AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070393107
554 pages
Gallimard (02/06/1995)
3.56/5   88 notes
Résumé :
Récit d'un séjour en Afrique équatoriale française où l'émerveillement devant la nature sauvage se conjugue à l'indignation face au sort des colonisés. Un des premiers réquisitoires contre le colonialisme, bref, mais efficace et réaliste.
Que lire après Voyage au Congo (suivi de) Le retour du Tchad : Carnets de routeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 88 notes
5
0 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
2 avis

Je suis en colère contre la bêtise. Surtout celle qui se croit maligne, doublée de bons sentiments anachroniques. Je suis en colère contre Wikipédia, qui déplore que Gide au retour de son Voyage au Congo n'ait pas remis en cause le principe colonial.

C'est vrai, il aurait pu défiler Boulevard Raspail avec une affiche « A bas le colonialisme », vêtu d'un gilet jaune ou bien faire une grève de la faim jusqu'à ce que cela s'arrête. Marc Allégret son compagnon aurait fait un film, et l'aurait envoyé aux réseaux sociaux. Ils auraient fait bouger les choses, non ?

Revenons à la réalité de 1926. Gide est un écrivain, pas journaliste comme Albert Londres qui donnera son brûlot 2 ans plus tard. Ce n'est pas non plus un homme politique, il n'a aucune raison de s'engager. Il n'est ni anthropologue, ni explorateur, ni ethnologue, et lui même se caractérise comme « touriste ». Depuis quand les touristes ont ils un devoir moral de dénoncer ce qu'ils ont vu ?


Pourtant il dénonce.

Il dénonce ce qu'il voit: le régime des concessions forestières de caoutchouc, assises au Congo avec la complaisance de certains administrateurs.
Comment le fait il ?
Avec ses moyens, allers monotones de villages en villages, essais de comprendre quelque chose dans le fatras entre les traducteurs, les responsables africains véreux, l'appui de certains administrateurs.
C'est quoi le gain pour ceux là? Il s'agit tout simplement de gruger les indigènes, après les avoir recrutés de force, sur les contrats (pourvu qu'ils ne sachent pas lire, et Gide dit : pourvu qu'ils sachent lire ) et puis de les voler sur le pesage, sur la paye, sur le ravitaillement en manioc, sur les récoltes, que l'administration parfois rend impossible pour des raisons politiques. le recensement datant de quelques années, les « indigènes » doivent en plus payer l'impôt pour leurs morts et leurs exilés.
Exilés, alors que le mot exact serait parqués de force laissant derrière eux leurs plantations et leurs cases. L'administration y a mis feu, c'est plus simple.
Et puis il y a ceux qui « savent » leur conseillant de ne pas payer les porteurs, ils mangeront bien, n'est ce pas, sans parler bien entendu des médicaments et des soins divers minimaux que Marc-le- jeune dispense, jugé un luxe inutile .

Alors Gide s'insurge, on ne lui fait pas croire qu'un parc d'enfants dénutris …. serait un simple erreur de parcours, d'autant que le traducteur qui aurait pu expliquer le pourquoi de ce camp sauvage… est rapté par des gradés officiels.

Le « Voyage au Congo » n'est pas du tout un livre d'ethnographe, ni même de voyageur comme proclamé sur la 4 · de couverture. Gide a simplement écrit son journal, où il parle plus de la pluie et du beau temps, des touffes d'arbres, des rivières où il se baigne, des papillons qu'il chasse, des antédiluviens crocodiles, que des danses dont il avoue ne rien comprendre, que des coutumes qu'il ne comprend pas plus. Son parcours d'un an à travers le Congo est bien celui d'un touriste, le récit est monotone, parfois lyrique, parsemé de locutions désuètes ( les trafiqueurs, nous faisons comparoir, il s'est fait poivrer, on se blouse), et dans l'ensemble presque sans intérêt, sauf dans les notes en plus petit caractère :

Gide y dénonce entre autres la construction du chemin de fer Brazzaville-Océan « effroyable consommateur de vies humaines » occasionnant le travail forcé, la dénutrition et les maladies. Il veut rétablir une certaine justice, dans un continent où elle ne règne pas, et s'évertue à essayer de se montrer équitable, il s'enthousiasme parfois, et toujours il rétablit la vérité : non, les noirs ne sont pas fourbes, fainéants, voleurs ou menteurs …..

