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EAN : 9782350872407
556 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (07/11/2013)
3.5/5   78 notes
Résumé :
Jeune veuve, Viola Wither est contrainte de quitter Londres pour emménager chez son austère belle-mère dans sa demeure de l’Essex. À vingt et un ans, elle y voit ses rêves romantiques s’évanouir et son caractère enjoué bridé par l’ennui et les conventions. Pourtant, au mépris des convenances, l’intrépide transgresse les codes?: elle flirte avec Victor Spring, son amour de jeunesse, quand celui-ci est sur le point de se marier.
La bucolique campagne anglaise, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Terriblement surannées mais superbement mises en scène les moeurs de cette bonne société anglaise qui reste figée autour de conventions sociales d'un autre âge.

Une petite ville du comté d'Essex au nord-est de Londres. Fin des années 1930.

Deux familles riches, les Wither et les Spring, se partagent la causticité de l'auteure. Les Wither rechignent sur tout le monde et craignent le qu'en-dira-t-on : le père est un affreux grigou, qui ne pense qu'à l'argent et à ce qu'il doit rapporter, la mère respire l'air de son Harpagon de mari car « il y avait tant de choses qu'on ne devait pas dire – presque tout en fait », deux filles oisives, Tina et Madge, aux pensées inutiles, une bru, Viola, jolie mais pas très futée, soudainement veuve, qui vient se réfugier sous leur toit.

Les Spring : une mère corsetée jusqu'au menton qui n'aime rien tant que dépenser son argent dans les boutiques de Londres, organiser des garden-parties somptueuses et déifier son fils, le très beau Victor, homme d'affaire avisé un peu benêt en privé, dont toutes les femmes sont folles, et qui est sur le point de se marier avec une amie d'enfance, Phyllis, la harpie, sans aucune conviction. Une nièce orpheline, Hetty, qui ne vit que par et pour les livres mais qui doit suivre le tempo de la maison.

L'ignorance des filles est soigneusement entretenue, il est mal vu qu'elles s'instruisent. Toutes attendent que quelque chose arrive mais quoi ? Pour Tina, ce sera un mariage d'amour avec le chauffeur. Pour Madge, ce sera un petit chien. Pour Viola, la passion éphémère pour Victor qui la consume. Imaginez la honte absolue du père qui a déjà vu son fils épouser une vendeuse, sa fille son chauffeur, et qui va devoir recevoir la belle-mère, une laveuse braillarde ! Pour Hetty, c'est l'attente de ses vingt-et-un ans et l'espoir d'aller vivre et étudier à Londres, y rencontrer des artistes et des intellectuels.

Quelques bouleversements seront nécessaires pour faire évoluer l'ensemble et c'est ce que réussit pleinement Stella Gibbons en faisant alterner raison et sentiments, dont le meilleur exemple est Tina qui « n'ayant ni religion ni mari ni enfants, devait se raccrocher à quelque chose, et elle essayait de se raccrocher à la psychologie pour lutter contre la rêverie ».

Malgré les apparences, il n'y a aucune mièvrerie dans cette étude de moeurs sucrée et poivrée, l'auteure ayant veillé à reproduire les us et coutumes de son temps de manière aussi réaliste que possible. Stella Gibbons est anglaise, normal que sa plume humoristique suive la même voie. La flagornerie n'est jamais loin ni les commentaires sanglants à propos d'une garden-party ratée ou de la radinerie de M. Wither. le comique de situation tient souvent du vaudeville, vu de nos jours, mais on sent néanmoins la volonté des jeunes femmes de sortir de leur désoeuvrement et du rôle de potiche qui leur est encore dévolu, même si elles ont obtenu le droit de vote en 1928.

En 2013, les Editions Héloïse d'Ormesson ont eu la bonne idée d'exhumer et de traduire cette oeuvre pleine de charme désuet limité à ce petit coin de la campagne anglaise. C'est reposant, frivole et aussi harmonieux que le chant du rossignol.
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Amatrices de Jane Austen , réjouissez-vous, ce roman possède la même atmosphère, le même décor de campagne anglaise, les mêmes riches oisifs qui évoluent de garden-parties, en thés, et autres festivités, les mêmes jeunes filles qui vivent sous la coupe d'un homme en attendant le mariage comme planche de salut . La seule chose de différente , c'est l'époque : nous ne sommes plus sous le règne de la Reine Victoria mais dans les années 1936-37, et donc la société a (un peu !) évolué...
Après un an à peine de mariage , la jeune Viola Wither se retrouve veuve à 21 ans et contrainte financièrement de quitter Londres et de retourner vivre à la campagne chez ses beaux-parents.
Là-bas toute la maison vit au rythme des humeurs de monsieur Wither qui fluctuent en fonction de la bourse . Ce brave homme, oisif, ne pense qu'à l'argent . La mort du fils leur a fait autant de peine qu'un pet de lapin ! Sa femme déploie des trésors de patience et "marche sur des oeufs " , quand à leurs (vieilles ) filles , Madge (40 ans ) et Tina (35ans), , elles vivent au jour le jour en attendant qu'il se passe (enfin ! ) quelque chose ... Rien ne pourrait faire plus plaisir à Madge que d'avoir un chien , et Tina a un gros béguin pour le sublime chauffeur ... Mais une mésalliance est impensable ! le frère avait déjà à moitié déshonoré la famille en épousant Viola, simple vendeuse ... L'arrivée de cette toute jeune fille va légèrement bousculer la torpeur de cette maison ennuyeuse , voisine de celle des Spring , dont la vie n'est qu'un tourbillon de festivités .

