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Emmi, Léo tome 1 sur 2
EAN : 9782253157304
352 pages
Le Livre de Poche (30/03/2011)
  Existe en édition audio
3.77/5   2325 notes
Résumé :
En voulant résilier un abonnement, Emma Rothner se trompe d’adresse et envoie un mail à un inconnu, un certain Leo Leike. Ce dernier, poliment, lui signale son erreur; Emma s’excuse, et, peu à peu, un dialogue s’engage entre eux, par mail uniquement.
Au fil du temps, leur relation se tisse, s’étoffe, et ces deux inconnus vont se mettre à éprouver l’un pour l’autre une certaine fascination. Alors même qu’ils décident de ne rien révéler de leurs vies respectiv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (570) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 2325 notes
Aïe aïe Cécile, as-tu des dons de voyante pour m'avoir offert ce roman qui résonne en écho à ma vie... Merci à toi car ce fut une très bonne pioche et un excellent moment de lecture !

Alors oui, ce roman m'a beaucoup plu parce qu'il y a trois ans si mes souvenirs sont bons, j'ai rencontré un Léo par le biais de la toile. Il s'en est suivi une série de mails hauts en couleurs pour un échange épistolaire et oui, de plus de trois ans... Courageux n'est-ce pas ! Et comme Léo et Emmi, il nous restait en bouche cette image du désenchantement qu'offre une rencontre en live. Nous avons nous aussi commencé l'histoire par la fin. On s'est aimé avant de se voir, avant de se parler. La suite et bien, il faudra la découvrir dans la septième vague (vilaine Cécile, tu me laisses dans l'expectative ;-).

Bien sûr que j'ai aimé ce roman parce qu'il est si réaliste (preuves à l'appui !). Léo est tellement cartésien, touchant aussi, attentionné mais les deux pieds sur terre et Emmi, si passionnée, spontanée, irrationnelle, hyper sensible, comment ne pas être touchée par leur envie oscillant contre la peur de s'apprivoiser, de s'adopter.

Tout démarre pour eux sur un énorme quiproquo, un lapsus d'une lettre. Emmi essaie vaille que vaille de mettre fin à son abonnement Like. Elle écrit mail sur mail et ne reçoit aucune réponse. le ton monte. Jusqu'au jour où un certain Léo Leike lui conseille d'envoyer son indignation à la bonne personne, à la bonne adresse mail. S'en suit humour, excuses et puis sympathie entre ces deux-là que le destin semble avoir rassemblé dans un but bien précis. Mais lequel puisque Emmi est mariée ? Léo est certes célibataire mais il est, rappelez-vous très cartésien!

Au départ, c'est vrai, cette Emmi m'a énervée. Pour qui elle se prend ?! Elle est mariée, heureuse, rien ne lui manque et il lui faut encore une aventure pour pimenter sa vie, c'est quoi cette gonzesse ?! Au-delà de cette première approche superficielle, on découvre combien il peut être enivrant et agréable de se faire apprécier pour ses mots et non pour son apparence. Les mots sont une part de nous-mêmes, ils dévoilent nos visages, nos mystères, nos ombres et nos lumières. Ne reste plus qu'à Pierrot de nous prêter sa plume pour écrire un mot.

Mon Pierrot de la Lune, toi qui emporterais sur ton île « Et je danse aussi », plonge-toi dans ce vent du nord et attends-moi pour la septième vague. Car comme Léo et Emmi, on ne sait pas trop ce que tous ces mots vont amener s'ils s'en vont à la rencontre du jour...
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T'est-il jamais arrivé d'entamer un dialogue virtuel avec un(e) parfait(e) inconnu(e) ? D'échanger par écrit des points de vue, des traits d'esprit, des confidences ou des aveux, jusqu'au point où ce lien évolue en une osmose particulière entre deux sensibilités paradoxalement si proches et si éloignées ?
Vers où cela peut-il mener ?...

Eléments de réponse dans la savoureuse conversation déployée dans ce roman. Mais prudence car menace de sévère addiction en vue. Addiction à ce marivaudage à l'ère d'internet entre deux personnages qui se rencontrent sur un malentendu, à l'enchainement irrésistible de leurs e-mails, à ce jeu délicieux du chat et de la souris qui s'instaure, démarre comme une plaisanterie pour basculer peu à peu vers… Biiiiiip

Lis-le.

