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EAN : 9782246125921
290 pages
Grasset (26/04/1989)
3.31/5   44 notes
Résumé :


Dans Siegfried et le Limousin, j'ai raconté l'histoire d'un Français privé de la mémoire par une blessure reçue à la guerre, rééduqué sous le nom de Siegfried par ceux qui l'ont recueilli dans une nation et des mœurs qui ne sont pas les siennes, et ramené par des amis à son ancienne vie.

Cette idée était si dramatique que, comme tous les grands drames, elle a été réalisée depuis par le sort

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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"J'avais de bonnes raisons pour être frappé par ces phrases, je les connaissais".
Le narrateur, Jean, "petit bourgeois" et écrivain parisien repère en janvier 1922, en lisant un journal allemand la "Frankfurter Zeitung", un plagiat de l'oeuvre de son ami Forestier porté disparu lors de la guerre de 14-18.
Il écrit une "lettre ouverte" au directeur de la revue et fait appel à son ami allemand le comte Zelten pour résoudre cette énigme.
Qui est ce mystérieux SVK qui signe les articles?
Il se rend en Allemagne, et là.... Surprise!...."Je vis Forestier!"
Ce rapprochement ne sera pas approuvé par tout le monde surtout lorsque l'on se fait passer pour un certain Jean Chapdelaine, Canadien.
Siegfried et le Limousin est un beau roman d'amitié, l'amitié qui lie deux hommes amis d'enfance (dans le Limousin d'où le titre).
SVK: Siegfried von Kleist, est le nom dont a été rebaptisé Forestier (blessé de guerre amnésique) par Eva la belle (bonjour l'amour!) cousine de Zelten qui l'a soigné.
Ce roman évoque le voyageur sans bagage de Jean Anouilh (qui s'est d'ailleurs inspiré de Giraudoux) basé sur le thème de l'identité,de l'imposture et du mensonge d'un amnésique retrouvé après la fin de la guerre de 14-18.
Car en fin de compte qui est Siegfried ? Allemand ou français? Un trou de mémoire et une bonne connaissance de la langue suffit pour sauter allègrement une frontière.
Jean Giraudoux situe ce roman dans l'après guerre.Il nous montre l' Allemagne comme un "grand pays humain et poétique", romantique. N'est-elle pas la patrie de Goethe? Beaucoup de références littéraires ponctuent ce livre situé dans un milieu d'intellectuels qui discutent de la "pensée profonde de l'Allemagne", de politique, de la fatalité et de l'absurdité de la guerre. Pourtant, malgré ces images culturelles emplies d'idéal, Eva lorsqu'elle récite ses prières dit haut et fort sa haine des Français. Pourtant, dans ce grand pays avec ses "musiciens en uniforme" il existe déjà des rafles de Juifs. le nazisme commencerait-il à pointer le bout de son nez?
Je ne peux pas dire que j'aie vraiment aimé Siegfried et le Limousin, lui préférant de loin la pièce dramatique Electre mais j'ai apprécié de belles images poétiques comme: ces chevaux qui ont "des éclats d'or au poitrail" ou la description de Zelten semblable à "un fumeur d'opium qui attend sa seconde pipe".
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L'intrigue pourrait être résumée rapidement : un Narrateur – jamais nommé – retrouve la trace d'un ami d'enfance qu'il croyait mort dans les tranchées de la Grande Guerre, mais il le retrouve sous l'identité d'un homme de lettres et juriste allemand, son ami ayant perdu la mémoire et son identité. Les autorités militaires allemandes ont trouvé cet homme blessé sans plaque d'identité, et lui ont attribué une identité allemande, Siegried Kleist, le prénom du héros germanique par excellence, ce géant blond des mythes, et Kleist, du nom du poète romantique. Dans son nom même, cet homme nouveau doit incarner la culture et l'art allemands.
Cet apparent drame personnel n'est cependant pas le coeur du roman. On ne saura rien des pensées intimes de Forestier / Siegfied, il n'y a pas de focalisation interne sur lui. Les rapports entre lui et le Narrateur ne sont d'ailleurs qu'effleurés, on ne sait pas trop pourquoi le Narrateur lui est si attaché. On ne lit donc pas un roman épique sur la guerre, ni un roman historique, ni vraiment un roman d'amitié sentimental.
Non, ce qu'a perdu le Narrateur et qu'il veut retrouver, ce n'est pas tellement son ami, c'est l'Allemagne, c'est la culture allemande. Lui qui a passé l'agrégation d'allemand, qui a vécu en Allemagne, qui a des amis allemands et a eu des amies allemandes, il a été séparé du pays et du peuple qu'il aimait par la guerre et l'après-guerre. Et c'est là où il faut s'accrocher, j'avoue avoir été perdue par les très nombreuses références littéraires, poétiques, artistiques à la culture allemande. La thématique est donc passionnante, avec des thématiques comme la reconstruction diplomatique, la revanche, la paix, l'identité nationale... Une des grandes questions est donc : « qu'est-ce qu'une nation ? Qu'est-ce qu'une identité ? ». Et c'est ce que suggère le titre avec son antithèse entre Siegfried et le « Limousin », la « petite patrie » du Narrateur » à laquelle il est attachée sentimentalement, car c'est le lieu d'où vient son père, le paysage où il a grandi et où se déroule tous ses souvenirs d'enfance entre partie de pêche entre amis, baignades dans la rivière, cour d'école...
Il est aussi étrange de voir que ce roman a été écrit en 1922, quand nous, lecteurs, connaissant la suite de l'histoire : il met en scène un coup d'état à Munich, insiste sur les conséquences négatives du traité de Versailles, montre l'antisémitisme d'une partie de la population... Et, surtout, il montre l'influence de la propagande à tous les niveaux de la société, partout et pour tous, qui entretient un esprit de revanche et un climat de haine – de chaque côté.
Un hymne à la culture allemande, à la réconciliation entre les peuples, mais le message est très – trop appuyé, la thèse prend le dessus sur le romanesque et l'intrigue qui n'apparaît que comme un prétexte. Ce n'est donc pas facile à lire, le rythme est très lent, mais c'est beau.
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L'idée de départ est intéressante. Qui est ce SVK qui écrit dans la presse, en 1922, en plagiant un auteur d'avant guerre? Ce sera Forestier, que l'on croyait mort, mais qui, grand blessé sur les champs de bataille, a en fin de compte, survécu. Mais il a tout oublié de son passé. Siegfried VK sera son nouveau nom.
Mais l'auteur mélange cette histoire à celles d'amitiés confuses, de relations franco-allemandes non remises du chocs des guerres, et parsème tout cela d'un foisonnement de références culturelles de haute volée, mais vraiment, vraiment difficiles à suivre. Dès lors, il faut du mérite pour aller jusqu'au bout. C'est un livre d'intellectuel pour intellectuels; je doute que les lecteurs d'aujourd'hui soient nombreux pour s'investir dans la découverte d'un univers - brillant d'un point de vue littéraire et philosophique - mais tellement complexe et touffu.
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J'ai lu Siegfried et le Limousin et j'ai la désagréable sensation que ce roman m'a glissé entre les doigts, comme l'eau de la rivière. Pfuit! Tout s'échappait.

