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Maurice Genevoix, illustrations Gérard Dubois
rroû
Éditions La Table ronde
« On craque pour ce livre illustré de rroû de Maurice Genevoix aux éditions La Table ronde. Une petite merveille illustrée par Gérard Dubois qui est multi-primé en tant que dessinateur pour le Newyorker et le New York Times entre autres. Évidemment, Maurice Genevoix, c'est celui qui a été connu et reconnu pour Ceux de quatorze où il décrivait ses blessures de guerre et la guerre en elle-même, qui est un texte majeur en littérature française, puis qui avait eu le prix Goncourt pour Raboliot. Et ce texte-là, magnifique, n'est pas seulement l'histoire d'un chat, c'est bien plus que ça... »
Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
Maurice Genevoix/5
3 notes
Résumé :
Né à Decize sur une île du fleuve, Maurice Genevoix, tout au long d'un parcours d'écrivain qui a marqué le Xxe siècle, n'a cessé de contempler d'admirer, d'aimer passionnément la Loire, omniprésente dans sa vie et dans son œuvre. Il a vécu sur ses rives, y a fait vivre plusieurs de ses héros, y a ciselé une écriture à son image : lumineuse, poétique, à la fois sereine et sauvage comme des courbes, les tours et les détours du beau fleuve de France. A travers ces text... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2)
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Beau livre illustré de photos en noir et blanc où la mémoire de l'eau se mêle à celle des hommes, où le fleuve et ses riverains vivent en intimité, se combattant et se respectant dans un mélange d'amour et de crainte. J'ai retrouver avec nostalgie, pour avoir vécu quelques années sur ses berges, ce beau fleuve. Loire unique et multiple dont Maurice Genevoix, en amoureux passionné, sait faire miroiter toutes les facettes, changeante selon la lumière qu'elle capte et renvoie, selon les saisons, au gré des vicissitudes de l'histoire.
Ce long échange ininterrompu, à travers les siècles, entre le fleuve et les hommes qui vivent à son contact Maurice Genevoix nous l'offre dans une langue superbe que j'ai eu grand plaisir à redécouvrir.
Ce long échange ininterrompu, à travers les siècles, entre le fleuve et les hommes qui vivent à son contact Maurice Genevoix nous l'offre dans une langue superbe que j'ai eu grand plaisir à redécouvrir.
Exilée à Châteauroux mais blésoise de naissance et ligérienne de coeur, j'ai savouré ce recueil de textes sur la Loire qui ont été regroupés dans ce livre avec amour et nostalgie. L'écriture magnifique de Maurice Genevoix suit au plus près le rhytme de la Loire, avec ses méandres, ses langueurs et ses remous, l'amplitude de ses longs phrasés, son allure tranquille et incessante, ses images qui sont comme les reflets des rives et ses accentuations qui évoquent le parler de Loire. Oui j'ai reconnu un compatriote et me suis rappelée tant de moments passés à pêcher dans ce fleuve magnifique à l'aspect toujours changeant, fugue de lumière, que ma jeunesse m'est revenue d'un coup, miracle de l'écriture ! Ce livre, un peu décousu, ne plaira totalement qu'aux inconditionnels du Val de Loire, car il est essentiellement descriptif, en de cours textes dont le seul lien est un hommage au fleuve royal. Mais il révèle à coup sûr le très grand écrivain qu'est Maurice Genevoix : un homme généreux qui, grièvement blessé à la guerre de 14-18, portait en lui "le sentiment pathétique de la vie, de la merveille qu'est la vie, de la richesse du monde qui nous est quotidiennement donné."
