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Bernard Sigaud (Traducteur)Gérard Klein (Préfacier, etc.)
EAN : 9782253072317
571 pages
Le Livre de Poche (11/04/2001)
3.39/5   74 notes
Résumé :
1855 : les Machines à Différences, ces ordinateurs mus par la vapeur et inventés par Charles Babbage ont changé le cours de l'Histoire.
Lord Byron est devenu le Premier ministre de Sa Majesté la reine Victoria. Sa fille Ada, un génie scientifique qui a secondé Babbage, est peut-être folle. Elle remet à Edward Mallory, explorateur d'une Amérique du Nord divisée par les guerres, un mystérieux paquet de cartes mécanographiques.
Et Mallory, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
La machine à différences est une uchronie basée sur la découverte de Babbage : une machine capable d'effectuer des calculs complexes et d'exécuter de petits programmes écrits sur carte perforée, ancêtres de nos ordinateurs modernes. Mais ici, les gouvernements anglais et français saisissent immédiatement toute la portée de cette découverte, et construisent d'immenses machines, monstres d'acier, d'engrenage et de vapeur, capables de ficher toute la population.

Le roman nous plonge dans l'actualité de l'époque : les États-Unis ne sont encore qu'un vague ensemble de micro-états que les puissances européennes tentent d'influencer, la controverse scientifique sur le darwinisme bat son plein, le mouvement luddiste (des travailleurs sabotant les métiers à tisser accusés de leur voler leur travail) vient à peine de d'être maîtrisé. de plus, Londres est plongée dans la Grande Puanteur : l'assèchement de la Tamise transforme le fleuve en un gigantesque égout à ciel ouvert, et provoque la fuite de la population qui peut se permettre de vivre ailleurs.

Le roman s'articule comme un thriller, autour de cartes perforées volées qui semblent avoir la plus grande importance pour tous les camps : complots politiques, interventions de la police secrète, influence de puissances étrangères, mafia spécialisée dans les paris truqués, …

L'ambiance du roman, sombre et oppressante, est parfaite : la technologie prive les hommes de travail, de liberté et rend des sentences, après de longues minutes de manipulation de rouages, irrévocables. Elle les empoisonne également, et les baigne dans une atmosphère puante et polluée. Ne reste alors que les bas-fonds de la ville pour (sur-)vivre quand on n'est pas de la bonne société, là où on est à la fois à l'abri de l'omniscience des machines, et où on peut disparaître facilement dans le smog.

La construction de l'histoire est par contre un peu plus particulière… À l'heure de faire les comptes, je ne sais pas parfaitement quel personnage jouait dans quel camp et pour quelles raisons. Les auteurs nous offrent régulièrement de grande ellipses, à nous d'essayer de boucher les trous avec les bribes d'information laissées par les autres protagonistes. On a parfois un passage sur la fin de vie d'un des personnages au milieu du roman, alors que son influence se fait toujours sentir dans les paragraphes suivants.

Je retiendrai bien plus ce roman pour son ambiance si particulière que pour son histoire, qui m'a parue assez confuse.
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La société industrielle occidentale a pris un tournant radical. En 1855, les machines sont partout, et pas n'importe lesquelles : des ordinateurs, alimentés à la vapeur et fonctionnant à l'aide de cartes poinçonnées. Les Empires ne s'affrontent pas tant sur le terrain de la colonisation que sur le terrain de la concurrence technologique, avec des préoccupations étrangement similaires à celles de notre société contemporaine : contrôler les masses populaires, maîtriser la croissance économique et scientifique, endiguer les mouvements d'indépendance et l'essor du marxisme.

Dans un chassé-croisé diachronique, composé de flashbacks américains, d'aventures britanniques et d'exil en France, trois personnages servent de rouages clés dans le déroulement et l'empêchement d'un complot international qui vise la chute du gouvernement britannique et la mainmise sur l'information.

La machine à différences est un roman complexe et prenant, qui exige de ses lecteurs et lectrices à la fois attention et patience. Une bonne connaissance du 19e siècle est requise pour savourer pleinement les innombrables détails, clins d'oeil et détournements de ce livre passionnément steampunk. Théories scientifiques, inventions technologiques, histoire géopolitique et sociale : le vocabulaire est précis, les descriptions détaillées et l'intrigue un peu compliquée.

