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EAN : 9782246760214
180 pages
Grasset (03/03/2010)
3.2/5   74 notes
Résumé :
Adolphe Pâques, artiste coiffeur, a un secret qu'il n'ose pas dire à son plus illustre client, François René de Chateaubriand. Il est fasciné par ses livres. Il en apprend des pages entières par coeur.

Il conserve aussi comme un maniaque tous les cheveux du grand écrivain. De son côté, celui-ci se consacre à ce qui sera son dernier manuscrit.

Alors que les éditeurs complotent pour s'emparer de ces 'Mémoires d'outre-tombe', arrive de S... >Voir plus
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Entre réalité historique et fiction, Adrien Goetz nous livre un court roman savoureux mélange de romance, de jalousie, de littérature et de course au chef d'oeuvre littéraire. Avec humour et une intelligence distillée au fil des pages, l'auteur narre à travers les yeux du dernier coiffeur De Chateaubriand, Adolphe Pâques, les dernières années de l'écrivain.

C'est le moment où il met en forme son manuscrit "Les mémoires d'outre-tombe" dont le tout Paris et même l'Europe attend avec impatience la publication.Comme son titre l'indique, l'ouvrage est destiné à une publication posthume et l'auteur n'est pas prêt à publier ce qui sera son dernier écrit malgré les nombreuses pressions notamment celles de ses mécènes. Les droits des Mémoires ont été cédé par l'auteur à une société de souscripteurs pour lui permettre de vivre depuis la disparition de sa pension de pair de France après la révolution de 1830. En effet, il n'a de cesser de le reprendre et de le peaufiner tout en faisant partager à un cercle de privilégiés dans le salon de Madame de Récamier certains passages. Adolphe Pâques en entrant au service de l'auteur à la chance de découvrir le quotidien de cet homme qui le fascine et dont il apprend par coeur, en secret, les pages de ses écrits.

Sa mission n'est pas aisée car il doit recréer l'image du grand homme tel quel se trouve sur le tableau de Girodet malgré le passage des années. Il lui redonne ainsi sa jeunesse chaque jour après une séance de coiffure où la perte des cheveux au fil de temps rend l'exercice de plus en plus difficile. Ces moments d'intimité entre les deux hommes sont l'occasion pour Adolphe d'approcher au plus près le génie littéraire en plein travail puisque Chateaubriand teste sur lui les phrases de ses Mémoires. Cependant l'arrive de Sophie, la jeune et jolie métisse, va troubler les relations entre les deux hommes.

En entrant dans le monde littéraire De Chateaubriand, l'auteur évoque la question des droits d'auteur, la lutte du monde de l'édition pour publier un auteur à succès, la publication d'une copie du manuscrit avant sa publication officielle ainsi que la publication des versions expurgées ou non par l'auteur lui-même qui font échos à des problématiques très contemporaines. L'auteur aborde aussi la fascination des lecteurs contemporains pour Chateaubriand, des lectrices éperdues d'amour qui lui écrivent inlassablement des lettres à celle de son coiffeur qui conserve jalousement et secrètement ses cheveux. Cette fascination maniaque d'Adolphe Pâques frôle le meurtre et entraîne la réalisation d'un ouvrage pour le moins original : un tableau en cheveux De Chateaubriand représentant la chambre natale de l'écrivain à Saint-Malo. L'auteur donne ainsi un éclairage particulier sur un fétichisme littéraire peu connu. Ce tableau est aujourd'hui conservé au musée d'histoire de Saint-Malo.

Ce roman m'a paru être une approche ludique et une excellente introduction à l'univers littéraire De Chateaubriand.

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N°510 – Mars 2011.
LE COIFFEUR DE CHATEAUBRIANDAdrien Goetz – Grasset.

