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Bertille Hausberg (Traducteur)
EAN : 9782864244707
231 pages
Editions Métailié (19/04/2003)
3.06/5   16 notes
Résumé :
Originaire des zones tropicales du nord-est de l'Argentine, Mempo Giardinelli décide un jour de partir pour l'inconnu : la Patagonie.
Il s'embarque à bord d'une vieille Ford Fiesta en compagnie d'un ami, avec un budget de 2000 euros chacun et 40 jours de liberté (car le premier venu, s'il a de l'argent, du temps et un 4x4, peut sans problème traverser la Patagonie !). Giardinelli espère échapper aux difficultés qu'il rencontre dans l'écriture d'un roman. Ce v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Au tournant du millénaire, l'auteur, originaire du Chaco, zone tropicale du nord-est de l'Argentine, décide de s'offrir un rêve : parcourir la Patagonie, immense région légendaire du sud de son pays, où il n'a encore jamais mis les pieds. Avec un ami, ils embarquent dans une petite Ford Fiesta rouge, en route pour un périple de 40 jours et de 4000 km, qui les emmène de Corrientes près de la frontière du Paraguay à Rio Gallegos juste avant le détroit de Magellan et la Terre de Feu, en longeant l'Atlantique, avant de remonter par la mythique Ruta 40, parallèle à la cordillère des Andes.

A l'époque, l'Argentine traverse une grave crise financière, et le tourisme n'a pas encore explosé. de toute façon l'auteur et son compère ne sont pas là pour les cartes postales. Si son ami Fernando prend beaucoup de photos, Mempo, lui, est en quête d'inspiration pour le roman qu'il est en train d'écrire. Les deux quinquas baroudeurs parcourent ainsi des kilomètres de ligne droite au milieu de la pampa aride et monotone, déserte et sublime, soumise au terrible vent patagon, avant de crapahuter au pied des montagnes sur des pistes défoncées qui conviendraient bien mieux à un 4x4 de luxe. le voyage est émaillé de visites mais surtout de rencontres souvent improbables, parfois poignantes, de confrontations avec le dénuement et la solitude parfois extrêmes de ces lieux et de leurs habitants. L'auteur tour à tour s'émerveille de ces paysages magnifiques ("Là-bas [...] il y avait la paix, des moutons, des cieux immenses, du vent, la mer et des glaciers parfaits et superbes") ou s'agace de l'incurie et la corruption des autorités, et de l'inertie de ses compatriotes : "Tandis que je conduis sur la route n°40, je suis sans cesse fasciné par tant de beauté stérile. Dans ce pays tout particulièrement, un paradis même s'il est peuplé d'indigents, autant de richesse inutile devrait ébranler toute forme d'indifférence. Mais elle est impuissante dans cette Argentine qu'on dirait blindée. L'immensité et la vitesse réduite me font rêver à tout ce qui pourrait être réalisé ici. [...] En Patagonie, ce n'est pas seulement l'argent qui fait défaut mais l'imagination, l'audace. [...] Mais aujourd'hui, la plupart des jeunes regardent ailleurs : dans la direction indiquée par la télé et la bière. Ce n'est pas leur faute mais celle de la dictature – elle a produit une génération de parents pleins de ressentiment – et de la dissolution de l'Etat". L'auteur trouve aussi ce qu'il cherchait : des idées pour terminer son roman, qu'il continue à écrire au fil du voyage.

Road-trip de l'auteur, road-trip des personnages de son futur roman, cette mise en abyme est parsemée d'extraits de celui-ci, mais aussi de réflexions, de citations et de références (trop) pointues à la littérature et au cinéma sud-américains, et manque donc un peu de fluidité. Mais avec ce ton drolatique et finalement indulgent et bienveillant, avec son émerveillement sincère, l'auteur m'a collé une de ces nostalgies du voyage et des grands espaces... Patagonie, te reverrais-je un jour ?
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Mempo Giardinelli, enseignant, journaliste et romancier argentin traverse la Patogonie avec un ami, à bord d'une vieille Ford Fiesta.
Il nous décrit le paysage, nous fait part de leurs rencontres, et nous raconte comment ce voyage inspire dans l'écriture d'un roman.

Le témoignage de l'auteur sur la société argentine et son regard sur l'histoire du pays sont intéressant, même s'il est désabusé. La dictature a laissé des traces, sans immuniser le pays contre de les excès d'autoritarisme, comme le confirment les nostalgiques que Giardinelli déplore avoir croisé en si grand nombre.

