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Critique de Levant


Conviées à la veillée mortuaire du vieil Albert qui vient de trépasser, l'instinct de survie de trois commères leur fait mépriser le respect dû au défunt et combler le silence de leur gouaille vipérine chuchotée. Elles se livrent alors à une rétrospective minutieuse de leur vie en vase clos.

Dans cette société masculine et matérialiste, obnubilées par la peur de manquer, les femmes n'ont d'autre moyen d'exister que dans le colportage de ragots. Au cours de cette veillée, leur conversation, libérée de la présence des hommes, réveille les souvenirs qui traversent leur esprit en désordre. Dans le pur mépris de toute chronologie, les victimes de leur dénigrement sont transpercées des flèches de leur frustration débridée.

Ces personnes à la langue bien pendue martyrisent de leur persiflage tout ce qui tombe sous leur regard fiché derrière le rideau tiré. La débauche des uns, les infidélités des autres, captées au hasard par leur sagacité et jetées en pâture au lecteur rendu complice, font de cet ouvrage un récit décousu dans lequel la structure est difficilement identifiable. La faconde méridionale, la férocité du verbe, quelques bons mots et un relent de mystère relancent parfois l'intérêt du lecteur, suscitant accessoirement son voyeurisme. Mais il faut quand même se prendre de passion pour les racontars afin de ne pas perdre pied dans ce bain de médisance.

J'avoue avoir été quelque peu dérouté par cet ouvrage investi par les commères de cette société provinciale et rurale que Giono connaît trop bien. Il nous livre une fresque de cette campagne reculée en pays diois dans laquelle il ne faut pas craindre de se compromettre à devenir témoin des vices de la nature humaine.
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