Plusieurs faits m'ont mis ce livre entre les mains. Je lisais et étudiais le Voyageur sans bagage de Anouilh avec ma classe de lycéens. Or plusieurs critiques ont fait le lien entre cette pièce et celle de Giraudoux, Siegfried. Cette dernière est l'adaptation théâtrale du roman, toujours de Giraudoux, Siegfried et le Limousin. Par un incompréhensible hasard, je me suis rendue compte que j'avais ce roman en ma possession.

Me voilà donc à ouvrir ce livre à la douce odeur de vieux papier!

L'intrigue est assez simple: le narrateur, Jean (Giraudoux?), aux lendemains de la Première Guerre Mondiale, découvre qu'un journaliste allemand plagie un de ses amis, Forestier, disparu sur le front. Poussé par la curiosité, il se rend à Munich où vit le fameux plagiaire Siegfried von Kleist. Il découvre alors que ce n'est autre que Forestier lui-même, qui, amnésique, est devenu citoyen allemand.

Jusque-là, l'histoire est limpide. C'est sans compter la fantaisie et la poésie verbales de Giraudoux qui m'avaient déjà décontenancée dans Electre. Mais ce sont surtout les perpétuelles références à la culture allemande et française du début du XXe siècle qui m'ont perdue.On sent que tout est intertexte littéraire même si en moi rien n'a fait écho.

