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EAN : 9782266146999
750 pages
Pocket (07/04/2006)
3.34/5   37 notes
Résumé :
Leur royaume est celui de la peur, de la violence et du sang. Depuis des décennies, elles se partagent ce territoire où l'homme s'acharne à détruire, à piller, à tuer son prochain. Un monde qui ressemble au nôtre...

Par leur intuition, leur sens psychologique et leur art du récit, ces reines du crime ravivent nos angoisses, nos cauchemars, notre mystérieuse fascination pour le mal. Il y a les pionnières célèbres, telles Dorothy Sayers et Ngaio Marsh,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Excellente sélection de nouvelles du genre policier effectuée ici par Elizabeth George. Des nouvelles de qualité, bien écrites, pleine de suspens, quelques chutes intéressantes et beaucoup de textes d'atmosphère, à l'image de cet auteur..
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Avez-vous déjà vu un homme mettre le feu à des billets ? Oui, oui, des billets de banque. S'en servir comme d'une allumette pour allumer une cigarette, rien que pour faire le malin ? Moi, oui. C'est pourquoi quand, à l'instant, vous avez utilisé le mot "psychologue" j'ai senti mon estomac se retourner et ma gorge se serrer. Vous pensez sans doute que je suis trop délicate. Je me le demande.
Je suis née dans cette rue. Lorsque j'étais petite, je suis allée à l'école juste au coin ; et plus tard, après avoir fait mon apprentissage dans les grandes maisons de couture ici et en France, j'ai repris le bail de la vieille maison dont j'ai fait la jolie petite boutique de vêtements que vous voyez maintenant. C'est quand je suis revenue pour monter ma propre affaire que j'ai constaté le changement qui s'était opéré chez Louise.
Lorsque nous allions à l'école ensemble, c'était une beauté. Elle avait des cheveux blonds qui flottaient au vent et un sourire de petite cockney qui en disait long, un sourire conquérant et entendu. Tous les gamins se moquaient d'elle parce qu'elle était plus jolie que nous. La rue était identique à ce qu'elle est aujourd'hui. Adelaide Street à Soho : c'est sale et pourtant romantique, une porte sur deux ouvre sur un restaurant. On peut y dîner dans toutes les langues du monde. Certains endroits, tel le Ritz, sont chic et chers, d'autres bon marché, comme Le Coq au Vin du père de Louise, avec sa petite salle à manger et son unique palmier fiché dans un pot blanchi à la chaux.
Louise avait une petite soeur et un père qui parlait à peine l'anglais mais qui, sous ses sourcils arqués, braquait sur vous ses yeux d'étranger pleins de fierté. Je ne découvris véritablement l'existence de la mère de Louise que le jour où, faisant pour une fois preuve d'autorité, cette femme effacée émergea de la cave située sous le restaurant pour demander à sa fille de descendre en cuisine au lieu de m'accompagner dans ma tournée enchanteresse des ateliers de couture.
Pendant longtemps, nous échangeâmes des cartes de voeux à l'occasion de nos anniversaires respectifs, puis ces brefs contacts prirent fin ; mais cela ne m'empêcha pas de me souvenir de Louise. Aussi, lorsque je retrouvai la rue, je fus tout heureuse de voir figurer le nom des Frosné sur l'enseigne du Coq au Vin. Le restaurant avait l'air beaucoup plus riant que dans mon souvenir, et les affaires semblaient marcher. En tout cas, Le Coq au Vin souffrait moins de la comparaison avec l'onéreuse Montagne de Verre sise sur l'autre trottoir et tenue par Adelbert. Il n'existe plus aujourd'hui dans cette rue de restaurant de ce nom, pas plus qu'il n'existe de restaurateur du nom d'Adelbert ; mais les amateurs de dîners en ville de l'époque se le rappellent peut-être encore, sinon pour sa cuisine, du moins pour sa prétention et les petits boudins de graisse qui lui gonflaient les paupières.
J'allai voir Louise dès que j'eux un moment pour souffler. Ce fut un choc car c'est à peine si je la reconnus ; Louise, elle, n'hésita pas une seconde et jaillit de derrière la caisse pour me souhaiter la bienvenue d'une façon qui me fendit le coeur. J'eus en effet l'impression de voir se craqueler sur son visage une mince couche de glace - c'était comme si en débarquant à l'improviste j'avais arraché une barrière.
