AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,4

sur 3218 notes
Ami lecteur/trice, si tu cherches un roman dégoulinant d'amour, de bons sentiments, de guimauve, de joie et de bonheur, rempli de Bisounours, de preux chevaliers, de jolies princesses et tout et tout, et bien, je n'ai qu'un mot à te dire "Casse-toi de ce livre, pauv'lecteur !"©.

Pour les autres, bienvenue à CARCÉRAL LAND, le pays d'où on ne s'évade qu'avec des rails de coke... le pays de la violence gratuite, l'univers impitoyable des matonnes et de des prisonnières, une jungle où il faut écraser les autres pour ne pas se faire écraser soi-même.

Ici, une seule loi, celle de la plus forte. Ici, l'omerta règne en maître. Ici les coups pleuvent, la brutalité se promène dans les couloirs et peut vous tomber à tout moment, de manière arbitraire ou pour délit de "ta tête qui ne me reviens pas".

A Carcéral Land, la devise pourrait être celle qui était gravée sur le fronton des Enfers, dans "La divine comédie" : Lasciate ogne speranza, voi ch'entrate - Vous qui entrez, abandonnez toute espérance.

Ami lecteur, vous qui entrez dans ce roman noir, attendez-vous à prendre des coups sans possibilité de les rendre, attendez-vous à vous faire remuer les tripes, à les sentir se nouer, à avoir envie de hurler, à avoir vos yeux qui picotent plusieurs fois, à avoir envie de flinguer un tas de gens et à penser jouer le remake de "La grande évasion" pour Marianne.

Ami lecteur, je vous conseille de respirer un grand coup avant d'entamer votre lecture parce que la plongée sera rude et la remontée laissera des séquelles.

Ici, c'est du noir de chez noir ! du chocolat à teneur cacao de 90% (© jeranjou). Noirceur, ténèbres, mais de temps en temps, un rayon de soleil viendra vous éclairer... et vos yeux en pleureront. de joie ou de douleur.

Attendez-vous aussi à avoir, durant votre lecture, un autre avis sur les maisons d'arrêt ! Je vous explique...

Dans la première partie, nous sommes dans une maison d'arrêt, en compagnie de Marianne. Elle a vingt ans et elle a pris perpète pour plusieurs meurtres.

"Bien fait pour sa gueule !" criera la société bien pensante, vous et moi avec. Pourtant, ce n'est pas en enfermant un fauve qu'on va réussir à le calmer... La prison ne rend personne meilleur. du moins, les exceptions sont rares.

Pour le restant de ses jours, Marianne n'aura pour seul horizon que les barreaux de sa cellule. "Bien fait pour sa gueule, l'avait qu'à pas tuer !" criera la société bien pensante, vous et moi avec.

C'est une meurtrière, elle est indomptable, incontrôlable, violente... Daniel Bachman, le gradé et seul homme de cette maison d'arrêt féminine le sait, lui qui l'a souvent collée au mitard après l'avoir rouée de coups.

"Bien fait pour sa gueule, faut les mâter, ces délinquantes !" criera la société bien pensante, vous et moi avec.

Pourtant, Justine, une des matonne, sait que Marianne n'est pas si mauvaise que ça et que si on la traite correctement, elle ne vous mordra pas. de plus, brutaliser quelqu'un, ça n'a jamais fait revenir les morts...

Le roman vous plonge dans cet univers carcéral plus que dur, plus que noir, plus que violent, où tous les coups bas sont permis (j'me répète, si jamais certains n'avaient pas bien compris) et durant toute ma lecture, j'ai souffert avec Marianne, cette adolescente qui, malgré ses crimes, est attachante. J'ai aimé son caractère frondeur, fier et borderline.

Fière, mais étant accro aux cigarettes et à l'héroïne, sans un sou en poche, pour obtenir ses deux vices, elle n'aura pas d'autre choix que de s'agenouiller devant le maton Daniel pour fumer son cigare personnel en échange.

En isolement - à cause de son caractère violent qui a causé la mort d'une surveillante dans la prison précédente -, sans visite, sans amour, méprisée, incomprise, battue et humiliée par une matonne surnommée "La Marquise" (en référence à Sade, c'est vous dire le degré de sadisme), obligée de se prostituer pour obtenir des cigarettes, Marianne a déjà entamé sa descente aux enfers depuis des lustres. On descendra avec elle.

