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Critique de Seraphita


C'est un tueur à gages un peu particulier qui sévit pour le compte des grandes Compagnies : il n'a pas de nom, pas de corps d'attache, il emprunte l'enveloppe corporelle et les souvenirs d'autrui pour mener à bien ses missions funestes. En contrepartie, l'immortalité lui est assurée. Et pourtant, un élément vient assombrir ce tableau… la récurrence et la violence de ses crises qu'il nomme « cauchemars noirs » et qu'il essaie d'éloigner à coup de « mémorias », ces capsules de souvenirs glanés çà et là au fil de ses pérégrinations. Les crises s'accélèrent, annonçant la fin de quelque chose, mais ce terme est aussi énigmatique qu'inquiétant aux yeux du tueur : vers quelle grève vont conduire ces déferlantes de cauchemars ?

« Mémoria » est une oeuvre de science-fiction fascinante dans laquelle Laurent Genefort met en scène l'univers de la Panstructure, « construction littéraire de 25 000 planètes qui donne cadre à l'ensemble de ses space operas » (quatrième de couverture). Un lexique conséquent est présent à la fin du roman et aide le lecteur béotien à mieux comprendre cet univers. Bien que présentant quelques longueurs, les première et deuxième parties posent le cadre d'ensemble et offrent, notamment, de belles réflexions sur la mémoire à la fois joliment écrites et en même temps assez fondées au regard des recherches actuelles en la matière. Cet extrait, par exemple, en témoigne : « La mémoire ne fonctionnait pas comme un enregistrement objectif, ou une base de données stockant impressions sensorielles, sentiments et raisonnements dans divers endroits du cerveau. C'était au contraire un kaléidoscope d'éléments disparates qui se combinaient pour raconter une histoire. Un souvenir était une fiction. Et plus il était invoqué, plus s'y ajoutaient de nouveaux éléments, empruntés à d'autres souvenirs ou simplement conjecturés pour conférer à la fiction l'aspect de la vérité. » (p. 27-28.) Ou encore : « L'immersion opéra comme un rêve éveillé. Un souvenir est un tapis dont les images sont le motif tissé sur une trame d'émotions. Plus la trame est forte, plus résistant sera le tapis. » (p. 53.)
La troisième partie amorce un tournant dans l'intrigue avec l'acmé des cauchemars du narrateur. le rythme s'accélère et les fils, disparates jusqu'ici, se nouent en constructions desquelles un sens commence à se faire jour. La complexité et les mystères de la Panstructure prennent forme et le final donne envie de découvrir d'autres oeuvres du même auteur…
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