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EAN : 9782260006275
210 pages
Julliard (01/09/1989)
4.17/5   12 notes
Résumé :
En prenant ce train qui filait vers le sud, le jeune homme partait conquérir le monde. Il avait vingt-trois ans, fuyait la mine, la silicose et la mort. Là-bas, il trouverait du travail, et bientôt Maria et l'enfant le rejoindraient.
Mais un long calvaire l'attend sous ce soleil tant désiré. Petits métiers misérables, rencontres malchanceuses... Il devra bientôt se mettre à genoux pour faire l'aumône, sous l'oeil gêné et indifférent des passants.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'apprenais il y a peu qu'Agustin Gomez Arcos avait été un des écrivains favoris du président François Mitterrand. Quel drôle de destin pour cet homme né près d'Alméria et choisissant l'exil en France après la censure franquiste de ses pièces de théâtre : « Espagnol en France, il était étranger dans son propre pays ». Abandonnant sa langue maternelle pour celle de son pays d'adoption, il avait avec une forme d'évidence abordé le sujet du franquisme, mais aussi celui de la condition des femmes ou de l'homosexualité. Agustin Gomez Arcos était un écrivain politique, sans conteste et sans concession. L'homme à genoux ne fait pas exception…

Dans une Espagne post-franquiste, l'espoir renaît. L'économie se relance grâce au tourisme et nombreux sont ceux qui quittent le nord du pays pour rejoindre le sud. Ainsi, le jeune homme du roman fait le choix de laisser femme et enfant dans leur village minier pour rejoindre une ville côtière et y faire sa place au soleil. le projet est simple : trouver un travail, un logement et faire venir ses proches, un projet motivé par son rejet absolu de la mine qui lui déjà pris trop de proches.
Le désappointement, doublé de malchance, se mue en infortune, l'amenant à se retrouver un jour à genoux, derrière une pancarte indiquant : « Mes frères, je n'ai pas de travail - Mère, femme et enfant sont restés au village - le besoin me met à genoux devant vous - pour demander l'aumône –Merci ». Et là, durant ces longs moments d'immobilité imposée, son esprit part et vagabonde, au gré de ses souvenirs des moments heureux de sa vie d'avant, quand il était jeune fougueux et fier. Debout.

Lire ce roman n'est pas tâche aisée : dur et poignant, l'écriture d'Agustin Gomez Arcos est franche, directe, parfois brute. Mais toujours la poésie est présente pour nous faire oublier toute cette noirceur. Car de l'espoir, il y en a peu, ou du moins, pas pour tout le monde dans cette Espagne qui émerge des ténèbres.
Agustin Gomez Arcos nous parle de liberté et d'aliénation : Franco n'est plus, mais les Espagnols sont-ils libres pour autant ? Pas tous. Pas vraiment les petits, les pauvres et les miséreux. Pas plus les gentils, les tendres et les naïfs. Pas dans cette société de consommation en devenir. C'est la narration d'un asservissement qui succède à un autre, sous une autre forme mais tout aussi violente, voire plus de part son cynisme.

Il est parfois des lectures nécessaires.
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Une histoire somme toute hélas d'une banalité confondante mais terrible : un pauvre diable quitte femme et enfant pour échapper à la menace de la mine qui vient de dévorer son ami de coeur, et plus. Direction le sud de l'Espagne. Hélas l'eldorado n'est pas au rendez-vous et, de petits boulots misérables en rencontres glauques, il se retrouve contraint à la mendicité.
Echo avec la situation de Ana Non qui elle aussi traverse l'Espagne (elle, pour revoir son fils), mais tandis qu'elle, malgré les terribles difficultés qu'elle rencontre, garde son amour-propre et son but, ce « jeune homme » subit son environnement, s'accrochant à ses souvenirs pour planche de salut, et sombre…
Néanmoins l'auteur ne fait pas dans le misérabilisme ou le sentimentalisme, en revanche, toute sa compassion pour les pauvres et sa tolérance envers les faiblesses humaines, les échecs, explosent.

Décidément Agustin Gomez-Arcos ne me déçoit jamais. J'aime sa liberté de ton, son écriture d'une beauté brute, cette façon qu'il a de heurter l'intolérable et la beauté.
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je connais le silence des agneaux que j'ai adoré et il me tarde de lire celui ci
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La dame parfumée semble avoir entendu l'agenouillé. Elle dit : « Vous m'avez l'air d'être propre comme un sou, mon garçon. J'approuve la propreté. Un pauvre propre n'est pas un mendiant professionnel, sa pauvreté est bien réelle. Je ne regrette pas de lui porter secours. Il doit y avoir une semaine que vous faites l'aumône. Je me suis aperçue que vous ne sentez pas l'aisselle, quand vous tendez la main. C'est admirable, transpirant comme vous le faites sous ce soleil de justice. Oui, votre propreté me plaît. Je suis sûre qu'elle vous vient de l'âme. Quand on a l'âme propre, la pauvreté n'est pas feinte. Ni méritée. Ce qui m'amène à exercer sans regrets la charité, comme le Christ et l’Église nous le conseillent. Oh, n'allez surtout pas pleurer, je vous prie ! Je ne vous parle pas comme ça pour vous émouvoir. Vous tenez votre rôle de miséreux avec la même dignité que d'autres le rôle d'évêque, de P.-D.G., de maréchal. Soyez-en fier. (...) »
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Il essaie de se donner encore une possibilité de rêve. Ou de rêver. Mais tout en lui dénonce l'exclu, à commencer par sa pancarte. Pliée en quatre, elle cache le message qu'elle lance le reste du temps, mais ne réussit pas à dissimuler les auréoles suspectes de la chiasse des pigeons, de la pisse des chiens, plus dénonciatrices que la matraque du gendarme ou la phrase du gamin, le montrant du doigt : " Maman, c'est ça un pauvre? " Ils sont si nombreux les pauvres désignés par "ça", que les mamans ne se donnent plus la peine de répondre.
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Depuis qu’il est à la merci de la charité des autres, il sent qu’il n’a plus les mêmes droits qu’eux. Ses droits ont rapetissé. Exemple : pour se laver les mains, se rafraîchir le visage, et pourquoi pas pour boire ? Il se tient à côté, pudiquement, et attend que les passants aient fini de se désaltérer. Pareil pour les trottoirs. Surtout s’ils sont étroits. Il s’assoit sur les bords, cède le passage, même aux chiens.
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De nos jours, la charité dépend des femmes d’un certain âge, d’une certaine aisance. Malheureusement, leurs beaux sacs ne recèlent que de la petite monnaie. Si petite qu’elles mettent un bout de temps à la trouver. Ça s’égare facilement, les piécettes ; ça disparaît sous les mouchoirs brodés, poudriers, trousseaux de clés, boîtes à pilules, chapelets.
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Se mettre à genoux est la pire des morts. Peu importe : à la vie comme à la guerre. Il ne compte pas ces pièces. Ne les regarde pas. Ne les touche pas. Madame Ramona le lui a conseillé : "Ne pas faire sentir aux gens l'urgence de la misère. Ni son avidité. Un pauvre n'a pas de droits. Pas même celui de calculer ce que vaut l'aumône."
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