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Critique de Domichel


Il ne m'aura pas fallu longtemps après « Colline » pour continuer la « Trilogie de Pan », par « Un de Baumugnes », qui n'est pas la suite du précédent.
Cette fois encore, la magie de l'écriture a fait son oeuvre d'enchantement.

Amédée, ouvrier agricole plus très jeune, se loue à la tâche de ferme en ferme pour un toit, la soupe et quelque argent. le dimanche soir il retrouve ses collègues pour boire le coup, et fait la connaissance d'Albin, un autre tâcheron comme lui, de trente ans son cadet, qui semble remâcher son malheur dans son coin. Mis en confiance et détendu sous l'effet du vin, il va se confier à son collègue et lui conter son histoire. Celle d'une rencontre un peu féerique d'une jeune et très belle fille, Angèle, qui pour son malheur sera tombé sous l'emprise de Louis, un fieffé personnage qui aura tôt fait de l'emmener à Marseille pour la mettre au turbin sur le trottoir. Seulement Albin ne peut oublier la belle et veut aller chez les parents d'Angèle pour savoir ce qu'il est advenu de cette dernière. Pressentant un malheur ou des mensonges, c'est Amédée qui va s'en charger, et promet à son compagnon de lui donner quelques nouvelles d'ici la Toussaint.

À partir de ce moment, l'histoire au présent se met en marche, et dans la bouche d'Amédée c'est presque une enquête policière qui débute. Comme dans le premier volume de la trilogie, grâce à une écriture ramassée, drue et riche, Giono nous emmène dans ces paysages de Haute-Provence qu'il connaît si bien et dont il nourrit son récit. Moins axée sur la force de la nature mais davantage sur la psychologie des personnages, c'est une galerie de portraits d'hommes et de femmes simples, quelquefois rustres, mais toujours aux sentiments contenus, que l'auteur nous présente. Dans un pays sauvage, c'est à travers les humains que la dureté de la nature va ressortir parfois avec beaucoup de violence. Clarius le père, prompt à empoigner son fusil ; Saturnin le valet, en proie à des rires plus inquiétants que drôles ; maman Philomène, soumise mais à l'occasion rebelle ; Albin, volontaire et idéaliste ; Louis, fourbe et fainéant ; Angèle, confiante sans retenue ; et ceux de Baumugnes dont on découvrira l'histoire. Au milieu de tous, évolue Amédée, courageux, rusé, philosophe et conscient de son propre sort, sans doute le plus attachant de tous…
Dans cette histoire aux accents de tragédie antique, on retiendra la beauté des images et la complexité des caractères, avec une pointe de suspense qui est la bienvenue dans un récit lent et mesuré. Même si le roman est court il faut cependant du temps pour le lire et en apprécier le contenu, car chaque mot, chaque respiration, chaque image a son importance. Pour paraphraser Saint-Exupéry, s'il n'y a rien à rajouter, il n'y a rien à retrancher et c'est ce qui fait la force de ce livre.
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