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EAN : 9782081378544
347 pages
Ombres Noires (02/11/2016)
4.04/5   38 notes
Résumé :
Patricia, journaliste au Spiegel, enquête sur les personnes qui, dans les années soixante, ont fui l'Allemagne de l'Est au péril de leur vie. Inge est passée de l'autre côté du Mur quarante ans plus tôt et accepte de lui raconter son enfance, son arrivée à l'Ouest, son engagement? Mais certains épisodes de la vie d'Inge confrontent Patricia à ses propres démons, à son errance. Leur rencontre n'est pas le fruit du hasard. Dans les méandres de la grande Histoire, vict... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Heidenau, Basse-Saxe, 2006. La journaliste Patricia Sammer se présente chez une certaine madame Lamprecht : elle a entrepris un travail sur la période du Mur, épluché de long en large les archives de la Stasi et elle enquête notamment sur les gens qui ont réussi à passer à l'Ouest au péril de leur vie et qui, déçus par le modèle occidental, ont choisi finalement de retourner vivre à l'Est.
Visiblement, madame Lamprecht, méfiante et un tantinet sauvage, n'a pas envie d'aborder le sujet, a fortiori avec une inconnue. Petite femme discrète d'une soixantaine d'années environ, elle semble préférer vivre un peu loin de l'agitation du monde. Aussi, s'apprête-t-elle à lui fermer la porte au nez lorsque la journaliste lui dit : « … dois-je vous appeler Inge Oelze ? » La porte s'ouvre alors et l'histoire commence…
La question centrale de ce roman est évidemment : qui est en réalité Inge Oelze, est-elle ce qu'elle dit être, cache-t-elle quelque chose d'inavouable, des blessures de l'Histoire ?
Mais une autre personne se révèle, elle aussi, bien étrange : la journaliste elle-même !
Que cherche-t-elle précisément, cache-t-elle quelque chose, pourquoi se réfugie-t-elle régulièrement dans l'alcool, quelle blessure explique cet état dépressif profond ?
Et c'est bien là ce que j'ai préféré dans ce roman, à savoir ce lien ambigu et toujours tendu à l'extrême qui se tisse entre les deux femmes, une espèce de jeu de cache-cache, d'aveux plus ou moins tronqués, de complicité, de tendresse même mêlés d'un je-ne-sais-quoi de haine voire de répulsion.
Sont-elles sincères ? S'il y a manipulation, qui manipule l'autre ? Leurs tête-à-tête plongent le lecteur dans une tension extrême, presque insoutenable… Tout semble opposer ces deux femmes et pourtant…
En mettant en place deux temporalités (et trois générations) : le passé (1943-1977) et le présent (2006), l'auteur révèle petit à petit les événements vécus par les personnages et leur famille. S'offre alors au lecteur une véritable plongée dans la Grande Histoire : la Seconde Guerre Mondiale, la Guerre Froide que l'on redécouvre à travers le point de vue de personnages qui se trouvent malgré eux pris au piège d'une vraie tragédie. On découvre alors l'intimité de ces gens écrasés par l'Histoire, leurs terribles souffrances et l'incapacité finalement qu'ils ont à se projeter dans l'avenir.
Rouge armé est un roman policier comme je les aime : des personnages complexes, mystérieux, dont on ne perçoit pas tout de suite les motivations, un suspense vraiment haletant jusqu'à la dernière page, des effets de surprise, des fausses pistes, un nouvel éclairage sur une période historique terrible et notamment ce qu'ont vécu les Sudètes (et que l'on ne connaît pas forcément très bien), enfin et peut-être est-ce là le plus important, c'est un roman qui nous pousse à nous interroger sur les notions de bien et de mal et la difficulté parfois de les distinguer. A-t-on le droit de tuer pour des idées, au nom de la liberté ? Peut-on (doit-on) pardonner les crimes passés ?
Bref, un roman qui nous montre que rien n'est simple (mais ça, on le savait déjà !)
Une réussite !