Heureusement qu'elle a pratiqué les arts martiaux, cela peut vous aider en prison, parce que des coups, elle en donnera, mais elle en recevra plus que son compte. Certains matons abusent un peu trop de leur statut et de leur force. Il est facile de tabasser une personne qui ne peut se défendre car blessée ou entravée par des menottes.

Durant ma lecture, j'ai pensé à ce qui s'était passé dans des camps, quand les surveillants abusent de leur supériorité sur les détenus et en profitent pour les brutaliser, les avilir, les considérant comme moins que de la merde. le contexte n'est pas le même, mais le résultat final l'est : le fait de traiter des humains pire que des bêtes.

Vous me direz que les prisonniers des camps étaient innocents, alors que ceux dans les maisons d'arrêt, non. Que les surveillants dans camps étaient des sadiques et que les matons des prisons ne font que leur boulot.

Et moi je vous dirai "Qu'en savez-vous de qui est innocent et de qui ne l'est pas ?". Je n'ai pas précisé de quels "camps" je parlais... Imaginez que les soldats du pays envahisseur X se retrouvent dans un camps de prisonnier du pays envahi Y...

Les prisonniers du camp ne sont pas si innocents que cela puisque c'est l'envahisseur. Les autres ont-ils le droit de les battre comme des plâtres et de se comporter comme le fit l'envahisseur ? Non. Sinon, ils se descendront à leur niveau et moi, je refuse de me mettre à ce niveau.

C'est ce que j'ai compris en lisant le livre. Marianne a mis un peu plus de temps à le comprendre, elle qui reproduira le comportement de ceux qu'elle méprise sur une pauvre prisonnière qui arrivera dans sa cellule.

Pourtant, Marianne n'a pas toujours été le monstre que la société bien pensante dit. Orpheline élevée par ses grands-parents avares d'amour, elle n'a jamais rêvé que d'intégrer l'équipe nationale de karaté, rêvé de liberté et de voyages en train. C'est tout ce qu'elle voulait, c'est tout ce qu'on lui a refusé.

Bien qu'elle assume ses crimes, elle les considère comme des accidents ou des dérapages. Et c'est à cause de "La Marquise" que Marianne franchira une fois de plus la ligne rouge. Un accident, un malheureux accident qui ne serait jamais arrivé si La Marquise avait fait son boulot au lieu d'aller provoquer Marianne.

La vengeance des matons est terrible quand on s'en prend à l'un des leurs. Marianne en avait déjà fait les frais avant. Pourtant, si les deux surveillantes amochées avaient fait leur travail au lieu de lui chercher des poux, rien de tout cela ne serait arrivé.

Ce que j'ai apprécié, c'est que l'auteur nous présente Marianne tantôt en monstre, tantôt en victime. Pas de dichotomie "elles sont méchantes, les prisonnières, elles sont gentilles, les matonnes".

Les salauds sont des deux côtés de la barrière, et chacun alterne avec son côté sombre de la Force. Et je peux vous assurer que des salauds, il y en aura à l'extérieur, en totale liberté ! Bien pire que les détenues. En col blanc, eux.

Marianne, elle est victime de ses failles, de sa soif d'amour, de ce corps qui sait trop bien se battre, de son trop plein de frustration.

Incapable de ne pas provoquer l'autre, elle sait que son plus grand ennemi n'est autre qu'elle-même. Malgré sa colère et sa haine, elle doit apprendre à se maîtriser, à contrôler ses pulsions meurtrières et vengeresses. Elle est capable d'aimer et d'avoir de l'amitié aussi.

J'ai aimé son histoire avec Daniel, le surveillant qui, de tortionnaire, va devenir le défenseur de cette enfant sauvage.

Le seul qui a réussi à la dompter, à canaliser ses peurs, ses provocations. le rayon de soleil de toute cette noirceur.

Ici, ami lecteur, de l'amour tu trouveras quand même, mais pas à la sauce Harlequin... Ce que tu obtiens, tu le paieras au prix fort et on t'en fera baver. N'oublie pas que tu en Enfer et que tes espérances ont fichu le camp.

Dans la seconde partie, on offrira à Marianne le moyen de racheter ses crimes... La descente aux enfers sera encore pire dans cette partie là et mon coeur s'est serré de nombreuses fois, ouvrant les vannes des yeux. Après le soleil, c'est la pluie...