Une chose est sûre: quand la France apparaît dans ce roman comme le pays de la raison et de l'esprit critique, l'Allemagne, pays fantasque, est l'incarnation du romantisme et de la poésie (Les choses ont bien changé, n'est-ce pas?) Et si l'auteur fait dialoguer les deux pays, il reste entre eux une incompréhension tenace qui confine à la haine. Cela reste indubitablement beau, insaisissable mais beau.
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Ce roman présent une impossible entente entre deux principes érigés en blocs hermétiques l'un à l'autre : la raison, l'universalisme, le savoir-vivre à l'ouest du Rhin, agressée par la lourdeur, la balourdise, la haine et la bêtise qui règne à l'est. Au début du roman, le narrateur parle ainsi de nos voisins : "ce cri étouffé, guttural, émouvant qu'on appelle la parole allemande". Forestier qui a perdu la mémoire était un écrivain de talent en France ; il s'étiole en Allemagne : ses poésies sont moins bonnes. Il passe cependant pour l'un des plus grands prosateurs. C'est dire la différence de niveau. Ce qui a trait à la France est systématiquement relevé, ce qui se rattache à l'Allemagne fait au mieux l'objet d'une magnanime condescendance. Loin de chercher l'apaisement, le narrateur rend coup pour coup et fait la leçon (je pense à ses commentaires sur la prière haineuse de la demoiselle). Durant tout le roman, il s'agit de libérer Forestier de la barbarie où il se trouve et de le ramener à la civilisation, c'est-à-dire en France. On ne voit d'autre issue que la guerre à l'issue du roman où le personnage reconnaît le mal-être dont il n'avait pas pris conscience auparavant durant son séjour en Allemagne - sans doute étourdi par le poison de ce romantisme germanique contraire à la raison lumineuse de la race française ? Cette histoire de mettre les verbes à la fin fait décidément mal à la tête... Bref, rien d'apaisant ni de pacificateur dans ce roman, l'impression est plutôt de lire un roman "comme on en faisait à l'époque", où le mot race ne peut pas être reproché à l'auteur, mais où l'on ne peut pas non plus lui reconnaître d'avoir réussi (cherché ?) à s'élever "au-dessus de la mêlée"...
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
« Je ne veux pas mourir avant d’avoir revu l’Europe heureuse. Sans avoir vu reparaître ce journal dont je ne sais ce qu’est devenu le directeur, l’Écho international des gens heureux avec son supplément illustré des bêtes et des plantes heureuses, et ses trois cents abonnés. Sans avoir vu les deux mots qu’une force invincible écarte le plus chaque jour, le mot Russie et le mot Bonheur, se rencontrer sur mes lèvres à nouveau. Je ne veux pas mourir avant que les mères dont les fils ont été tués soient toutes mortes : ce jour-là, un grand pas sera fait vers le bonheur du monde. Moi, qui n’avais jamais voulu jusqu’ici renoncer au tennis malgré mes palpitations, aller aux eaux malgré mon foie gonflé, et aux bains, malgré mes rhumatismes, je veux voir l’Europe heureuse, je veux me garder intact pour ce jour, et me calfeutrer entre Royat, Néris et Vichy, dans ce triangle auvergnat de santé qui s’élargira peu à peu, à mesure que viendra l’heure heureuse, jusqu’à Marienbad, jusqu’à Constantza, et enfin jusqu’aux eaux de Crimée… Être heureux, – je dis cela pour ceux qui n’ont pas plus de vingt-cinq ans, car ils l’ignorent, – c’est, aux frontières, ne pas entendre les gens multiplier par cent ou par mille, comme des peuples d’enfants, le contenu de leur bourse. C’est revoir la même humeur sur le visage des dix maîtres d’hôtel de l’Orient-express, et des quarante stewards quand on fait le Tour du Monde, et ce même sourire qu’ils se transmettaient, flambeau des âmes domestiques, avec ma couverture et ma valise. C’est ne pas avoir, à la vue d’un rapatrié des régions affamées, l’impression qu’il a un jour disputé son repas à un enfant… Alors, le jour où j’aurai vu le monde à nouveau robuste accrocher comme deux plaques de ceinturon le mot Russie et le mot Bonheur, je veux bien mourir. Quel agréable jour que celui de ma mort !… On me lira, dans l’Écho (ou dans le Figaro, ou dans le Matin, je choisirai mon journal non d’après sa politique, mais d’après son optimisme), ces accidents terribles qui indiquent que le siècle est au bonheur, qu’un revolver est parti tout seul dans le Loiret, qu’un poète s’est cassé la jambe à Berlin, qu’un typhon a tué son million de Chinois… Ô monde, nous ne nous doutions pas que le naufrage du Titanic était un message d’heureuse paix !…” (p112/113)
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Comme tous ces écrivains qu’on dit mondiaux, comme Shakespeare, comme Cervantès, il ne voulait être d’aucun secours dans ces crises où le seul nom de Molière, de Voltaire ou de Hugo venge le vaincu et donne un conseil aussi précis que l’indication d’une rue ; et quand on observa ce long silence que les Américains organisent à la minute anniversaire de la naissance du Christ ou de la victoire d’un ballon américain dans la coupe aéronautique, ce n’était pas seulement l’Allemagne qui se taisait, c’était Goethe. Une nation à ce point désorientée et malheureuse ne devrait pas avoir à fêter, comme son sauveur, le modèle du bonheur et de la sagesse. (p136)

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— Après 70, mon instituteur m’a forcé à dessiner aux crayons Faber et à mépriser les crayons Conté. Mon professeur de gymnase à lire Immerman et Kotzebue, au lieu de Dante et de Shakespeare. Mon maître d’histoire naturelle, à l’Université, à découper les animaux d’aquarium en quatre, suivant la méthode de Giessen, et non en deux, suivant la méthode de Gaston Bonnier. L’influence la plus claire de 1870 sur moi, c’est que j’ai été nourrie de Kotzebue et que je découpe le têtard par quartiers. (p111/112)
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Geneviève ne mourait pas commodément. Elle avait un lit un peu court et ses regards aussi étaient gênés par la montagne, qui tombait devant elle à pic. Elle préférait attendre la mort les genoux pliés et les yeux fermés. Jamais humiliée mais toujours repentante d’être fille naturelle, pleine d’admiration pour ce qui est l’ordre ou la loi, elle essayait seulement de donner à sa vie une conclusion plus régulière que son commencement. (p179)
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-Vous êtes Français, dit-elle. Je viens vous demander un service.
Belle naïveté qui unit le mot "français" et les mots "demander service"!
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Vidéo de Jean Giraudoux
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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