Je redoutais (un peu) la bluette à deux balles.
Nenni.
Daniel Glattauer joue plutôt les espiègles, qui à travers ce dialogue enlevé célèbre l'exquise et troublante puissance de l'écrit avec humour, élégance et ingéniosité. On se laisse donc volontiers porter, et plus si affinités, par ce vent du nord qui décoiffe assurément.

La lecture de ce tête-à-tête épistolaire ne prend pas plus de quelques heures, au bout desquelles tu brûleras sans doute de connaitre la suite. Aussi, un conseil, n'entame pas ce premier opus sans avoir le second sous la main, en l'occurrence « La septième vague » dans laquelle j'ai évidemment plongé sans retenue et que je m'efforcerai de commenter dans bientôt.

Comment qu'on dit déjà ? Ah oui, la suite au prochain numéro…



Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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You've got a mail.


de : Onee
à : annette55@libre.fr


OBJET : Divine idylle…


Ma Chère Annette,


Je t'écris tardivement, mais je ne pouvais plus m'extraire de « quand souffle le vent du nord », de Glattauer. Est-ce que tu l'as lu ? Il raconte une dangereuse liaison par correspondance électronique… entre deux personnages qui ne se sont jamais vus ! Dit comme ça, ça sonne comme le remake d'un classique ou une bluette vite oubliée. Mais Wow, Annette. C'était tellement intense. J'ai tout vécu avec les personnages : mon coeur battait avec le leur à chaque message reçu, je me posais mille questions quand la réponse se faisait attendre, je décryptais chaque mot avec les protagonistes pour tenter d'imaginer les pensées de l'autre ; j'essayais de me faire une image précise de leur personnalité - et même de leur physique - à travers leurs échanges. Idiot et impossible, n'est-ce pas ? Mais n'est-ce pas pourtant ce que l'on fait tous, lorsqu'on écrit à des inconnus ? Comme nous, par exemple ?


En fait je crois que, si j'ai si bien compris les personnages, c'est grâce à Babélio, qui m'a fait éprouver moi-même toutes les joies, les doutes et les émotions intenses que peuvent brasser des correspondances à l'aveugle, les discussions à bâton rompu avec de parfaits inconnus qu'on ne peut pas voir, et qu'on ne rencontrera sans doute jamais. Ici, j'ai amicalement succombé à vos charmes, vous ai imaginé derrière vos mots, vos tournures ; ai ardemment espéré vos réponses, me suis interrogée sur les miennes, et sur vos silences, parfois.
Finalement une belle rencontre littéraire, ça tient parfois à pas grand chose : Les bons mots au bon moment. Comme une rencontre entre deux âmes. Alors imagine lorsque deux âmes, qui n'ont que les mots pour se rencontrer, sont obligées d'exacerber leurs sens pour se cerner, à l'aveugle, comme Emmi et Leo.


Emmi est mariée, a une vie heureuse et des enfants. Pour se désabonner du magazine « Like », elle envoie un mail. Mais l'adresse étant erronée, ce mail parvient à Léo « Leike ». Il lui répond une phrase ironique et polie pour l'informer de l'erreur, à laquelle Emmi-qui-ne-se-laisse-pas-démonter répond sur le même ton. Un échange minuscule et insignifiant, qui aurait pu s'arrêter là - ou même aboutir à une belle amitié pouvant passer, si affinités, de virtuelle à réelle.
Rapidement, on voit en chacun d'eux un ami sympa avec qui plaisanter. Emmi est le vent de fraicheur inattendu qui détourne les idées de Leo après une rupture ; Leo est une île isolée de l'univers familial quotidien d'Emmi, une petite bulle de joie spontanée et inhabituelle, pour elle toute seule. Mais au fil des mots se tisse une toile complexe de sentiments…


Léo est psychologue du langage et réalise une étude sur les mails comme vecteurs de sentiments. Lucide sur ce qui est en train de se passer, il va pourtant succomber à la présence et aux réactions d'Emmi, qui succombera à son tour à ses mots amants. Bien sûr, ces mots comptent, qui évoluent au fil du temps. Bien sûr, se crée un jeu de petites attentions et de séduction, qui s'installe d'autant plus subrepticement qu'il semble inoffensif car… « virtuel ». Mais on ne le dira jamais assez : Il y a toujours de vraies personnes, derrière le virtuel. de vrais coeurs qui battent. « Quand je vois un nouveau mail de vous, mon coeur bat. Aujourd'hui, comme hier et comme il y a sept mois. » Pour autant, bat-il pour la personne fantasmée, ou pour la personne réelle ? Ou encore, par amour du désir d'être aimé, ou pour l'excitation du mystère et de la découverte...?


