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sur 1197 notes
Étonnant pouvoir de la relecture... Mue à l'origine (il y a bien longtemps de ça) par l'élan propre à la dégustation d'un mets exquis, j'abordai cette prime lecture du Faust de Goethe, qui plus est, traduit par Gérard de Nerval, comme une merveille de caviar servie sur un lit de foie gras.

Le palais peu forgé, faute d'âge ou de fondements, d'épaisseur ou de référents, il m'avait fallu constater que, de saveurs indicibles, peu à peu, mon caviar sur foie gras c'était transmuté en rillettes premier prix de hard discount.

Je mâchai sans grand plaisir ces syllabes au corps gras de vers aux musiques intraductables (non, « intraductansibles » serait plus correct). Je restai donc, des années durant, sur cette relative indigestion.

Tout à coup, l'autre jour, sans motif ni pourquoi, le nez dans la bibliothèque, aux voisinages des Giono des Gogol et autres Golding, mon oeil sans trop savoir, s'est arrêté sur Faust. Ah, non ! Pas celui-là ! … et pourquoi pas ?

Effectivement, c'eut été bêtise que de ne point retenter l'expérience de vendre mon âme à Goethe. Et bien m'en a pris car, même si j'ai retrouvé certaines indigestes bouchées, notamment tout le passage dans la cave de Leipzig ou les fêtes avec les sorcières (Walpurgisnachtstraum), la dimension philosophique et allégorique m'a mieux impressionnée qu'à la première lecture à froid.

Que nous dit Goethe dans Faust et Faust sur Goethe ? J'y vois tout d'abord une allégorie de l'Homme en quête de sens à donner à sa vie. Faust n'a plus guère de foi et du haut de sa science se heurte à des écueils insurmontables.

Il voit couler sa vie au fond d'un noir terrier et se dit que bientôt la mort viendra le cueillir sans qu'il ait pu jouir de quoi que ce soit dans l'existence. D'où sa secrète invocation du diable, ou plus exactement, avec l'aval de Dieu, pourquoi le diable s'essaie à le soudoyer.

Ainsi donc, selon Goethe, c'est le désespoir qui crée l'appel aux forces du mal et non comme on pourrait le penser de prime abord, l'envie, même si c'est bien l'envie de connaître toujours plus qui pousse Henri Faust à pactiser avec Méphistophélès.

Ce faisant, l'auteur insiste beaucoup sur la falsification des mots ou des apparence. Son Faust était dans le faux avec sa science, il le sera également dans ses jouissances. Goethe développe aussi la notion d'utopie de la pureté, au travers de Marguerite notamment. Selon lui, ce que l'on pense être pur chez l'humain provient surtout du fait qu'on a une connaissance imparfaite des différentes facettes de cet humain.

Quel autre message nous délivre l'auteur ? Un pessimisme hors norme pour l'époque, à savoir que, quelle que soit votre quête, elle sera vaine. Lorsque Faust obtient les pleins pouvoir des mains de Satan, celui-ci s'adonne à la fête, il s'y ennuie très vite, puis il se donne à l'amour, qui bientôt flétrit, entraînant au passage la chute d'une fille honnête.

Le voyage ne semble guère mieux lui réussir tout comme les richesses. Quelle est donc la voie du salut pour Goethe ? Je ne l'ai pas trouvée dans cette lecture, la vie y semble nécessairement vouée à être subie avec son cortège de souffrances et d'insatisfactions.

Mais au cours du temps, depuis son apparition dans le théâtre élisabéthain, Faust a aussi pris une dimension de " récit mythique " un peu d'ailleurs comme l'autre grande parabole de Goethe, L'Apprenti Sorcier. Sommes-nous tous des docteurs Faust prêts à vendre notre âme au diable pour jouir de menus privilèges ? sommes-nous tous des apprentis sorciers qui jouons avec le feu de l'existence ?