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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J'ai beaucoup aimé ce livre mais j'ai failli m'étrangler en le lisant.
J'avoue volontiers que je n'ai pas été la plus assidue des élèves, que ce soit au collège ou au lycée, mais ôtez-moi d'un doute : la destruction du mur de Berlin, c'était bien en 1989 ? Et 1977 plus 22 ans, ça fait bien 1999 ? Parce que à un moment du livre, un des personnages dit qu'un évènement s'est passé en 1977 et que rien n'a changé jusqu'à la destruction du mur vingt-deux ans plus tard.
Alors de deux choses l'une, soit l'auteur était encore pire que moi en cours d'histoire, soit, et je vais pencher pour cette explication, parce que le bonhomme est quand même un ancien prof, c'est une énorme coquille ! Ou alors je suis encore plus mauvaise en histoire que je le pensais !
Mais mis à part ce petit point (et oui c'est tout petit, c'est une phrase, une seule, dans un livre de 342 page, mais j'aime bien être chichiteuse).
Nous suivons dans ce livre deux personnages principaux : Patricia et Inge.
Patricia est une journaliste qui prend contact avec Inge en prétextant écrire un livre sur les personnes qui ont réussir à fuir la RDA et qui y sont retournés ensuite. Je dis « en prétextant » parce que, dès la première visite de Patricia, j'ai eu du mal à la croire. Je la trouvais d'une agressivité étrange, qui ne collait pas avec le sujet qu'elle voulait couvrir.
Je n'ai pas apprécié ce personnage. En plus de son agressivité, elle a une attitude complètement autodestructrice sans pour autant susciter la compassion. On a l'impression qu'elle est toujours à la limite de la folie.
Tout le contraire de Inge qui, malgré une enfance difficile puis une adolescence passée dans l'Allemagne de l'est avec tout ce que cela comporte de restriction et de tension, à toujours craindre que la Stasi ne s'intéresse de trop près à vous, c'est une vieille femme un peu revêche au premier abord (mais vu comment elle est abordée, qui ne le serait pas ?) mais qui montre un grand coeur et une grande compassion sans pour autant se laisser marcher sur les pieds.
Autour de ces personnages, on fait la connaissance de Paul, un collègue de travail de Patricia, mais surtout de personnes ayant jalonnées la vie d'Inge, comme Anna, sa maman, Frieda et Richard ses parents adoptifs, Helmut, son frère ou encore Christian, son amour de jeunesse et que l'on découvre au fil du récit de la vieille dame.
Le récit oscille ainsi entre le présent, en 2006 ; la fin de la seconde guerre mondiale où on va connaître la vie d'Anna et la période à partir de la construction du mur jusqu'à la fin des années 70 où l'on s'attache à la jeunesse d'Inge.
L'écriture de l'auteur est addictive. Parfois on se demande où il veut en venir. Par exemple, il a fallut que je relise deux fois la fin de la partie « présent » du chapitre 11 pour être sûre que j'avais bien compris ce que j'avais lu la première fois tellement je ne m'attendais pas à ça. Et puis, plus rien, on ne reparle plus d'un évènement qui a l'air important et ce pendant des chapitres entiers. Et oui, pendant ces chapitres, je me suis demandé pourquoi l'auteur avait écrit ça si ce n'était pas pour s'en servir.
Mais en fait, ne vous inquiétez pas, il sait parfaitement où il veut en venir, et au fil des révélations, on se rend compte que des passages qui nous avaient semblé n'être que du remplissage étaient en réalité des indices qui nous amenaient tout doucement vers la fin complètement inattendue que nous offre l'auteur.
Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, je n'ai trouvé aucune longueur dans ce livre, toutes les descriptions, toutes les explications se justifiaient.
Ce n'est pas un coup de coeur, mais on en n'était pas loin !
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En général, je fais toujours un résumé de ma lecture. Et honnêtement à force c'est usant. Surtout que je vous reparle du roman en long en large et en semi-travers quelques lignes plus loin. Tout ce que je peux vous dire c'est que j'ai passé un moment mémorable en compagnie de ces deux femmes qui semblent tellement différentes. Entre la journaliste, Patricia qui a ses propres démons, alcoolique, un peu folle à lier et Inge, cette vieille femme qui semble vouloir qu'on lui foute la paix, autant dire que c'est haut en couleur.