Nous sommes à Paris au milieu du XIX° siècle. Chateaubriand à 72 ans et Adolphe Pâques, son coiffeur seulement 24 ! L'écrivain menacé d'une calvitie totale veut constamment ressembler au portrait de sa jeunesse, immortalisé par Girodet, dans les ruines de Rome, les cheveux aux vent ! C'est, pour notre figaro, un véritable défi, autant dire la quadrature du cercle !
C'est que, malgré la différence d'âge et de condition, il existe entre les deux hommes bien des affinités. François René de Chateaubriand, écrivain reconnu par tous, ancien diplomate, Pair de France est un homme célèbre qui ne veut pas vieillir. Adolphe Pâques non seulement admire son client mais aussi, sans oser le lui avouer, connaît par coeur des pages entières de ses oeuvres et conserve pieusement, comme des reliques, toutes les mèches de ses cheveux. Il y a donc entre eux plus qu'une relation professionnelle et Adolphe voue à René une véritable admiration. Adolphe est donc à la fois un grand témoin, une sorte de confident et un homme de l'ombre [« Nous sommes plus efficaces que des avocats, nous dénouons les problèmes comme les chignons, nous démêlons, nous passons les appartements au peigne fin. »]. Il a aussi le privilège de le voir au naturel dès le matin, mal rasé et ébouriffé, et a la lourde tâche de masquer les outrages du temps. D'autant que, arrive dans sa vie une jeune mulâtre, Sophie de Kerdal, venue de Saint-Malo. Elle ne peut laisser indifférent le vieux séducteur qui a aussi consacré sa vie aux femmes. Elle ne donne pourtant pas l'image traditionnelle de la femme romantique. Elle incarne non seulement la beauté, mais aussi la liberté, la culture, l'exotisme, mais s'habille en homme, ce qui est, pour l'époque, peu commun... En fait c'est un personnage fictif mais qui correspond à toutes ces femmes enamourées qui écrivaient au Malouin. C'est aussi pour sauver d'autres apparences qu'il organise leurs rencontres... chez son coiffeur.
A ses derniers cheveux correspondent les derniers feux de ce symbole du Romantisme qui, après avoir passionnément aimé la vie ne veut pas mourir. Sophie ne se contente pas de séduire le vieillard et de disparaître [fut-elle son dernier amour ? S'enfuit-elle en sa compagnie à Venise ?], elle révèle la vraie personnalité du coiffeur, son côté caché, jaloux, un peu espion, ses velléités meurtrières aussi pour un écrivain tant admiré et qu'il finit par haïr.

On pouvait craindre un récit austère des dernières années de vie de l'auteur d' « Atala », celles-ci ayant été dédiées à la maladie, à la religion, à la nostalgie et à l'édification de sa nécessaire statue pour la postérité sous la forme de la rédaction peaufinée et toujours en gestation des « Mémoires d'Outre-tombe »... Il n'en est rien cependant. C'est une plaisante narration, fort bien écrite, bien documentée, pleine d'humour, de sensibilité et de subtilités. Goetz en professeur passionné nous fait découvrir le secret de cette société dont les actionnaires avaient investi dans la publication des « Mémoires d'Outre-tombe » pour toucher des dividendes... après sa mort. Chateaubriand, à la fois matois et craint pour les éventuelles révélations qu'il pourrait y faire, n'était guère pressé [« Il fallait organiser l'attente, et malgré tout, vivre le plus longtemps possible. Chateaubriand voulait jouir du spectacle. C'était Charles Quint dans son monastère suivant son propre enterrement derrière un pilier. »].
On y voit Mme Céleste de Chateaubriand révélant des secrets de la famille de son époux, sur sa noblesse et surtout sur sa fortune. Elle nous confie que les oeuvres de son époux sont pour elle illisibles et même soporifiques.

Adrien Goetz ressuscite cet authentique coiffeur qui durant huit années et jusqu'à la mort De Chateaubriand fut aussi son confident. Ce fut un homme obscur mais il restitua des moments de ce grand homme tant vénéré de son vivant. Il a lui-même réalisé un tableau représentant la chambre natale de l'écrivain avec les cheveux du vicomte, mais a aussi laissé des mémoires publiés en 1872.

Je ne connaissais pas cet écrivain révélé par hasard. Je continuerai d'explorer son imaginaire, son érudition, la magie de son écriture.



©Hervé GAUTIER – Mars 2011.http://hervegautier.e-monsite.com



































































































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Une fois de plus, je suis les aventures d'un coiffeur. Il y a Léonard Autier (et sa modiste Rose Bertin de Frédéric Lenormand (voir la série commentée sur le blog) , et me voici maintenant en compagnie d' Adolphe Pâques qui lui aussi a bel et bien existé ( mais on ne pouvait en douter quand on sait que l'auteur est Adrien Goetz ; mais hélas c'est la première fois que je ne suis pas convaincue à cent pour cent par la lecture d'un livre de cet auteur. Ce n'est pas de sa faute, c'est le sujet qui me passionne moins…
Adolphe Pâques, « artiste coiffeur » va s'occuper de la tête De Chateaubriand - né le 4 septembre 1768 à Saint-Malo et mort le 4 juillet 1848 à Paris - de 1840 (il a alors 72 ans) à 1848, année de sa mort et il va entrer dans son intimité. Quelle chance pour lui d'avoir l'honneur de pénétrer dans l'intimité de son idole … tout du moins au début car la relation ne va pas être harmonieuse tout le temps… On va fréquenter le monde des coiffeurs qui se déplacent chez les grands de ce monde, les ducs et les duchesses… Chateaubriand voulait du désordre dans le reste de ses cheveux, Rossini pour qui le Toupet était primordial… Des hommes qui attachaient une grande importance à leur allure. On va aussi assister au début de la fin des coiffeurs à domicile et au début de la création des salons de coiffure…