On comprend que Johann Wolfgang von Goethe ait eu une influence décisive sur la littérature allemande au tournent du XXème siècle, je pense notamment à Thomas Mann, avec la " tentation du diable " transformée en " tentation de la maladie " dans La Montagne Magique.

Pour conclure, une lecture que je trouve riche philosophiquement parlant mais pas spécialement roborative sur le plan stylistique ou littéraire, ce qui n'est, évidemment que mon avis, un pauvre diable lui-aussi, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Rencontre ratée!
Plusieurs raisons à cela :

le théâtre n'est pas facile à lire. le texte a besoin d'être incarné pour que l'on puisse en saisir les subtilités (je l'affirme d'autant plus volontiers en me référant aux souvenirs lointains de mises en scène au sein d'un théâtre amateur).

cette pièce-là est une traduction, qui plus est d'une oeuvre en vers. Mes talents de germaniste remontent à quelques décennies, bien enfouis, au point de me rendre inaccessible la lecture en VO. Et là on perd sûrement la quintessence de ce texte. Et d'ailleurs même en français, bien des phrases me paraissent obscures.

Si la première partie permet de cogiter sur le bien et le mal, la conscience morale, la vanité des plaisirs de ce monde, ou la fragilité de l'innocence, en passant sur les divagations des personnages annexes, la deuxième partie est, pour moi, carrément illisible, pour le vermisseau inculte que je suis: les nombreuses références à la mythologie me dépassent et m'égarent au lieu de me livrer des indices. C'est très lyrique, et j'apprécierais volontiers d'assister à la pièce mise en scène par quelqu'un qui ferait une partie de travail de déchiffrage pour moi.

Il me faudrait du temps et de l'aide pour déchiffrer ce texte, qui mérite sûrement que l'on s'y attarde.
Bien sûr, il est facile de trouver des explications de texte, d'ambition variable, pour éclaircir la lecture, mais quelle spontanéité dans le parcours de ces pages qui ne se laissent pas décrypter?

Récemment les Souffrances du jeune Werther m'avait procuré plus de satisfaction.

Les deux étoiles attribuées ne représentent pas la valeur de l'oeuvre, mais le peu de plaisir éprouvé en compagnie du diable et de ses victimes.





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J'ai longtemps hésité avant de poster mon avis. Cette oeuvre m'a profondément bouleversée. D'une manière différente que les oeuvres de Georges Bataille, certes. Pourtant, ce texte d'apparence si commun : Un pari entre Dieu et Méphistophélès, dont le Docteur Faust va être la cible, est pertinemment brillant !

De nombreux concepts font écho dans la société actuelle, à croire que Goethe était un visionnaire. Les dialogues sont si riches de sens, qu'à chaque relecture un sens caché apparaît.
Cette oeuvre d'une vie semble avoir la même durée de lecture qu'une vie humaine : le début prend du temps à se définir, tout se met en place pièce par pièce ; ensuite vient le temps des premières expériences, découvertes, amour ; le coeur s'accélère pour ne point décélérer avant la fin de la pièce.

J'espère un jour voir cette pièce jouée ; j'avais vu le film d'Alexander Soukourov qui est un merveille, je vous le conseille d'ailleurs.
Le mot de la fin, la traduction que j'ai lue est celle de Jean Amsler, comme il en existe plusieurs, je tenais à le préciser. Je vous la recommande vivement, elle est pour beaucoup dans mon engouement.
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J'avais eu un cours passionnant il y a bien des années sur Faust, Dom Juan, tous ces personnages mis en musique, en littérature, portés sur grand écran maintes et maintes fois, et qui ont tant influencé la suite des arts. Il fallait qu'un jour je découvre la pièce de Goethe (ici le Faust I, traduit par rien de moins que Gérard de Nerval!), surtout en lecteur avide du XIXème siècle et du romantisme.

