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EAN : 9782878625561
1 pages
Editions Thélème (14/10/2009)
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3.84/5   317 notes
Résumé :
Propichtchine est fonctionnaire à Saint Pétersbourg. À travers lui se jouent toutes les conditions humaines, du pathétique à l'absurde, jusqu'à rendre floues les frontières entre le fou et le normal. Le Journal d'un fou est avant tout une histoire russe, où le héros est à la fois furieux, infiniment triste, et tendre. Ainsi le monde qu'il décrit peut exister ou n'être que le fruit son imagination.

Mêlant plusieurs genres littéraires, Le Journal d'un f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
3,84

sur 317 notes
Journal d'un fou… d'amour.
Poprichtchine, fonctionnaire au Ministère, est amoureux de Sophie, la fille du directeur qui l'ignore royalement. Les journées du non zélé conseiller titulaire sont occupées à tailler les plumes de Son Excellence et à imaginer une rencontre avec l'objet de ses fantasmes.

Comme il travaille peu ou mal - son chef de bureau ne cesse de le lui reprocher - et reste de longs moments allongé sur son lit, il a le loisir d'observer et de réfléchir, railler et critiquer tout. La canaille administration, les Juifs, les étrangers, les francs-maçons, la France, les vils artisans, les stupides finnoises, les marchands, les avoués, personne ne semble avoir grâce à ses yeux, sauf les chiens : « Je soupçonnais depuis longtemps que les chiens étaient beaucoup plus intelligents que les hommes. » Dans son délire paranoïaque, il va même jusqu'à donner la parole aux cabots et lire leur correspondance pour obtenir des informations sur sa dulcinée.

Sur le ton du comique grinçant, Gogol se sert génialement de la démence de son héros pour critiquer les privilèges sociaux d'un monde inégalitaire qui fait perdre la raison au pauvre et au misérable, sans la possibilité d'un amour rédempteur. C'est une vision, noire et pessimiste, sinistre même de la société russe et de l'âme humaine, et très émouvante.
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Ayant beaucoup aimé « le manteau » et « le nez », j'avais très envie de continuer à explorer l'oeuvre de Nikolaï Gogol et je n'ai pas été déçue du voyage.

Voir ce fonctionnaire commencer à interpréter les actes des autres, à entendre parler les chiens, sombrant peu à peu dans un délire de type psychotique, avec des éléments de dépersonnalisation est jubilatoire.

On voit le raisonnement basculer peu à peu ; au départ, on a un homme obsessionnel, dans sa façon de tailler ses plumes ou classer ses documents, avec un journal tenu scrupuleusement qui commence le 3 octobre. Les dates deviennent farfelues après le 8 décembre.

Cela donne par exemple An 2000 puis, 43e jour d'avril ou 86e jour de Martobre. Entre le jour et la nuit et on arrive à : Jo 34e ur Ms nnaée. 349 reirvéF…

A mesure qu'on avance, il n'est plus le petit fonctionnaire, brimé par sa hiérarchie, mais pense être le roi d'Espagne, son délire se structure, la persécution infiltre le raisonnement, le contact avec la réalité s'estompe, tout est sujet à interprétation.

Il est un amoureux aigri et se croit aimer en retour, tenant des propos sur la femme qui ne manque pas piquant : « La femme est amoureuse du diable. Oui, sans plaisanter. Les physiciens écrivent des absurdités, qu'elle est ceci, cela… Elle n'aime que le diable. »

le dialogue avec les chiens est savoureux, (notamment la scène où il va dérober, dans la corbeille du chien les billets écrits par celui-ci), tout comme ses élucubrations sur sa prise de fonction comme roi, ou sa perception de l'asile qu'il croit être son palais.

Nikolaï Gogol a très bien montré les limites floues entre la raison et la folie, comment on bascule insensiblement vers le délire psychotique.

