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Jean Dufournet (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080708045
182 pages
Flammarion (02/01/1997)
3.89/5   53 notes
Résumé :

Quelque part en France, en bordure du domaine du vieux seigneur Abdon, commence la grande forêt sans âge dont nul ne sait où elle finit. Abdon, si grand chasseur qu'il soit, a respecté cette forêt " pour qu'il y eût un monde sans hommes, sans armes d'hommes, où la vie et la mort ne voient point transgresser leurs lois, où les bêtes puissent mourir enfin, serait-ce sous la griffe ou la dent, de leur vraie mort de bêtes, de leur belle mort ".

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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Maurice Genevoix entre au Panthéon des grands hommes!
"La Sologne! C'est le pays de mon enfance. Ce pays m'envoûta par mille liens lents à tisser".


Sa forêt perdue est mythique, sans âge, et abrite un cerf majestueux.
"Une futaie sans fin de grands charmes, comme une armée de géants."


La forêt perdue? Pourquoi?
Parce qu'on ne peut repousser chemin et remonter le cours du temps?
"C'est une forêt... où se perdent les chevaliers poursuivant des cerfs blancs."


Deux chasseurs (Un piqueux, La Brisée et Bonavent, le fils du seigneur Abdon) convoitent ce cerf magique, qui est l'âme de la forêt...


Florie, la fille de Bonavent, est aussi fascinée par cette forêt. Elle rencontra le grand cerf et "s'immobilisa, interdite, comme "féée."
(Faé/féé:soumise à un grand charme.)


Et, il y a Wautru, (un simple d'esprit, un sorcier ou un lutin?) à "la face couleur de brique, maigre, camuse et barbue." Il peut s'interposer devant un enfant qui pêche un poisson, ou La Brisée qui tue un sanglier, mais aussi pour protéger les hommes...


N'entrez pas dans cette forêt perdue! Vous risqueriez de rester pour toujours sous son charme...
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La forêt perdue compte au nombre des rares livres qui vous accordent la paix de l'âme. Ce livre d'une grande puissance poétique est un conte, une épopée, un récit légendaire servi par une langue d'une admirable splendeur. L'écriture est pleine de vitalité et riche sans jamais être lourde. Beaucoup de phrases sibyllines sonnent comme les paroles d'un oracle. le récit est maîtrisé de bout en bout sans exubérance, dans toute la simplicité et, semble-t-il, dans l'évidence de la nature.

Une langue rustique qui adopte le parler de la vénerie et épouse le langage secret de la vie de la forêt. C'est une série de tableaux impressionnistes regroupés dans une unité parfaitement calibrée. C'est une oeuvre maîtresse, le sommet de l'art de Maurice Genevoix, comme le dit si bien la quatrième de couverture. Et tout tient dans moins de cent cinquante pages. S'y déploie magistralement le talent, porté à son suprême de degré, des grands conteurs : mettre entre vos mains une graine dont votre regard se chargera de tirer un bouquet qui fera flamboyer votre âme.

Maurice Genevoix y charme l'oreille tout autant que l'oeil en usant de termes d'un français ancien proche des sources, qui émerveillent et font chatoyer les sens, qui sont comme les échos lointains d'un patrimoine et d'une histoire vaguement familiers auxquels je me sens irrésistiblement attaché, un lien atavique reparaissant à la conscience.