C'est une pièce archi-romantique, où toute l'influence de Shakespeare se déploie, de façon plus sauvage que chez nos auteurs à nous, l'univers fantasmagorique se prêtant totalement à ce théâtre gothique dans des décors allemands comme seul notre esprit peut les peindre. L'on se retrouve essentiellement face à deux figures légendaires, éminemment reprises : Faust et Méphistophélès. Mais plutôt que de nous offrir un mortel pathétique soumis à la tentation, face au machiavélique Diable, Goethe inverse et relativise les polarités, nous faisant comprendre pourquoi Méphistophélès est tant cité aujourd'hui. Il incarne, surtout vers le début de la pièce dans le cabinet d'étude de Faust, une sorte de vilain charismatique qu'on ne peut détester, qui regarde les humains avec une distanciation narquoise mais juste. Faust, à l'inverse, est présenté comme un gamin capricieux, égoïste, insupportable d'hybris, insolent et blasphématoire par excellence, qui voudrait être Dieu, et n'a de cesse de le réclamer, qu'importe s'il lui faut être attaché au Diable pour ressentir enfin la jouissance divine. Mais derrière ça, c'est un personnage désenchanté par l'austérité de l'étude, qui a dévoré tous les livres, toutes les sciences, sans évidemment jamais trouver de réponses. La religion, le pouvoir du divin ainsi que celui qu'il lui prête, est la seule bouée à laquelle il est encore capable de se raccrocher, le son de l'Église l'empêchant de mettre fin à ses jours. Mais Faust VEUT connaître les secrets de l'univers et de la nature, veut vivre plutôt que mourir dans son cachot de savoir bavard, et le pacte avec Méphistophélès est vite signé. Tout cela est aussi l'occasion pour Méphistophélès de brocarder l'éducation au sens péjoratif, qui domestique, tout le verbiage scolaire, académique, qui anéantit les individualités, faisant de lui aujourd'hui une icône rebelle ou plutôt anti-institutionnelle.

S'ensuit une virée virevoltante (rends-je hommage à V Pour Vendetta, qui cite Faust, avec mes allitérations en V? En tout cas, l'attribution de la célèbre "Vi veri universum vivus vici" à Goethe est une erreur du film, d'après Internet) pour notre duo, au travers de laquelle Faust tombe amoureux de Marguerite, petit tour provoqué par Méphistophélès. Il goûtera alors à la sensation suprême de l'amour, en plus de la capacité à voler, mais causera la perte de sa bien-aimée, bien qu'elle soit au dernier moment sauvée par le ciel qui lui accorde au moins sa grâce. Au passage, je me souviens du cours et comprends mieux le ridicule, pour la prof, de "la pauvre Marguerite" dans son hyper-piété chrétienne, qui finit au cachot et totalement accablée pour un simple baiser, appelée prostituée pour avoir embrassé celui qui s'est vendu au diable... Elle ne doit pas être très excitante à interpréter pour les actrices!

