pensée profonde, a passé sa vie à écrire et à peindre ; petit prince oriental que les sages admirent. Puissance et fraîcheur singulières de ces textes : un livre de chevet.
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Mon livre de chevet, le soufi chrétien par excellence
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Le Mariage
Vous serez ensemble quand les ailes blanches de la mort disperseront vos jours.
Oui vous serez ensemble même dans la silencieuse mémoire de Dieu.
Mais laissez l'espace entrer au sein de votre union.
Et que les vents du ciel dansent entre vous.
Aimez-vous l'un l'autre mais ne faites pas de cet amour une chaîne.
Laissez-le plutôt être une mer dansant entre les rivages de vos âmes.
Chantez et dansez ensemble et soyez joyeux, mais laissez chacun de vous être seul.
De même que les cordes du luth sont seules pendant qu'elles vibrent de la même harmonie.
Donnez vos coeurs, mais pas à la garde l'un de l'autre.
Car seule la main de la Vie peut contenir vos coeurs.
Et tenez-vous ensemble, mais pas trop proches non plus:
Car les piliers du Temple se tiennent à distance,
Et le chêne et le cyprès ne croissent pas à l'ombre l'un de l'autre.
Le mot le plus limpide qu'un être humain puisse prononcer est "mère" tout comme le plus belle appel est "maman". Ce sont des mots aussi menus que grandioses, pétris d'espoir, d'amour et de tendresse et de tout ce que le coeur humain peut contenir comme finesse, Douceur et suavité. La mère est tout dans la vie : elle est la consolation dans la tristesse, l'espérance dans la détresse et la force dans la faiblesse. Elle est la source de l'affection , de la compassion et du pardon. Celui qui perds sa mère perds un sein où poser la tête, une main qui le bénit et un regard qui le protège.
Le mariage est de nos jours un commerce ridicule et affligeant. Son organisation est au main des jeunes hommes et des pères des jeunes filles. Les promis y gagnent quelques fois, les parents y sont toujours perdants. Les filles telles des marchandises, sont retirées d'une maison pour être placées dans une autre. Elles perdent leur gaieté le temps passant et terminent leur existence dans un recoin obscure de leur demeure, comme un vieux meuble abandonné. S'il est vrai que la civilisation d'aujourd'hui a favorisée la connaissance de la femme elle a, en revanche, fait croître ses souffrances, à cause de la convoitise de l'homme. Hier, la femme était une servante heureuse, aujourd'hui c'est une maîtresse malheureuse ! Elle marchait aveugle, dans la lumière du jour, à présent clairvoyante elle marche dans les ténèbres ! Elle était belle dans son ignorance, vertueuse dans sa simplicité et forte dans sa faiblesse. Elle est devenue laide par ses artifices, superficielle par son intelligence et sans coeur par son instruction. Viendra t-il le jour où seront réunis en une seule femme la beauté et la connaissance, le raffinement et la vertu, la fragilité du corps et la force de l'âme ? Je suis de ceux qui croient que le progrès spirituel est une loi humaine et que l'approche de la perfection est une voie dont les effets sont lents mais efficaces. Si la femme progresse dans un sens et régresse dans l'autre c'est que le difficile sentier qui mène aux cimes des montagnes est exposé aux pièges des voleurs et aux repères des loups !
Tout ce qui est sur terre vit de la loi de sa propre nature et,dans la nature même de sa loi, il puise la gloire et la joie de la liberté. Les humains, eux, sont privés de cette grâce, car à leurs esprits divins ils ont imposé une loi terrestre réductrice. Ils ont soumis leurs corps et leurs âmes à des règles uniques et strictes. Ils ont édifié pour leurs penchants et leurs sentiments une prison étroite et cruelle et ont creusé pour leur coeur et leur raison une tombe profonde et obscure. De celui qui se dresse seul contre leur société et leur loi, ils disent que c'est un dangereux rebelle qu'il faut bannir, un infâme vaurien qui mérite la mort...L'homme restera -y-il donc à jamais esclave de ses lois corrompues ou bien, le temps passant, finira-t-il par se libérer pour vivre ou tournera-t-il son regard vers le soleil pour ne plus voir l'ombre de son corps projetée parmi les ronces et les crânes?
Entre ce que l'homme imagine et ce qu'il réalise, il est un espace qui ne peut être franchi que par l'étendue de son désir.
J'ignore la vérité absolue. Mais je suis humble devant mon
ignorance et c'est là où résident mon honneur et ma récompense.
(il faudrait presque tout citer ...)
Lecture par l'autrice & Tania Saleh, accompagnées de Pierre Millet
Publié en 1923 puis traduit en 40 langues, le Prophète de Khalil Gibran est universel et intemporel. Ce conte philosophique puise dans les enseignements des trois cultes monothéistes, des religions de l'Inde mais aussi aux sources d'oeuvres révolutionnaires, tels que les écrits de William Blake, de Nietzsche et de Jung. Zeina Abirached offre ici la première version entièrement dessinée de ce chef-d'oeuvre. Dans une chorégraphie d'ombres et de lumières, elle nous invite à rejoindre les habitants d'Orphalèse réunis pour questionner le jeune Almustafa sur les grandes orientations de la vie. Enfant du Liban et de l'exil, comme Khalil Gibran avant elle, Zeina Abirached nous propose de découvrir autrement ce texte magistral dont la force et la portée n'ont pas fini de nous surprendre.
« C'est dans la rosée des petites choses que le coeur trouve son matin et se rafraîchit. »
Khalil Gibran, le prophète
À lire – Zeina Abirached & Khalil Gibran, le Prophète, trad. par Didier Sénécal, éd. Seghers, 2023.
Son : Alain Garceau
Lumière : Patrick Clitus
Direction technique : Guillaume Parra
Captation : Marilyn Mugot
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