Les développements de l'auteur sur ses sources d'inspiration et sur le processus d'écriture sont en revanche pénibles à lire, de même que le roman qu'il compose durant son périple. le récit de multiples rêves n'arrange rien.
Ce mélange entre témoignage et fiction en cours d'écriture est l'une des originalités de cet ouvrage, mais elle m'a profondément déplu, à tel point que j'ai dû passer les extraits relatifs aux aventures de Clelia et de Victorio (heureusement imprimés en italiques).

Bel hommage à la Patagonie, mais j'ai lu de bien meilleurs récits de voyage.
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Quel étrange ouvrage inintéressant !

Je suis dur, mais cette accroche lapidaire est à l'image de ma frustration, suite à la promesse faite par le 4ème de couverture qui vendait de l'aventure et du rêve. La Patagonie (mon plus beau voyage), le road-movie, la vieille voiture (au lieu de la moto, mais, soit, je pouvais accepter cette entorse) et la gestation d'un roman : tous les ingrédients d'un roman que je rêverais d'avoir le talent d'écrire.
En fait de roman, il s'agit plutôt d'un récit à la croisée d'un journal de voyage, d'un reportage et d'un relevé d'opinions sur plein de sujet différents (littérature, socio-politique, économie, écologie et j'en passe).

L'auteur, bien qu'ayant une belle écriture, n'a aucun talent pour faire passer la moindre émotion, ni faire vivre ses personnages, à commencer par son compagnon de voyage dont il parle comme il parle de sa voiture : sans âme ni présence, simple décor à son nombrilisme.
Faute de talent, l'auteur nous assène sans cesse des preuves de son érudition sous forme de citations ou de listes de ce qu'il a lu ou vu, ou des auteurs qu'il côtoie, et il plaque tout ça dans un récit qui ne décolle jamais.
Probablement par manque d'inspiration, les descriptions des villes qu'il traverse se résument généralement à des informations que ne renierait pas Wikipedia (nombre d'habitants, activité économique) et il a un avis sur tout, asséné de façon péremptoire. Exemple à propos du manque d'éoliennes en Patagonie, qui frise l'ultracrépidarianisme (suite à un pari perdu, je devais le placer absolument celui-là !) : « Un imbécile comme il y en tant, un ignorant, un chauvin local, tente une explication impossible devant mes protestations; il parle des difficultés du terrain, du fait qu'il s'agit là d'une technologie encore expérimentale. Je lui rétorque qu'on l'a trompé. » (nous sommes en 2000)

Il semble constamment aigri contre tout et tout le monde (et détail rigolo, semble obsédé par le goudronnage des routes, sans doute faute d'avoir changé les amortisseurs de sa voiture avant d'entreprendre un tel périple) :

« Pour une raison inconnue, il n'y a pratiquement aucune ville ou village au bord de l'eau. Je ne sais à quoi est due cette absurdité mais certains Patagons l'attribuent à l'un des deux arguments habituels ici : le vent. Les Patagons accusent toujours le vent ou encore les moutons pour expliquer leur indolence. »

« Il n'y aura jamais d'investissements en Patagonie si on ne prépare pas d'abord le terrain pour permettre le changement : voilà ce que les responsables locaux se refusent à comprendre. Mais, pour cela, il faut éduquer, goudronner, établir des colons et leur donner des crédits. »

N'hésite pas à donner des leçons à longueur de pages :

« Si j'avais vingt ans, je n'hésiterais pas à venir ici en pionnier. Mais, aujourd'hui, la plupart des jeunes regardent ailleurs dans la direction indiquée par la télé et la bière. »

A se demander s'il a finalement aimé la Patagonie, qu'il décrit souvent comme un lieu désolé, monotone et ennuyeux (surtout le long de la côte).