A son retour, il ne se taira pas et mettra en cause les exploitations forestières, et les administrateurs qui couvrent leurs méfaits. Il enverra son livre à Léon Blum, qui le publiera dans « le populaire ». L'Assemblée nationale française en sera ébranlée.
Commenter  J’apprécie          6142
André Gide rêvait de connaître l'Afrique ; il réussit à se faire missionner sous un vague prétexte par le ministère des Colonies, et le voilà parti, avec force vivres, médicaments, livres, sans oublier Marc Allégret comme secrétaire particulier. Et le bougre, quoique plus vraiment de première jeunesse, se tient bien : malgré la fièvre, les longues marches, les sentines traitresses et le transport d'un hippopotame (occis), Gide avance et manie la litote comme jamais.
« Imagine-t-on bien ce que peut être la vie dans une baleinière, parmi les tonnelets, cantines, sacs, affaires de toilette, fusils, réchauds, vivres, etc…, la mienne habitée, durant le jour, par treize hommes (moi compris) dont quatre malades. Si parfois quelque objet tombe et glisse entre les lattes du plancher mobile, on hésite à le rechercher dans le jus fétide qui clapote au fond […]. Oui, si parfaite que puissent être la méditation et la lecture dans une baleinière, je serai content de quitter celle-ci. Tout allait bien jusqu'à l'hippopotame ; mais depuis que les pagayeurs ont suspendu tout autour de nous ses festons puants, on n'ose plus respirer qu'à peine. »
Contrairement à ce que ces lignes pourraient laisser penser, Gide a des conditions de voyage plutôt privilégiées et n'est pas insensible au sort de ses porteurs harassés. Parti pour le plaisir, il se découvre en chemin intronisé lanceur d'alerte (selon les standards de l'époque, on disait plutôt « intellectuel de gauche ») et il dénoncera l'attitude odieuse, voire sadique, de certains colonisateurs.
Sans le scandale qui s'en suivit, lirait-on encore ces carnets de voyage ? Ils ont certes bien du charme. Gide est un prosateur hors-pair et j'ai plus d'une fois été surprise par l'extraordinaire acuité de son regard et sa capacité à formuler précisément ce à quoi il assiste. Nous voyons ce qu'il nous décrit tant le mot est juste au point que nous ne pouvons imaginer que le spectacle pût être exprimé autrement.
Et puis il y a le couple qu'il forme avec Dindiki, le paresseux qu'on lui a offert et qui se cramponne amoureusement à lui nuit et jour. Pour lui, Gide se transforme en mère juive, aimante et castratrice.
Mais peut-être ces carnets seraient-ils de toute façon rentrés dans l'histoire comme témoins d'une époque et de son idéologie. Dans sa description d'un village, Gide va des cases aux femmes, reléguées en bout d'énumération : « Dans la cour, d'assez curieuses échelles […]. Accumulation d'objets ménagers, poussière, désordre. Quantité prodigieuse de lézards (margouillats) de toutes tailles. Certaines femmes aux formes pleines, très Maillol. »
Encore n'est-ce là que péché véniel. le pire étant dans l'autosatisfaction répétée d'un écrivain persuadé de son humanité lorsqu'il apprivoise les Noirs qu'il rencontre d'un sourire et se rengorge de la reconnaissance que ces « braves gens » lui vouent. On a beau le savoir, on a beau s'y attendre, ce motif répété du bon nègre passe difficilement.
D'autant plus que la 4° de couverture insiste sur la stature de l'écrivain dénonçant l'injustice. En fait, j'en veux moins à Gide qui n'était jamais qu'un homme de son temps, qu'aux éditeurs pas foutus de rappeler les faits, à savoir l'insupportable sentiment de supériorité du Blanc (et qui a dû en plus se taper du jeune indigène). Ça m'a rappelé mes profs de fac qui m'ont envoyé voir ce chef-d'oeuvre du 7° art qu'est « Naissance d'une nation » de Griffith en oubliant de préciser qu'il s'agissait rien de moins qu'une défense et illustration du Ku-Klux-Klan.
Merci donc de ne pas faire comme si l'éléphant au milieu de la pièce n'existait pas, quand bien même il s'apparente, comme ici, à un hippopotame.
Commenter  J’apprécie          365
