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Fortunato Israël (Traducteur)
EAN : 9782264046444
373 pages
10-18 (19/03/2008)
3.73/5   26 notes
Résumé :
Istanbul, 1836. L'eunuque Hachim, réputé pour son flair et sa discrétion dans toute la ville, mène l'enquête pour le compte du sultan Mahmud II. Les corps de quatre officiers de l'armée sont retrouvés dans différents lieux de la capitale ottomane. Une jeune femme du harem royal a également été assassinée. Derrière cette série de meurtres barbares, Hachim découvre l'ombre des terribles janissaires, confrérie sanguinaire dont les exactions terrorisèrent Istanbul avant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Les éditions 10/18 présentent ce roman comme un roman policier, ce qui est, à mon sens, une erreur. Je le qualifierai plutôt de roman historique, agrémenté d'une pointe de policier.
L'auteur est un spécialiste de l'Empire ottoman, et cela se sent. Les descriptions de la ville et de ses habitants, des marchés, des rues, des bains, du harem, et bien d'autres encore, nous plongent dans cette époque. En se perdant dans ce livre, on se perd aussi dans la ville d'Istanbul du XIX° siècle. Et, par moment, cela devient un peu trop. Il faut vraiment s'accrocher, et il m'est arrivé de me perdre entre tous les personnages et les différentes intrigues.

Car oui, si le personnage principal est bien Hachim, autour de lui gravite un nombre insoupçonné de personnages. Et même si leur rôle n'est pas toujours fondamental ou qu'ils ne font que de (très) brèves apparitions, les explications n'en sont pas plus courtes.
D'un autre côté, si ces explications étaient absentes, comprendre cette histoire serait bien difficile. Je ne connais pas spécialement l'histoire de la Turquie, alors elles étaient les bienvenues. Mais parfois, il devenait compliqué de comprendre où voulait en venir l'auteur. Souvent, ce n'est que bien après que j'ai compris le pourquoi d'une explication s'étalant sur trois pages et a priori sans intérêt pour l'intrigue.

Revenons sur l'intrigue. Hachim est appelé par le seraskier, le chef de la Nouvelle Garde, pour enquêter sur la disparition de quatre jeunes officiers dont les corps sont retrouvés au quatre coins d'Istanbul dans d'étranges mises en scène. Dans le même temps, le sultan lui confie le soin d'enquêter sur le meurtre d'une jeune femme du harem. Et parce que tout cela était trop simple, la Validé-sultane, mère du sultan et alliée précieuse, lui demande (disons plutôt, ordonne poliment) de retrouver ses bijoux, hideux peut-être mais offerts par Napoléon I° lui-même, qui lui ont été volés.
On suit donc Hachim dans ces trois enquêtes qui n'ont a priori aucun lien entre elles. La plus importante semble être celle confiée par le seraskier, car notre détective est en plus soumis à un délai pour la résoudre. Mais l'amitié de la Validé est inestimable. Dilemme, dilemme... Pourquoi ne pas tout faire en même temps ? Et confondre un peu plus les lecteurs qui ont déjà bien du mal à tout suivre...

Je me montre peut-être injuste, mais pendant ma lecture, je me suis souvent demandée si je voulais vraiment lire ce livre maintenant et si le reposer pour le reprendre quand j'aurai plus de temps ne serait pas une meilleure idée. Mais j'ai persévéré, et en le refermant, je ne l'ai pas regretté (même s'il m'a fallu bien plus de temps que je ne le croyais pour arriver à la dernière page).
Alors, à ceux qui veulent se lancer, je dirais seulement : "Accrochez-vous et ne baissez pas les bras !" Ce livre vaut la peine d'être lu, mais ne vous attendez pas à un roman policier au rythme haletant. Imaginez plutôt une balade paresseuse dans les rues d'Istanbul au XIX° siècle avec un Turc comme guide pour vous raconter les secrets de cette ville, et vous ne serez pas déçu.