Tout au long du récit, on trouve des réflexions extraordinaires, des perles de lucidité : « L'Anglais est un grand politique. Il essaie de se faufiler partout. Tout le monde sait que, quand l'Angleterre prise, la France éternue. »

J'ai beaucoup aimé cette nouvelle et j'ai du mal à en parler, les mots me manquent, peut-être la peur de déformer la pensée de l'auteur… j'aime son univers, ici on n'est plus dans la drôlerie du « Nez », on a franchi une frontière, on est passé de l'absurde à la folie et Nikolaï Gogol sait très bien en parler. On remarque, au passage, l'attrait qu'exerce le nez chez cet auteur…

Note : 9/10
Challenge 19e siècle
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Préambule : Ne savait pas que Gogol était né en Ukraine. Je l'ai lu en pensant qu'il était Russe. La liste, extrêmement utile des écrivains ukrainiens, fait référence à lui. En ces temps difficiles, mieux vaut suivre Chrystèle, @horde du contrevent, et parler de Gogol, quelque soit sa nationalité.

Le journal d'un fou, 58 pages, est génial en ce que nous, lecteurs, sommes prêts à voter pour la santé mentale du héros. Il se rend compte de l'intelligence des chiens, qui communiquent entre eux, par écrit, de plus.
En revanche, la fille de son patron, quand elle s'exprime, chante comme un canari. Elle lui plait bien, cette jeune femme, mais il n'a pas le manteau adéquat, juste une vieille capote démodée.
Car il a beau être de noble origine, il a beau être entouré de la bienveillance particulière du Directeur, il a beau tailler des plumes à ses supérieurs, il a beau revoir
et vérifier les paperasses qui s'accumulent, en fait… il est pauvre.
Or les fonctionnaires sont des cochons. Ils s'entassent comme des chiens, aussi bêtes que des paysans et lui le Conseiller d'Etat, leur fait envie.
Les autres, c'est des jaloux de son destin prestigieux.

Alors, il sait que non pas seulement des châteaux en Espagne l'attendent, mais en plus, que c'est le titre vacant de roi d'Espagne qui lui est offert. ( jamais une femme ne pourrait prétendre à régner, tout le monde est bien d'accord sur ce point)
Malheureusement, l'Inquisition a encore frappé, la bêtise du directeur, les antiques rites d'adoubement de la chevalerie, la légèreté des rois qui n'ont pas encore aboli certaines coutumes ancestrales n'arrangent rien. En France, c'est pire, de source certaine le mahométanisme a gagné tous les esprits.

Nous retrouvons avec bonheur les thèmes du manteau élimé ( merci Chrystèle) , dont Dostoïevski aurait dit : « Nous sommes tous sortis du Manteau de Gogol » et des nez (merci ODP31 ) qui sont partis sur la lune, après que le chien qui sait écrire, cet ignoble animal, pour un peu, lui mange le nez ! Et en plus de la hiérarchie imbécile qui ne va quand même pas lui arracher sous le nez les grades qu'il mérite !

Pas de souci l'Espagne l'accueille.
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Quelle nouvelle porte mieux son titre que celle-ci ?

Dans "Le Journal d'un fou", le génial Gogol déploie une nouvelle fois tout le mordant de son humour et toute la précision de sa plume lumineuse. On lui en voudrait presque de nous faire sourire et rire au spectacle de la folie, celui-là même qui devrait plutôt exciter notre compassion et susciter notre retenue. Mais comment en vouloir au talent ?

***ALERTE SPOILER***
Très brève, ce nouvelle parue en 1835 se découvre donc sous la forme du journal de Poprichtchine, un fonctionnaire russe. Ce récit chronologique gagne en incohérence au fil des jours et place le lecteur dans le cerveau dérangé de ce rond-de-cuir vain et oisif qui s'entiche de la fille de son directeur, entend des conversations entre chiens, vole et lit la "correspondance" de la chienne de compagnie de sa dulcinée et finit par se prendre pour le roi d'Espagne avant d'être interné à l'asile.

A travers ces quelques pages sans fioritures, on ressent de façon de plus en plus poignante le malaise qui englue cet esprit dérangé. Gogol a sciemment choisi le personnage d'un insatisfait incapable de faire aboutir ses révoltes intimes et qui se plaint de son chef, de son directeur, de sa fonction, de l'administration qui l'emploie, de ses concitoyens, de la politique, etc. et semble relancer par son comportement l'éternel débat : est-ce la société qui rend l'homme fou ?