Et puis il y a aussi cette urgence, qui naît un peu du vecteur mail. Cette proximité qui s'installe au fils de dialogues exclusifs - au sens propre, car lorsqu'ils s'écrivent, il n'y a jamais qu'eux deux dans leur bulle. Ce poison s'immisce de plus en plus violemment dans leur relation : plus qu'une envie, un besoin de réponse instantanée et exclusive, de présence effective de l'autre à ses côtés. Et avec cette urgence vient le manque, dès que l'attente perturbe la dose addictive d'échange dans la journée. Les mails comme des bonbons, cette addiction sucrée qui comble parfois les manques affectifs et les caresses. Ou encore, qui surprend à faire du bien alors que l'on croyait ne manquer de rien. Ce petit lien ténu entre eux, Emmi et Leo ne veulent plus le lâcher, ils s'y accrochent comme des perdus - et perdus, ils le sont bel et bien, ne sachant pas où tout cela va les mener. « Ou cela nous mènera-t-il ? Les choses en général nous mènent où on veut qu'elles nous mènent. Où voulez-vous que cela nous mène, Léo ? »


Si tu savais, ma chère Annette, à quel point j'ai vibré avec les personnages, suis tombée amoureuse, ai été frustrée, perdue, indécise, malheureuse. Hélas, le billet que j'ai écrit était trop dans l'émotion, et ce mail ne rend rien non-plus, ça ne dit pas l'essentiel, qui est le ressenti de chacun. le don de l'auteur, c'est de parvenir à nous faire vivre l'attachement progressif que vivent les personnages, rien qu'en lisant les mêmes messages qu'eux. Comme quoi, on peut vraiment s'attacher à des personnages virtuels… En même temps, n'est-ce pas ce que nous faisons toujours, en tant que lecteurs ?


Bref, troisième lecture de l'année, troisième coup au coeur. Je crois que vos voeux de bonne année livresque sont allés un peu loin… Mon coeur va lâcher ! J'attends de tes nouvelles.
Gros bisous,
Onee.


REP :


Chère Madame. Ou dois-je déjà vous appeler Onee, après avoir lu vos confessions si intimes ?
Votre correcteur d'orthographe semble vous avoir joué un tour pendable. Vous pensiez visiblement vous confier à votre « Chère » amie « Annette55 », alors que vos propos ne sont tombés que dans l'oreille - ou plutôt la boîte mail - d'un modeste boulanger de la Meuse.
« banette55 » est en effet l'adresse de contact de ma boulangerie. Cela dit, ne soyez pas gênée d'avoir dévoilé vos sentiments, pour des personnages imaginaires, à un illustre inconnu. Soyez au contraire assurée que j'ai savouré l'ironie de toute cette histoire, tandis que votre amie n'y aurait certainement vu, comme vous le craigniez, qu'une bluette pétrie de bons sentiments. Soit dit sans vous vexer.
Enfin bref, j'espère ne pas vous avoir découragée de partager vos sentiments avec des inconnus.
Sincèrement,
« Votre Leo » ;-)


RE :


Cher fabriquant de banettes dans la Meuse,
Rendez-vous sur Babélio jeudi prochain pour en discuter.
Vous savez désormais à quelle adresse me trouver.
PS : Lisez ce bouquin avant d'en dire un mot de plus. On ne parle pas de ce qu'on ne connait pas.
Sincèrement,
Onee.


REP :


Je verrai si je peux me libérer.
Mais du coup je me sens un peu obligé de poursuivre cet échange.


RE :


??? Je ne vous retiens pas, si vous avez du pain à faire cuire…


REP :


Ne vous vexez pas si facilement. Je voulais dire que si je dois connaître l'effet d'une discussion avec une inconnue pour avoir le droit d'en parler, vous allez devoir me servir de cobaye ! En ce qui me concerne, c'est ma première fois avec une inconnue ;-)


RE :


Rendez-vous jeudi.
Et lisez ce livre !! J'ai vraiment hâte de connaître votre avis de boulanger, vierge mais déjà tellement blasé. (sans vous vexer).