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Des officiers de la nouvelle garde sont retrouvés assassinés dans des conditions atroces. Une jeune femme du harem est étranglée. La sultane validée se fait dérober ses bijoux. Trois affaires qui s'entrecoupent et qui inquiètent le sultan, un reversement du pouvoir serait-il en préparation? Hachim, eunuque réputé pour son flair, est chargé d'enquêter.
L'enquête avance lentement, très lentement. je dois avouer que j'ai mis un peu de temps à me mettre dans l'histoire. Très vite, l'enquête (ou plutôt les enquêtes) devient secondaire et on se laisse embarquer dans la visite d'Istanbul : les rues grouillantes de monde, les odeurs, les couleurs, les monuments ... Une vraie balade qui réjouit les sens. On sent que l'auteur est un spécialiste (peut-être même un passionné) de l'histoire byzantine. Ce livre donne envie d'en savoir plus sur l'histoire de l'empire ottoman. Quant à l'enquête, elle utilise des ressorts assez traditionnels et n'apporte rien de nouveau au genre. J'ai eu l'impression que l'enquête était un prétexte.
"Le complot des janissaires" est le premier livre d'une série dont Hachim sera le personnage récurrent.
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Une lecture agréable, un petit polar historique qui passe comme une lettre à la poste, même en anglais.

D'ailleurs je ne sais si polar est le mot qui convient. Il y a un côté enquête certes, mais aussi un côté complot-espionnage sur fond historique. Bref c'est assez différent de ce à quoi je m'attendais en commençant le livre aussi bien dans le genre que dans l'ambiance. (Je pensais trouver quelque chose de plus... oriental)

L'un dans l'autre j'ai passé plutôt un bon moment mais le livre ne m'a pas vraiment marquée.
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Istanbul à l'heure de la modernité mais le passé semble ressurgir avec la mort atroce de quatre officiers de la nouvelle garde. Hachim, eunuque lettré est chargé de l'enquête ainsi que du meurtre d'une jeune fille dans le harem.
L'auteur, fin connaisseur de l'Empire ottoman nous entraine dans le Istanbul du milieu du 19e siècle avec ses tours, ses odeurs, ses intrigues au palais ou politiques. Beaucoup de volupté, de mystère avec en toile de fond les Janissaires....

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Agréable et bien écrit, un polar historique qu'on a plaisir à lire mais j'ai trouvé l'intrigue très alambiquée.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
D'une chiquenaude Hachim délogea un grain de poussière de sa manchette.
- Autre chose, marquise, murmura-t-il. (Elle le regarda sans sourciller.) Les papiers.
La marquise de Merteuil laissa échapper un petit rire.
- Flûte ! Monsieur Hachim, dépravation n'est pas un mot que nous reconnaissons à l'Académie. (Jouant de son éventail, elle lança d'une voix sifflante :) C'est un état d'esprit.
Hachim sentait déjà son rêve s'effriter.
La marquise avait tiré de son décolletage un papier dont elle usait comme d'un petit marteau pour tapoter sur la table. Il regarda de plus près. C'était un vrai.
Toc, toc, toc.
Il ouvrit les yeux et regarda alentour. Le château de Merteuil se dissipa sous la lueur de la bougie. Des ombres inquiétantes surgirent des rayons chargés de livres et des coins de la pièce. Il s'agissait plutôt d'une pièce et demie dans une maison d'Istanbul divisée en appartements, où Hachim vivait seul. L'édition en cuir des Liaisons dangereuses avait glissé sur son giron.
Toc, toc, toc.
- Evet, evet, grommela-t-il, j'arrive. (Il mit une cape sur ses épaules, enfila des babouches jaunes puis se dirigea d'un pas traînant vers la porte.) Qui est-ce ?
- Un page.
«Plutôt rassis pour l'emploi», se dit Hachim en faisant entrer dans la pièce sombre le vieil homme malingre. Le brusque courant d'air affola l'unique bougie. Deux ombres engagées dans un combat de boxe se mirent à danser sur les murs jusqu'au moment où, d'un coup de dague, la silhouette du page trans­perça son adversaire. Hachim prit le rouleau de papier et jeta un coup d'oeil sur le sceau. De la cire jaune.
