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EAN : 9782021105872
420 pages
Seuil (22/08/2013)
3.65/5   60 notes
Résumé :
Le peloton Charlie, envoyé en mission « de paix » en Afghanistan, rassemble des soldats issus de tous les horizons : Cederna, un fort en gueule qui rêve d’entrer dans un corps d’élite, Ietri, son jeune « disciple », la blonde et courageuse Zampieri, Mitrano, le souffre-douleur, ou encore Torsu, à la santé fragile. Encadrés par un colonel vulgaire et amant des plaisirs, un capitaine austère et un adjudant qui exerce parallèlement l’activité de gigolo pour arrondir se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Qu'ils aient fui une histoire familiale difficile ou laissé derrière eux une épouse et un enfant aimants, qu'ils soient durs à cuire ou timides, conquérants ou timorés, grands et forts ou trahis par leur corps, ils ont tous quitté l'Italie pour intégrer le peloton Charlie envoyé en mission de protection en Afghanistan. Là-bas, loin de chez eux, ils sont confrontés à une réalité bien différente de tout ce qu'ils avaient imaginé. Confinés dans leur caserne, dans la poussière et la chaleur du désert, ils s'ennuient. La nature est hostile, la population l'est tout autant, les ennemis sont partout mais restent invisibles. La tension monte, les corps se révoltent. Une opération en extérieur leur permet de secouer la torpeur mais, quand la mission tourne au cauchemar, le peloton Charlie compte ses morts et chacun tente, à sa façon, de se remettre du drame.


Paolo GIORDANO qu'on avait pu trouver un peu froid dans sa description des amours adolescentes de la solitude des nombres premiers, fait ici le plein d'émotion et de sensibilité pour nous faire aimer ses personnages. Ces soldats qui nous deviennent familiers au fil des pages : Cerdena, la grande gueule insupportable, Ietri le puceau, Torsu l'éternel malade, Zampieri la belle blonde, Egitto le médecin, et tous les autres qui font partie de cette division Charlie, harcelée par la dysenterie, par la chaleur du désert, par les attaques de Talibans. Avec eux, on explore les motivations de ces hommes qui s'engagent dans des conflits armés, pour fuir, vivre l'aventure ou servir un idéal. Mais c'est la guerre moderne qu'ils vont découvrir. On ne combat pas d'homme à homme, on saute sur une mine. On est censé protéger la population, celle-la même qui met des bombes dans les mains des femmes et des enfants, dans la laine des moutons, pour tuer ceux qui pensent apporter la paix. Face aux dangers, les hommes font corps, ce corps humain avec ses failles, ses cicatrices indélébiles mais aussi son courage, sa rage de vivre.
Une plongée dans une guerre lointaine, plus forte que n'importe quel reportage du JT, un grand livre qui émeut et fait réfléchir.
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"Quelle connerie, la guerre", disait Prévert...
Le nouveau roman du jeune écrivain est consacré à la mission d'un peloton de chasseurs alpins italiens envoyés en Afghanistan dans le cadre de l'opération dite de "maintien de la paix" de l'OTAN, de nos jours.
La première partie évoque la personnalité des différents hommes d'une vingtaine d'années qui le composent, le fanfaron, le souffre-douleur, l'adjudant dévoué à sa mission et à ses subordonnés, le toubib dépressif dont l'histoire familiale est faite de soumission à un père médecin, ambitieux et péremptoire, situation contre laquelle sa soeur aînée s'est rebellée, et quelques autres encore. Blagues de troufions, frustrations sexuelles, rivalités, ennui et routine marquent le quotidien de ces hommes confinés dans une base avancée au confort sommaire, au milieu du désert.
Tout change quand trois pelotons sont chargés d'escorter un convoi de camionneurs afghans dans un trajet qui traverse une zone non sécurisée... À l'optimisme des premières heures succède la tension, car tout désormais peut arriver. Lorsque un des blindés saute sur une mine, qui est le responsable ? La soldate inexpérimentée qui a laissé son véhicule s'encastrer dans un nid de poule de la piste, retardant tous les autres ? le conducteur qui, saisi d'impatience, à voulu doubler le blindé qui le précédait ? L'adjudant qui a préféré égoïstement bénéficier du confort de l'ambulance, après une blessure sans gravité ? le choc des hommes, à la vue des membres déchiquetés de leurs camarades, est tel que tous en restent marqués, en dépit des risibles efforts du psychologue gradé qui est censé les soutenir. Chacun essaiera de trouver sa voie vers la résilience, ou non...
Écrit tantôt dans la langue familière et bravache des troufions, tantôt dans un style favorisant l'introspection désabusée et le détachement quasi clinique du personnage principal, le lieutenant Egitto, médecin du peloton, le récit reste extrêmement plausible.
