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EAN : 9782253006299
192 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.6/5   128 notes
Résumé :
La petite ville est en effervescence. Depuis quelque temps se produisent d'étranges phénomènes. On signale même la présence d'un spectre. La chasse au surnaturel, c'est la spécialité de l'inspecteur d'académie. Il arrive tout exprès de Limoges pour se joindre au maire, au droguiste et au contrôleur des Poids & Mesures afin de rétablir l'ordre. Ils ont rendez-vous à l'écart du bourg, dans le pré hanté, où les rejoignent les sœurs Mangebois. Selon elles, la responsabl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Muselez-moi donc ces jeunes filles qui se prennent à rêver d'ailleurs : l'ordre et le conformisme doivent régner, parole de fonctionnaire!
C'est une délicieuse dinguerie cette pièce, champêtre, étrange, burlesque, irrévérencieuse et si joliment datée dans la forme.
On a beau en peiner pour Isabelle dont tous veulent arracher l'instinct de vie et de liberté pour la faire rentrer au bercail du rationalisme républicain et du confort bourgeois, c'est quand même le sourire et la légèreté qui prévalent dans cette étrange pièce surannée qui doit être tout aussi étrange à mettre en scène!
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De toutes les pièces de Giraudoux, « Intermezzo » est une de mes préférées, parce qu'elle propose, à mon avis, un panorama complet de l'univers de son auteur : c'est d'abord une impression de légèreté qui nous saisit : le théâtre de Giraudoux est parfois grave, mais jamais lourd, même dans ses pièces tragiques (« Electre », « La Guerre de Troie n'aura pas lieu »), c'est dû principalement, bien sûr, au style de l'auteur qui multiplie les changements de ton, privilégie une ironie un peu précieuse, non dénuée de profondeur, joue souvent avec les attentes du spectateur, et s'arrange pour glisser des personnages, soit burlesques, soit décalés, soit encore lunaires pour que la pièce se maintienne sur un nuage de fantaisie grave, ou de gravité souriante. Giraudoux c'est donc un style particulier c'est aussi un éclectisme souriant : il touche à tous les genres, du plus tragique au plus comique, sans verser dans l'excès ni d'un côté ni de l'autre, et sans déroger à son propos : l'homme a un rôle à jouer, et à bien jouer de la meilleure façon pour lui et pour les autres : c'est une forme d'humanisme sans doute, qui s'exprime par le pacifisme, ou par l'acceptation du monde extérieur, qu'il soit exceptionnel (dans ses pièces mythologiques ou légendaires) ou au contraire limité dans une vie quotidienne (dans ses pièces modernes).
« Intermezzo » est une pièce de 1933. Il n'est pas étonnant que le ton choisi pour cette pièce nous paraisse aujourd'hui un peu suranné. Mais c'est peut-être une chance : ce côté « entre-deux guerres », mi sérieux-mi fantaisiste, que nous y trouvons aujourd'hui, ajoute au charme de la pièce et transforme le désuet en intemporel.
Dans ce village (ou cette petite ville), depuis quelques temps, le cours de la vie ordinaire n'est plus le même : les habitants se comportent comme ils devraient se comporter et non pas comme ils se comportent habituellement, ce n'est pas normal, c'est en tous cas ce que pense la clique bien-pensante de la ville. La coupable, c'est forcément Isabelle, la remplaçante de l'institutrice, qui donne ses cours en plein air et qui, paraît-il, rencontre un spectre tous les soirs. Même l'Inspecteur d'Académie, incarnation rigide et ridicule de la Raison, vient pour enquêter. Il cherche à coincer le soi-disant spectre, et y réussit presque, mais Isabelle, a des ressources secrètes, et des amis insoupçonnés comme le Droguiste, et surtout le Contrôleur des Poids et Mesures, secrètement amoureux d'elle.
Pièce fantaisiste, à la limite de la féérie, « Intermezzo » est aussi une pièce symbolique : Isabelle doit choisir entre le Spectre (la mort) et le Contrôleur (la vie). Elle finit par choisir la vie, mais comprend que si on choisit la vie, il faut la vivre pleinement et ne plus flirter avec la mort. Et d'ailleurs quand la vie revient (avec l'amour), tout revient dans l'ordre : « L'argent va de nouveau aux riches, le bonheur aux heureux, la femme au séducteur ». Isabelle épouse le contrôleur, le cul-de-jatte gagne à la tombola une bicyclette… « et fini, l'intermède ! »
Car « Intermezzo » au fond n'est qu'un « intermède » avec une morale : l'homme joue le rôle qu'il doit jouer, et s'il veut en jouer un autre, il risque d'en mourir.
Giraudoux est un enchanteur. Son langage léger et profond à la fois, séduit et charme autant le spectateur que le lecteur. « Intermezzo » en 1933 est encore une pièce largement souriante. La fin des années 30 et les années de guerre amèneront une gravité qui, même tempérée par l'humour et par la maîtrise du langage, souligne l'inquiétude devant la montée des périls, et l'impuissance à les affronter quand les périls sont là.

