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EAN : 9782266026260
Pocket (09/09/1998)
3.83/5   9 notes
Résumé :
Peut-être avez-vous entendu parler de Sir Robert Redgauntlet du domaine du même nom, qui vivait dans ces parages avant les années de disette.
La contrée gardera longtemps son souvenir et nos pères avaient le souffle coupé quand ils entendaient prononcer son nom. Il avait fait campagne contre les montagnards écossais à l'époque de Montrose et en 1652, il se battait de nouveau dans les hautes terres avec Glencairn, aussi lorsque le roi Charles II monta sur le t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Introduction générale & préface : Jacques Goimard & Roland Stragliati

ISBN : 2266003356

Dieu ! Voici l'un des livres les plus vieux de ma bibliothèque Presse-Pocket, avec un antique numéro d'ISBN et une couverture somptueuse - je préfère les couvertures de toute la série chez Pocket que chez Omnibus, qui a repris depuis lors l'anthologie. Même sur BDFI, je n'ai pu retrouver le nom de l'illustrateur qui, pourtant, mériterait d'être cité. Alors, si vous avez un tuyau ...

Il s'agit, comme vous vous en doutez, d'un recueil de nouvelles dont le thème central est la hantise sous toutes ses formes. L'ensemble s'achève par une courte bibliographie des écrivains cités dans ce livre, parmi lesquels Dickens, Ann Bridge et Edith Wharton. Que dire d'autre sans vous dire tout, ou presque, de ce recueil qui reste, à mon sens, l'un des meilleurs de la collection, avec "Histoires de Cauchemars" et "Histoires d'Aberrations" ?

Le thème du fantôme et de la hantise n'est pas facile à traiter. Il ne suffit pas de planter une maison au beau milieu de nulle part, avec deux à trois meurtres inexpliqués qui se sont déroulés là-dedans il y a un ou plusieurs siècles, semer quelques "Hooooooooou !" lugubres par-ci, par-là, faire claquer des portes qui, en principe, sont condamnées depuis belle lurette et animer de lugubres et évanescentes silhouettes à une fenêtre ou dans l'entrebâillement d'une porte pour obtenir un résultat concluant. Comme Shirley Jackson l'a magnifiquement prouvé dans son oeuvre tout entière et en particulier dans "Hill House" ou comme Dickens, celui qui nous a fait tant rire avec Mr Pickwick, Sam Weller et Mr Micawber et tant épuiser de Kleenex devant les malheurs de David Copperfield ou de la petite Nell, dans des nouvelles comme "Le Signaleur" (incluse dans le recueil), le fantôme et la hantise peuvent se décliner sur des tons bien multiples et plus subtils les uns que les autres. En fait, pour résumer, on pourrait dire qu'un authentique écrivain abonné, périodiquement ou non, à l'épouvante, se doit d'avoir, dans sa partie, l'oreille musicale ...

Il y a le ton Pouchkine, avec son immortelle "Dame de Pique", nouvelle d'une profonde finesse psychologique parce qu'elle met en scène non seulement un officier obsédé par le jeu et capable des pires bassesses pour obtenir la martingale qui le rendra riche à jamais, mais aussi une pauvre demoiselle de compagnie dont il se sert pour atteindre à ce but. La fin, très sobre, laisse entendre un ricanement étouffé mais ironique qui raisonne encore à nos oreilles du XXIème siècle.

Il y a le ton Wharton, avec "La Sonnette", où le conflit mari / épouse est toujours présent et où l'auteur n'est pas loin de donner raison à la femme adultère, sauvée à la dernière minute par l'intervention de sa domestique pourtant décédée. Wharton était une mondaine mais aussi une révoltée perpétuelle contre une condition féminine que lui imposa de subir l'époque de sa naissance et qui lui gâcha un grand pan de son existence. Même dans le fantastique, elle parvient à nous faire passer son message féministe avant l'heure - du vrai féminisme, s'entend.