C'est une pièce folle, à l'image du romantisme allemand, le premier et le plus débridé de tous, au point que certains passages comme la fameuse Walpurgisnachtstraum semblent par endroits hermétiques, sans interêt, ou plutôt gratuits, comme le commente la présentation de mon édition GF. Je déplore l'absence du Faust II même si un résumé en est présenté et s'il est moins apprécié. En tout cas, cette immersion dans l'oeuvre du Shakespeare allemand, pour un fan du Maître anglais qui a n'a que trop peu lu à ce jour de littérature allemande, fut un petit régal. Mention spéciale à Gérard de Nerval!!
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La plus célèbre histoire de pacte avec le diable : Faust échange son âme contre jeunesse et plaisirs. Si seulement il avait suivi Méphistophélès dans ses plaisirs malsains plutôt que de séduire la douce Marguerite qui connaîtra un destin tragique.
J'ai trouvé la pièce plutôt ennuyeuse, c'est donc une rencontre ratée avec ce chef-d'oeuvre.
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C'est bien joli de vouloir cocher des cases "culture générale" en lisant des livres... encore faut-il avoir la "culture générale spécifique" qui va avec. Connaître (et être fascinée par) le mythe de Faust ne suffit pas pour aborder ce Faust maître-là, et j'avoue être passée largement à côté faute de connaissances (et de sensibilité) sur la littérature classique germanique, et d'une manière plus générale sur les univers poétiques du début du 19ème siècle. Ajoutez à cela une lecture faite dans une très vieille édition : la distance entre ce texte et moi fut décidément irréductible, hélas.
Même si j'ai pu apprécier ici et là quelques passages, les affres dans lequel le docteurs Faust est plongé, et surtout l'irrévérence du personnage de Méphistophélès, il a été très déroutant de trouver mon chemin dans cette oeuvre polymorphe, construite sur un agrégat de pièces aux formes extrêmement diverses, à l'image sans doute des propres évolutions de l'auteur. C'est cela qui aura été pour moi le plus frustrant : avoir eu accès à l'oeuvre d'une vie d'un grand poète, et n'être capable d'en tirer que cette misérable chronique.
Leçon d'humilité...
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Ah, Faust, pourquoi t'es-tu hasardé à faire un pacte avec le Diable ? Ton âme n'avait-t-elle donc aucune valeur pour toi ? Ne devinais-tu pas quelle serait la morale de cette histoire ? Tu n'étais pas naïf, pourtant, et tu savais que tu jouais à un jeu dangereux.

Mais voilà : la vie n'a plus d'intérêt pour ce personnage dramatique. À vrai dire, c'est un grand romantique : il a déraisonnablement soif des mystères du monde. Mais ces derniers lui sont à jamais inaccessibles et c'est la cause de sa terrible souffrance. le grand malheur de ce personnage est qu'il n'a plus rien à apprendre en théologie, philosophie et médecine. Toute la connaissance humaine est à sa portée, et c'est lui qui enseigne sa science aux autres. Cependant, il réalise que certaines choses échappent à sa compréhension, et seront même toujours hors de sa portée. Parce que le désespoir qui l'habite est sans fond, il cherche à mettre fin à ses jours. le Diable, voyant là une bonne occasion de corrompre une âme, se rapproche de lui et lui propose un Pacte qu'il sera incapable de refuser…

J'ai été assez surprise quand j'ai constaté que cette pièce de théâtre ne suivait pas la règle des trois unités – on y est tellement habitués, aussi… Faust et le démon voyagent à travers le monde, rencontrent des personnes dont beaucoup sont vouées au mal (évidemment, Méphisto sait cibler son public…). Mais au cours de leurs pérégrinations, Faust fait aussi la connaissance d'une jeune fille, Marguerite, qui, en un clin d'oeil, devient son Amour Éternel et remet en cause sa relation avec Satan.
Je n'ai pas aimé cette romance. Les choses vont tellement vite qu'on n'a même pas le temps de réaliser ce qu'il se passe. La première fois qu'ils se voient, il tente une approche et elle le repousse rudement. La deuxième fois, ils s'avouent leurs sentiments, et confessent le fait qu'ils n'ont pas pu s'empêcher de penser l'un à l'autre pendant tout ce temps – il y a même une promesse de mariage ! La troisième fois, visiblement, ils se sont donnés l'un à l'autre – puisque le frère de la jeune fille la traite comme une prostituée et que d'autres personnes font des allusions très explicites.
Je sais bien – oui, JE SAIS – que c'est une autre époque et que les choses ne sont pas comme maintenant, mais tout ceci me paraît quand même un peu précipité. On n'a même pas le temps de ressentir quoique ce soit !