Campagne anglaise endormie, position de la femme inféodée à un mari (père ou beau-père), esprit malicieux et taquin , Stella Gibbons marche sur les pas de Jane Austen avec délectation . Dans ce roman sorti en 1938, on sent les frontières entre les différentes classes sociales devenir de plus en plus poreuses , les jeunes filles s'émanciper . Les socialistes pointent le bout de leur nez et la future guerre ne fait qu'un tout petit paragraphe, cette histoire est comme un polaroïd de l'époque... un joli polaroïd !
Mais quelle bonne idée ont eu les éditions Héloïse d'Ormesson de ressortir ce roman délicieux !
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L'écriture de ce roman datant de 1938 est surannée, un peu précieuse même. On y trouve des ressemblances avec le style de Jane Austen et son goût prononcé pour les fêtes en tout genre : les bals, les garden-party, les réceptions diverses et variées autour d'une tasse de thé et d'un sandwich aux concombres, nous y découvrons une critique de la société comme le faisait Elizabeth Gaskell et des petites intrigues comme dans les romans d'Elizabeth von Armin.

Nous suivons deux familles de notables pendant plusieurs mois : les Wither et les Spring. Elles vivent dans le même petit village anglais. L'une est très conservatrice et puritaine, l'autre est plus moderne et sait davantage profiter des plaisirs de la vie.
L'arrivée chez les Wither de la jeune veuve de leur fils va bouleverser le calme de ce village d'ordinaire très paisible. Ce couple déjà âgé accueille donc sous son toit la jeune femme qu'à épousé leur fils. Ils la reçoivent chez eux par charité plus que par gentillesse d'ailleurs, car elle ne correspondait pas à l'idée qu'ils se faisaient d'une belle fille, Viola est en effet trop jeune, trop jolie et il faut dire aussi qu'avant de réussir à épouser leur fils, elle n'était qu'une simple vendeuse, ce qui est quelque peu indigne de leur rang social.

Vous l'aurez compris, ce roman est drôle, sarcastique, mais aussi plein d'esprit et de finesse, l'analyse des différentes classes sociales est bien vue et chaque personnage est décortiqué et se montre sous son jour le plus comique. Je l'ai dégusté lentement et savouré jusqu'à la dernière ligne avec un immense plaisir.
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Pauvre, pauvre Viola ! Orpheline depuis peu, la jeune femme de vingt et un ans vient de perdre son mari et se retrouve désormais veuve et sans le sous ! Elle n'a pas d'autre choix que de quitter Londres et la boutique de dentelle dans laquelle son père l'a élevée pour aller s'installer chez sa belle-famille, dans un petit manoir bourgeois aux environs de Chesterbourne, dans la campagne anglaise.


Les distractions y sont rares, sérieusement modérées par l'avarice du chef de famille : Mr Wither. Heureusement qu'il y a Tina, sa belle-soeur, qui, malgré ses trente-six ans, fait preuve d'une fraîcheur et d'un optimisme à toute épreuve qui égayent la jeune femme et lui rendent la vie plus légère. Mais le temps paraît bien long dans ce quotidien où règne un ennui mortel, jusqu'au jour où Viola découvre que le voisinage des Wither compte l'un des plus beaux partis de la région : Victor Spring. Après une rencontre inopinée, la jeune femme tombe immédiatement sous le charme de ce redoutable séducteur et laisse vagabonder son esprit fantasque, sans se douter que le jeune célibataire est déjà promis à une autre…


Eternelle romantique et grande amatrice de Jane Austen, il me tardait de découvrir ce petit roman parut à l'origine en 1938. Avec l'arrivée dans une famille bourgeoise de cette belle-fille issue d'un milieu populaire, on assiste aux bouleversements et aux métamorphoses d'un monde qui oscille entre tradition, conservatisme et désir de changement. Une impression qui se retrouve parfaitement dans l'écriture fluide et agréable de Stella Gibbons qui parvient à allier la modernité de certaines expressions au charme suranné, presque guindé de la langue anglaise.


