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Critique de Ellane92


Suite à un accident d'avion, une vingtaines de jeunes garçons anglais, scolarisés et bien élevés, se retrouvent livrés à eux-même sur une ile perdue. Dès le départ, l'un de ces jeunes, un peu plus dégourdi ou un peu plus chanceux que les autres, trouve une conque, dans laquelle il souffle, sonnant ainsi le regroupement autour de lui de tous les rescapés. Assez rapidement, élu démocratiquement, il devient leur chef, et commence, à l'aide d'autres garçons dont il est proche, à organiser la vie sur l'ile : les priorités vont à la construction de cabanes pour protéger du froid les plus jeunes, au roulement de "gardiens" pour entretenir le grand feu allumé pour attirer l'attention d'éventuels secours, au ravitaillement en fruits comestibles dont l'île ne manque pas, etc...
Mais suivre un règlement, prendre soin des plus jeunes, garder le feu... tout cela ne plait pas forcément à tous les enfants, et un autre "grand", qui n'aime pas obéir, bientôt rejoint par de nombreux autres, crée un autre camp, régi par aucune loi, excepté l'obéissance exclusive et immédiate à son chef sous peine de sanction expéditive et punitive. Mais une fois les limites levées, la folie furieuse et vengeresse s'installent sur l'ile...

Sa majesté des mouches est un classique de la littérature anglaise, cité en référence dans de nombreux livres, et que j'avais envie de lire depuis pas mal de temps.
J'ai été un peu déçue par la première partie du livre, assez "plan plan" il faut le dire, avec son écriture un peu "vieillote" et un contenu très axé "littérature jeunesse". Cette première partie ne tient pas de la "robinsonnade" : ce n'est pas la survie de ces jeunes livrés à eux-mêmes qui est en jeu, on n'a pas vraiment l'impression qu'ils sont en danger, ou qu'ils pourraient mourir de faim sur cette île somme toute accueillante. Cette première partie laisse la part belle aux relations qui se tissent entre les jeunes, à leurs réflexions, à leurs actions, mais aussi à leurs frustrations. Passé la première centaine de pages, le livre prend une toute autre dimension, et l'on se met à craindre pour ces jeunes (ou en tout cas, une partie d'entre eux), non pas tant des dangers liés à leur situation, mais de celui que représente la force brute et sauvage que chacun porte en soi libérée des contraintes sociales. Et l'auteur n'hésite pas à ébranler le lecteur en poussant à son paroxysme la barbarie infantile !
Sa majesté des mouches est un superbe roman d'atmosphère : Golding n'a eu aucune peine à m'immerger dans cette île, à m'effrayer avec des histoires de monstres qui respirent, la nuit, ou à sentir la folie furieuse sur le point de déborder, la violence ou l'angoisse ! le récit, la barbarie, l'angoisse, vont crescendo, et on se demande sans cesse jusqu'où il faudra aller pour que tout ceci cesse ! du coup, j'ai moins apprécié le deus ex machina de la fin, qui m'a laissée sur ma faim, justement.
Dans la description des rapports humains et leur dégradation, Sa majesté des mouches m'a parfois fait penser à L'île, de Robert Merle, pour la question fondamentale à laquelle semble répondre ces livres : est-ce dans la nature humaine de trouver toujours, dans tous les groupes, un tyran, un bouc émissaire... ? Tout le monde porte-t-il en lui un monstre qui ne demande qu'à prendre le dessus si les conditions le permettent ? La réponse de Golding est oui, et ça, ça fait froid dans le dos !
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