Mais le principal reproche que je peux faire à ce livre, c'est la lourdeur de ses dialogues. Les monologues de Faust sont sans queue ni tête, et je m'y perdais souvent. Certaines de ses répliques avec Méphistophélès passaient du coq à l'âne (essentiellement au début). Dès que je coupais ma lecture, je ne savais plus où j'en étais et je devais relire la dernière page pour me rappeler comment ils en sont arrivés à parler de ce sujet.
Mais il faut dire aussi que je suis une très mauvaise lectrice de théâtre et que ce genre est loin d'être mon domaine de prédilection.

Malgré ce défaut, c'est une oeuvre qui se lit rapidement. Passé le début, l'action se met en place : Lucifer se met au service de Faust pour le corrompre et lui montre mille et une choses pour assouvir sa soif de connaissance.
Mais la fin est tellement précipitée que j'ai dû la relire pour réaliser que c'était vraiment comme cela que ça se terminait. Vous comprendrez que ça m'a beaucoup déçue...
Juste un détail : le destin de Faust est, comme tout le monde le sait, d'être emporté par le Diable dans les Enfers. Mais le Pacte n'était-il pas que Lucifer le prenne À SA MORT ? Que l'un serve l'autre pendant qu'il est vivant et que les rôles s'inversent à son décès ? Parce que, excusez-moi de le souligner, mais le héros est encore bel et bien en vie quand il se fait emporter. C'est une contradiction, Monsieur Goethe !

En revanche, j'ai apprécié la réflexion théologique qui imprègne l'histoire. Dieu existe, mais il y a des esprits qui parcourent le monde. D'ailleurs, la conviction de Faust est que chaque homme est un dieu en soi, puisque chacun a un pouvoir créateur. Au début du livre, il considère donc que l'homme est l'égal de Dieu – mais cette pensée va bien évidemment évoluer au fil de ses expériences.
Ce personnage m'a bien plu. C'est l'incarnation du romantique : rêveur, pensif, admiratif de la nature, mais aussi mélodramatique (se suicider parce qu'il arrive au bout de son savoir est un peu extrême, selon moi). Il est désabusé et pour lui, la vie n'a plus aucun intérêt. C'est également quelqu'un de passionné, comme en témoigne son amour pour Marguerite.
Étonnamment, le Diable n'est pas décrit comme quelqu'un d'affreux – au contraire, c'est même un personnage charmeur. J'ai trouvé que c'était une vision plutôt moderne, surtout si on prend en compte l'époque de publication. Finalement, c'est même le personnage que j'ai le plus apprécié. Il joue un double jeu et est très manipulateur : impossible de savoir ce qu'il pense !

Malgré cela, cette lecture ne m'a pas vraiment emballée. Beaucoup trop de choses m'ont rebutée : la lourdeur des dialogues, l'histoire d'amour, le manque de fil conducteur dans l'histoire (on ne sait pas pourquoi le démon amène Faust dans la montagne, par exemple)… D'après moi, il y a autant de points positifs que négatifs.
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Chef d'oeuvre de la littérature allemande, à peu près aussi connu que le célèbre Candide de Voltaire, Faust est d'une lecture difficile pour un néophyte du XXIème siècle.

Il s'agit d'une pièce de théâtre pour le moins étrange, car elle n'est pas découpée de manière habituelle, pour nous autres habitués dès l'enfance au séquençage traditionnel d'un Corneille, d'un Racine ou encore d'un Molière. Il s'agit ici plutôt de chapitres que de scènes. L'ambiance est chaque fois différente et parfois c'est à ce demander s'il s'agit bien de théâtre.

L'histoire en elle-même est, osons le mot, prévisible, cousue de fil blanc et n'étonnera personne. le plus important est ailleurs : le cheminement qui est proposé pur arriver jusque là. Et de ce côté-là, il faudra s'accrocher. Les personnages sont nombreux tout comme les références et la symbolique. Il faudra être calé pour apprécier pleinement cette oeuvre. L'approche est donc particulièrement difficile avec une édition qui n'offre aucun commentaire ni aucune aide.

