Publié sensiblement à la même époque qu'
Illusions perdues, le roman de Gontcharov évoque également les affres et désillusions auquel un jeune homme de province va être confronté en montant faire son apprentissage à la capitale. le rapport s'arrète là, car quand
Balzac insère son oeuvre dans La comédie humaine, description au scalpel des enjeux et conflits sociaux de l'époque, le propos de Gontcharov est essentiellement existentiel.
Alexandre, porté par le souffle de ses élans d'âme, résolu à démarrer à Saint Petersbourg une vie extraordinaire où la consécration de l'écrivain talentueux va aller de pair avec un amour éternel avec une jeune fille dans les mêmes dispositions romantiques que lui, va se heurter à l'ordinaire de la vie : son talent d'écrivain sera reconnu... pour la rédaction de notice de produits agricoles – avec un début de carrière prometteur à la clé – et la jeune fille pure et vierge avec laquelle des serments d'amour passionnés vont conduire à un mariage de conte de fées... changera d'avis à l'apparition du premier galant expérimenté venu.
Tombant de ses nuages dans les 2 cas, incapable d'accepter d'exister tout simplement une vie ordinaire, Alexandre passe à l'extrème inverse, le syndrome
oblomov (un aperçu de ce qui sera le coeur du prochain roman de l'auteur et son plus célèbre).
Je vous passe la suite de cet apprentissage, le plus intéressant étant le rapport avec l'oncle qui l'accueille à son arrivée dans la capitale, rapport d'une subtilité psychologique qui contribue à la grandeur et à la modernité de ce roman.
Un chef d'oeuvre qui n'a pas pris une ride tant le thème est éternel et l'écriture digne des plus grands romans du XIXème siècle.