Un texte marquant, servi par une plume superbe.

Challenge PETITS PLAISIRS 2014 - 2015
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Pour moi, c'est une relecture. C'est le seul texte de Gogol a être écrit à la première personne ainsi que sous la forme d'un journal. le narrateur est un tout petit fonctionnaire, un noble cantonné à un tout petit emploi de bureau. Bref, un personnage typique dans la prose de Gogol, mais le seul que l'on observe, en quelque sorte, de l'intérieur. Au début tout paraît normal, il se plaint beaucoup de sa situation, injuste d'après lui, il est amoureux de la fille du directeur du Ministère. Mais très vite tout déraille, il commence à entendre des chiens parler, et en peu de temps sa folie s'amplifie : il se prend pour le roi d'Espagne. Les dernières pages, écrites dans un asile psychiatrique, sont de plus en plus déconnectées de toute réalité et complètement absurdes.
Ecrite en 1835 et regroupée plus tard par l'auteur avec quatre autres nouvelles (Le portrait, le nez, le manteau, La Perspective Nevski) sous le titre de Nouvelles de Saint-Pétersbourg, ce récit perd beaucoup, à mon goût, à être lu isolément. Vraiment, découvrir ce personnage à côté des fonctionnaires du Nez et du Manteau, que j'ai hélas un peu oubliés, serait préférable à cette lecture isolée et lui donnerait sans doute plus de sens. C'est cependant intéressant, la folie du héros fait souvent sourire et tourne parfois à des scènes qui relèvent du fantastique.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Notre directeur est certainement un homme très intelligent. Tout son cabinet est garni de bibliothèques pleines de livres. J'ai lu les titres de certains d'entre eux : tout cela, c'est de l'instruction, mais une instruction qui n'est pas à la portée d'hommes de mon acabit : toujours de l'allemand ou du français. Et quand on le regarde : quelle gravité brille dans ses yeux ! Je ne l'ai jamais entendu prononcer une parole inutile.
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Tout ce qu'il y a de meilleur au monde échoit toujours aux gentilshommes de la chambre ou aux généraux. On se procure une modeste aisance, on croit l'atteindre, et un gentilhomme de la chambre ou un général vous l'arrache sous le nez.
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Ce n'est pas parce qu'il est gentilhomme de la chambre qu'il lui viendra un troisième œil au milieu du front. Son nez n'est pas en or, que je sache, mais tout pareil au mien, au nez de n'importe qui ; il lui sert à priser, et non à manger, à éternuer, et non à tousser.
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Quel jour somme-nous ? Jeudi ? Ah oui, jeudi. J’avais presque oublié que Jeudi n'était pas un jour comme un autre. La preuve : il revient chaque semaine, sans en manquer une seule. C’est exaspérant ! Et ce foutu jeudi dure vingt quatre heures, pas une de moins. Ce qui fait mille quatre cents quarante minutes, et quatre vingt six mille quatre cents secondes.
C’est long, c’est très long, surtout vers la fin. D’autant que, ce jour là, à chaque instant, je me pose la question : aller en enfer ou sortir du paradis ? Maintenant ou plus tard ? D’habitude, je choisis : ni l’un, ni l’autre ! Pour moi les chemins de la connaissance ne mènent nulle part.
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Quels fripons nous sommes, nous autres, fonctionnaires ! Ma parole, nous rendrions des points à n'importe quel officier ! Qu'une dame en chapeau montre seulement le bout de son nez, et nous passons infailliblement à l'attaque !
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Pour en savoir plus : http://ateliershenrydougier.com/moscou.html Lire un extrait : https://fr.calameo.com/books/005553960838d5c676209 A commander en ligne : https://www.interforum.fr/Affiliations/accueil.do?refLivre=9791031204802&refEditeur=155&type=P
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Que l'on m'apporte mon ..........?............. Les soirées sont fraîches à Saint Petersbourg, et voyez- vous... d’ailleurs... selon moi... je le crois encore bon... sauf un peu de poussière... Eh ! sans doute il a l’air un peu vieux... mais il est encore tout neuf... seulement un peu de frottement... là dans le dos...

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