Pour couronner le tout, il place en italique des extraits du roman qu'il est censé écrire par une mise en abyme bien lourdingue, mais également des morceaux de pensées, de poésies, de rêves, de textes divers qu'il place ici parce qu'il ne sait visiblement pas trop quoi en faire, mais ne veut pas le perdre à la postérité, ou bien veut montrer des faces cachées de son talent. Bon, là, j'extrapole peut-être un peu, mais ce monsieur a quand même une très haute opinion de lui-même :

« Pourquoi et pour qui écrire ce que j'écris ? Serai-je capable de me rendre compte un jour que ce que je fais ne sert à rien et, pire encore, saurai-je admettre que cela n'intéresse personne ? » (puisqu'il le dit)

« Mon expérience, … , est peut-être trop présomptueuse : jamais je n'ai accepté les changements proposés par un éditeur ou un traducteur. Je veille à ce que mon écriture ne perde pas de saveur tout en essayant, en même temps, de la rendre capable de renfermer tous ses lecteurs possibles. »

« Même s'il s'agit d'inconnus, comme le sont la plupart des lecteurs anonymes, j'en tiens toujours compte pour trois raisons : parce que l'acte esthétique a besoin du regard et de la sensibilité de l'autre; parce que l'autre t'accorde toujours une chose précieuse : son temps; et parce que, de surcroît, il peut même aller jusqu'à payer pour ça. Il faut être très reconnaissant envers les lecteurs. C'est pourquoi la superbe de tant d'écrivains prétentieux et bouffis d'orgueil est agaçante. » (je suis entièrement d'accord)

Bref, si la Patagonie vous fait rêver, ne lisez surtout pas ce livre…
(désolé, je suis très dur, mais cette lecture m'a vraiment agacé).
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L'auteur embarque un ami universitaire dans un road-trip en Patagonie.

Le lecteur avide de grands espaces trouvera son lot d'immensités désertiques et de grèves battues par les vents.
Une galerie de portraits, compilés au hasard des rencontres, à la fois réalistes et fantasmés étanchera sa soif d'authenticité et, comme dans Tintin, il aura droit à son condor et à ses guanacos.

Sympathique mais un peu court !
Rassurez-vous, Giardinelli n'est pas du bois des besogneux qui prennent la plume pour tartiner la voix off d'un reportage sur Arte.
Pour le meilleur et pour le pire, il est de cette génération d'intellectuels sud-américains qui a connu l'exil politique.

Dès lors le récit de sont voyage déborde obligatoirement du champs de la géographie vers celui de l'histoire et de la politique, récentes et moins récentes, de l'Argentine.
Mails il ne limite pas son discours à la critique des régimes autoritaires et de leur héritage, avec humour et dérision, il pointe les disfonctionnements et l'immobilisme de ceux qui leur ont succédé et l'apathie fataliste de ses compatriotes.

Le package, quoique peu original, pourrait sembler suffire si Giardinelli n'était furieusement pris de littérature comme on peut l'être de boisson.
Car la littérature, principalement sud-américaine, imprègne le texte sous forme de citations, de récits de rencontres, de confidences, d'amitiés partagées.

Les questionnements qu'elle suscite constituent peut-être le principal enjeu du livre et sont illustrés par un récit enchâssé présenté comme un projet laborieux de l'auteur.

Si cet aspect quelque peu nombriliste m'a moins intéressé, j'ai en revanche été comblé par les pistes de lecture suggérées par les nombreux auteurs et textes évoqués par Giardinelli.


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Comme l'indique le titre Mempo Giardinelli est romancier. En 2000, avec son ami Fernando Operé, il part pour un périple en Patagonie à bord de sa petite Ford Fiesta rouge ( surnommée La Petite Rouquine ), emmenant avec lui les personnages d'un précédent roman dont il ne parvient pas à écrire la suite des aventures. Au fil du voyage, il laisse les lieux et les belles ou mauvaises rencontres l'inspirer.

Un road-movie dans le road-movie. Mempo Giardinelli est argentin. La découverte de la Patagonie est pour lui un pèlerinage dans cette terre inconnue de son pays, dans son histoire nationale, dans son âme et sa culture latino-américaines d'auteur qui dut s'exiler au Mexique durant la dictature argentine.

Un voyage buissonnier sans préparation » touristique » de quarante jours qui descend la côte Atlantique en partant de la province de Corrientes au Nord Est de l'Argentine ( frontalière avec le Paraguay ) jusqu'à Rio Gallegos avant le Détroit de Magellan et la Terre de Feu, puis remonte le long de la Cordillère des Andes, quatre mille kilomètres; une aventure humaine et littéraire de paysages, de récits de vie, de souvenirs, de rêves, d'évocation de lectures et d'écriture. C'est l'immensité de ce bout du monde entre abandon et exploitation et l'intimité de l'écriture. le » Patagonia Blues, la Pampa et le Désert » mêlés au » problème narratif » et » désir plumitif « .