Malheureusement, si l'écriture est pleine de délicatesse et de charme, je dois dire que les personnages en manquent un peu… Surtout les protagonistes, dont j'attendais davantage de profondeur et de charisme ! Heureusement, certains seconds rôles sont particulièrement savoureux et apportent avec eux une bonne dose d'humour et de surprises. Cependant, l'ennui permanent qui plane autour de la maison de Wither finit par atteindre le lecteur et parvient à nuire à l'intérêt porté à l'histoire et aux personnages… Par ailleurs, j'ai trouvé la fin trop vite expédiée, beaucoup trop rocambolesque par rapport au reste de l'histoire. Une lecture qui m'a un brin déçue donc, alors que tous les ingrédients étaient réunis pour passer un bon moment.
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Viola , jeune veuve sans le sou, est contrainte d'habiter avec ses beaux-parents et leurs deux filles célibataires dans leur propriété à la campagne. Très vite, elle se rend compte que la vie ne va pas être toute rose...

Je m'attendais à lire une romance classique dans l'Angleterre de l'entre-deux guerres, mais c'était sans compter le regard sans complaisance de l'auteur vis à vis de ses personnages. Et c'est ce qui m'a plu : Stella Gibbons s'applique à mettre l'accent sur les faiblesses et petits travers de ses héros et héroïnes, parfois jusqu'à la caricature certes, mais c'est plutôt réussi.

L'humour est omni-présent, délicieusement pince-sans-rire, et la "bonne" société de la province anglaise en prend pour son grade : le respect des classes, l'attachement viscéral aux traditions, le conformisme, tout est chamboulé par un souffle de modernisme et de jeunesse qui n'arrive plus à se contenir...

Une très jolie découverte, un très bon moment de lecture.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'était pas la faute de sa famille si sa jeunesse avait été gaspillée comme une coupe d'eau renversée dans du sable. Ils avaient fait de leur mieux pour elle. Son père lui avait donné de l'argent pour payer ses années à l'Ecole des beaux-arts et à celle de journalisme, où elle avait espéré trouver un mari. Sa mère lui avait enseigné la douceur, l'ignorance soigneusement entretenue, afin que, si elle devait passer la moitié de sa vie dans la privation, elle ne s'en rende même pas compte.
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Pour Madge, l'évolution naturelle de l'amour entre les hommes et les femmes devenait "bestiale" dès que son expression ne se limitait pas à une poignée de main. Bien entendu, il était possible d'avoir un camarade de sexe masculin sans tomber dans la sensiblerie. Dans les instants d'émotion, quand on avait réussi un coup extraordinaire lors d'une partie, on pouvait lui taper dans le dos, et lui pouvait répondre par une bonne bourrade aux épaules. C'était parfait. C'était l'expression amicale et convenable d'une émotion profonde.
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Aux Aigles, la famille s'était rassemblée au salon en cette heure morne où le thé est passé depuis longtemps sans que le dîner soit encore en vue. C'était une scène tranquille, qui aurait irrité un communiste. Cinq membres improductifs de la bourgeoisie étaient assis dans une pièce immense, où ils respiraient davantage d'air, se chauffaient à plus de feu et tiraient plus de plaisir et d'agrément des tableaux et des meubles qu'il n'était strictement nécessaire. Au sous-sol, dans la cuisine, trois membres de la classe laborieuse trimaient ignoblement pour leur préparer leur dîner, acheté avec les revenus d'un capital.
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En cinquante ans , rien ne semblait avoir changé ou prospéré dans cette demeure. malgré sa haine de la dépense, Mr Wither croyait nécessaire d'acheter le Meilleur quand il dépensait, car le Meilleur se révélait pour finir ce qui revenait le moins cher. Malheureusement, le Meilleur durait si longtemps qu'il ne finissait jamais .
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Il n'admirait les femmes que dans la mesure où elles étaient jolies, dociles et bien habillées. Il devait faire semblant d'admirer leurs autres prouesses, car tout le monde le faisait - au moins en paroles -, mais au fond de lui son opinion était simple et grossière : "Tout ça, c'est de la foutaise". Et quand il se trouvait en compagnie d'autres hommes d'accord avec lui, ils souriaient d'un air entendu, se regardaient et marmonnaient : "Tout ça, c'est de la foutaise". Les femmes intelligentes, les femmes sportives, les femmes artistes - de la foutaise.
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