Outre cet côté hermétique, l'auteur nous propose une démarche qui met en scène Méphistophélès et opte pour une coloration que l'on pourrait aujourd'hui qualifier de fantaisiste (sorcière, nuit de Walpurgis…) qui pourrait ravir les adeptes de fantasy.

En somme voici un chef d'oeuvre, qui parlera aux initiés et qui devra être apprécié à sa juste valeur. Mieux vaut pour cela opter pour une édition (très) enrichie.
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En 1829, du vivant même de Goethe, un des plus extraordinaires des chefs d'oeuvre de la littérature universelle "Faust" a été transposé sur scène, tout entier, en Allemagne, par Ernst August Friedrich Klingemann, un talentueux homme de Théâtre.
Peu à peu, "Faust" parut sur toute les grandes scènes allemandes.
Pourtant pour la première fois en France, Emile Vedel présente, en 1913, au Théâtre National de l'Odéon, un spectacle qui exprime, malgré des raccourcis formidables effectués dans le plus grand respect de l'oeuvre initiale, la puissance du texte allemand.
Le rideau se lève sur la grande rosace d'une cathédrale gothique vue de l'extérieur, les statues nichés dans la pierre prennent la parole.
Les archanges Raphaël, Gabriel et Michel s'adressent au Seigneur qui est lui-même interpellé par Méphistophélès.
Le docteur Faust, serviteur du Seigneur devient l'enjeu de cette conversation et Dieu permet à Satan de le tenter et de l'entraîner doucement dans les sentiers qui mènent à l'enfer.
Le Prologue, très court, est à lui-seul un grand moment de Théâtre.
Douze tableau constituent ce morceau de Théâtre, rendu accessible au public, et qui sont issus pour la plupart du premier "Faust" et de ce que le second a de plus scénique.
La tentation de Faust, l'épisode de Marguerite, l'apparition d'Hélène précèdent le superbe tableau de la mort de Faust, lorsque Méphistophélès vient de le ramener dans son cabinet.
Emile Vedel, ancien officier de marine et écrivain, a écrit une version fidèle et intelligente. Il parvient, dans ce texte à éclairer et à modeler pour la scène les trois personnalités crées par le génie de Goethe : Faust, Méphistophélès et Marguerite.
Cette adaptation, talentueuse et très littéraire, est, aujourd'hui, encore un des textes les plus beaux que le Théâtre ait donné à la littérature.
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Le Docteur Faust est un homme accompli. On l'admire, on lui demande conseils, on se rue à ses cours. Mais voilà, Faust ne peut se complaire dans la transmission, ne peut se flatter de l'admiration qu'il provoque. Il veut aller vers l'absolu, fréquenter le monde des esprits, les mondes des cieux, connaitre "l'axiome du sage". le monde des hommes est une limite qu'il ne peut tolérer. Ainsi le Faust de Goethe, alchimiste, théologien et scientifique décide de faire des séances de spiritisme et de parvenir à la révélation supérieure.
Mais voilà, il prend peur, il veut en finir d'avec ce monde si étroit pour ces inspirations. C'est sans compter sur un pari contracté entre "un des cavaliers de Satan" lui-même et de Dieu. Méphistophélès (nom bien compliqué d'ailleurs) va lui tenter de lui offrir toutes les tentations que peut offrir l'humanité.
Héros ô combien absolu, Faust est aussi un héros romantique. La scène du miroir est d'ailleurs d'une sacrée beauté. Faust (l'oeuvre) est à mon sens un roman gothique: un pacte, des figures fantastiques (sorcières, fées...) et surtout l'issue finale qui est significative.
D'ailleurs, j'ai fichtrement apprécié toutes les références, notamment celle du Songe d'une nuit d'été.
Pour la construction de la pièce, point de respect pour la règle des trois unités. Et bon Dieu que j'aime ça aussi. le lecteur est porté, en perd les sens, ses repères.(surtout temporels) et c'est cela qui apporte la magie et conforte l'univers fantastique.




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