Ce qu'il y a d'enrichissant à lire ce "Voyage au Congo" d'André Gide aujourd'hui, est la découverte de l'esprit d'une époque, des mentalités d'une société pré-lévistraussienne. On tombe des nues quand l'honorable auteur écrit: "Il semble que les cerveaux de ces gens [les Africains] soient incapables d'établir un rapport de cause à effet", ou encore "je ne les crois pourtant capables, que d'un très petit développement, le cerveau gourd et stagnant le plus souvent dans une nuit épaisse". André Gide ne cesse de faire référence à un livre: "La Mentalité Primitive" de Lévy-Bruhl, qui paraît faire autorité à l'époque et explique ce racisme décomplexé. Cela rappelle aussi "Tintin au Congo", ou le gentil petit blanc vient ouvrir les esprits d'un continent composé d'arriérés et de sauvages braves et simples.
Pourtant, on sent le profond sentiment humaniste d'André Gide. Il ne cesse de s'indigner devant les comportements odieux et les violences des colonisateurs à l'encontre des Africains. Mais l'indignation du futur prix Nobel est biaisée par sa propre conviction en un esprit civilisateur. A aucun moment il ne remet en cause le système colonial. Sa dénonciation se borne à critiquer l'exploitation esclavagiste des grandes concessions forestières. On est loin du livre reportage d'Albert Londres, "Terre d'ébène", où l'administration française était montrée comme la première responsable des violences sur les Africains.
André Gide aimait certainement les Africains, oui..., mais comme des hommes de main dévoués et chaleureux, à la manière d'un châtelain regardant de haut "son" bon peuple chanter ses louanges à l'occasion d'une fête de village qu'il a contribué à financer.
Commenter  J’apprécie          210
Le voyage au Congo suivi du Retour du Tchad - sous-titrés carnets de route - constituent la relation du voyage que firent André Gide et son compagnon Marc Allégret, en Afrique Equatoriale Française, de juillet 1926 à mai 1927.
Gide se fait le témoin objectif de la vie des populations autochtones sous le régime colonial; il constate le pouvoir exorbitant qu'y exerce une compagnie d'exploitation forestière. Non content de piller les ressources naturelles, on gruge les indigènes sur la paye, le ravitaillement, le pesage des récoltes. A cette main d'oeuvre corvéable à merci, réquisitionnable et exploitable ad libitum, on refuse les soins minimums, la nourriture indispensable; on favorise ainsi la propagation de la maladie du sommeil chez une population déjà durement éprouvée par les conditions d'existences particulières sous ces latitudes et leur kyrielle de maladies tropicales : éléphantiasis, pian.... On est encore plus horrifié par les exactions perpétrées sur les individus récalcitrants, par les séides de la compagnie, sous le regard indifférent des autorités dépassées. Gide est ainsi le porte parole d'une population qui n'a pas voix au chapitre, sacrifiée sur l'autel du “progrès” et de la “civilisation”. Mais l'oeuvre manquerait d'actualité et d'intérêt si elle n'était qu'un brûlot contre le colonialisme. Mais c'est avant tout un journal; Gide y fait oeuvre d'antropologue en décrivant la vie des tribus qu'il rencontre: il s'émerveille de la propreté des massa, du côté industrieux et net de leur existence; il s'enthousiasme de l'aptitude au chant des saras et s'étonne de la mutilation que subissent avec leur propres consentement les femmes à plateau. Chez les populations des villages non encore atteintes par l'esprit des villes il rencontre toujours gentillesse, simplicité, confiance, enthousiasme et parfois même affection. Passionnantes sont ses descriptions d'anthomologiste amateur, notamment concernant la remarquable mouche maçonne. On est pris d'affection pour Didinki, le paresseux affectueux et gourmand, on s'amuse de la narration homérique du dépeçage d'un hippopotame. Et puis, sous le voyageur curieux affleure toujours le grand écrivain qui, lorsque Marc Allégret piste le gibier ou par à la chasse aux images, s'adonne à la lecture de Milton, de Goethe, de Corneille, de Racine, de la Fontaine ou de Conrad et nous fait partager ses impressions avec perspicacité. Le tout est servi par une langue d'une belle limpidité, d'une clarté rehaussée par quelques vocables précieux et surannés qui ne nuisent nullement au plaisir de la lecture.
Commenter  J’apprécie          100
GROS BRRK !
En mettant de l'ordre dans affaires et souvenirs, je suis tombé sur ce livre que je n'avais jamais ouvert, une vieille et jaune edition, acquise parce que le Sieur était passé où je suis né. Curieux ces coincidences : voyage l'année de naissance de mes parents; trajet un peu le leur, on appelait tout cela le Congo, avant que cela ne soit Congo-Brazza, Oubangui-Chari, Tchad du nom du lac qui n'est plus, l'AEF; son décès l'année de ma venue au monde.