Si la première partie manque parfois de tension dramatique, celle-ci apparaît avec force dans la seconde moitié du roman.
Au final un assez bon roman, qui sans illusions, montre la vanité et l'absurdité des soi-disant "missions de paix" et autres guerres post-coloniales, à travers le regard presque candide des jeunes soldats envoyés sur le terrain.
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Une base Italienne en Afghanistan, Paolo Giordano met en lumière les hommes de la Compagnie Charlie.
Il y a Cederna, le fanfaron, le fort engueule, Letri, le fils à sa maman surnommé «la pucelle », il y a Angelo Torsu qui chatte avec une petite amie virtuelle qu'il n'a jamais vue.
Il y a le lieutenant René, gigolo à ses heures, le Colonel Ballesio qui soutient que
« le Petit Prince » est une lecture de pédés.
Et surtout, il y a le lieutenant Egitto, le médecin de la base, accro aux antidépresseurs. Sa guerre à lui se joue très loin des opérations, à Turin entre sa mère et sa soeur et le lourd passé qu'il a voulu fuir.
Ces hommes sont confrontés au danger, à l'hostilité, à la chaleur, à l'inconfort et aux désordres de leurs propres corps.
L'ennui et le désoeuvrement les enveloppent et exacerbent les animosités jusqu'à ce qu'une opération en extérieur fasse voler en éclats leurs certitudes.
« le corps humain » n'est pas seulement un roman de guerre, c'est aussi une histoire d'hommes avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs bonheurs, leurs chagrins
J'ai ouvert ce livre sans conviction, les romans de guerre, je n'aime pas trop.
Les livres sur l'Afghanistan, il y en a beaucoup et de plus, je n'avais pas du tout aimé « la solitude des nombres premiers », le précédent opus de Paolo Giordano.
De quoi être préparée à une déception, mais contre toute attente, j'ai été happée par cette lecture et en suis ressortie pantelante et éblouie.

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On dira ce qu'on voudra de Paolo Giordano, y compris du mal de son premier roman, La solitude des nombres premiers, mais le jeune auteur italien prouve avec éclat dans le corps humain qu'il n'est pas l'homme d'un seul livre. Construit sur le principe : avant, pendant et après, l'ouvrage est très habile et maîtrisé, comme un bon thriller organique, fait de chair purulente et d'âme calcinée. Un roman de guerre, oui, celle d'Afghanistan, et surtout d'initiation, de passage à l'âge adulte. Car ce ne sont que des enfants qui, en premier lieu, tuent le temps dans ce désert inhospitalier et dont le principal ennemi semble être ... la dysenterie. Ambiance Désert des tartares, dans un ton toutefois bien différent, où l'on fait connaissance avec près d'une dizaine de personnages qui ont en commun d'avoir laissé au pays un quotidien morose et compliqué. le ton change avec une opération qui tourne au désastre meurtrier. Giordano déploie alors un style cinématographique, spectaculaire, d'un réalisme cru (une fois encore, la traductrice, Nathalie Bauer, bien connue des amateurs de littérature italienne, fait des prodiges). La dernière partie, "l'après", est elle plus psychologique, décrivant sans emphase les blessures et les traumatismes intimes de ceux qui ont vécu "ça", soit une expérience impossible à partager. Cette trilogie du cauchemar, dense et tragique, est à mettre en parallèle avec le jardin de l'aveugle de Nadeem Aslam. Deux visions de la guerre d'Afghanistan qui se complètent et se répondent. Avec le même sentiment d'horreur, en définitive, quant à la nature humaine.
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Ce livre est le fruit d'un voyage que l'auteur effectué en Afghanistan en 2010, avec des militaires.
Il relate le quotidien d'un peloton de jeunes soldats en mission ,sous le commandement de l'adjudant Antonio René, un homme scrupuleux ,en pleine crise de conscience.
Parmi les derniers arrivés,le jeune Roberto Ietri,tout juste vingt ans qui croit trouver un sens à la vie en allant en Afghanistan et s'affranchir d'une mère possessive.
Le lieutenant médecin Alessandro Egitto ,à quelques jours de la fin de sa période,demande à rester au camp pour éviter de retrouver sa soeur et leurs douloureux souvenirs familiaux. ,Il est dépressif et dépendant des neurodépresseurs.
Tous ces jeunes soldats sont dans la base FOB, un avant-poste particulièrement isolé dans le district de Gulistan ,dans le sud du pays.
Y règnent l'ennui, la chaleur, L'inconfort, la précarité de la vie au front.
La menace semble irréelle et les soldats reconstruisent dans la base la vie qu'ils connaissaient.
Mais la nuit, dans le silence absolu, ils entendent les pulsations de leurs coeurs et les bourdonnements de leurs organes internes.
La tension monte,devient palpable.