Il y a aussi, et j'aurais dû le citer en premier car il se fait entendre en premier, le ton Dickens, tout à la fois onirique et réaliste, qui nous fait une peur bleue avec son "Signaleur", nouvelle ultra connue des amateurs parce que fréquemment reprise dans les anthologies. Ces rails, ce tunnel, ce signaleur qui s'inquiète et qui, en définitive ... Mais chut ...

Il y a l'incomparable et très recherchée Ann Bridge dont je ne connais que peu de nouvelles fantastiques traduites en notre langue. L'une est "L'Accident" que Roger Caillois a répertoriée dans le premier tome de son "Anthologie du Fantastique". L'autre, c'est "La Limousine Bleue", que vous trouverez chez Goimard et Stragliati, et qui vous transportera d'aise par la finesse psychologique et l'horreur sentimentale qu'elle suppose. L'action se situe dans Le Quartier des Légations, dans le Pékin impérial du début du XXème siècle - Bridge avait elle-même épousé un diplomate - et en fait d'héroïnes, il y en a trois : Mrs Bolwby, la femme inconnue dont elle perçoit les paroles et ... la limousine bleue. Cette nouvelle est un petit bijou.

De Robert Hichens, on citera l'incontournable "Comment l'Amour S'Imposa Au Professeur Guildea", nouvelle qui ne frappe pas de prime abord lors d'une première lecture mais qui, peu à peu, étend son emprise sur le lecteur, lequel finit par la lire et la relire avec une infinie délectation. le professeur Guildea est un sceptique qui ne croit ni en Dieu, ni en Diable, ni en la bonté, ni en la méchanceté et encore moins à l'amour. Il va s'en retrouver incomparablement puni ...

Inquiétante, instillant un effroi insidieux, la nouvelle de Rosemary Timperley, "Harry" symbolise le cauchemar de toute mère adoptive, très attachée à son enfant et qui se la voit retirée par quelqu'un qui, incontestablement, a plus de droits sur elle - quelqu'un qu'elle ne pourra évidemment pas poursuivre car il n'est plus de ce monde.

Comment oublier "Le Taureau", de Rachel Hartfield, que je n'ai lu qu'une fois et que je passe toujours parce qu'il y est question d'un animal qui souffre ... et qui finit par se venger, ne vous inquiétez pas. Et, bien sûr, on ne saurait passer sous silence "La Balle de Tennis", de Mario Soldati, dont l'ambiance lugubre, mortifère et hypnotique confère à cette nouvelle une qualité exceptionnelle et vous laisse, dans le dos mais aussi dans l'air qui vous entoure, toute une foule de frissons inexpliqués ...

En plus classique, on trouvera "La Maison du Juge", de Bram Stoker, petite fantaisie atroce que son auteur a certainement pris un grand plaisir à rédiger et deux ou trois autres textes, dont "Le Ministère Public" du Français Charles Babou et un conte de Sir Walter Scott. Ainsi que le fameux "Troisième Orteil du Pied Droit" d'Ambrose Bierce, très repris lui aussi dans les anthologies du genre.