J'avoue que le bouquin m'est tombé plusieurs fois des mains. Tout plein de raisons.
* Son style, Bof, Yann Moix vient d'en faire un panégyrique dans Match. Je ne comprends pas. Faut dire de la part d'un compliqué capable de pondre annuellement 1000 pages qui n'intéressent personne, mais bon.

* J'appris que les dernières éditions comporteraient planches et photos. Moteur de recherche. Et pile sur notre Gide avec son boy-friend, Marc Allegret, le bel oncle de celle que l'on connait, assis à table dans mon village. J'ai voulu voir à quoi ressemblait mon village en ces temps la. Et pile, le Ministère de la culture a mis en ligne toutes les photos et négatifs de notre Allegret, de ce voyage avec son Gide.

Quelle consternation ! Pas grand chose des villages, des paysages, du contexte, de la culture des pays traversés, presque que des impubères et pubères, des jeunes filles. Sans doute celles des jeunes hommes furent gardées par mains expertes, plus personne n'ignorant les pédophiles revendiqués de Gide a Matzneff.
Que le Ministère de la culture mette en ligne, sans que cela apporte iconographiquement et culturellement quelque chose, des photos de qualités techniques et esthétiques douteuses, sans avertissement ni explications, cela me renverse.

* Et le débat qu'initialisa ce livre. L'état d'ignorance(s) de 1926 me fait penser à celui des wokes d'aujourd'hui. Claro en AEF, qu'il y eut des horreurs et des erreurs impardonnables, en commençant par les conditions de la construction, dès 1921, du Pointe-Noire/Brazzaville. S'ils ont pu arriver au lac Tchad sans encombre c'est parce que tout le pays avait été depuis peu pacifié des sultans sanguinaires et esclavagistes et la traite arabe éliminée. Je recommande si l'on peut le trouver le livre du Père Soulier ou tout simplement les articles de Wiki sur Ndele, Rabah, Bornou… J'ai personnellement vu des sites et anciens villages razziés et rasés encore visibles presque cent ans après.

* Et le colonialisme dont s'offusque notre Saint Gide. Les photos de Saint Allegret, les montre par chaise à porteur, des dizaines de cantines, des porteurs en pagaille, qu'il était doux de voyager en ces temps-là en se plaignant des moustiques et en se tapant le petit personnel.

Donc pour conclure. Oui me direz vous, pourquoi tout cela. Et bien pour rester à l'écart de ce Prix Nobel, même s'il fit la NRF et la fortune de Gallimard. du galimatia cette prose la.

Ce n'est pas ce qui manque pour lire mieux.
BRRK !