On démarre très vite en 1943, en pleine seconde guerre mondiale et on fait la connaissance d'Anna, une allemande qui vit en Tchécoslovaquie depuis sa naissance. le ton est dur, les premières pages se veulent sombres, dès le début. Parce que oui, en temps de guerre, rien n'était rose et charmant. On s'entretuait pour un rien, on balançait nos voisins, bref c'était à celui qui deviendrait le plus insignifiants possible pour ne pas qu'on le remarque. du moins, pour beaucoup. D'autres en profitent pour se faire remarquer, montrer qu'ils soutiennent les alliés, peu importe comment se terminera la guerre. On a la trouille, on se cache, on espère...

N'allez pourtant pas penser que ce roman se situe uniquement pendant la seconde guerre mondiale. Pas du tout. Ce n'est que l'enrobage de l'intrigue, ce qui lui tient de base et d'arrière plan. L'histoire est beaucoup plus complexe, une ode à l'après-guerre, période que je ne connais moi-même pas beaucoup et dont j'ai très peu lu de roman ou de documents. Maxime nous propose très vite de faire la connaissance de Patricia. Journaliste, elle cherche à interroger une vieille femme qui serait parvenue des années plus tôt à passer de l'autre côté du mur sans se faire attraper. Mais voilà, Patricia est un personnage énigmatique, souffrant d'un profond mal être et alcoolique. Son portrait surprend et étonne, en témoigne Paul son plus proche collègue et peut-être le seul ami qu'elle ait.

Les deux femmes sont différentes. Leur âge, leur jeunesse, leur vie d'aujourd'hui. Tout les oppose, enfin presque et chacune va tenter de cerner l'autre. C'est un étrange duel de suspicion qui va démarrer entre elles donnant lieu à une étrange amitié ou plutôt à une forme de respect mutuel. On se demande vraiment ce qui les lie ces deux bonnes femmes. On sent un fil invisible très rapidement qui les retient l'une à l'autre. Et puis on s'attache... On ressent beaucoup de compassion pour Patricia qui ne parvient pas à enfanter. On la sent fébrile, agacée par sa vie merdique. Et on sent que la noirceur qui la domine est sur le point d'éclater, et lorsqu'elle a ses crises où elle sombre, on est mal pour elle.

Rouge armé propose une histoire intense et malgré l'action pas très présente, on se sent aspirer par les événements et par l'ambiance pesante qui se dégage de chaque page. Tantôt se passant en 2006, tantôt en 60/70, on découvre la vie d'Inge, cette femme qui a tout donné pour tenter de vivre libre dans une époque troublée et dangereuse. L'auteur parvient à dresser des portraits de personnages cohérents et crédibles. Comme s'il avait lui-même interroger ses personnages. Ces femmes sont fortes et courageuses, elles avancent comme elles l'entendent, mais je dois bien avouer que je n'ai pas su les départager. J'ai aimé le côté cash et dangereux de Patricia et les mystères d'Inge. Pis la plume de Maxime y est pour beaucoup ! Douce, sincère, imagée sans forcer le trait, on se sent vraiment dans cette ambiance post-guerre aux côtés des personnages que l'on découvre. Certains passages sont marquant.. vraiment. L'un d'eux en particulier montre toute la noirceur de cette époque.

C'est un beau roman. Une belle histoire. de beaux personnages. J'ai été séduite dès les premières pages et j'espère que Maxime nous reproposera de le lire dans un registre plus sérieux et plus historique. Et si je ne devais retenir qu'un passage, ce serait le suivant que je comprend et qui m'a personnellement touché.

Voilà, voilà. Un roman qui se referme. Intense et addictif. Une belle histoire, des portraits sublimes que j'ai adoré détesté parce qu'elles ne sont ni de gentilles femmes, ni de mauvaises personnes. Elles vivent avec leur démon, leur souffrance et agissent un peu comme si c'était les seules solutions pour se sentir libres et légères. Un roman incroyable !
Lien : https://lesvictimesdelouve.b..
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De Maxime Gillio je n'ai lu que Manhattan Carnage (signé Orcus Morrigan et prétendument traduit par Maxime Gillio), une histoire de zombie aussi atypique que déjanté. Avec Rouge Armé on change diamétralement de registre pour plonger dans une intrigue où la fiction et l'Histoire se mêlent allègrement. Un roman noir qui fait souvent référence aux heures sombres (et pour ma part méconnues) de l'Histoire.