Effectivement,une expédition d'accompagnement sur un trajet non sécurisé sera fatale aux occupants d'un des blindés.
Les autres assistent impuissants à l'horreur et,pour eux, ce sera le franchissement de la ligne qui sépare la jeunesse de l'âge adulte.
Les derniers chapitres,après le retour au pays,perdent en intensité, ce qui est normal. J'ai un peu buté sur le comportement de l'adjudant René...

Paolo Giodano a déclaré,en substance :"Ce roman est un livre de guerre,mais aussi SUR la guerre: celle de l'Afghanistan, celle des rapports humains ,affectifs et familiaux et celle,invisible et très périlleuse contre soi-même ."

Au final,un bon livre . Paolo Giordano se révèle un bon écrivain.
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critiques presse (2)
LaPresse
18 octobre 2013
Bien documenté, d'une grande franchise, ce roman italien est dense et d'une grande humanité.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lexpress
02 octobre 2013
Un subtil roman d'initiation. Un roman époustouflant, attachant, bien construit.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
L’essentiel, pour lui, a été dès le début de creuser une tranchée entre le présent et le passé, un refuge que la mémoire elle- même soit incapable de violer. Toutefois, parmi les choses dont il est parvenu à se débarrasser ne figure pas celle qui le ramène avec le plus d’évidence à la période qu’il a vécue dans la val-lée : treize mois après l’épilogue de la mission, Egitto arbore encore son uniforme d’officier. Deux étoiles brodées se détachent sur sa poitrine à l’emplacement exact de son coeur. Plus d’une fois il a caressé l’idée de se réfugier parmi les civils, mais l’uniforme s’est collé à son corps centimètre carré par centimètre carré, la transpiration a délavé le dessin du tissu et coloré la peau dessous. S’il se déshabillait aujourd’hui, il en est certain, l’épiderme se détacherait aussi et il se retrouverait, lui que la simple nudité rend mal à l’aise, plus exposé qu’il ne pourrait le supporter. Et puis à quoi bon ? Un soldat ne cesse jamais d’être un soldat. À l’âge de trente ans, le lieutenant en est arrivé à considérer l’uniforme comme un accident inévitable, une maladie chronique du destin, évidente mais indolore. La contradiction la plus significative de sa vie a fini par se muer en cet unique élément de continuité.
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Après l'explosion
L'herbe sèche est jonchée des morceaux carbonisés du Lynx. Ietri les regarde à travers sa vitre souillée de boue. Il pourrait la nettoyer avec son avant-bras pour mieux voir, mais une partie de son être sait que la saleté se trouve surtout à l'extérieur et que cela ne servirait à rien. En prêtant plus d'attention, il comprend que certains restes noirs sur le sol, les plus petits, ne sont pas mécaniques mais anatomiques. Par exemple un ranger auquel quelque chose est accroché, repose bien droit sur sa semelle. D'autres en revanche le laissent dubitatif. C'est donc ainsi que se détruit un corps humain, songe-t-il.
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Il n'éprouve de chagrin ni pour le départ d'Irène ni — ce qui est beaucoup plus grave — pour la mort de ses hommes. Ce sont peut-être les cachets, à moins qu'il n'en soit plus capable. Si la seconde hypothèse le déconcerte, la première ne lui est pas d'un grand réconfort. Il expérimente ce qu'il savait déjà : la peine, la souffrance, la compassion qu'on ressent envers les êtres humains se réduisent à la biochimie — hormones et neurotransmetteurs inhibés ou relâchés. Cette prise de conscience suscite en lui une indignation inattendue.
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L'opportunité de passer la nuit dans l'ambulance, allongé, plutôt que recroquevillé sur le siège du conducteur, à l'intérieur du Lynx bondé, empêché par le volant ne serait-ce que de se tourner sur le côté, lui traverse l'esprit. Mais la place qu'il occupe revient à Camporesi, qui a conduit le véhicule toute la journée. C'est d'ailleurs lui qui lui a assigné ce rôle. L'en priver serait malotru. L'adjudant est prostré. Pour la première fois de sa carrière, son égoïsme engage une lutte violente contre sa droiture.
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Egitto
Quelque chose en lui a vraiment changé depuis qu'on a quitté la zone sécurisée, et davantage depuis que le Génie a découvert le premier engin explosif: ici, dans le coeur de la vallée,dans cette arène,il n'y a plus de trace de pudeur ni d'indignation. Nombre des qualités qui distinguent l'homme des autres animaux ont disparu. Désormais,pense-t-il,lui-même n'existe plus en tant qu'être humain. Il s'est transformé en une entité abstraite,un agglomérat de pure alerte,de pure réaction et de patience.
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Videos de Paolo Giordano (13) Voir plusAjouter une vidéo
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