Commenter  J’apprécie          70


critiques presse (1)
RadioFranceInternationale
20 juillet 2022
Lorsqu’il est paru en 1927, ce carnet de route, véritable critique du colonialisme et de la violence, a fait grand bruit et suscité un vif émoi dans toute la classe politique.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Il ne me suffit pas de me dire, comme l'on fait souvent, que les indigènes étaient plus malheureux encore avant l'occupation des Français. Nous avons assumé des responsabilités envers eux auxquelles nous n'avons pas le droit de nous soustraire. Désormais, une immense plainte m'habite; je sais des choses dont je ne puis pas prendre mon parti. Quel démon m'a poussé en Afrique? Qu'allais-je donc chercher dans ce pays? J'étais tranquille. A présent je sais; je dois parler.
Mais comment se faire écouter? Jusqu'à présent, j'ai toujours parlé sans aucun souci qu'on m'entende; toujours écrit pour ceux de demain, avec le seul désir de durer. J'envie ces journalistes dont la voix porte aussitôt, quitte à s'éteindre sitôt ensuite. Circulais-je jusqu'à présent entre des panneaux de mensonges? Je veux passer dans la coulisse, de l'autre côté du décor, connaître enfin ce qui se cache, cela fût-il affreux. C'est cet «affreux» que je soupçonne, que je veux voir.
Journée tout occupée à la rédaction de ma lettre.
Commenter  J’apprécie          70
Quels braves gens ! Comme on les conquerrait vite !et quel art diabolique, quelle persévérance dans l’incompréhension , quelle politique de haine et de mauvais vouloir il a fallu pour obtenir de quoi justifier les brutalités, les exactions et les sévices !
Conrad parle admirablement dans son « cœur des Ténèbres » de « l’extraordinaire effort d’imagination qu’il nous a fallu pour voir dans ces gens-là des ennemis ».
Commenter  J’apprécie          160
Le docteur Cacavelli nous fait visiter son dispensaire-hôpital. Les malades viennent de villages parfois lointains se faire opérer de l'éléphantiasis des parties génitales, très fréquent dans ces régions. Il nous présente quelques cas monstrueux qu'il se dispose à opérer ; et l'on reste saisi de stupeur, sans comprendre aussitôt ce que peut bien être ce sac énorme, que l'indigène trimballe sous lui... Comme nous nous étonnons, le docteur nous dit que les éléphantiasis que nous voyons ici ne pèsent sans doute pas plus de 30 ou 40 kg. Les masses de tissu conjonctif hypertrophié, dont il débarrasse les patients, atteignent parfois 70 kg, s'il faut l'en croire. Il aurait même opéré un cas de 82 kg. "Et, ajoute-t-il, ces gens trouvent encore le moyen de faire, à pied, quinze à vingt kilomètres pour venir se faire soigner."
Commenter  J’apprécie          41
Bangui, 27 octobre
On attacha douze hommes à des arbres, tandis que le chef du village, un nommé Cobelé, prenait la fuite. Le sergent Yemba et le garde Bonjo tirèrent sur les douze hommes ligotés et les tuèrent. Il y eut ensuite gtrand massacre de femmes, que Yemba frappait avec une machette. Puis, s’étant emparé de cinq enfants en bas âge, il enferma ceux-ci dans une case à laquelle il fit mettre le feu. Il y eut en tout, nous dit Samba N’Goto, trente-deux victimes.

28 octobre
Nous avions le coeur si serré par la déposition de Samba N’Goto et par les récits de Garron, qu’à la rencontre que nous fîmes d’un groupe de femmes en train de travailler à la réfection de la route, nous ne pouvions même plus leur sourire. Ce pauvre bétail ruisselait sous l’averse. Nombre d’entre elles allaitaient tout en travaillant. Tous les vingt mètres environ, aux côtés de la route, un vaste trou, profond de trois mètres le plus souvent ; c’est de là que *sans outils appropriés*, ces misérables travailleuses avaient extrait la terre sablonneuse pour les remblais. Il était arrivé plus d’une fois que le sol sans consistance s’effondrât, ensevelissant les femmes et les enfants qui travaillaient au fond du trou. Ceci nous fut redit par plusieurs. *
* À noter que cette route , qui fut particulièrement difficile à établir (en raison de la nature du sol) et meurtrière, ne sert exclusivement qu’à l’auto qui mène une fois par mois, au marché de Bambio, M. M. représentant de la Forestière, accompagné de l’administrateur Pacha.
Commenter  J’apprécie          10
Depuis qu’ils sont en brousse avec nous, nos boys ont de la viande tous les jours. Outhman déclare : « Nous heureux quand nous manger bien, parce que, quand manger bien, pas penser. » Et comme nous lui demandons : « penser à quoi ? » il se défile et parle de son camarade. « Adoum, quand pas manger bien, lui penser à Abécher, penser à sa mère. Plus penser du tout quand bien manger. »
Courrier de France ; mais pas de lettres.
Je relève dans Le Rire, cette légende admirable d’une caricature médiocre :
« Voyons, mon garçon, je vous l’ai déjà dit : si vous ne buviez pas, vous pourriez être caporal.
– C’est vrai, mon capitaine ; mais c’est que, quand j’ai bu, je me crois colonel. »
Commenter  J’apprécie          30