Marianne va souffrir et elle comprendra peu à peu qu'elle est seule responsable de ses actes, qu'elle seule est à l'origine de ce qui lui arrive.

Un livre qui ne m'a pas laissée indifférente, qui m'a fait réfléchir, pleurer, qui m'a serré les entrailles, me laissant le souffle coupé, le mot "non" bloqué plusieurs fois au fond de ma gorge.

Un livre coup de poing.

Ici, tout n'est que béton...

Pourtant, là-bas, dans un coin, le béton s'est fendu, laissant apparaître de la terre. Terre prête à accueillir une graine qui donnera peut-être une fleur ou mieux, un arbre !

J'ai terminé cette lecture anéantie, les yeux picotant étrangement, mes tripes nouées, retournées.

Après une telle lecture, j'ai ouvert un vieux Picsou Magazine. Bizarrement, j'ai trouvé qu'Oncle Picsou était perfide, les Rapetou sordides, que Daisy était cynique, et que Donald était un canard violent...

Non, après un tel roman, on s'arrête de lire durant quelques jours...

Bienvenue à Carcéral Land, le pays d'où on ne s'évade jamais tout à fait.

Et comme le chantait Renaud dans sa "Balade Nord Irlandaise" :

Je voulais planter un oranger
Là où la chanson n'en verra jamais
Il a fleuri et il a donné
Les fruits sucrés de la liberté

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
Commenter  J’apprécie          21128
Dommage que l'on ne puisse pas accorder plus de cinq étoiles :impossible de rester indifférente face à une telle intensité dramatique : rien lu de si perturbant depuis Millenium. D'ailleurs, sans même jeter un oeil sur la quatrième de couverture, l'héroïne évoque immédiatement Lisbeth Salander, par sa jeunesse, sa violence, son intelligence et sa volonté féroce d'aller au bout de son chemin. Même maîtrise des arts martiaux, et même enfance pourrie, même manque d'amour.

Toute la première partie se déroule en prison, où Marianne, vingt ans, survit depuis trois ans. L'univers carcéral dans toute son horreur : la violence règne en maître, qu'elle vienne des co-détenus ou des matons. le feu couve sous les braises et il suffit d'un geste, d'un regard ou d'un mot pour faire naître l'incendie. Il existe bien quelques escales de répit sur ce sombre voyage, une matonne bienveillante, et peut-être l'amour, mais ces ancrages sont bien fragiles.

Ne nous leurrons pas, Marianne n'est pas un enfant de choeur : elle a un tableau de chasse exceptionnel pour une jeune fille de son âge : les meurtres commis ne lui permettent pas d'espérer une libération prochaine : et c'est un double tranchant puisqu'elle n'a plus rien à perdre. Jusqu'au jour où, à son grand étonnement, n'ayant plus aucun lien avec l'extérieur, une visite au parloir lui laisse entrevoir une possibilité de retrouver la liberté. A quel prix?…….

Personnages bien incarnés, dialogues mis en forme à la perfection, suspens et action intenses, de quoi hésiter en permanence : tourner toujours plus de pages connaître la suite ou faire une pause pour apaiser l'angoisse que suscite le récit du cataclysme qui poursuit la jeune fille.

Les mille pages se dévorent à toute vitesse, et le silence après la dernière phrase, c'est encore du Karine Giébel : pas facile de choisir une nouvelle lecture après cela.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          1499
OUI...mais non...

Départ tonitruant , course éprouvante qui passe du sprint de folie au marathon bien trop « pépère » , fin poussive à l'image d'un cycliste en manque de régime estampillé Lance Armstrong . Rien que du naturel , 70 km / h , le cul vissé sur la selle , dans le Tourmalet , ça étonne personne ?
Pourtant , je restais sur deux énormes baffes , joue droite joue gauche , pas de jalouse . Les morsures de l'ombre et Juste une ombre étaient presque parfaits . le bouquin se serait appelé Meurtres à l'ombre , ça aurait peut-être joué en sa faveur ?