REP :


:-) Ainsi soit-il, alors ; à jeudi. Quant à savoir si j'aurais lu ce bouquin, même novice à ce jeu je pressens qu'il faut que j'entretienne un voile de mystère…


[un jour plus tard]


REP :


Onee, vous entretenez le mystère, vous aussi ?


[un jour plus tard]


REP :


Ça y est, je parle à une inconnue invisible. Qui ne répond plus. Je parle tout seul, quoi. N'allez pas croire que vous me manquez. C'est une désagréable sensation d'inachevé, c'est tout. Et une lectrice si passionnée ne peut pas laisser cette histoire inachevée, si ?


[un jour plus tard]


REP :


Ok, je laisse tomber le mystère : je me suis procuré le bouquin.


[un jour plus tard]


REP :


Ok Onee, vous avez gagné, le mystère c'est tout pourri, et ce bouquin est pas mal addictif.
Ils vont accepter de se rencontrer alors finalement ?! Bon sang soyez sympa, je cuits des pains toute la nuit et le jour il faut que je dorme un peu, aidez-moi, c'est à cause de vous si j'en suis là, j'avais rien demandé, moi !


[une heure plus tard]


RE :


Bonjour, désolée, je suis de retour. Je crois que vous avez saisi l'idée, vous êtes parfaitement mûr pour apprécier ma bluette maintenant. Mais ne comptez pas sur moi pour dévoiler l'issue mystérieuse de cette histoire, c'est ce qui en fait tout le charme ! Ramenez vos miches jeudi, on a des babélamis à convaincre !!
PS : Je vous ai pas dit, mais y'a une suite. Vous en pensez quoi, je la lis ou je vais être déçue ?


REP :


Non Onee !! Vous m'avez pas embarqué dans une espèce d'histoire sans fin ?


REP :


Onee ???


REP :


Vous êtes impossible, Onee. Envoyez-moi la foutue suite, vous me devez bien ça.
A jeudi.


RE :


Je vous l'enverrai. Si vous pouvez répondre à la question.


REP :


Vous vous prenez pour une sorte de Sphinx ? Quelle question ?


RE :


Le seule, l'unique : Peut-on tomber amoureux par e-mail, d'une personne qu'on n'a jamais rencontrée ?


Ou pour parodier Choderlos de Laclos : Un e-mail est-il le portrait de l'âme ?


Leo vous dirait « OUI », sans hésiter. Mais vous, qu'en pensez-vous ?
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C'est un débat que j'ai eu plusieurs fois avec ma mère au cours des années : elle affirme 'les faits sont têtus' (sous-entendant que le concret est ce qui compte, le reste n'étant que du vent, ou presque) et moi je plaide pour les sentiments, le jardin secret, les rêves, toutes ces choses intangibles mais non moins réelles et importantes.

Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que 'Quand souffle le vent du nord' est à mes yeux une excellente illustration qu'il y a tout un monde au-delà de ces faits si têtus... Les faits têtus du livre sont très simples : Emmi et Léo ne se sont jamais vus, ils s'écrivent par hasard et chacun a sa vie de son côté, assortie d'un mari et de 2 enfants pour Emmi. Rien de bien exaltant là-dedans, me direz-vous, et vous avez raison.

L'exaltant est ailleurs, dans la rencontre hors du réel des héros et dans la correspondance amoureuse qui s'engage entre eux. Dans ce monde parallèle fait de mots, d'imaginaire et d'intimité, ils se découvrent, se séduisent et s'aiment. On ne sait pas si l'étincelle vient d'eux (parce que c'est Emmi, parce que c'est Léo) ou de la situation (idylle fantasmée contre routine du quotidien). Mais c'est une vraie étincelle, qui crépite, qui brille et nous fait attendre avec Emmi les mails de Leo, et réciproquement. Même quand ils nous agacent à tergiverser, se chamailler pour rien ou parler météo...