Dix minutes lui suffirent pour me mettre au courant de tout. Ses parents étaient morts. Sa mère, la première ; son père, quelques années plus tard, mais Luise, dans l'intervalle, avait dû tout porter sur ses épaules, y compris ses lubies. Elle ne se plaignait pourtant pas. Les choses étaient un peu plus faciles maintenant. Violetta, sa petite soeur, sortait avec un jeune homme qui travaillait au restaurant pour une bouchée de pain afin d'apprendre les ficelles du métier.
Son histoire était d'une certaine façon celle d'une réussite, mais je ne pus m'empêcher de me dire que Louise l'avait payée au prix fort. Elle avait un an de moins que moi et pourtant on aurait dit que la vie l'avait consumée, la laissant desséchée tel un os durci et poli par le soleil. L'or de ses cheveux s'était fané, même ses cils épais avaient l'air délavés. Mais il y avait autre chose en elle : quelque chose de hanté que je ne comprenais pas.
Je pris bientôt l'habitude de dîner avec elle une fois par semaine, et elle en profitait pour me parler. Il me fallut tout de même des mois pour apprendre ce qui n'allait pas. Lorsqu'elle se décida à me mettre au courant, tout devint évident.
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"Ribbon a darkness over me..."
Mel Brown, connu sous les pseudonymes de Pell Mell et d'Animel, reprenait les paroles de la chanson derrière son pare-brise tandis qu'il filait vers le Kansas sur sa vieille Harley-Davidson noire.
Il aimait déjà le Kansas parce que la route qui s'étirait sous ses yeux ressemblait à un long ruban noir déroulé rien que pour lui.
"Ribbon a darkness over me..."
Il fonçait pleins gaz dans la clarté aveuglante de l'après-midi finissant, avec l'impression de s'élever vers le soleil dans un état d'ébriété éblouissant. Les nuages au loin menaçaient de crever pendant la nuit, mais cela ne le préoccupait pas. Il avait entendu dire que ce n'étaient pas les fermes et les ranchs vides qui manquaient au Kansas, qu'on pouvait sans problème s'y mettre à l'abri pour la nuit. Le Kansas : un endroit où on avait l'embarras du choix entre toutes sortes de motels gratuits.
"Ribbon a darkness over me..."

A quatre cents kilomètres au sud-ouest, Jane Baum s'immobilisa soudain. La peur l'avait de nouveau saisie. C'était toujours comme ça. Venue de nulle part, la peur lui abattait son poing sur le coeur. Les doigts brusquement raides, elle laissa tomber son panier et resta comme paralysée entre les deux cordes à linge dans son jardin. Elle avait un drap mouillé à sa droite, un autre à sa gauche. Pour une fois le vent s'était calmé, aussi les draps pendaient-ils, immobiles et silencieux tels des murs. Elle se sentait comme enfermée dans une étroite chambre stérile de tissu blanc et elle ne voulait surtout pas en sortir.
Car à l'extérieur le danger rôdait.
De part et d'autre des draps s'étendait la prairie sans fin où elle avait l'impression de n'être qu'une fragile souris sur laquelle les faucons allaient s'abattre.
Elle dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas hurler.
Elle se passa les bras autour de la taille pour se réconforter. Sans résultat. Quelques instants plus tard, elle pleurait, puis tremblait, en proie à une terreur sans nom.
Jamais elle n'aurait pensé avoir si peur un jour.
Huit mois plus tôt, avant d'emménager dans la petite ferme dont elle avait hérité, elle avait nourri à son sujet des idées romanesques à propos de choses aussi anodines que le fait de mettre des vêtements à sécher sur une corde à linge. Ce serait tellement agréable, s'était-elle dit, le linge sentirait si bon. Au lieu de quoi, tout lui avait paru étrange et menaçant dès le départ ; et cela ne faisait qu'empirer. Maintenant elle ne se sentait même plus en sécurité dans la maison. Elle commençait à se dire que c'était la peur et non l'électricité qui allumait ses lampes, comme elle remplissait sa baignoire, tapissait ses placards et recouvrait son lit ; c'était de la peur qu'elle respirait et non de l'air.
Elle détestait la grande prairie et tout ce qui s'y rapportait.
La ville ne l'avait jamais effrayée, du moins pas ainsi. La ville, elle la connaissait, elle la comprenait, elle savait comment en éviter les pièges et les inconvénients. En ville, il y avait des immeubles partout ; elle savait désormais pourquoi : c'était pour masquer la terrible nudité de la terre sur laquelle les gens étaient exposés aux dangers les plus horribles.