Marianne , 20 balais et consignée au placard à vie , logique .
La petite passion qui l'a perdue , le meurtre , à plusieurs reprises .
Son avenir , la tôle , longtemps , très longtemps .
Ajoutez-y la cruauté régulière de geôliers en mal d'autorité , saupoudrez d'un bon zeste de règlements de compte entre codétenues voulant asseoir leur suprématie et vous obtenez le triste quotidien de cette dangereuse détenue à fleur de peau qui vient de prendre perpet' .
Marianne , présente dans toutes les mairies , désincarne totalement les valeurs républicaines : liberté / délicat au mitard , égalité / douloureux traitement de faveur particulier , fraternité / cible officielle de la majorité des matons et taulards de ce joyeux bouge . Sinon tout va bien .
Mais c'était sans compter sur un twist improbable et une bouleversifiante histoire d'amour sponsorisée par la ville de Cholet . Et là Karine , c'est la cacatastrophe...

Clairement deux sentiments contradictoires au sortir de ce pavé . Engouement puis lassitude .
Totalement pris par la séquence détention et le déferlement de haine suscité par cette petite qui rendra courageusement coup pour coup . Beaucoup plus réticent quant au second volet dont je tairai l'intrigue capillotractée . Et que dire de cette bluette qui , au départ , prenait tout son sens pour finalement , à force de redite , me ramener aux feux de l'amour que je ne regarde jamais . Que ce soit bien clair entre vous z'et moi ! Ou alors que ça reste entre nous...
Giebel décrit les sévices physiques et psychologiques infligés et subis comme personne . Pour ce qui est de la passion dévorante entre deux êtres , je passe mon tour , j'ai pas accroché plus que ça...
Un tableau apocalyptique des conditions carcérales que j'espère fantasmé dans son ensemble ce dont je doute , hélas . Une héroïne qui force l'admiration malgré l'aspect caractériel qui s'en dégage . Un maton mateur qui la mitonne aux petits oignons .
Un roman que j'aurais souhaité beaucoup plus ramassé histoire de ne pas vomir mon quatre heures à moteur dans ce grand huit à émotions contradictoires . A force de passer d'un intérêt notoire à une insidieuse lassitude , j'en suis venu à désirer une fin brutale et définitive histoire de passer enfin à autre chose . Vues les notes décrochées , je doute que ce petit gravier dans la mare ne soit à même de démotiver les plus téméraires lecteurs avides de sensations fortes à défaut d'être durables...Et c'est tant mieux .

Meurtres pour rédemption : Giebel m'a pas tuer...sur ce coup-là .
Commenter  J’apprécie          10913
Encore un gros coup de coeur pour cette auteur que j'affectionne tout particulièrement !!!

Marianne de Gréville, 21 ans, condamnée à réclusion criminelle à perpétuité et purge sa peine depuis 4 ans maintenant. Elle a changé plusieurs fois de centre de détention. Elle est enfermé car elle est une meurtrière en puissance et elle va en faire la démonstration ici, je vous prévient, amis lecteurs, Karine Giébel nous propose ici une plongée dans les bas-fonds d'une prison française, là où le mal règne, là où on ne peut s'évader qu'en prennent des substances illicites, là où on crève d'ennuis et où, pour pimenter un peu cette vie terne, on cherche des poux dans la tête des voisines... Tout ceci est le quotidien de Marianne qui n'a vécu qu'entre ces 4 murs dans ce placard de 9 m2. Elle s'est enfermé dans une carapace qu'elle ne quitte pas, quitte même a vivre des moments atroces dans les sous-sols de la prison, dans ces pièces, ces cachots qu'elle déteste.
Elle se demande tout le temps pourquoi elle les a tué et elle se le demandera tout au long du livre... elle fait des crises de colères pendant lesquelles elle ne se contrôle plus et elle va jusqu'à tuer, pour elle c'est le seul échappatoire, le seul défoulement qui puisse la calme.

Dans ce monde carcérale Marianne va rencontrer Daniel, au départ leurs rapports se bornent à des échanges de bons procédés, si je peux m'exprimer ainsi. En effet, dans cette troisième prison dans laquelle elle est enfermée, Marianne ne peut pas travailler, le directeur de la prison ne le veut pas, elle est en isolement total et elle n'a pas d'argent puisqu'elle ne peut pas travailler. Daniel va lui proposer un marché quelque peu étrange puisqu'en change de sa soumission il lui apporte des cigarettes et sa dose de drogue quotidienne. de ce deal va naître un amour impossible entre cette meurtrière totalement incontrôlable et cet homme, marié père de deux enfants.

Mais Karine Giébel ne nous livre pas ici, un roman à l'eau de rose, bien au contraire, c'est un livre très dure qui dépeint parfaitement des conditions de vie derrière les hauts murs des prisons. Cet amour impossible qui suit le lecteur tout au long du roman est un fil rouge prend aux tripes et donne une seconde approche de l'histoire. le lecteur ne peut pas resté de marbre en lisant ces pages.

