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Citations sur L'Art et l'Illusion : Psychologie de la représentation .. (6)

L'exemple le plus illustre de cette alliance naturelle entre l'art et la connaissance est évidemment celui de Léonard de Vinci. Quelle distance il semble y avoir entre les procédés géométriques de Villard et son lion héraldique et cette quête incessante de Léonard à la recherche du secret de la forme organique - et cependant, dans l'un et l'autre cas, il s'agit encore d`un même type de recherche qui se tourne vers les "universaux". Un exemple devrait suffire à le montrer. Léonard, à l'évidence, n'était pas d'accord avec la méthode qui était communément employée pour dessiner des arbres. Il en connaissait une meilleure. "Rappelez-vous, recommandait-il, que lorsque la branche se divise le rameau s'amincit en conséquence, de sorte que, si vous tracez un cercle autour de la couronne de l'arbre, l'ensemble de toutes les sections des rameaux devrait correspondre à l'épaisseur du tronc". Je ne sais pas s'il s'agit la d'une loi scientifique que l'on pourrait éventuellement vérifier. Il ne me semble pas à première vue qu'elle soit tout à fait exacte. Mais cette remarque de Léonard revêtait une importance considérable en tant que suggestion sur la "façon de dessiner les arbres". En formulant cette sorte de loi de la croissance, il donne à l'artiste la formule de représentation de l'arbre et il peut encore avoir l'impression d'être lui-même le créateur, "Seigneur et Maître de toutes choses", qui connaît les secrets de la nature, et qui saura "créer" des arbres, comme il espérait pouvoir créer un oiseau qui sache voler.
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Dans l'œuvre d'Uccello, la présence du schéma se fait encore très fortement sentir. On dirait qu'il a d'abord réalisé une maquette de bois pour obtenir géométriquement les raccourcis de l'éloignement. Mais l'artiste de la Renaissance, qui désirait que sa scène soit librement peuplée de toutes sortes de personnages et d'êtres animés, ne pouvait se fier à des méthodes aussi manifestement indirectes. Il lui fallait améliorer sa connaissance des universaux et acquérir la maîtrise de la structuration des choses, afin d'être capable de les visualiser dans n'importe quel contexte spatial.
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Penser, c'est toujours différencier, classer. Toute perception se réfère à des expectatives, et en conséquence, à des comparaisons.
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S'il ne peut y avoir de vision sans interprétation, il faudra en conclure que tous les modes d'interprétation seront également valables.
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le monde que nous voyons est une construction lentement édifiée par chacun de nous, au cours de longues années d'expériences.
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Il se trouve que j'ai eu moi-même l'occasion, au cours de la dernière guerre, d'étudier cet aspect de la perception dans des conditions assez éprouvantes. J'ai servi pendant six années dans les services d'écoute de la B.B.C., où la tâche confiée à notre consistait à écouter constamment les émissions des postes radios alliés ou ennemis. C'est dans ces circonstances que j'en vins à me rendre compte de l'importance que revêt la projection dirigée pour la compréhension des formes symboliques. Certaines émissions, qui présentaient pour nous le plus grand intérêt, étaient souvent à peine audibles ; ainsi ce fut bientôt tout un art, voire une compétition sportive, que d'interpréter ces quelques bouffées de vocables sonores qui constituaient en fait tout ce que nous avions pu capter sur les disques enregistreurs. C'est alors que nous avons pu comprendre à quel point ce que nous pouvons entendre se trouve influencé par nos connaissances et par ce que attendons. Pour entendre ce qui se disait il nous fallait savoir ce qui pouvait se dire. Plus précisément, nous choisissions, d'après ce que nous pouvions savoir des possibilités éventuelles, certaines combinaisons verbales que nous nous efforcions de projeter sur la trame des bruits entendus. Le problème comportait deux éléments distincts : il fallait envisager les possibilités existantes et faire montre d'esprit critique. Celui qui était incapable de maîtriser son imagination, qui pouvait entendre, comme disait Léonard de Vinci, "n'importe quel vocable dans la sonorité des cloches", ne pouvait pas jouer ce jeu de façon correcte. Il fallait utiliser toutes ses facultés de projection, envisager sans cesse des alternatives nouvelles, tout en étant prêt à reconnaître l'échec. Une fois que l'attente s'était précisée et que la conviction s'était fermement établie, la conscience de l'activité d'écoute disparaissait, les bruits semblaient d'eux-mêmes découvrir leur emplacement pour former les mots attendus, et c'était là une expérience singulièrement frappante. La puissance de cette effet de suggestion nous paraissait telle que nous avions pris pour règle de ne jamais faire part de notre interprétation au collègue auquel nous demandions de bien vouloir la vérifier. L'attendu est toujours créateur d'illusion.
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