Videos de André Gide (47) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Gide
CHAPITRES : 0:00 - Titre
M : 0:06 - MÉCHANCETÉ - Henry Becque 0:16 - MÉDECINE - Jean de Villemessant 0:28 - MÉDISANCE - Gabriel Hanotaux 0:39 - MÉNAGE - Claude Roy 0:51 - MODESTIE - Laurent de la Beaumelle 1:01 - MONDE - Comte de Oxenstiern 1:11 - MOQUERIE - Léon Brunschvicg 1:21 - MORT - Alphonse Rabbe 1:31 - MOT - Michel Balfour
N : 1:42 - NAISSANCE ET MORT - Alexandre Dumas 1:55 - NÉANT - Villiers de L'Isle-Adam
O : 2:07 - OISIVETÉ - Noctuel 2:21 - OPINION DES FEMMES - Suzanne Necker 2:41 - OPTIMISME - André Siegfried
P : 2:52 - PARAÎTRE - André Gide 3:02 - PARLER - Maurice Donnay 3:14 - PARLER SANS BUT - Oscar Comettant 3:26 - PAROLE - Pierre Dac 3:38 - PASSION - Comte de Saint-Simon 3:49 - PÈRE - Francis de Croisset 4:00 - PERFECTION DE LA FEMME - Alfred Daniel-Brunet 4:12 - PESSIMISME - Ernest Legouvé 4:24 - PEUPLE - Gustave le Bon 4:35 - PHILOSOPHIE - Georges Delaforest 4:49 - PLEURER - Malcolm de Chazal 4:57 - POSE - Jean Commerson
R : 5:16 - RAISON - Albert Samain 5:28 - RÉCEPTION - Fernand Vandérem 5:45 - RÉFLÉCHIR - Julien Benda
5:56 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Henry Becque : https://libretheatre.fr/wp-content/uploads/2017/02/Becque_Atelier_Nadar_btv1b53123929d.jpg Jean de Villemessant : https://www.abebooks.fr/photographies/Disdéri-Hippolyte-Villemessant-journaliste-patron-Figaro/30636144148/bd#&gid=1&pid=1 Gabriel Hanotaux : https://books.openedition.org/cths/1178 Claude Roy : https://www.gettyimages.ca/detail/news-photo/french-journalist-and-writer-claude-roy-in-1949-news-photo/121508521?language=fr Laurent Angliviel de la Beaumelle : https://snl.no/Laurent_Angliviel_de_La_Beaumelle Léon Brunschvicg : https://www.imec-archives.com/archives/collection/AU/FR_145875401_P117BRN Alexandre Dumas : https://de.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Dumas_der_Ältere#/media/Datei:Nadar_-_Alexander_Dumas_père_(1802-1870)_-_Google_Art_Project_2.jpg Villiers de L'Isle-Adam : https://lesmemorables.fr/wp-content/uploads/2020/01/2-Villiers-jeune.jpg Noctuel : https://prixnathankatz.com/2018/12/08/2008-benjamin-subac-dit-noctuel/ Suzanne Necker : https://www.artcurial.com/en/lot-etienne-aubry-versailles-1745-1781-portrait-de-suzanne-necker-nee-curchod-1737-1794-huile-sur#popin-active André Siegfried : https://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/02/09/31001-20160209ARTFIG00272-andre-siegfried-figure-tutelaire-de-la-geographie-electorale-contemporaine.php André Gide : https://www.ledevoir.com/lire/361780/gide-et-le-moi-ferment-du-monde Maurice Donnay : https://www.agefotostock.com/age/en/details-photo/portrait-of-charles-maurice-donnay-1859-1945-french-playwright-drawing-by-louis-remy-sabattier-from-l-illustration-no-3382-december-21-1907/DAE-BA056553 Oscar Comettant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Oscar_Comettant#/media/Fichier:Oscar_Comettant-1900.jpg Pierre Dac : https://www.humanite.fr/politique/pierre-dac/presidentielle-1965-pierre-dac-une-candidature-moelle-732525 Saint-Simon : https://www.britannica.com/biography/Henri-de-Saint-Simon Francis Wiener de
+ Lire la suite
>Géographie générale>Géographie de l'Afrique>Zanzibar (ex-) (Géographie) (14)
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (279) Voir plus



Quiz Voir plus

André Gide

Né en ...

1869
1889
1909
1929

10 questions
107 lecteurs ont répondu
Thème : André GideCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..