Un volume de qualité, que tout amateur se doit d'avoir sur les étagères de sa bibliothèque. C'est parfois si délicieux de se faire peur ... ;o)
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Le fantôme, étymologiquement parlant est un fantasme. C'est une production de la fantaisie de l'homme. La littérature s'en est donc, naturellement, emparée.
"Les fantômes ont été créés quand le premier homme écouta dans la nuit".
Le mort tend à revenir sur les lieux qu'il habitait, il les hante.
Tout le problème est de savoir pourquoi ils reviennent : ils ont quelque chose à dire, à faire ou parfois reviennent pour annoncer l'avenir.
Et c'est une véritable "géographie" des fantômes qu' entreprend ce recueil.
Il contient quinze nouvelles passionnantes, signées par autant d'auteurs prestigieux.
Charles Dickens nous offre le premier texte. "Le signaleur" est une nouvelle résolument moderne. Elle a pour cadre l'Angleterre au temps de la révolution industrielle. Deux hommes se prennent mutuellement pour un spectre, mais seul l'un des deux percevra la révélation, sorte de gesticulation muette, qui prendra tout son sens avec l'épilogue.
Puis Edith Wharton, la plus française des grandes femmes de lettres américaines nous éclaire la scène d'un curieux ballet dansé par un fantôme : celui de l'éternel trio du mari, de la femme et de l'amant. le tout orchestré sur une partition puritaine jouée dans la haute société anglo-saxonne.
Et les textes s'enchainent "le blanc et le noir" d'Erckmann-Chatrian, "l'histoire de Willie le vagabond" de Walter Scott, "la balle de tennis" de Mario Soldati, "le taureau" de Rachel Hartfield, "Harry" de Rosemary Timperley, "La limousine bleue" d'Anne Bridge, "la dame de pique" d'Alexandre Pouchkine, "le troisième orteil du pied droit" d'Ambrose Pierce, "Comment l'amour s'imposa au professeur Guildéa" de Robert Hitchens, "le ministère public" de Charles Rabou, "la maison du juge" de Bram Stoker, "les gardes-frontières" de H.R. Wakefield et "celui qui se faisait appeler Schaeffer" par Yves et Ada Rémy.
Au final ce recueil ambitieux transforme son pari, en ajoutant aux textes passionnants et judicieusement choisis, une préface et des introductions intelligentes et érudites.
Ce volume ouvre, je crois, les premières pages d'une anthologie thématique de huit volumes consacrée au genre fantastique.
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Hasard, je vous le jure, j'ai pioché ce recueil de nouvelles spécial « fantômes » durant les jours qui précèdent Halloween. Je connaissais la série « Histoires de... » dans le genre science-fiction. J'ignorais jusqu'à l'achat de ce livre que cette collection a accueillit le fantastique.

J'aime bien les recueils de nouvelles. C'est l'occasion de découvrir de nouveaux auteurs, de nouvelles visions. Dans cette anthologie, Jacques Goimard nous propose des textes très anciens écrit au XIXe et XXe Siècles. Ces écrits nous feront voyager à travers l'Angleterre, l'Écosse, la France, l'Italie, la Russie et bien sûr les États-Unis d'Amérique. « L'histoire de Willie le vagabond » de Walter Scott nous embarque même au temps des rois. le thème évoqué est bien évidemment celui du fantôme, il est ici narré sous forme fantastique, sans épouvante ni horreur.

Ce recueil est de qualité et il y en a pour tous les goûts. Certaines nouvelles m'ont plutôt ennuyé, surtout « La limousine bleue » (Ann Bridge). En revanche, j'ai été émerveillé par celle d'Edith Wharton (« La sonnette ») ainsi que le récit de Robert Hichens (« Comment l'amour s'imposa au professeur Guildea ») – pas trop aimé la fin –, immergé par « Le taureau » (Rachel Hartfield). le talent de Charles Dickens nous a donné un honnête texte (« Le signaleur »). Toutefois, la meilleure nouvelle est celle de Bram Stoker – connu pour son célèbre « Dracula » – (« La maison du juge »).

Une première bonne immersion dans cet anthologie du Fantastique, m'a convaincu de trouver d'autres volumes. J'ai très envie de découvrir l'univers de Bram Stoker et Joseph Sheridan le Fanu (absent ici, mais qui d'après Roland Stragliati a inspiré Bram Stoker).
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Charles Dickens : Le Signaleur

Citation :
[...] ... - "Je suis maintenant résolu, monsieur," commença-t-il, en se penchant vers moi dès que nous fûmes installés et me parlant presque à voix basse, "à ne pas vous laisser me demander une seconde fois la cause de mon trouble. Je vous ai pris hier soir pour quelqu'un d'autre. C'est là ce qui me trouble.

- Cette confusion ?

- Non, cette autre personne.

- Qui est-ce ?

- Je n'en sais rien.

- Quelqu'un qui me ressemble ?

- Je l'ignore, je n'ai jamais vu son visage, qu'il cache toujours avec son bras gauche, tandis qu'il agite le bras droit. Il l'agite violemment. Comme ceci."