Et puis tout à coup d'histoire va basculer totalement, Marianne croit alors qu'elle va être libre, mais il n'est rien, quand on est condamné on l'est pour toujours quoi qu'il arrive, la preuve en est faite ici... Que ce soit dedans ou dehors tout n'est que trahison et mensonge !!! Marianne va payer, payer très cher ses crimes, Daniel aussi d'ailleurs...

Karine Giébel, m'a emporté dans un monde que je ne connaissais pas, après Juste une ombre et Purgatoire des innocents voici ici que je fini mon troisième opus et j'en ressort ébranlée quelque part, c'est un livre que je suis pas prête d'oublier.
Seule tout petit bémol, je n'ai pas compris pourquoi les lieux de ce livre ne sont que des lettres et non pas des lieux, même totalement inventés, j'aurais bien aimé lire des nom de villes ou de villages... étrange comme approche...
Lien : http://tousleslivres.canalbl..
Commenter  J’apprécie          865
- magistral, inoubliable mais éprouvant.

Marianne, 20 ans, meurtrière et héroïnomane, est condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de vingt-deux ans. Elle a tué, non par préméditation, mais "en pétant les plombs", et le regrette amèrement. La question "Pourquoi je les ai tués ?" la taraude sans répit... Mais loin de se confondre en excuses et pleurnicheries, elle se forge une carapace de dure à cuire, elle a la rage, refuse de plier face aux menaces, aux brimades. Elle surenchérit même, quitte à rendre ses conditions de détention encore plus abominables. Un unique moyen de sortir un jour s'offre à elle, mais...

Voilà du lourd, dans tous les sens du terme... de l'intense, du très fort, une lecture particulièrement éprouvante, bouleversante. La violence nous frappe dès les premières pages, ne s'arrête plus. Quelques moments de trêve pour Marianne : ses fixes d'héro, ses clopes, le bruit du train qui passe - la liberté à portée d'oreille -, la douceur d'une des surveillantes, et l'amour, aussi, mais pas tout rose, loin s'en faut.

Un roman puissant sur la souffrance infinie, le désespoir, le milieu carcéral, ses règles tacites entre détenus, entre gardiens, mais aussi entre matons et prisonniers - règles souvent sauvages, impitoyables, inacceptables, sur lesquelles les autorités ferment les yeux, ce qui arrange (presque) tout le monde, sauf les victimes des sévices...

Ouvrage très dur, impossible pour moi d'aller au-delà de 200 pages par jour, et pas avant le coucher ! J'ai même failli abandonner à la moitié, écoeurée, lassée de tant de violence et de douleur, gros coup de mou et de blues même.

Dommage que le récit prenne cette tournure aux deux tiers et s'enfonce plus encore dans le sordide, le non-plausible quant à la résistance hors-norme des protagonistes. Heureusement, la jeune femme est terriblement attachante, les dialogues percutants et souvent jubilatoires grâce au sens de la repartie de la demoiselle... Et la plume de l'auteur est impeccable.

Roman pavé que j'ai entrecoupé de lectures plus légères...
Commenter  J’apprécie          781
S'il y a un roman sur l'univers carcéral qui doit être lu, c'est bien celui-ci !
Giebel ne cesse de m'impressionner par son talent. Après avoir lu l'excellent Purgatoire des innocents, je me retrouve une fois encore fascinée par la plume noire de cette auteure.

Ce roman est un bon pavé que j'ai dégusté du début à la fin avec délice. L'histoire se déroule en deux parties: la première nous plonge dans le milieu de la prison où la violence, la corruption, et les trahisons en font le quotidien. La seconde partie est beaucoup plus mouvementée et l'histoire s'accélère. J'ai trouvé qu'à travers ces deux parties, Giebel met brillamment en valeur la notion du temps qui est différente à l'intérieur de la prison, où tout se passe plus lentement comparé à l'agitation du monde extérieur.
Marianne (le personnage principal) est une jeune femme au charisme déconcertant. C'est une héroïne possédant une grande force de caractère, avec une rébellion qui vire parfois à l'insolence, mais c'est aussi une sentimentale qui a ses faiblesses.
J'ai également adoré les personnages secondaires qui ont chacun une personnalité bien développée et plusieurs d'entre eux sont attachants.
Certains passages du livre sont éprouvants mais nécessaires à la construction de l'histoire. Plus on avance dans la lecture et plus les rebondissements s'enchaînent. On passe par une multitude d'émotions. La fin est surprenante et fait réfléchir.
L'auteure dénonce certaines vérités comme le salaire dérisoire du détenu pour son travail au sein de la prison. Elle met aussi en lumière certaines problématiques comme les conditions de vie du prisonnier sans travail et sans argent. Mais également la question de la réinsertion en société après une longue peine. Elle nous fait réfléchir sur le pouvoir du gouvernement face à ses citoyens. Et surtout, on s'interroge sur la notion de liberté.