Une étincelle un peu addictive, donc, qui nous oblige à suivre le vent du nord et réveille en nous (en moi en tout cas) la fleur bleue qui veut une belle histoire d'amour, et pas que des 'faits têtus'... Bref, à mes yeux, c'est un roman sentimental moderne et rafraîchissant !
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Ça commence comme une bulle, légère, un souffle printanier, une blagounette...
Et puis ça enfle, ça s'emplit, ça se gonfle de soupirs...
Quoi donc ? L'amour ? Je ne sais pas trop. Je dirais plutôt un jeu : séduction ? ...oui. Malsain ? ...oui.

Emma et Léo, de parfaits inconnus, entament une conversation par mail à cause d'une méprise. Au début, cela m'a fait penser au roman épistolaire de Mourlevat et Bondoux : « Et je danse, aussi ». On sourit, on s'amuse, on discute autour d'un mot, on donne son interprétation...Rien de très sérieux. Et puis au fil des jours, au fil des mois, cela devient impossible de ne plus s'écrire. Et là va s'intensifier le « jeu ».
Léo semble celui qui se livre le plus, en parlant de son histoire d'amour à la fin difficile ; Emma semble celle qui s'emporte le plus, qui secoue, qui s'engage tête première dans cette relation indéfinissable. J'ai bien dit « semble », pour l'un comme pour l'autre. Car on n'est jamais très sûr de rien, à commencer par les protagonistes. Ah oui...j'ai oublié de mentionner qu'Emma est « mariée et heureuse », elle le dit dès le départ.
Bref.

Alors, que dire ? J'avoue que j'ai été moi aussi troublée. Difficile de rester de marbre face aux phrases à double sens d'un homme qui se dit sincère. Agréable de se montrer séductrice sans en supporter les conséquences. Mais jusqu'à quel point cela va-t-il mener ?

S'agit-il d'amour, ici ? Je ne crois pas. L'amour de l'amour, oui. L'amour de la nouveauté, de l'hiatus dans le quotidien. L'amour de se sentir devenir indispensable.
Mais quand on a une famille, un mari, des beaux-enfants, l'investissement devient dangereux.
Bref.

Ambiance primesautière, qui change imperceptiblement, pour devenir beaucoup plus lourde, plus chargée.
Non-dits, lecture entre les lignes, entre les mots.
Inutile d'ajouter que j'ai adoré !
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Citations et extraits (327) Voir plus Ajouter une citation
Le jour suivant
Objet : Me froisser
Cher Léo, j’abandonne le « Leike ». Vous pouvez donc oublier le « Rothner ». J’ai trouvé vos mails d’hier tout à fait savoureux, je les ai lus plusieurs fois. J’aimerais vous faire un compliment. Je trouve fascinant que vous soyez capable d’engager la conversation avec une personne que vous ne connaissez pas du tout, que vous n’avez encore jamais vue et que vous ne verrez probablement jamais, de qui vous n’avez rien à attendre, et cela sans savoir si elle vous répondra de la même manière. C’est une attitude atypique chez les hommes, que j’apprécie chez vous. Je voulais commencer par vous dire cela. Bien, et maintenant je voudrais aborder quelques points :
1. Vous avez une psychose avancée des mails de vœux groupés. Où l’avez-vous attrapée ? Il semble que l’on vous vexe à mort quand on vous souhaite un « joyeux Noël et une bonne année ». Bien, je vous promets que je ne le ferai plus, plus jamais ! Du reste, je trouve extraordinaire que vous pensiez être capable de déduire l’âge de quelqu’un d’un « joyeux Noël et bonne année ». Aurais-je eu dix ans de moins si j’avais dit « joyeux Noël et heureuse année » ?
2. Désolée, cher Léo le psychologue du langage, mais croire qu’une femme ne peut pas avoir moins de 20 ans si elle n’utilise pas « cool », « chanmé » et « grave » me semble une attitude un peu naïve et pontifiante. Non pas que j’essaie, quand j’écris ceci, de vous faire croire que j’ai moins de 20 ans. Mais sait-on jamais ?
3. J’écris comme si j’avais 30 ans, dites-vous. Mais une trentenaire ne lit pas Like, dites-vous encore. Je vous explique cela volontiers : j’avais pris l’abonnement à Like pour ma mère. Alors, qu’en dites-vous ? Est-ce que, tout compte fait, je suis plus jeune que mes mails ne le laissent penser ?
4. Après cette question fondamentale, je m’en vais. J’ai malheureusement un rendez-vous. (Préparation à la confirmation ? Cours de danse ? Manucure ? Thé avec des amies ? Je vous laisse choisir.) Bonne fin de journée Léo !Emmi.