Les chapitres alternent entre le présent (2006 en l'occurrence) et les flashbacks. Flashbacks qui retraceront le parcours mouvementé d'Inge, de l'édification du Mur de Berlin à son passage à l'Ouest, son activisme politique et son retour à l'Est. Flashbacks qui suivront aussi Anna, la mère d'Inge, et sa condition de Sudète en Tchécoslovaquie (où elle est l'incarnation de l'oppresseur nazi) et en Allemagne (où elle n'est pas considérée comme une vraie allemande) entre 1943 et 1946.

C'est cette seconde partie de l'Histoire qui m'était totalement inconnue, je n'avais jamais entendu parler des Sudètes et jamais je n'aurai imaginé qu'après-guerre ils aient eu à subir un pareil calvaire. Pas de quoi nous donner foi en l'humanité.

Si le Mur de Berlin, cette aberration historique qui a défiguré et divisé un pays, n'est pas au centre du récit il est bien la cause de tout. La couverture rappellera sûrement aux « anciens » les heures sombres du terrorisme européen (les sanglantes années de plomb), l'ennemi d'alors ne se cachait pas derrière la religion mais se revendiquait politique. La Fraction Armée Rouge (RAF en allemand pour Rote Armee Fraktion) est en effet responsable de nombreux attentats en Allemagne entre 1968 et 1993 (leurs pendants italiens et français étant respectivement les Brigades Rouge et Action Directe).

Mais Rouge Armé c'est avant tout le portrait de trois femmes au caractère bien trempé : Anna, Inge et Patricia. Trois époques et trois contextes que tout oppose. On ne peut qu'avoir énormément d'empathie pour Anna, rien ne justifie ce qu'elle a dû endurer. J'ai personnellement beaucoup aimé le personnage d'Inge, je me garderai bien d'un quelconque jugement la concernant. Par contre j'ai eu plus de mal avec Patricia qui combat par l'auto-destruction ses propres démons (dont on suppose, puis devine assez rapidement la nature… tout comme ses intentions).

A défaut d'énormes surprises (hormis le dernier acte de Patricia) j'ai passé un très bon moment avec ce roman, je peux dire que ce soir je m'endormirai moins con qu'au réveil (bon OK, on va se contenter de dire que j'ai appris des trucs que j'ignorais avant). La plume de Maxime Gillio, sans concession, ni jugement, est d'une remarquable efficacité.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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Journaliste au Spiegel, Patricia Sammer cherche à retrouver et à interroger des fugitifs ayant réussi à passer de l'Est à l'Ouest mais qui ont finalement choisi de retourner vivre à l'Est dans l'Allemagne des années 60. C'est du moins ainsi qu'elle présente son projet à Inge Oelze lorsqu'elle parvient à la rencontrer et à vaincre ses réticences. Lors d'un très lent apprivoisement mutuel, Inge finit par raconter son histoire. Mais la journaliste, personnage sombre et torturé, débusque d'autres souvenirs qui traversent les années teintées de rouge-sang et de noir-deuil par les actions terroristes. Encombrées de leurs secrets oppressants, les deux femmes se fascinent peu à peu, se livrent par fragments, s'affrontent, se mentent et construisent une relation étrange où chacune semble manipuler l'autre dans un énigmatique jeu de pouvoir.
Le récit d'Inge est alimenté par plusieurs fils narratifs qui font se rejoindre l'histoire collective de l'Allemagne et les histoires individuelles qu'elle transforme en destins. Cette solide architecture narrative, qui joue sur plusieurs époques, est mise au service de l'intrigue principale et reflète les violents soubresauts qui ont débouché sur la période contemporaine. C'est, pour moi, l'aspect le plus intéressant du roman de Maxime Gillio qui pointe des évènements encore souvent ignorés comme le déplacement forcé des populations sudètes après la guerre et les horreurs qui en ont découlé.
Si l'on soupçonne assez vite les véritables motivations de Patricia, son personnage n'en reste pas moins assez fascinant. Antipathique, instable, déchirée par une colère qui détermine ses actes et ses choix, elle est à l'image d'un pays qui, sous une apparence policée, ne parvient ni à pardonner ni à se pardonner. Coupable, victime, bourreau, témoin silencieux, Inge et Patricia endossent finalement tous les rôles attribués à leur pays et leurs histoires chaotiques conduisent à un déchaînement de chagrin et de colère, à la fois tragique et dérisoire.
C'est un roman à la lecture parfois éprouvante par la description de scènes d'une violence inouïe qui font émerger des images que nul ne doit plus ignorer désormais. Il m'a semblé m'enfoncer toujours plus avant dans la cruauté d'un monde où "tout le monde a ses raisons" et qui ne débouche que sur les ténèbres. Une âpreté et une complexité que l'écriture rend fort bien et qui refuse tout compromis. Victime ? Bourreau ? A chaque lecteur de décider... ou pas. C'est à la fois très inconfortable et particulièrement stimulant. Un roman qui m'a perturbée et qui va continuer à me tenailler.