Il m'emporte corps et âme, dans cette forêt légendaire. Tout fait mouche, tout vibre de l'énergie de la vie avec un rendu juste qui prodigue non pas un engourdissement de fatigue, de lassitude, d'exaspération ni de frustration comme le font d'autres livres : il verse la paix dans l'âme. Ces cent et quelques pages composées de quatorze chapitres se savourent, se dégustent inlassablement et dans un contentement pour moi sans égal jusqu'ici, avec la solennité humble et la tonalité cristalline propres au génie de Maurice Genevoix.
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Disons pudiquement que la rencontre ne s'est pas faite. J'ai très peu lu Genevoix au cours de ma vie de lecteur, la faute à une expérience de jeunesse assez malheureuse : chez moi, la bibliothèque familiale se composait presque exclusivement de ces hideux volumes reliés du Reader's Digest, ainsi que de la sélection du mois France-Loisirs. Parfois, en quête de nourritures spirituelles, je me risquais sur un de ces derniers. C'est ainsi que j'ai tenté de lire Trente mille jours à 12 ans. Inutile de préciser que j'ai été vacciné pour un moment avec le père Genevoix.
Comme le sujet de la Forêt perdue semblait fait pour me plaire, j'ai voulu passer outre. Il est vrai que c'est un joli sujet : un seigneur médiéval possède un vaste domaine aux portes duquel s'ouvre une forêt impénétrable. Impénétrable au sens propre : nul homme n'est jamais entré dans ce royaume inviolé. Or donc notre seigneur est féru de chasse mais, l'âge venant, il a délaissé les nobles et rugueuses confrontations avec les hôtes de la forêt. Son fils, cependant, est tout aussi féru de chasse que lui, et il en va de même de son ami d'enfance. Les voilà céans qui veulent imprimer leur trace d'homme au coeur du domaine de Mère Nature. Clipiti-clop clipiti-clop, ce sont joyeux et effrénés massacres de pauvres bêtes qui n'avaient rien demandé, mais il ne s'agit précisément que de bêtes. Au coeur de la forêt vit pourtant le Grand Cerf, un animal formidable qui défie bientôt nos deux chasseurs. Il est le seigneur et l'esprit de la forêt. Une lutte interminable s'engage entre des adversaires qui se respectent mais ne se feront jamais de cadeaux, lutte entrecoupée comme il se doit, clipiti-clop clipiti-clop, d'autres joyeux et effrénés massacres d'autres pauvres bêtes. On l'a compris : sans être mauvais, l'homme ne brille pas par sa lucidité dans sa relation à la nature, et c'est seulement la fille du fils du seigneur qui, après avoir pas mal clipiti-clopé dans la forêt elle aussi, comprendra enfin qu'il ne faut pas tuer tout ce qui bouge sous le prétexte que c'est une bête.
Bon, je caricature, c'est évident. Ce qui est sûr, c'est que je suis resté complètement à l'extérieur du récit, et il est fort possible que beaucoup de choses m'aient échappé. Tout de même, je me suis étonné de me sentir si facilement en communion avec le monde de Giono tout en restant aussi étranger à celui-ci. Mais peut-être est-il après tout étonnant de s'étonner de cela, je ne sais plus.
Quoi qu'il en soit, je ne me sens nullement fâché avec Genevoix, et j'ai toujours hâte de le retrouver dans Ceux de 14. Voilà bien le plus inquiétant, à vrai dire : je préfère la guerre à la chasse.
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La Forêt Perdue (1967) comme la Dernière Harde (1938) sont les deux grands romans sur la chasse au cerf de Maurice Genevoix. Cependant je trouve que La Forêt Perdue est bien autre chose, d'ailleurs on n'y raconte qu'une seule véritable scène de chasse et de mise à mort, celle d'un gigantesque sanglier. le titre fait penser à un conte, et c'en est un, un conte où la nature tient le premier rôle et où chacun trouvera sa propre morale.

Quelque part dans un passé reculé, qui ressemble au moyen-âge, le seigneur Abdon vit dans un domaine en lisière d'une immense forêt. Il prise la chasse, mais ne chasse plus qu'avec des faucons. Son fils veuf Bonavent et son piqueux La Brisée n'aiment rien tant que la chasse à courre, ils chassent infatigablement tous les jours avec la meute, délaissant la jeune Florie, fille de Bonavent en compagnie de son grand-père.

Après une rencontre avec un splendide grand cerf, Bonavent et La Brisée n'ont de cesse que de le retrouver et de le chasser jusqu'au coeur de la forêt. Ils chassent alors avec acharnement, tous les jours, alignent les trophées et les cadavres, toujours plus loin dans la forêt avec l'espoir de forcer le cerf insaisissable.