Trois minutes plus tard
RE :
Ah oui, Léo, je vais vous divulguer un secret : pour la pointure, vous n’étiez pas très loin. Je fais du 37. (Mais pas besoin de m’offrir des chaussures, j’ai déjà tout ce qu’il faut.)

Trois jours plus tard
Objet : Un manque
Cher Léo, quand vous ne m’écrivez pas pendant trois jours, j’ai deux réactions : 1. Je suis étonnée. 2. Je ressens un manque. Ce n’est pas très agréable. Faites quelque chose ! Emmi.

Le jour suivant
Objet : Enfin envoyé !
Chère Emmi, pour ma défense, je vous ai écrit des mails tous les jours, mais je ne les ai pas envoyés. Non, au contraire, je les ai tous effacés. Je suis arrivé à un moment délicat de notre dialogue. Elle, cette Emmi qui chausse du 37, commence peu à peu à m’intéresser plus que le cadre de notre discussion ne le permet. Et quand elle, cette Emmi qui chausse du 37, déclare sans préambule : « Nous ne nous verrons probablement jamais », elle a bien sûr tout à fait raison, et je partage son point de vue. Je trouve cela très très intelligent de partir du principe que nous ne nous rencontrerons pas. Je ne veux pas que notre conversation tombe au niveau d’une discussion de petite annonce ou de chatroom.
Bien, et maintenant j’envoie enfin mon mail, pour qu’elle, cette Emmi qui chausse du 37, ait au moins quelque chose de moi dans sa boîte. (Je sais que le contenu n’est pas très palpitant, mais ce n’est qu’un fragment de ce que je voulais vous écrire.) Je vous embrasse, Léo.
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Cher monsieur Leike, je suis confuse. Je souffre malheureusement d'une maladie chronique du "Ei", c'est-à-dire du "E" avant le "I". Quand j'écris vite et qu'un "I" doit suivre, un "E" se glisse toujours dans mon mot. A tel point que mes majeurs se font la guerre sur le clavier. Le gauche veut toujours aller plus vite que le droit. Il faut dire que je suis une gauchère contrariée. La main gauche ne me l'a pas pardonné. Le bout de son majeur glisse toujours un "E" dans le mot avant que la main droite ne puisse placer un "I". Veuillez excuser ce harcèlement, cela n'arrivera (probablement) plus. Bonne fin de soirée, E. Rothner.

Quatre minutes plus tard

En voulant résilier son abonnement à un magazine, Emma Rothner se trompe d'adresse et envoie son mail à un inconnu, Leo Leike. Peu à peu, un dialogue s'engage entre eux et le ton devient vite intime. De plus en plus attirés l'un par l'autre, ils finissent par se donner rendez-vous dans un café de la ville, à une condition : reconnaître l'autre, mais sans lui adresser la parole...
Daniel Glattauer

Né à Vienne en 1960, Daniel Glattauer a étudié la pédagogie et l'histoire de l'art, avant de s'orienter vers le journalisme. Après ses débuts à Die Presse, il rejoint le grand quotidien autrichien Der Standard en 1989, peu après sa création, où il signe sous le sigle "Dag" des chroniques judiciaires et politiques. Auteur d'une dizaine de livres - romans et récits, jamais traduits en français -, il est actuellement en congé sabbatique et envisage de se consacrer exclusivement à son activité d'écrivain.

15 janvier

Objet : Résiliation

J'aimerais résilier mon abonnement. Puis-je m'y prendre ainsi ? Cordialement, E. Rothner.

18 jours plus tard

Objet : Résiliation

Je veux résilier mon abonnement. Est-il possible de le faire par mail ? Merci de me répondre au plus vite.

Cordialement, E. Rothner.

33 jours plus tard

Objet : Résiliation

Chère Madame, cher Monsieur des publications Like, si votre mépris souverain envers mes tentatives de résiliation a pour but d'écouler plus d'exemplaires de votre produit, d'un niveau hélas toujours plus mauvais, je dois malheureusement vous faire part de ma décision : je ne paierai plus !

Cordialement, E. Rothner.