Certaines histoires nous marquent au fer rouge et dans mon cas celle-ci est l'une d'elles. Un vrai coup de coeur pour le plaisir que m'a procuré cette lecture mais aussi parce que c'est un roman qui nous laisse méditer par la suite.
Commenter  J’apprécie          703
Gros coup de coeur! je ne sais d'ailleurs pas ce qui m'a hypnotisée à ce point dans ce roman : voyeurisme morbide ou autre chose, je crois qu'il s'agit de bien autre chose. Mais tout de même, j'en suis arrivée à faire exprès de faire traîner la lecture sur la fin de ce roman histoire de faire durer le plaisir et de m'y réfugier.
Karine Giebel est d'une habileté remarquable : parvenir à faire en sorte que le lecteur s'attache fortement à Marianne de Gréville, taularde, réputée dangereuse criminelle, capable de tuer à main nues. Happée par ce roman, je me suis sentie tantôt révoltée par la dure réalité du milieu carcéral décrit dans une bonne première partie du roman, ou certaines matonnes peuvent se montrer humaines tandis que d'autres, sadiques à souhait, épousent cette carrière pour régler leurs comptes, tantôt émue à en pleurer voire angoissée en imaginant quel sort on réserve à Marianne à chaque épreuve subie par cette jeune femme de 21 ans sans avenir.

L'auteur parvient progressivement à faire s'attacher aux personnages en dévoilant peu à peu leur façon d'être, leur psychologie : Marianne, tueuse certes, quoique pas si certain : elle a tué dans certaines conditions extrêmes, qui ne font pas d'elle un être assoiffé de sang, elle n'a pas eu la chance d'être élevée dans une famille dispensant l'amour et la reconnaissance nécessaires à tout épanouissement, elle subit en prison, des sévices de la part de personnes abusant de leur pouvoir, et qui agissent dans un pays des droits de l'homme, en toute impunité se croyant autorisés à exercer leur art sur une taularde qui a perdu ses droits de revendiquer quoi que ce soit.

Quelques personnages pleins de compassion parmi les matonnes, viennent démontrer au lecteur que Marianne est avant tout un être humain.
Par ailleurs, Karine Giebel fait intervenir un personnage énigmatique dans le roman, Daniel, personnage plus qu'ambigu au début et qui va peu à peu se dévoiler ce qui à pour effet de faire évoluer le point de vue du lecteur.
D'autre individus génèrent par leur comportement inhumain l'envie de meurtre y compris de la part du lecteur, ce qui exacerbe sa colère et renforce la complicité avec la détenue.


Les personnages, ceux décrits précédemment et bien d'autres, sont livrés bruts et se révèlent peu à peu.
Il n'est pas question de suspens dans "meurtre pour rédemption", ou très peu : peut-être plus sur la fin ou l'action s'amplifie contrastant avec la description de la vie en prison, mettant en relief la notion de perpétuité et de non avenir pour notre héroïne , cela n'empêche pas de rester scotché à ce roman noir, si noir, qui selon la formule consacrée, ne peut laisser indemne.


