S'inspirant de faits réels épars et obscurs,
Guinevere Glasfurd imagine les détails de la relation amoureuse avérée entre
René Descartes, grand philosophe des Lumières, et une petite servante hollandaise, rencontrée pendant son exil. Helena se distingue des autres servantes de son milieu, ce qui explique peut-être l'attirance du « Monsieur » pour cette jeune fille bien en-dessous de son rang. Débrouillarde, elle a appris à lire et à écrire tout seule. Curieuse, elle examine avec intérêt les expérimentations de
Descartes, et ne rechigne pas à la tâche quand il faut se salir les mains pour l'aider. Mais cela suffira-t-il à gagner l'amour du maître et à le garder ? Helena parviendra-t-elle à s'élever au-dessus de sa condition grâce à cette rencontre inespérée ?
Ce roman nous donne un aperçu de la société de l'époque, où les femmes, à plus forte raison les servantes, sont exploitées au quotidien, jugées inaptes à l'apprentissage, incapables de comprendre ce qui est réservé aux hommes. C'est aussi une société où l'Eglise est toute puissante, exacerbant les tensions entre protestants et catholiques, bannissant ceux qui, comme
Descartes, osent contester la parole de la Bible dans leurs écrits subversifs.
Guinevere Glasfurd nous donne à voir un
Descartes méconnu, solitaire et égo-centré, obnubilé par ses réflexions et son oeuvre, mais tiraillé par les élans de la chair, fou de désir pour la jeune Helena, disposé à la mettre à l'abri quand un enfant naît de leurs ébats. Ambivalent,
Descartes passe son temps à travailler à son Discours, tout en mettant sa réputation à risque en entretenant une relation, certes cachée, avec une servante. Alors l'aime-t-il vraiment ou ne fait-il que l'utiliser ? Impossible de savoir,
Guinevere Glasfurd nous laisse dans le doute, tout au long du récit.
Je vous avouerais avoir été un peu déçue par ce livre, lequel manque d'action, de rebondissements, et de profondeur historique. Si la vie de l'époque est bien documentée, tout le contexte socio-politico-économique n'est pas évoqué, la question religion à peine effleurée, et l'oeuvre de
Descartes légèrement mentionnée, une seule fois en 448 pages. C'est finalement un roman très contemplatif, où de nombreux passages traînent en longueur, pendant qu'on se demande où l'auteure veut nous emmener.
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