AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Souri7


Souri7
02 septembre 2017
Berlin est bombardé par les Alliés en cet été 1944. Les frappes se font de plus en plus intenses avec leurs résultats insoutenables. Immeubles éventrés, corps carbonisés, êtres passés de vie à trépas.
Dans ce contexte cependant, les Berlinois continuent à vivre et croire en leur victoire. le Führer est adulé même si quelques voix commencent à se faire grinçantes. Malgré cette horreur, malgré la guerre, les discriminations anti-juives, la police doit encore résoudre des crimes odieux. Lorsque les corps de femmes sont retrouvés près de divers monuments consacrés à la Première Guerre mondiale avec des mutilations sexuelles, les services SS ne savent pas comment réagir. L'enquête semble stagner.
Le SS-Haupstfuhrer Vogler décide de contacter l'ancien commissaire de la Kripo (police criminelle), Richard Oppenheimer démit de ses fonctions en raison de son appartenance au peuple juif. Rapidement Oppenheimer comprend qu'il a à faire avec un serial-killer et que d'autres victimes risquent de s'ajouter à la liste.
Devant résoudre l'enquête au plus vite, Oppenheimer sait également qu'il se retrouve dans une situation pouvant aussi le conduire à la mort...


Ce thriller historico-psychologique m'a complètement captivé ! 👍
Le contexte historique y joue pour beaucoup. Harald Gilbers a travaillé minutieusement cet aspect du livre via des journaux intimes de l'époque et des périodiques afin de rendre vie au Berlin de cette période. Une ville sous les bombes où les habitants continuent de vivre "normalement" en se rendant au travail, aux courses ou dans les bunkers à la moindre alertes.
L'auteur nous fait découvrir un Berlin où des juifs résident toujours, mais n'ont plus aucun droit. Parqués dans des logements appelés "Maison Juive" où les autorités peuvent venir les chercher à tout moment pour les conduire dans d'autres lieux, les locataires n'ont plus la moindre existence civile. Affublés de l'étoile jaune, ils ont pour obligation de travailler pour les nazis sans rien attendre en retour. Leur seul "sésame" de survivant vient notamment du fait d'être marié avec un allemand (sachant que même cette protection n'est pas totale).
Les scènes décrites sont sans concessions par moment. Vous avez par exemple la description des effets d'un énorme bombardement décrits en des termes très durs et très imagés comme la description de cette femme tenant son bébé carbonisé.


Côté thriller, l'auteur nous propose une enquête méticuleusement bien pensée et vicieusement addictive. C'est simple : une fois le roman commencé, très difficile de le lâcher. Harald Gilbers via son histoire de crime nous offre à la fois un moment de tension, de suspens et de culture historique. le tout est dosé parfaitement afin qu'aucun de ces éléments ne prenne le pas sur les autres. Au final, le lecteur suit avec intérêt cette enquête le menant dans les parties inexplorées de la Seconde Guerre mondiale.


Ajouté à cela, un duo des plus inattendus avec un SS et un juif, collaborant ensemble et se découvrant. Harald Gilbers ne se contente pas de nous proposer un récit blanc-gris avec un méchant SS et un gentil juif ; au contraire, l'auteur n'hésite pas à jouer sur les nuances et les a priori. Vogler et Oppenheimer en plus d'être les personnages du livre, ils en deviennent également le sujet : comment deux hommes que tout oppose à l'époque pourront-ils collaborer.... et que deviendra leur relation une fois l'enquête résolue ?


Le seul regret dans ce livre concerne le final. le suspect une fois identifié, tout s'enchaîne trop rapidement et de manière abrupte. Pas le temps pour le lecteur de souffler que tout est déjà terminé.


Pour conclure : Germania mérite d'être lu. le cadre historique est un bijou à lui seul. Je compte d'ailleurs lire le second tome, le fils d'Odin prochainement afin de me replonger dans cette atmosphère captivante.
Commenter  J’apprécie          1152



Ont apprécié cette critique (65)voir plus




{* *}