Je m'attaquerai certainement aux autres romans de Karine Giebel.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
Commenter  J’apprécie          656
Après avoir été enthousiasmé par ma première rencontre avec l'auteure, je m'attendais à une belle confirmation, d'autant que la note de 4.36 incitait à l'optimisme.
A la fin de cette lecture je suis plutôt dubitatif et un poil déçu, drôle de bouquin, drôles de sensations.
Il s'agit d'un pavé de 716 pages (format numérique) et je m'interroge sur la pertinence de la moitié d'entre elles, car les répétitions peuvent être pénibles, surtout quant il s'agit de violence, de harcèlement, de viol, de "jeux" de dominations, de sadisme, de crises de manque et j'en passe...
Pour le contexte il s'agit de l'univers carcéral, côté femmes, donc les sujets évoqués plus haut sont cohérents voire logiquement attendus mais...
Je reproche à cette histoire une répétition de scènes qui se ressemblent trop pour commencer, mais aussi un scénario peu crédible et surtout très prévisible, et puis il faut aussi parler des personnages à la limite de la caricature (Marianne, un croisement entre un terminator buggé et une furie déjantée) ou hautement improbables pour la quasi totalité d'entre eux.
J'ai aimé la mise en place et les 100 premières pages ainsi que les 200 dernières pages, et je me suis assez ennuyé entre les deux pendant 400 pages...
Je ne vais pas résumer toutes les incohérences relevées, pas même en texte caché, trop de travail.
J'avais aimé la sobriété du premier roman, et j'ai été déçu par "l'outrance" du deuxième, un grand écart en somme ;)
Commenter  J’apprécie          6213
Si ce n'est pas un chef d'oeuvre, on n'en est vraiment pas loin.

J'aime beaucoup les romans de Karine Giebel. Oui ok je suis fan de Karine. Mais là quand même, je me suis demandée pendant un moment comment elle allait s'y prendre pour nous emporter dans son histoire et nous tenir en haleine sur 800 pages.

Déjà l'héroïne: une tueuse. Bof. En prison. Pas de circonstances atténuantes. Enfin l'habituel manque d'amour. Re-bof. le lieu: la prison. Bof.

Et bien au bout de quelques pages ,j'étais complètement happée par l'histoire. Bouleversante. Violente. Captivante.
Un concentré d'émotions.

Une écriture juste parfaite, sublime.
Des personnages touchants, vibrants.

J'ai souffert. j'ai pleuré. Karine a encore soufflé le chaud et le froid sur ma nuque. Joué avec mes nerfs, torturé mon petit coeur de bisounours.

Et toujours les bons choix. Ceux qui font mal au lecteur. Ceux qui ne sombrent pas dans la facilité. Ceux qui rendent cette lecture inoubliable.

Je me sens complètement vidée. Je crois que j'ai pris perpet avec Karine.


Commenter  J’apprécie          482
Voilà bientôt un mois que j'ai quitté Marianne, l'héroïne héroïnomane de ce roman de presque 1000 pages (édition poche), et que mon cerveau refuse obstinément de répondre "présent" à chaque fois que j'envisage d'en écrire une critique. Au contraire, il m'envoie le message : "tu crois vraiment que tu vas apporter quelque chose d'original après 502 billets dont certains vraiment très talentueux ?", et je suis bien obligée d'admettre qu'il a raison. J'en ai lu un bon paquet avant de m'attaquer au pavé, histoire de tester mon envie, résultat positif puisque me voici. Et encore relu d'autres après, ce que je fais rarement, parce que je n'arrive tout simplement pas à exprimer mon ressenti.
Autant les billets très positifs de @belette2911, @Ziliz ou @Siabelle, pour ne citer qu'eux, m'ont totalement emportée et je me suis dit "ah oui, c'est vraiment ça, elles expriment totalement ce que j'ai senti dans mes tripes !" ; autant ensuite ceux plus mitigés de @Crossroads, @CasusBelli ou encore @karmax211, bien plus réservés pourtant, m'ont fait réfléchir davantage et penser : "oui, c'est vrai, ils ont raison, trop c'est trop". Les attentifs auront noté que les plus enthousiastes émanent de femmes, et les réservés d'hommes. Mais gardez-vous de généraliser, j'ai lu certaines critiques de femmes qui ont carrément détesté, mais aussi d'hommes qui portent aux nues.

