Le dernier coup de Kenyatta

Écrit en prison en 1975, ce roman noir, très noir, se lit d'une traite tant il prend le lecteur à la gorge sans jamais lui laisser le temps de souffler. Une histoire de drogue, de neige déferlant sur la ville de Detroit, fleuron de l'industrie automobile, sinistrée à l'issue du premier choc pétrolier. Principales victime de ce trafic juteux, tenu par quelques personnes haut placées, bien blanches sur elles et dotées de solides protections au sein de la police locale : une population noire victime du chômage de masse. Kenyatta, colosse dont on ne saura pas s'il s'agit de son nom ou d'un pseudonyme, est à la tête d'une organisation désireuse de nettoyer la ville de ce fléau destiné à détruire ses frères de couleur. Ses méthodes sont expéditives, n'hésitant pas à torturer et tuer pour ce qu'il estime être la bonne cause. La police le recherche et confie une enquête à un couple de détectives, noir et blanc. Ceux-ci vont rapidement comprendre qu'on leur demande en fait de débarrasser la ville d'une organisation jugée dangereuse pour la bonne conduite des affaires. Tel est le point de départ de cette double traque, aux multiples péripéties, de Detroit à Las Vegas en passant par Los Angeles, qui va faire au passage de nombreuses victimes et déboucher sur un final aussi grandiose que tragique. Donald Goines, dans une écriture efficace, brosse le portrait cruel d'une société ayant perdu tous ses repères. À déconseiller aux personnes déprimées, mais terriblement excitant…