Dans un monde uchronique où les ordinateurs ont déjà été inventés, où les grandes villes suffoquent dans la pollution industrielle et où les populations sont minées par le chômage et les produits toxiques, les protagonistes se débattent dans le cours d'évènements qui les dépassent, à commencer par la famille Byron, et Lady Ada.
Cette dernière, surnommée « la Reine des Machines », fille du Premier Ministre et mathématicienne de génie, est aussi une joueuse invétérée et endettée au point de saboter son propre parti politique. S'étant mise dans une situation impossible, elle remet un coffret de cartes mécanographiques à un gentleman qui la sauve d'un enlèvement, sans le remercier ni lui donner d'explication. Ce coffret mystérieux constitue le fil rouge du roman, le coeur d'un complot pour faire tomber Lord Byron.

Trois personnages principaux se croisent dans cette histoire, à des moments et en des lieux différents. Chacun prédomine dans l'une des trois grandes phases du livre

Sybil Gerard, fille d'un opposant aux Radicaux, le parti des Machines, qui fut condamné à mort et pendu des années auparavant, violée par l'un des assistants de son père, devenue prostituée, ouvre le bal. Elle est enrôlée par un aventurier, mi-scientifique, mi-homme politique, pour l'accompagner à Paris et l'aider dans ses manipulations impérialistes : rétablir un général corrompu à la tête du Texas, actuellement aux mains du Mexique. Mick « Dandy » Radley compte pour cela utiliser un jeu inédit et révolutionnaire de cartes mécanographiées, aux normes du Grand Napoléon, l'ordinateur de l'Académie française. Mais son plan de coup d'État texien tournera court, et Sybil prend seule la fuite en France.

Édouard « Léviathan » Mallory, géographe, explorateur et espion à ses heures, prend le relai. C'est à lui que revient le douteux honneur de recevoir le fameux coffret des mains de Lady Ada. Revenu d'Amérique pour présenter sa dernière découverte, un gigantesque Brontosaure surnommé « le Léviathan terrestre », et défendre la théorie Catastrophiste (les dinosaures ont disparu brusquement, suite à une… catastrophe), il découvre qu'un de ses collègues et adversaire, le professeur Rudwick, a été assassiné, et que lui-même est en danger.
Piégé malgré lui dans la lutte contre les opposants à Lord Byron et les marxistes new-yorkais venus convertir les ouvriers londoniens, il aide de son mieux le troisième protagoniste, Laurence Oliphant, alors que la Puanteur envahit Londres.

Laurence Oliphant, étrange individu, à la fois journaliste, diplomate et espion, au service de Sa Majesté mais perplexe et inquiet quant à la tournure prise par la société industrielle, intervient dans la seconde phase du roman, puis mène la troisième, cherchant à démêler le fin mot de l'histoire. Il est le personnage le plus mélancolique du livre, conscient d'être autant marionnette que marionnettiste, et ses actions sont les plus difficiles à suivre.

La toute dernière partie, composée de lettres, d'extraits de journaux ou de mémoires, bref, un assemblage de fragments, est assez intrigante et parachève la structure narrative en forme de puzzle. Je dois avouer que je n'ai pas compris la fin du roman, même après trois lectures. Mais c'est en partie ma faute : "La machine à différences" se lit d'une traite, ou du moins, de manière continue. Une lecture très discontinue n'est pas adaptée à la complexité de l'histoire, qui laisse beaucoup de zones d'ombre et qui opte parfois pour des ellipses et des prolepses assez déroutantes.
Il n'en reste pas moins que c'est un très bon roman, qui ne pourra que ravir les amatrices et amateurs du genre.
Lien : http://www.lalunemauve.fr/ec..
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Un thriller étourdissant dans le 1855 uchronique de l'industrialisme politique et de l'ordinateur mécanique triomphants à Londres.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/11/07/note-de-lecture-la-machine-a-differences-william-gibson-bruce-sterling/

C'est fort naturellement la récente lecture de l'excellent « Ada ou la beauté des nombres » de Catherine Dufour qui m'a donné envie de me replonger sans attendre dans « La machine à différences ». Publié en 1990 (et traduit en français en 1996 par Bernard Sigaud dans la collection Ailleurs & Demain de Robert Laffont), ce roman est le quatrième de William Gibson (deux ans après « Mona Lisa s'éclate », qui achevait la trilogie démarrée en 1984 avec « Neuromancien ») et le cinquième de Bruce Sterling (deux ans après son chef-d'oeuvre officieux, « Les mailles du réseau »).