Avec le pouce et l'index il se frotta les yeux. Quel­ques heures plus tôt, il scrutait encore l'horizon téné­breux, cherchant dans la bruine des lumières et le rivage. La flamme vacillante de la bougie lui rappela le balancement d'une autre lampe dans une cabine, là-bas en haute mer, lors des tempêtes hivernales. Le capitaine était un Grec au torse bombé, avec une taie sur l'oeil et une allure de pirate. À cette période de l'année, la mer Noire était traîtresse. Mais il avait eu malgré tout de la chance de trouver à s'embarquer. Même aux pires moments de la traversée, quand le vent hurlait dans le gréement, que les vagues fouettaient le gaillard d'avant, qu'il s'agitait et vomissait sur sa petite couchette, Hachim s'était dit que tout valait mieux qu'attendre la fin de l'hiver dans ce palais en ruine de Crimée, cerné par les ombres de cavaliers intrépides, rongé par le froid et la grisaille. Il lui fallait rentrer au pays.
De son pouce, il brisa le sceau d'un coup sec.
L'odeur de la mer dans les narines et le sol se déro­bant encore sous ses pieds, il tenta de se concentrer sur le texte calligraphié.
Il soupira et mit de côté le document. Au mur était vissée une lampe qu'il alluma avec la bougie. Les flammes bleutées montèrent lentement de l'étoupe cal­cinée. Hachim remit en place le verre et tailla la mèche jusqu'au moment où la lumière incertaine devint jaune et stable. Peu à peu, la pièce tout entière se trouva éclairée.
Il reprit le parchemin que le page lui avait donné et le déroula.
Salutations, et cætera. Au bas, il vit le paraphe du seraskier, le commandant pour la ville de la Nouvelle Garde, l'armée de l'Empire ottoman. Félicitations, et cætera. Il revint au début de la lettre. L'expérience lui avait appris à déchiffrer en quelques secondes une mis­sive de ce type. L'essentiel était là, glissé parmi les civilités : une convocation immédiate.
- Eh bien ?
Le vieil homme était au garde-à-vous.
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L'approvisionnement d'une grande cité, aimait à faire remarquer le kadi, est la marque d'une grande civilisation. A Istanbul, c'était une activité qui avait été portée presque à son point de perfection par quelque deux mille ans d'expérience et l'on pouvait dire, à juste titre, des marchés d'Istanbul, qu'il n'était pas une fleur, un fruit, uns sorte de viande ou de poisson qui n'y faisait, le moment venu, son apparition.
Une cité impériale a un appétit lui aussi impérial et, durant des siècles, la ville avait ordonné à l'immense arrière-pays de lui apporter son tribut quotidien. Là où les Byzantins avaient installé leurs jardins maraîchers, aux abords de la Thrace et de l'Asie mineure, les Turcs avaient, eux aussi, cultivé des légumes. Par les deux mers, les eaux chaudes de la Méditerranée et celles, sombres et glaciales, de la mer Noire, la ville était largement approvisionnée en poisson tandis que les truites les plus douces des lacs de Macédoine lui parvenaient dans des cuves. Des montagnes de Bulgarie arrivaient plusieurs sortes de miel pour la fabrication de sucreries par les maîtres confiseurs d'Istanbul.
C'était, à tout prendre, une activité parfaitement organisée, des pâturages des Balkans aux éventaires des marchés, avec un système permanent de commandes, d'inspections, d'achats et de réquisitions. Comme tout domaine requérant une surveillance de tous les instants, celui-ci était exposé aux abus.
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[...] Chacun avait ses idées sur le harem impérial, mais c'était essentiellement une sorte de machine. Le sultan qui injectait une nouvelle recrue dans la cohorte des concubines impériales n'était que le piston central d'un moteur destiné à garantir la production continue de sultans ottomans. Les autres, eunuques, femmes, n'étaient que de simples rouages.