Le vent souffla de plus belle, faisant claquer les draps mouillés contre son corps. Jane jaillit de son abri. Telle une souris au-dessus de laquelle tournoie un aigle, elle s'élança comme si on la poursuivait. Elle sortit en courant de son jardin, enfila la route à toutes jambes pour gagner le seul abri qu'elle connaissait.
Lorsqu'elle atteignit la maison de Cissy Johnson, elle ouvrit la porte et se précipita à l'intérieur sans même frapper.
- Cissy ?

- J'ai tout le temps peur.
- Je sais, Janie.
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Les meurtres font la une. Les enlèvements, les disparitions, les émeutes, les accidents de voiture mortels, les avions qui s'écrasent, les attentats terroristes, les vols à main armée, les snipers qui tirent sur les passants... Tous ces événements qui font intrusion dans notre vie quotidienne nous amènent à prendre conscience de la fragilité de notre existence et, dans le même temps, aiguisent notre désir de savoir. Nous retenons tous notre souffle dans l'attente du verdict qui va être rendu dans l'affaire O.J. Simpson, parce que ce qui s'est passé dans Bundy Drive résulte d'un déchaînement de passions abjectes, et que les passions abjectes du double meurtrier réveillent celles qui sommeillent en chacun de nous. Le sang versé réclame du sang en châtiment. Tout crime doit être puni de façon adéquate. Le crime est aussi vieux que l'humanité. Mais la sensation aussi. Et la vengeance également.
La littérature policière nous procure une satisfaction qui nous est souvent refusée dans la réalité. Dans la vie, nous ne saurons jamais qui a vraiment tué Nicole et Ron ; nous nous bornons à supposer l'existence d'un second tireur sur le talus herbeux ; nous devons nous contenter de nous poser des question sur la femme du Dr Sheperd et sur la faculté de Jeffrey MacDonald à dire la vérité ou à se mentir. Le tueur de la Green River disparaît dans la boue primitive d'où il a surgi, le tueur du Zodiac l'y rejoint, et nous restons seuls avec nos questions : qui étaient ces gens et pourquoi ont-ils commis un meurtre ? Dans la littérature policière, c'est différent : les tueurs comparaissent devant la justice. Qu'elle soit réelle, poétique ou psychologique, les assassins affrontent la justice. Ils sont démasqués, et la normalité est rétablie. Ce qui procure une satisfaction énorme au lecteur, satisfaction nettement plus grande que celle que lui procurent enquête criminelle et châtiment dans une affaire de meurtre bien réelle.
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Le crime, c’est l’humanité flirtant avec la destruction, l’humanité in extremis; mais c’est surtout l’humanité sortant de la norme. Pour un Caïn, il existe des millions de frères qui ont vécu en bonne intelligence à travers les siècles. Pour un David, des millions d’hommes qui se sont détournés de la femme qu’ils convoitaient quand ils ont appris qu’elle appartenait à un autre. Ce qui rend le crime si fascinant, c’est qu’il échappe à la norme. Normalement, en effet, les gens ne commettent pas de crime.
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Écrire sur le crime est une pratique presque aussi ancienne que l’écriture elle-même et fait en conséquence partie de notre tradition littéraire. Les premières affaires criminelles, c’est en effet dans la Bible qu’on les trouve. Aveuglé par la jalousie, Caïn tue Abel ; le même sentiment pousse les frères de Joseph à conspirer contre lui, à le vendre comme esclave en Égypte et à faire croire à leur père anéanti qu’il est mort ; mû par la luxure et l’envie, David envoie le mari de Bethsabée au combat afin de garder la belle pour lui ; malades de désir frustré, deux vieillards pourtant respectables font un faux témoignage contre la vertueuse Suzanne, la condamnant à mort à moins qu’un témoin ne s’avance et n’apporte la preuve qu’ils ont menti ; les pères commettent l’inceste avec leurs filles ; entre frères, on se tue, on se bat, on se ment, on se nuit par tous les moyens –, les femmes réclament la tête des hommes sur un plateau ; Judith décapite Holopherne ; Judas trahit Jésus de Nazareth ; le roi Hérode fait assassiner les premiers-nés des Hébreux… Ce qui se passe dans l’Ancien et le Nouveau Testament n’est pas très joli, mais c’est à cette source que nous nous abreuvons dès l’enfance.
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Cette interview a été durant plusieurs éditions des Assises Internationales du Roman et de Quais du Polar.
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