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Mon premier Giraudoux ! Belle écriture au service d’un récit lunaire , frais et vivifiant ... qui a pris une petite teinte vieillotte biensur , les fonctionnaires ne sont plus vraiment comme cela mais dans cette période compliquée et en fin d𠆚nnée cela fait du bien !
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Sans doute on pourrait en faire une bonne adaptation à la Disney, (ça a peut-être été fait)
cette lecture m'a semblé plus pénible qu'autre chose.
Le thème = les "jeunes filles" (une vision stupide de l'"essence" de la jeune fille)
Les personnages = la jeune institutrice amoureuse du "spectre" qui hante le village, ses élèves à qui elle enseigne une vision poétique de la réalité, le contrôleur amoureux de toutes les jolies femmes, le spectre (au départ un faux mais qui devient vrai après son exécution par les autorités) qui va sans doute entraîner Isabelle dans son monde, des villageois, le méchant inspecteur d'Académie venu faire la chasse à la superstition et rétablir l'ordre bourgeois, le maire qui oscille entre le camp des poètes et celui des institutions, le droguiste dans le rôle de l'intermédiaire entre les mondes.
Plein de jolies idées, d'humour, mais un style imbuvable à mon avis. Se voulant poétique, le pauvre Giraudoux est juste lourd et fatigant.
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Véritable pamphlet sur l'absurdité et la futilité de nos misérables vies, soulignées par un ange rédempteur : le spectre, symbole de l'esprit "nouveau" loin de tous conformismes, qui aspire à la beauté spirituelle. Il s'oppose à cela à l'inspecteur, borné et terre à terre. Rien ne peut éloigné l'homme de la mécanique de sa condition, tellement prévisible. L'angoisse à l'état pur.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
ISABELLE : D'imagination ? Figurez-vous que sur ce point j'avais des doutes. Sur ce point la vie avec un fonctionnaire m'effrayait un peu. Le métier de contrôleur des Poids et des Mesures comporte beaucoup d'imagination ?

LE CONTRÔLEUR : Pouvez-vous en douter ?

ISABELLE : Donnez-moi un exemple.

LE CONTRÔLEUR : Mille, si vous voulez. Chaque soir, quand le soleil se couche et que je reviens de ma tournée, il me suffit d'habiller le paysage avec le vocabulaire des contrôleurs du Moyen-Age, de compter soudain les routes en lieues, les arbres en pieds, les prés en arpents, jusqu'aux vers luisants en pouces, pour que les fumées et les brouillards montant des tours et des maisons fassent de notre ville une de ces bourgades que l'on pillait sous les guerres de Religion, et que je me sente l'âme d'un reître ou d'un lansquenet.
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Dans cette petite ville, il se passe des choses étranges depuis que Melle Isabelle remplace l'institutrice et qu'un spectre rôde, dit-on, aux alentours.
Le plus pauvre gagne le gros lot, ce sont les plus âgés et les moins sympathiques qui meurent, on répond sincèrement aux questionnaires officiels et Isabelle, dit-on, a des rendez-vous avec le spectre !...
De Limoges arrive l'inspecteur chargé de mettre fin à ces désordres intolérables ; ce personnage caricatural incarne un rationalisme étroit, imperméable à l'imagination, et la routine administrative dans ce qu'elle peut avoir de plus inhumain. Il n'en est pas moins scandalisé par l'enseignement fort peu orthodoxe qu'Isabelle dispense aux fillettes, dans la classe en plein air, que par ce spectre qui se permet d'exister, et qu'Isabelle fréquente bel et bien !
Mais sa courte philosophie est impuissante contre le spectre, comme les coups de pistolet. D'ailleurs une aimable complicité règne autour d'Isabelle, favorisée par le droguiste et par le contrôleur des poids et mesures, amoureux d'elle en secret...
(extrait de "Lagarde et Michard" - XX° siècle - Le théâtre de 1919 à 1939)
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ISABELLE.
Cher Monsieur le Contrôleur, je me suis obstinée toute ma jeunesse, pour obéir à mes maîtres, à refuser toutes autres invites que celles de ce monde. Tout ce que l'on nous a appris, à mes camarades et à moi, c'est une civilisation d'égoïstes, une politesse de termites. Petites filles, jeunes filles, nous devions baisser les yeux devant les oiseaux trop colorés, les nuages trop modelés, les hommes trop hommes, et devant tout ce qui est dans la nature un appel ou un signe. Nous sommes sorties du couvent en ne connaissant à fond qu'une part bien étroite de l'univers, la doublure intérieure de nos paupières.
Acte II, scène 3.
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Je parle bien quand j’ai quelque chose à dire. Non pas que j’arrive précisément à dire ce que je veux dire. Malgré moi, je dis tout autre chose. Mais cela, je le dis bien... (p94)
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Nous avons attrapé au lasso, et malheureusement privé de vie, un chien qui ressemblait étrangement à un de nos courtiers de publicité les plus en vue, mais qui a retrouvé dans la mort l'expression d'humanité et de loyauté familière à sa race. C'est peu.
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Videos de Jean Giraudoux (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Giraudoux
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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