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Critique de Chouchane


C'est Amédée - un ouvrier agricole rude à la tâche et le coeur sensible - qui parle. Il raconte, dans la langue splendide de Giono, une histoire d'hommes et de femmes et nous offre un grand moment de littérature.

Amédée, après avoir loué ses bras pour les foulaisons du blé, s'assoit boire un coup avec les autres ouvriers et là il voit Albin, un de ces hommes « qui sont seuls dans le monde, seuls sur leurs jambes avec un grand vide autour, tout rond ». Cet homme triste et solitaire semble remplit d'amertume et Amédée se sent l'âme de le soulager. Pour cela, rien de mieux que les mots, ceux qui racontent.

Ainsi on passe au récit d'Albin. C'est lui qui vient de Baumugnes. Un village retranché où se sont réfugiés des humains que, pour punir de leur croyance, on a amputé de la langue. Ces hommes et ses femmes se sont alors servis, pour communiquer, du son de l'harmonica. Comme eux, Albin sait parler avec la musique en soufflant dans le bois et le métal. On retrouve le réalisme fantastique de Giono qui emballe son lecteur dès les premières lignes. Un été de travaux Albin rencontre Louis, un marseillais de la pire espèce lui aussi embauché aux champs. Surtout, il découvre furtivement entre les roseaux Angèle. « Elle avait troussé jupon et elle était nue de toutes ses cuisses ; sans corsage, elle était nue de ses roux comme de grosses prunes et, ainsi faite, elle pataugeait dans l'herbe et l'eau ». Il n'est hélas pas le seul à avoir mesuré la pure beauté d'Angèle, Louis aussi. Plus cruel et manipulateur, c'est Louis qui va mener une danse manipulatrice et dramatique pour Angèle.

Amédée reprend alors le fil du récit. Il décide de retrouver la trace d'Angèle et c'est cette aventure qui va occuper la fin du roman. Giono sait mêler suspens, poésie et analyse psychologique des personnages et d'une histoire simple faire un chef d'oeuvre. Tout concours à rendre puissant le récit, le travail des hommes dans les champs, le silence devant la soupe du soir, la souffrance silencieuse, les mots de l'harmonica dans la nuit. Les sentiments permettront aux hommes de transgresser les carcans sociaux et quand le bonheur arrive enfin au rendez-vous c'est dans un champ de blé que Giono nous le représente.
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