8 minutes plus tard

RÉP :

Vous avez la mauvaise adresse. Je suis un particulier. Mon adresse : woerter@leike.com. Celle dont vous avez besoin : woerter@ like. com. Vous êtes déjà la troisième personne à m'envoyer une demande de résiliation. Le magazine doit être devenu vraiment mauvais.

Cinq minutes plus tard

RE :

Oh, pardon ! Et merci pour ces explications. Bien à vous, E.R.

Neuf mois plus tard

Pas d'objet

Joyeux Noël et bonne année de la part d'Emmi Rothner.

Deux minutes plus tard

RÉP :

Chère Emmi Rothner, nous ne nous connaissons pour ainsi dire pas du tout. Cependant, je vous remercie pour votre sincère et si original mail groupé ! Il faut que vous le sachiez : j'aime les mails groupés destinés à un groupe auquel je n'appartiens pas. Sincères salutations, Leo Leike.

18 minutes plus tard

RE :

Veuillez excuser mon harcèlement épistolaire, Monsieur "sincères salutations" Leike. Vous vous êtes glissé par erreur dans mon fichier clients car, il y a quelques mois, j'ai utilisé sans le vouloir votre adresse mail pour résilier un abonnement. Je vais l'effacer tout de suite.

PS : Si pour souhaiter "un joyeux Noël et une bonne année" vous trouvez une formule plus originale que "joyeux Noël et bonne année", n'hésitez pas à me le faire savoir. En attendant : joyeux Noël et bonne année ! E. Rothner.

Six minutes plus tard

RÉP :

Je vous souhaite d'agréables fêtes et espère de tout coeur que cette nouvelle année qui commence comptera parmi vos 80 meilleures. Et si entre-temps vous vous abonnez aux ennuis, n'hésitez pas à m'envoyer - par erreur - une demande de résiliation. Leo Leike.

Trois minutes plus tard

RE :

Suis impressionnée ! Bises, E.R.

38 jours plus tard

Objet : Pas un euro !

Très chère direction de Like, je me suis séparée de votre magazine trois fois par écrit et deux fois par téléphone (auprès d'une certaine Mme Hahn). Puisque vous persistez malgré tout à m'envoyer ce journal, je considère que cela vous fait plaisir. Quant à la demande de paiement de 186 euros, je serai ravie de la conserver en souvenir de Like quand, enfin, je ne recevrai plus aucun numéro. Mais ne comptez pas sur moi pour payer le moindre euro. Avec l'expression de ma considération distinguée, E. Rothner.

Deux heures plus tard

RÉP :

Chère madame Rothner, le faites-vous exprès ? Ou êtes-vous abonnée aux ennuis ? Sincères salutations, Leo Leike.

15 minutes plus tard

RE :

Cher monsieur Leike, je suis confuse. Je souffre malheureusement d'une maladie chronique du "Ei", c'est-à-dire du "E" avant le "I". Quand j'écris vite et qu'un "I" doit suivre, un "E" se glisse toujours dans mon mot. A tel point que mes majeurs se font la guerre sur le clavier. Le gauche veut toujours aller plus vite que le droit. Il faut dire que je suis une gauchère contrariée. La main gauche ne me l'a pas pardonné. Le bout de son majeur glisse toujours un "E" dans le mot avant que la main droite ne puisse placer un "I". Veuillez excuser ce harcèlement, cela n'arrivera (probablement) plus. Bonne fin de soirée, E. Rothner.

Quatre minutes plus tard

RÉP :

Chère madame Rothner, puis-je vous poser une question ? Et en voici une deuxième : combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire le mail qui expose votre maladie du "Ei" ? Bises, Leo Leike.

Trois minutes plus tard

RE :

Deux questions pour vous répondre : combien de temps selon vos estimations ? Et pourquoi cette question ?