Les deux compères, alors plus ou moins considérés comme les chefs de file de facto du mouvement littéraire et esthétique cyberpunk, se sont associés pour produire cette surprenante uchronie qui n'en est pas tout à fait une : le fameux point de divergence, le moment où l'histoire racontée s'écarte de notre Histoire connue, y est ténu, subtil – peut-être que Lord Byron, au lieu de devoir quitter l'Angleterre en 1816 sous le scandale sexuel, devint en effet le puissant orateur qu'il rêva d'abord d'être à la Chambre des Lords, que sa fille Ada put devenir au grand jour l'immense scientifique et créatrice de l'informatique qu'elle ne put en réalité être qu'en esquisse, et que Charles Babbage, au lieu de tourner lentement au savant bougon, incompris, irascible et désargenté, put effectivement mettre au point relativement tôt, dans un climat encore beaucoup plus dédié à la science et à l'industrialisation qu'il ne le fut « chez nous », sa « machine à différences », et lancer une informatique, même mécanographique, avec plus d'un siècle d'avance par rapport à ce que nous connaissons.

Fille d'un leader luddite, déchue et réduite à la prostitution, aventurier ex-prolétaire devenu explorateur avancé de kinotropie (le mélange d'époque des techniques cinématographiques et du maniement des cartes perforées), savant paléontologue à la carrière en voie d'accélération malgré l'inimitié durable de certain collègue, écrivain-voyageur aux connections politiques, policières et sécuritaires extrêmement haut placées, ingénieur audacieux spécialiste des vapomobiles les plus avancées, les personnages les plus importants de ce véritable thriller d'espionnage s'entrechoquent sur une toile de fond qui mêle habilement les influences de Charles Dickens (celles-là même dont China Miéville saura aussi se souvenir pour son somptueux « Perdido Street Station » en 2000) et celles d'Arthur Conan Doyle, tout en réécrivant collectivement et discrètement le « Sybil » (1845) de Benjamin Disraeli (qui apparaît, ici, bien avant sa fructueuse carrière politique, alors qu'il n'est encore « que » nouvelliste et échotier). Tout en consolidant les fondations du sous-genre littéraire qui sera par la suite appelé steampunk, William Gibson et Bruce Sterling savent à la fois s'amuser et nous amuser, tout en développant une intense réflexion sous-jacente sur les relations entre économie et société, entre politique et sécurité intérieure, entre domination technologique et hacking libertaire ou intéressé. Et c'est grâce à des oeuvres hybrides, frontalières et innovantes, telles que celle-ci, que la science-fiction littéraire peut se permettre de continuer à constituer l'un des genres les plus intéressants qui soient, encore et toujours.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Quand William Gibson et Bruce Sterling, deux géants du genre cyberpunk, décident de s'intéresser au steampunk, cela donne ce roman au principe étonnant : imaginez une Angleterre victorienne où Charles Babagge aurait réussi à construire sa fameuse machine à différences, l'ancêtre de nos ordinateurs, et aurait ainsi déclenché une révolution industrielle basée sur des ordinateurs mécaniques. Une ère de l'information aurait ainsi commencé un siècle plus tôt.

L'idée de départ est excellente et riche de promesses, mais le résultat m'a un peu laissé sur ma faim. le récit m'a semblé confus, difficile à suivre et à comprendre, et pas toujours passionnant. Je dois avouer que j'ai eu du mal à maintenir mon intérêt lors de certains longs passages, que ce soit par manque de rythme du récit ou d'attachement aux personnages.

Si je devais résumer ma pensée, je dirais que le cadre imaginé par William Gibson et Bruce Sterling m'a beaucoup plu, mais que l'histoire qu'ils y racontent ne m'a pas intéressé plus que cela. A vrai dire, je ne suis pas certain d'avoir compris où les deux auteurs voulaient en venir, et j'ai l'impression d'être passé à côté de ce roman.
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Le nom de William Gibson n'est certainement pas inconnu des amateurs de SF puisqu'il a écrit Neuromancien, pilier du sous genre Cyberpunk, oeuvre avant-gardiste complexe et obscur.
Largement plus facile d'accès que Neuromancien, ce roman est une uchronie. Un genre de roman d'aventure se déroulant dans une Angleterre du 19eme siècle qui n'a pas existé...
Par un jeu de légères entorses à l'histoire réelle, nous découvrons une Angleterre différente, dans un monde différent, un monde dans lequel l'Angleterre lutte pour garder sa suprématie grâce aux machines à différence, des ordinateurs mus par la vapeur... par le biais de Mallory, plongé malgré lui dans une intrigue d'espionnage entre la France et l'Angleterre, nous découvrons ce monde fantastique, ses courses automobiles, sa pollution, ses conflits sociaux...