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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
- Mais ce n'est pas pareil, enfin ! Eux, c'étaient des...
- Oui, vas-y, dis-le. Des Sudètes, c'est ça? Des Allemands ? Et alors, quelle est la différence ?
- Je croyais que c'étaient nos ennemis. Qu'ils étaient venus prendre nos terres.
- Mais bon Dieu, foutu abruti que tu es ! D'abord on chasse les Allemands, parce que ce sont les plus récents dans le pays, puis une fois qu'on se sera débarrassés des parasites sudètes, chaque pays fera le ménage en douce, refermera ses frontières et expulsera ceux qui ne sont pas de souche. C'est ce qui se passe avec toi, Georg. Dans le lot de tous les Sudètes qui sont sur les routes en ce moment, on peut bien placer quelques poignées de Hongrois, de Polonais , ou que sais-je encore ? Et tu veux que je te dise ? On risque de voir arriver ici-même, dans les jours à venir, des réfugiés tchécoslovaques, eux-mêmes chassés de Pologne ou de Roumanie. C'est le grand ménage dans toute l'Europe Georg !
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La curiosité du journaliste est un très vilain défaut, surtout quand votre instinct vous souffle que vous tenez un sujet brûlant pour une enquête. J’ai trouvé cette histoire d’archives détruites passionnante. Qu’avaient donc ordonné les dirigeants de l’époque, pour qu’on veuille faire disparaître toutes ces preuves dans une si grande précipitation ? Combien de secrets d’État honteux voulait-on cacher ? J’ai décidé d’enquêter. C’est notre histoire. C’est l’histoire de chaque famille allemande, et à travers elle, celle de notre pays. Il nous faut savoir. C’est mon rôle que de contribuer à ce que la vérité soit connue de tous, même si ce n’est pas simple.
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— Je ne suis pas de la police. Si vous décidez de me parler, je vous promets que votre témoignage sera anonyme et que vous ne serez pas embêtée. Si vous préférez vous taire, je respecterai votre choix, mais serai obligée d’écrire mon livre à partir du simple témoignage d’un dossier morcelé. Or, si j’en crois ce qui y est écrit, vous n’avez plus vos parents, pas d’époux, pas d’enfants. Vous n’avez donc rien à perdre, mais tout à gagner. Je vous laisse mon numéro de téléphone. Je rentre à Berlin ce soir. Libre à vous de me rappeler ou non. Mais mon livre sortira de toute façon. Reste à savoir avec quelle version des faits.
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Elle ne répond pas, car elle sait, mieux que quiconque, que j’ai raison. Les gens de ma génération ont vécu l’édification du Mur et les années de guerre froide comme le plus gros traumatisme de leur vie. Familles déchirées, décimées parfois, la suspicion permanente, des frères qui deviennent des étrangers, les cicatrices qui ne se referment pas.
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- vous êtes une fille de la guerre, une expulsée, rapidement orpheline, adoptée par une famille elle même véhiculant son lot de drames.
- c'est vrai, mais je ne revendique aucune compassion. Des comme moi, il y en a eu des centaines. Des milliers.
- Absolument ! Et c'est bien pour ça que votre témoignage est capital, Inge. Comme je vous le disais, votre histoire, c'est celle de notre pays.
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