C'est plein d'anecdotes, d'ironie, d'humour et on apprend ce qui se cache dans l'intimité des personnages de cette époque … Certes la face cachée est bien différente de ce que Chateaubriand montre.
Ce livre nous conte aussi l'histoire du Manuscrit des Mémoires d'Outre-Tombe qui est à elle seule une aventure …
Un moment de lecture agréable pour qui aime la littérature et l'Histoire mais auquel il manque un petit quelque chose…
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A l'instar de l'Ourika de Claire de Duras, Adrien Goetz nous fait connaître une autre Ourika, celle-là mystérieuse, débarquant un beau jour habillée en homme, imitant George Sand, dans le Paris des années 1840 sur invitation De Chateaubriand qui occupait ses vieux jours à démêler les pièces du puzzle qui constituent ses souvenirs en route pour devenir le gigantesque tableau appelé Mémoires d'outre-tombe. Mais qu'était-elle venue faire à Paris, cette fille à la peau noire au nom de Sophie Kerdal venant soi-disant de Saint-Malo ?

Adolphe Pâques, coiffeur De Chateaubriand, l'ignore, lui qui s'occupe à démêler la chevelure devenue moins abondante du grand homme, et à recréer à chaque fois avec beaucoup d'inventivité la coupe romantique du vieux ténébreux. Mais ce qu'il sait, c'est qu'il voue une passion pour l'excentrique et mystérieuse Sophie, et qu'elle sera bientôt plus que lui initiée dans le vaste projet des Mémoires d'outre-tombe. Adolphe en voulait à mort à François-rené...

Adolphe Pâques a vraiment existé, et à travers ce court roman agréable à lire nous apprenons davantage sur le processus d'écriture des Mémoires de Chateaubriand et des intrigues éditoriales autour de ce monument littéraire et historique.

À la fin du roman, l'auteur nous réserve d'ailleurs une petite surprise capillaire de la main d'Adolphe Pâques qui a survécu aux outrages du temps.
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Adrien Goetz n'est décidément pas un grand écrivain, mais j'aime bien ses romans.
En clair, il n'est pas un grand dramaturge, la psychologie des personnages n'est pas très fouillée, certaines transitions dans le construction de l'histoire sont clairement sous-développées.
Le plaisir de lire Goetz, et son talent en fait, n'est pas là.
Ses livres sont d'abord des cours d'histoire.
Ici c'est la France des années 1840 qui est décrite : Chateaubriand est le romancier et l'homme d'état dominant depuis la fin du siècle précédent.. Il prépare ses "mémoires d'outre tombe" qu'il construit comme son oeuvre maîtresse... mais qui paraitra à un moment où la France bougera tant qu'elles n'intéresseront guère.
La France bouge, les anciens chefs de cuisine des nobles d'avant la révolution ont monté les premiers restaurants, les coiffeurs s'apprêtent à ouvrir des salons de coiffure... le coiffeur de chateaubriand est fasciné par son client...
Un roman moyen, mais une belle peinture de la France de 1840, avec des détails que seul un homme de très grande culture (il est prof d'histoire de l'art à la Sorbone) peut écrire. J'ai particulièrement apprécié les notes de fin de livre, qui permettent d'entrevoir comment le roman s'est construit.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
..on m'a montré un tombeau qui s'appelle le tombeau du dernier Abencérage. Il n'a rien de remarquable;la pierre sépulcrale en est toute unie:seulement, d'après une coutume des Maures, on a creusé au milieu de cette pierre un léger enfoncement avec le ciseau. L'eau de la pluie se rassemble au fond de cette coupe funèbre et sert, dans un climat brûlant, à désaltérer l'oiseau du ciel.
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Donner l'air ébouriffé à un grand homme qui a l'habitude de rabattre sa dernière mèche sur le dessus du crâne, c'est un exploit. Il voulait toujours ressembler à son portrait par Girodet, le visage bruni par le soleil d'Orient, tête en bataille, main sur le coeur, dans les ruines de Rome. p.13
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C'est un cercueil que tu apportes et que tu remportes à chaque visite. La mort est comme toi, Adolphe, elle vient me voir et elle repart toujours. Elle reprend avec elle le coffre de bois qu'elle avait prévu d'apporter.
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Dans cette bouteille j'ai voulu rapporter un peu d'eau du Jourdain. L'eau du fleuve où Saint Jean a baptisé le Christ, une eau qui a des siècles et qui, puisque sa source coule encore, est chaque jour nouvelle.
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Je suis allé, dès mon arrivée à Paris, voir l'autre colonne de l'Empereur. Je me disais que les Mémoires de M. de Chataubriand sont sa colonne : un ruban qui monte en spirale vers une statue. Chacun de nous a sa colonne de bronze, faite avec les canons de ceux que nous avons vaincus.
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