Une lecture que je recommande, rafraichissante même si elle n'est pas forcément facile d'accès.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Oliphant savait avec une certitude professionnelle absolue que les Luddites étaient une espèce éteinte ; malgré tous les efforts de quelques délirants anarchistes, les émeutes londoniennes de l’été précédent n’avaient révélé aucun programme politique cohérent ni organisé. Toutes les aspirations raisonnables de la classe ouvrière avaient été reprises à leur compte par les Radicaux, avec succès. Byron, à ses heures les plus énergiques, avait tempéré la justice par des manifestations de clémence soigneusement orchestrées. Les meneurs luddites originaux qui avaient fait la paix avec les Radoques étaient à présent devenus les dirigeants aisés et distingués de syndicats et de corporations respectables. Certains étaient de riches industriels, bien que leur sérénité fût sévèrement perturbée par cette exhumation systématique de vieilles convictions dont Egremont s’était fait le spécialiste.
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Un gratte-papier à lunettes s’assit juste à côté de Sybil. Une lisière bleuie d’un pouce de large lui décorait le front qu’il avait rasé pour se donner le genre intellectuel. Il lisait le programme préparé par Mick en suçant un bonbon acidulé au citron. Plus loin dans la rangée, un trio d’officiers, des permissionnaires de la guerre de Crimée, l’air très content d’eux, étaient venus entendre parler d’une guerre à l’ancienne menée au Texas avec des moyens à l’ancienne. D’autres soldats étaient dispersés dans la foule, repérables à leur tunique écarlate – cette sorte d’engagés respectables qui ne cédaient pas à l’appel du gin et des entraîneuses mais acceptaient la solde de la Reine et apprenaient l’arithmétique nécessaire aux artilleurs pour revenir travailler dans les chemins de fer et les chantiers navals et améliorer leur condition.
La salle était à vrai dire pleine de ces gens qui ne songeaient qu’à mieux faire : boutiquiers, vendeurs de grands magasins, pharmaciens avec leurs épouses et leurs enfants tirés à quatre épingles. Au temps du père de Sybil, ces gens-là, les gens de Whitechapel, étaient coléreux, maigres et mal habillés, la matraque à la main et le coutelas à la ceinture. Mais les temps avaient changé avec les Radicaux et, à présent, même Whitechapel avait son contingent de femmes guindées au visage lavé de toute expression et d’hommes abrutis ; les yeux rivés à la pendule, qui lisaient le Dictionnaire des connaissances utiles et le Moniteur du progrès moral et ne songeaient qu’à leur avancement.
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— Et maintenant ? dit Mallory.
— Nous attendons que ça passe dans la Machine, dit le gamin.
— Combien de temps ?
— Ça prend toujours deux fois plus de temps qu'on croit, dit le gamin en se carrant dans son siège. Même quand on multiplie par deux le temps prévu. C'est comme une loi de la Nature.
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— Toute femme a besoin d'un homme pour lui tenir la bride haute, dit Fraser. C'est ainsi que Dieu a prévu les relations entre les hommes et les femmes.
Mallory lui lança un regard noir.
Ce que voyant, Fraser réfléchit à nouveau à la question.
— C'est l'adaptation prévue par l'Évolution pour l'espèce humaine, corrigea-t-il.
Mallory acquiesça lentement de la tête.
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La friction des pièces en rotation produit un échauffement , le cuivre se dilate et les dents des engrenages finissent par s'ébrécher .Un temps humide fige l'huile des rouages et, par temps sec ,une Machine en train de tourner peut même créer une petite charge électrostatique qui attire toute sorte de poussières!Les engrenages s'encrassent et se bloquent , les cartes perforées restent collées aux chargeurs...
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Vidéo de William Gibson
Extrait du livre audio « Mona Lisa disjoncte, trilogie de la cité tentaculaire, tome 3 » de William Gibson, traduit par Laurent Queyssi, lu par Nicolas Djermag. Parution numérique le 23 novembre 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/mona-lisa-disjoncte-9791035409906/
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