Je suivis des yeux son mouvement. C'était le mouvement d'un bras gesticulant avec une véhémence et une intensité extrêmes, comme pour dire : "Pour l'amour du Ciel, écartez-vous !"

- "Un soir, au temps de la pleine lune," me dit notre homme, "j'étais assis dans ce coin, quand j'entendis une voix s'écrier : "Hé : Vous là-bas !" Je me levai d'un bond, je regardai dehors et je vis cette autre personne debout, sous le signal rouge qui est près du tunnel : son bras était agité du mouvement que je viens de vous montrer. Sa voix semblait rauque, à force d'avoir crié, et elle hurlait : "Attention ! Attention !", puis de nouveau : "Hé ! Vous là-bas ! Attention !" Je ramassai ma lanterne, la tournant du côté du verre rouge, et m'élançai vers cette personne en criant : "Que se passe-t-il ? Qu'est-il arrivé ? Où est le danger ?" La personne se tenait juste à l'entrée du tunnel obscur. En m'approchant, je m'étonnai qu'elle persistât à se cacher les yeux avec son bras. Je courus jusqu'à elle et j'étendais la main pour la saisir par la manche et lui découvrir le visage quand elle disparut.

- Dans le tunnel ?" demandai-je.

- Non. Je poursuivis ma course et avançai de cinq cents mètres encore, dans le tunnel. Je m'arrêtai alors et, élevant ma lanterne au-dessus de ma tête, je pus voir sur les parois les chiffres qui indiquent les distances. (...) J'envoyai un message télégraphique aux deux postes les plus voisins. "J'ai été alerté. Y a-t-il quelque chose d'anormal ?" Des deux côtés, on me répondit : "Tout va bien." ... [...]
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Mario Soldati : La Balle de Tennis

Citation :
[...] ... - "Volontiers," acquiesça Mme Fiorini, surprise de ce que ma requête avait d'inattendu et de dérisoire. "Mais mon tennis est dans un état déplorable ...

- Que Diable ! Bassani n'est pas une Coupe Davis. Il sera très content de jouer avec ceux qui jouaient là-haut tout à l'heure. Et puisqu'ils y jouaient, il y jouera toujours aussi bien qu'eux ...

- Mais que me dites-vous là ? Personne n'a plus joué sur ce court depuis ... depuis ... peut-être quarante ans ! Vous n'avez donc pas vu dans quel état il est ?"

Guido était tout près de moi. Il me pressa le bras et ne le lâcha plus. Je n'eus pas le courage de répondre à Mme Fiorini ni celui de me tourner vers Guido. Celui-ci, après un court instant et avec son petit rire acerbe et contenu, répliqua :

- "Et pourtant, madame, je puis vous assurer que tout à l'heure, alors que nous nous promenions dans votre parc, nous avons vu quatre personnes qui jouaient sur le court.

- Impossible !" trancha sèchement et presque grossièrement Mme Fiorini.

Et là-dessus, elle se tourna vers d'autres invités qui l'attendaient pour prendre congé, les accablant d'un déluge de compliments. ... [...]
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Peut-être avez-vous entendu parler de Sir Robert Redgauntlet du domaine du même nom, qui vivait dans ces parages avant les années de disette.
La contrée gardera longtemps son souvenir et nos pères avaient le souffle coupé quand ils entendaient prononcer son nom. Il avait fait campagne contre les montagnards écossais à l'époque de Montrose et en 1652, il se battait de nouveau dans les hautes terres avec Glencairn, aussi lorsque le roi Charles II monta sur le trône, qui plus que le seigneur de Redgauntlet jouit de ses bonnes grâces ?
Il fut fait chevalier à la cour avec la propre épée du roi ; et, prélatiste enragé, il arriva ici, rugissant comme un lion, avec un brevet de lieutenance - et de démence aussi, autant que j'en puisse juger - pour anéantir les Whigs et les Covenantaires de la région......
(extrait de " l'histoire de Willie le vagabond", nouvelle du volume paru aux éditions "Presses Pocket" en 1977)
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