fomentera un soulèvement pour me détrôner.
— Pourquoi souriez-vous à cette perspective ?
— Pourquoi pas ? Qui que soit mon successeur, il sera fort et malin, et donc bien armé pour régner.
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- Combien as-tu d'amis, Hélicon ? Je t'aime comme si tu étais mon fils - et tu te trompes : je lis dans ton coeur. Je sais que tu souffres, et je sais ce que Taureau signifiait pour toi. Dans ton chagrin, tu as l'impression que quelqu'un essaie de t'arracher les entrailles. Tes rêves sont torturés ; tes heures d'éveil, tourmentées. Tu le cherches sans arrêt à côté de toi. Tu espères te réveiller un matin et le trouver au pied de ton lit, bien vivant. Et une partie de toi meurt chaque jour quand tu te réveilles et qu'il n'est pas là.
Les épaules d'Hélicon s'étaient affaissées et sa colère l'avait quitté.
- Comment peux-tu savoir tout ça ?
- J'ai vu mourir mon fils.
Ulysse s'était assis et son regard s'était perdu dans les vagues. Hélicon était resté un moment debout, puis il s'était assis à côté de son ami.
- J'avais oublié, Ulysse. Pardonne-moi.
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- Ils nous ont attaqués, dit-il. Nous les avons vaincus.
- Nous les avons assassinés. Avec cruauté. C’étaient des marins. Ils avaient une famille, des gens qui les aimaient.
[…]
- Dans ce cas, ils auraient dû rester à terre avec leur famille, et ne pas s’amuser à torturer à mort un homme honnête. Quand un lion vous attaque, vous ne vous demandez pas s’il a des petits à nourrir. Vous vous contentez de le tuer.
[…]
- L’homme qui a tué […] C’est lui qui aurait dû brûler. Nous aurions dû couler sa galère et libérer son équipage.
[…]
- Le libérer ? Pour qu’il puisse nous attaquer de nouveau ? S’ils avaient arraisonné le Xanthos, vous auraient-il laissé partir ?
- Non […]. Ils nous auraient tués. Mais c’est ça qui sépare le bien et le mal. Quand nous nous conduisons comme eux, nous devenons comme eux. Quelle est alors notre justification ? En nous abaissant à leur niveau, nous perdons le droit de les condamner.
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- Le passé, le présent, l'avenir, tout cela, c'est du pareil au même, répondit Attalus, les épaules voûtées. Ils sont ce qu'ils sont. Et nous sommes ce que nous sommes. Rien ne change.
- Je ne sais pas si c'est vrai. Ma vie a changé maintenant à trois reprises. D'abord quand j'étais petit, à la mort de ma mère. Ensuite, quand Ulysse est venu me chercher et m'emmener à bord du Pénélope. Enfin quand mon père est mort assassiné. Cela me hante encore. J'étais parti d'ici alors que je n'étais qu'un enfant effrayé. Mon père m'a dit que je lui répugnais. Je suis revenu adulte avec l'espoir que cette fois, il serait fier de moi.

Surpris de partager ses pensées avec un étranger, Hélicon retomba dans le silence. Il vit qu'Attalus l'observait.
- D'habitude, je ne parle pas ainsi, dit-il soudain gêné.
- Un homme qui dit à son enfant qu'il lui répugne ne vaut rien à mes yeux ! lâcha Attalus d'une voix tremblante. Alors pourquoi se soucier ensuite qu'il soit fier de vous ou pas ?
Rengainant son couteau, il rejeta le bois taillé et se releva.
- Je suis fatigué, je vais me reposer.
Tandis que le marin retournait à la forteresse, Hélicon resta où il était.
"Il ne vaut rien".
La vérité toute simple d'une telle remarque sembla effacer d'un coup des années d'angoisse refoulée. Hélicon sentit le poids des regrets le quitter. Anchise ne s'était jamais montré un père pour son enfant, se souciant de lui comme d'une guigne. Un coeur de pierre, manipulateur, il avait passé des années à tourmenter un enfant perdu et solitaire. Attalus avait raison.
Et l'ombre noire d'Anchise s'évanouit de son esprit comme brume au soleil.
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- Tu iras à Théra, et tu suivras la formation d'une prêtresse du Minotaure, avait dit Ection. Je sais que ce sera une tâche difficile, mais tu es une fille forte.
Elle était restée assise sans répondre, regardant l'homme dans les yeux. Son silence avait attisé la colère de son père.
- Tu n'as que toi à blâmer. Beaucoup d'hommes préfèrent les femmes ordinaires. Mais tu n'as jamais fait le moindre effort pour plaire aux prétendants que je t'avais trouvés. Pas un sourire, pas un mot d'encouragement.
- C'étaient tous des hommes sans intérêt, avait-elle répondu.
- Des hommes de bonne famille!
- Eh bien, père, vous vous enrichirez quand même, en vendant mes sœurs.
- Voilà de quoi je parle! avait crié Ection. Tout ce qui sort de ta bouche est déformé, hideux. Tes sœurs trouveront le bonheur avec leurs enfants et la richesse de leur mari. La petite Paleste est déjà fiancée à Hector. Elle vivra dans la cité dorée de Troie, mariée au plus grand de ses héros. Il l'adorera et elle sera heureuse avec lui.
- Ce qui est, bien entendu, votre principal souci, père, avait-elle dit d'une voix douce. Que devrai-je faire, sur Théra?
- Comme si j'étais informé de ce que font les femmes du temple! Apaiser la colère des dieux, faire des sacrifices, chanter, que sais-je! Il n'y a pas d'hommes sur l'île.
Elle avait remarqué la méchanceté de son ton quand il avait lancé cette pique.
- C'est une vrai bénédiction, avait-elle dit. J'ai hâte d'y être.
Ce n'était pas vrai, mais elle avait pris plaisir à la lueur de colère qui avait brillé dans les yeux de son père.
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