Citations et extraits (11)
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Ainsi, par les soirs purs d’octobre, lorsque le soleil s’est couché, le ciel d’avant la nuit est envahi d’une blême transparence qui très vite se décolore, jusqu’à donner aux regards qui s’y perdent le vertige d’un vide absolu. Après, la Loire les prend et les attire vers elle ; ils se reposent sur sa surface polie, en éprouvent joyeusement la densité et la couleur ; une alternance de coulées lilas, tièdes encore comme des fleurs au crépuscule, et de minces glacis vert émeraude, extrêmement pâles et froids, mais dont la nuance demeure sensible et franche jusqu’aux limites de son évanouissement. Lorsqu’elle a enfin disparu, la Loire reflète un ciel nocturne et familier, peuplé d’étoiles, et son friselis vivant prolonge à travers la vallée le murmure du vent assoupi. p 150
Ainsi de chateau en chateau, du plus prestigieux au plus humble, trouverons-nous le même double enchantement : une création, un rêve d'architecte, un style ; mais aussi et tout autant un site, un ciel, une lumière, une âme qui continue de vivre... Que de Rivau à travers le Val, de merveilles qui nous échappent, Belles-au-bois-dormant qui n'attendent qu'un regard un peu tendre pour de nouveau sourire à la lumière, à la douceur et à la joie de vivre.
Les gens de Blois, qui sont sociables, prétendent volontiers que le plus pur accent de France, c'est celui du français qu'ils parlent. C'est un accent qui chante un peu, qui se plaît à languir un peu, à s'arrondir en agréables méandres, comme la Loire. Loire ou Louère, à la façon blésoise (ou blaisoise), qu'en décident d'autres experts. Pour moi, je tiens que, même s'ils ont tort, les Blaisois doivent avoir raison : à cause des toits étagés de leur ville dans la lumière d'une matinée à gelée blanche ; à cause des minces fumées qui s'en exhalent, toutes droites, dans l'air limpide ; à cause des cloches de Saint Nicolas, à contre-jour dans la lumière au coeur de leurs clochers carrés ; ...de la façon dont tout cela s'unit, s'oppose, s'éteint, chatoie, se tait, murmure, s'étire dans une danse immobile, une cadence naturelle et parfaite sous la coupole d'un ciel pâle et pur, entre le haut lieu où nous sommes et les belles forêts bleuissantes,Boulogne, Russy, là-bas, à l'horizon du Sud.
Il semble par instant que se fasse une accalmie, que l’on puisse enfin respirer, revoir l’espace et les étoiles. Mais déjà passe une rafale nouvelle, emportée dans le même mouvement frénétique, comme charriée par un ouragan. Mais c’est toujours le même silence calme de la nuit tiède, le même friselis de l’eau contre le flanc de la barque en dérive. Pas tout à fait les mêmes pourtant : car le miroir du fleuve s’émeut maintenant de sauts coulés, de rides furtives qui le frôlent, s’entrecroisent et s’allongent, renaissent sans trêve au fil du courant. Ce sont les chevesnes, les vandoises, les ablettes qui sont montés à la surface et qui happent, sans bondir, en glissant souplement, silencieusement aussi, à coups de nageoires tranquilles, les éphémères tombés sur l’eau.
Et tout à coup avec la même brusquerie feutrée, tout s’éloigne et disparaît. C’est fini, le nuage est passé. La nuit reprend sa transparence, sa profondeur, son scintillement d’étoiles immobiles. p 117
Et tout à coup avec la même brusquerie feutrée, tout s’éloigne et disparaît. C’est fini, le nuage est passé. La nuit reprend sa transparence, sa profondeur, son scintillement d’étoiles immobiles. p 117
Claude Rameau, peintre de la Loire, ne s’est jamais lassé d’en épier les glacis, les nuances changeantes, les reflets. (...) Il l’a aimée, scrutée comme un visage, s’assombrissant, s’illuminant au gré des saisons et des heures, pour un rayon glissé entre deux nuages, pour une risée du vent d’ouest accourant à fleur des eaux et ternissant fugacement leur coulée, comme la buée d’une haleine une vitre. Ainsi a-t-il rejoint, naturellement, la poésie en même temps que la vérité. C’est la récompense d’un sage. p 42
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