C'est le ton de l'auteur de romans noirs sud-américain, à la fois toujours étonné et toujours désabusé, l'élaboration du roman, les réflexions sur la création, un véritable voyage dans la littérature latino-américaine et la Patagonie entre » mythe et réalité « . Une incroyable fluidité de lecture pour ce récit atypique qui présente des pages de fictions, des notes informatives historiques sur cette terre ou culturelles sur des écrivains, comme des notes, des paragraphes qui se détachent de la narration. le temps d'un voyage, un voyage dans le temps, l'espace et le temps de l'écriture dans « cette région d'une monde d'une poésie infinie et d'une infinie tristesse [...]. Image de mon pays éprouvé, cette incompréhensible absurdité. «
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Quand j'étais petit, il était courant de voir les enfants jouer aux cow-boys. C'était l'époque du cinéma épique nordaméricain et John Wayne, Gary Cooper, Audie Murphy et autres acteurs célèbres des années 50 et 60 incarnaient des héros de fiction fascinants pour les enfants que nous étions alors.
Nous ne savions pas et, apparemment, nos pères l'ignoraient aussi, que nous subissions une colonisation. Nous les imitions, c'était là le plus important, et cartouchières avec revolvers en plastique, bottes texanes et chapeaux à larges bords constituaient le plus beau des cadeaux d'anniversaire.
Bien sûr, il nous manquait toujours le cheval, cet irremplaçable compagnon du cow-boy et seule notre imagination pouvait
y pourvoir.
Mais le cheval était si important qu'un manche à balai que l'on enfourchait et faisait caracoler en imagination devenait un coursier de rêve parfaitement capable de franchir le Grand Cañon du Colorado d'un bond fantastique.
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Serais-je capable de me rendre compte un jour que ce que je fais ne sert à rien et, pire encore, saurai-je admettre que cela n'intéresse personne ?
Ma réponse est toujours la même : je n'en sais rien, mais je sais que j'écris pour être lu. Je me refuse à croire qu'on écrive vraiment pour soi-même, même si beaucoup le proclament. Je ne crois pas à l'écriture onaniste et je pense que nous avons toujours ce que j'appelle un «Lecteur Idéal Implicite». Pour ma part, en tout cas, quand j'écris, quand je commence à rêver d'un texte, quand je laisse grandir au fond de moi l'envie, le désir d'écrire, je constate que chaque texte m'impose d'avance un lecteur identifiable. C'est comme si le texte venait au jour avec son lecteur idéal suggéré ; il est dans la narration ou le poème et je sais généralement de qui il s'agit. Cela me permet d'imaginer alors que, chaque fois que j'écris, chacune de mes pages, chacune de mes phrases est en quelque sorte créée pour un lecteur concret.
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[A propos de la Patagonie]
Nous avons vu tant de paysages fantastiques, inoubliables et tant d'autres perdus dans la steppe qu'il me semble maintenant que c'est là son malheur et là son côté merveilleux.
Impossible de se rappeler de tout. Impossible d'embrasser un continent d'un seul regard. Nos marches et nos découvertes au milieu des araucarias le long des glaciers, des mélèzes d'Esquel, des myrtes de Siete Lagos et de Baliroche restent derrière nous. La Patagonie est sans doute merveilleuse mais ces territoires vides, ces immensités parfaites qui nous ramènent toujours à la véritable dimension de notre petitesse, à notre fugacité et à notre importance infinitésimale sont également accablants. Il serait bon que tous ces leaders mondiaux, tous ces présomptueux, tous ces paons et toutes ces prima donna viennent prendre un bain de Patagonie ! Le monde serait sans doute différent. Meilleur.
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Ainsi va la vie, chère Lourdes, je le maintiens, il nous manque toujours quelque chose. Et ce que nous avons n'égale jamais ce que nous n'avons pas.
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Quand on ne le trouve pas
Quand on le cherche et qu'il se montre cruel
Quand on l'atteint et qu'il s'enfuit
Ou simplement s'en va, comme un oiseau de sa branche,
Le cœur est un pays vide, une terre ravagée.
L'amour- je crois- n'est pas le mot pour désigner
Celui que tu ne reverras plus.
Page blanche, zéro absolu
Néant irréfutable.
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