Huit minutes plus tard

RÉP :

Selon mes estimations, cela ne vous a pas pris plus de vingt secondes. Si c'est le cas, je vous félicite : en si peu de temps, vous avez réussi un message impeccable. Il m'a fait sourire. Et ce soir, rien ni personne d'autre n'y serait arrivé. En ce qui concerne votre deuxième question, pourquoi je vous demande cela : je travaille actuellement sur le langage dans les mails. Et maintenant je vous repose ma question : pas plus de vingt secondes, je me trompe ?
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Vous êtes tellement sévère, Emmi. Ne soyez pas si sévère. Je ne veux pas de café. Je veux Emmi. Venez chez moi. Buvons encore un verre de vin. Nous pourrions nous bander les yeux, comme dans le film. […]J’aimerais vous embrasser. Je me moque de votre apparence. Je suis tombé amoureux de vos mots. vous pouvez écrire ce que vous voulez. Vous pouvez être aussi sévère que vous le désirez. J’aime tout. D’ailleurs, vous n’êtes pas sévère du tout. Vous vous forcez, vous voulez avoir l’air plus forte que vous l’êtes. […]Dommage que vous soyez mariée. Non, c’est bien que vous soyez mariée. Trompez-vous votre mari Emmi ? Ne le faites pas. Cela fait si mal d’être trompé. […] Je veux embrasser Emmi. Je suis un peu ivre, pardonnez-moi. Baiser de bonne nuit. Dommage que vous soyez mariée. Je crois que nous irions bien ensemble. Emmi. Emmi. Emmi. J’aime écrire Emmi. Une fois le majeur gauche, deux fois l’index, le majeur droit. EMMI. Je pourrais écrire Emmi des milliers de fois. Ecrire Emmi, c’est embrasser Emmi. Allons dormir, Emmi.
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Cher Leo, je vous en prie, mettez-vous à ma place. Je vous avoue qu’il y a longtemps que je n’avais pas échangé avec quelqu’un des émotions aussi violentes. Je suis d’ailleurs étonnée que cela soit possible de cette façon. Dans mes mails, je peux être comme jamais la véritable Emmi. Dans la « vraie vie », si on veut réussir, si on veut tenir le coup, il faut sans cesse faire des compromis avec sa propre émotivité : LÀ, je ne dois pas dramatiser ! CA je dois l’accepter ! CA, je dois le laisser passer ! Nous adaptons en permanence nos sentiments à notre entourage, nous ménageons ceux que nous aimons, nous nous glissons dans les cent petits rôles du quotidien, nous nous tenons en équilibre, nous pesons le pour et le contre pour ne pas mettre en danger la structure à laquelle nous appartenons.
Avec vous, cher Leo, je n’ai pas peur de laisser libre cours à ma spontanéité profonde. Je ne réfléchis pas à ce que je peux ou ne peux pas vous imposer. J’écris allègrement ce qui me vient à l’esprit. Et cela me fait un bien fou !!! C’est grâce à vous, cher Leo, et c’est pourquoi vous m’êtes devenu indispensable : vous m’acceptez comme je suis.
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On ne peut pas reproduire le bon vieux temps. Comme son nom l'indique, ce temps est vieux. Le nouveau temps ne peut jamais être comme le bon vieux temps. S'il essaie, il semble aussi défraîchi et usé que celui qu'il souhaite voir revenir. Il ne faut pas regretter le bon vieux temps sous peine de devenir soi-même vieux et amer.
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Vidéo de Daniel Glattauer
TOUTES LES INFOS SONT DANS LA BARRE, MES RENARDS. DEROULEZ !
Commence par mettre la HD. Tu verras, c?est plus roux.
WhyMermaids : https://www.youtube.com/user/curlywaves3
Les questions : 1) le Casse du siècle : Un livre que tu pensais ennuyeux, mais qui finalement ne l'étais pas ? 2) le pont des espions : Un livre que tu défends malgré l'opinion négative des gens ? 3) Brooklyn : Un personnage prit entre deux vies/cultures ? 4) Mad Max : Un personnage qui préfère l'action à la parole ? 5) Seul sur Mars : Un livre qui se passe sur une autre planète ? 6) The Revenant : Meilleur livre d'un auteur n'écrivant pas en français ? 7) Room : Un livre en huis clos/prenant place dans un petit espace ? 8) Spotlight : Un livre traitant d'un sujet difficile ?
Livres cités : - Mrs. Dalloway de Virginia Woolf - Jane Eyre de Charlotte Brontë - Into the Wild de Jon Krakauer - Miss Peregrine et les enfants particuliers de Ransom Riggs - Chroniques du monde émergé de Licia Troisi - Phobos de Victor Dixen - Les artefacts du pouvoir de Maggie Furey - Les lieux sombres de Gillian Flynn - Quand souffle le vent du nord de Daniel Glattauer - le faire ou mourir de Claire-Lise Marguier
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Quand souffle le vent du nord

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