Voilà qui ne fait guère avancer le schmilblick, c'est quand qu'elle nous dit quoi, penserez-vous ? et bien d'abord, pas de résumé, d'une c'est impossible pour moi de réduire cette histoire à quelques lignes, et de deux, bien d'autres s'y sont risqués, c'est donc inutile. Mais je vais m'attarder quelque peu sur le personnage de Marianne, cette jeune meurtrière d'une vingtaine d'année condamnée à la perpète pour avoir fait passer de vie à trépas un vieil homme (un "accident de parcours") et un flic qui la tenait en joue ("légitime défense"), et paralysé en prime la policière binôme du précédent. Une jeune femme toute en nuances, cette Marianne, et je ne suis même pas ironique en écrivant cela ! Car oui, elle est ultra-violente sitôt qu'on la "cherche", d'ailleurs elle fera d'autres victimes une fois embastillée, mais si on creuse un peu dans son histoire, et si on a la chance d'entrer dans ses bonnes grâces, on fait la connaissance d'une Marianne capable d'empathie, de tendresse et surtout d'amour inconditionnel. Une part de pas de chance, une part de manque affectif dans son enfance, une part de mauvais karma, et un jour tout part en vrille. Et comme la demoiselle maîtrise les arts martiaux, et qu'elle est très susceptible, elle fait forcément des dégâts dans son sillage. Elle va s'attirer beaucoup d'ennemis (ce qui doit être courant dans ce genre de prison où les détenus ne sont en général pas des enfants de choeur), et comme la violence attise la violence, je ne vous fais pas un dessin, les coups vont pleuvoir de tous côtés. Trop pour moi, j'ai eu un sentiment d'écoeurement au bout du Xième tabassage en règle, et comme d'autres avant moi, je me suis demandé si on était dans un de ces jeux vidéo où même quand on est mort on revit encore et encore. C'est là que s'est située ma limite de tolérance, dans cette répétition inutile de tortures, de viols, de blessures qui pourtant ne semblent affecter Marianne que très peu de temps jusqu'à ce qu'elle en provoque de nouvelles. Mais on ne peut pas pour autant la réduire à un personnage sado-maso, elle a bien d'autres facettes plus attachantes. Déjà sa fascination pour les trains, qu'elle entend passer du fond de sa cellule, et qui l'aident à supporter ces journées interminables en lui rappelant des souvenirs, en la faisant voyager par procuration. Ces trains auront une importance capitale dans le roman, jusqu'à la fin. Elle sera capable aussi de défendre bec et ongle Emma, sa co-détenue surnommée "le fantôme", contre les attaques des autres prisonnières, non sans l'avoir d'abord elle-même bien amochée d'ailleurs. Elle a une curieuse soif de justice, mais a du mal à l'exprimer autrement qu'en frappant ceux qui ne pensent pas comme elle. Elle aime aussi, son premier compagnon Thomas, tué lors de son arrestation, puis ensuite Daniel, un maton très ambivalent lui aussi. Leur relation m'a évoqué un peu le syndrome de Stockholm, quand une victime tombe amoureuse de son bourreau. Elle reproduira encore ce schéma dans la deuxième partie avec Franck, un commissaire de police qui la tient également à sa merci.
Bon, j'avais dit pas de résumé, je vais donc m'arrêter sans en dire plus.
Pour ceux qui connaissent et apprécient Karine Giebel, nul doute que ce roman écrit il y a déjà plus de dix ans reste l'un de ses plus forts, qu'on l'ait adoré ou pas. Mais il aurait certainement gagné en efficacité avec quelques 200 pages en moins, notamment celles qui s'attardent complaisamment sur les scènes ultra-violentes, trop nombreuses. La partie romance ne m'a pas dérangée, elle apporte (quand même) un peu de respiration dans le glauque et humanise les personnages principaux (enfin un peu). Beaucoup de critiques mettent l'accent sur les invraisemblances du scénario, c'est vrai qu'elles sont nombreuses, mais le roman n'a pas l'ambition de raconter une histoire vraie, donc pour moi cela ne pose pas trop de problème, si l'on excepte la capacité de régénération de Marianne, digne d'une super-héroïne.
Si j'avais découvert "Meurtres pour rédemption" il y a mettons 3 ans, je lui aurais attribué une étoile de plus. Mais voilà, entretemps j'ai découvert que Karine Giebel était capable de bien meilleur, notamment avec "Glen Affric", et forcément la comparaison fait baisser ma note. Je me garderai donc bien de le déconseiller, sauf si vous êtes sensible et que les débordements de violence sont rédhibitoires pour vous. Pour tous les autres, un seul conseil : ne lisez pas "Glen Affric" avant !
Commenter  J’apprécie          4633




Lecteurs (7555) Voir plus



Quiz Voir plus

Tout savoir sur

Comment s'appelle le commissaire ?

Laurent
Philippe
Franck
Didier

15 questions
84 lecteurs ont répondu
Thème : Meurtres pour rédemption de Karine GiebelCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..