C'est cette poursuite sans fin, cette quête violente proche de l'obsession qui est au centre de ce roman entre allégorie et légende où la forêt devient un être mythique, sacré. C'est un monde à elle seule, qui se défend des agresseurs, avec ses équilibres, ses règles que l'homme ne doit pas venir perturber. le cerf mystérieux, maître et défenseur des lieux devient une figure divine, soutenu par un étrange personnage Waudru. Ce dernier, presque ermite est à la fois le porte-parole et l'esprit de la forêt où il est totalement en harmonie avec tout ce qui peuple l'endroit. C'est lui qui tentera de mettre en garde les chasseurs contre leur obstination à percer le coeur de la forêt. Car cette forêt matricielle extraordinaire est bien un lieu d'initiation où l'on peut se perdre corps et âme ou bien renaître un peu plus sage.

Un texte magnifique, dans une langue riche, dense et souple à la fois, qui nous emmène au coeur d'une forêt intemporelle, source de vie et de légendes.
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Aboutissement total de l'écriture de Maurice Genevoix, immense écrivain de la nature et aussi des hommes et des bêtes. Cette forêt légendaire décrite telle une oeuvre d'art par un artiste de la langue française nous emporte en son sein avec ses mystères, ses richesses, tout ce peuple qui l'habite et ces hommes qui poursuivent ce grand cerf mythique sont nos semblables. Simplement Maurice Genevoix leur confère une dimension épique pour les mener vers des sommets que le commun des mortels ne saurait atteindre.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Nature rêveuse et passionnée, accordée aux forces de l'univers, aux miracles des saisons, à la couleur de l'air et aux paroles du vent qui passe, Bonavent était poète. Il vivait au-delà des choses, attiré par des mystères que les hommes ordinaires ne voient point.
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Dom Hyacinthe, le chapelain du château, était plein de bénignité, mais si âgé à ses yeux d’enfant qu’elle le jugeait presque imbécile. Son crâne, tel un bel œuf rose, pointait hors de ses cheveux blancs. Courbé, replet de corps comme une grosse fève hors de sa gousse, des jambes plus sèches et plus raides qu’échalas semblaient fichées à même sa ronde bedaine.
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Que sommes-nous ? Des terrassiers ? Des goujats ? Ou d'ignobles tueurs braconniers ? Eh ! Que n'apportons-nous demain, en la forêt, des pantières et des collets ! Ainsi, chargés de dépouilles chaudes quand nous passerons le soir la poterne de Chérupeaux, trouverons-nous honorable accueil auprès du seigneur Abdon, ce chasseur qui jamais ne déchut ! .
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C'est ainsi que l'amour, à ses yeux de voyant, ne se séparait point de la mort.
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Au-delà de ce que voyaient ses yeux - les colonnes des chênes, leur épaisse et grise écorce, les noeuds de leurs racines et la puissance de leur plongée - elle voyait ce qui restait caché, de toute part mêlé à la forêt. Et elle le voyait à son gré, sans qu'elle eût à faire un pas puisqu'elle était au coeur de la forêt et que, l'ayant trouvé, elle était devenue ce coeur même.
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Videos de Maurice Genevoix (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurice Genevoix
https://www.laprocure.com/product/1049468/genevoix-maurice-rrou
Maurice Genevoix, illustrations Gérard Dubois rroû Éditions La Table ronde
« On craque pour ce livre illustré de rroû de Maurice Genevoix aux éditions La Table ronde. Une petite merveille illustrée par Gérard Dubois qui est multi-primé en tant que dessinateur pour le Newyorker et le New York Times entre autres. Évidemment, Maurice Genevoix, c'est celui qui a été connu et reconnu pour Ceux de quatorze où il décrivait ses blessures de guerre et la guerre en elle-même, qui est un texte majeur en littérature française, puis qui avait eu le prix Goncourt pour Raboliot. Et ce texte-là, magnifique, n'est pas seulement l'histoire d'un chat, c'est bien plus que ça... » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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