Les chrétiens se faisaient du harem une tout autre image. Après avoir lu certains des romans français préférés de la Validé, Hachim avait peu à peu compris que les Occidentaux en général avaient du harem une idée très romanesque et très fantaisiste. Pour eux, il s'agissait d'un lieu de plaisir sirupeux où les plus belles femmes du monde, obéissant au caprice d'un seul homme, se livraient spontanément à des ébats amoureux, passionnés et lascifs, à d'obsédantes bacchanales. Comme si les femmes n'avaient que des seins et des cuisses, mais pas de cerveau ni de passé personnel. Qu'ils rêvent à leur guise ! songea Hachim. L'endroit était certes une machine, mais les femmes avaient leur vie, leur caractère et leur ambition. Quant aux rumeurs de lubricité, c'était simplement la vapeur que rejetait la machine.
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Caprice de l'histoire, l'ambassadeur polonais avait été maintenu à Istanbul aux frais du sultan. C'était un retour au temps où les Ottomans étaient trop suffisants pour se plier aux lois ordinaires de la diplomatie européenne et n'autorisaient aucun roi ni empereur à se considérer l'égal du sultan. Un ambassadeur était, à leurs yeux, une sorte de plaignant devant la source de la justice mondiale et non un grand personnage bénéficiant d'une quelconque immunité diplomatique. C'est pourquoi ils avaient toujours tenu à payer ses factures. D'autres nations étaient parvenues à contester cette conception de la diplomatie. Mais dernièrement les Polonais ne pouvaient guère se le permettre. Depuis 1830, leur pays avait cessé d'exister, quand la dernière parcelle de terrain autour de Cracovie avait été avalée par l'Autriche.
Les appointements que recevait l'ambassadeur polonais ne semblaient pas couvrir le coût du maintien de l'ambassade elle-même, avait remarqué Hachim, mais ils permettaient au moins à Palewski de vivre dans un confort raisonnable. "Nous parlons de justice chrétienne, expliquait Palewski, mais la seule justice dont ait jamais bénéficié la Pologne a été le fait de son vieil ennemi musulman. Vous, Ottomans, vous comprenez mieux la justice que n'importe qui d'autre en ce monde !" Palewski se gardait de faire remarquer que les appointements octroyés étaient inchangés depuis deux siècles. Hachim, de son côté, ne disait jamais ce qu'il savaient tous les deux : que les Ottomans persistaient à reconnaître les Polonais à seule fin d'irriter les Russes.
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Hachim pressa les paumes de ses mains sur ses joues.
- Quand on est blessé, commença-t-il lentement, quand on a perdu quelque chose, ou quelqu'un, cela rend triste, n'est-ce-pas ? Parfois, le changement est salutaire, et parfois il donne juste envie de pleurer. Mais, quand on est jeune, il est difficile de croire à la douleur ou à la perte. Reste que la tristesse est un signe de vie. Les morts, eux, ne souffrent pas. Même ici, il y a beaucoup de tristesse. Même dans le temple de la félicité. Dans cet endroit béni. (Il s'arrêta un moment. Asoul n'avait bougé que pour frotter doucement la bague entre ses doigts.) Tu n'as besoin de rien dire, Asoul. Pas maintenant. Pas à moi. La tristesse t'appartient, à toi toute seule. Mais je veux te donner autre chose, en plus de cette bague. (Asoul leva le menton.) Un conseil. (Hachim inclina la tête, se demandant jusqu'où il pouvait aller. Ce qu'elle pouvait comprendre.) On ne peut rien changer, Asoul. La perte n'est jamais compensée, la douleur jamais complètement effacée. Tel est notre destin à nous, hommes ou femmes. L'amertume n'est pas une meilleure sorte de chagrin, Asoul. Le chagrin a sa place, mais l'amertume s'installe dans une blessure comme la gangrène. Insensiblement, peu à peu, elle vous enferme. Et finalement, même toujours en vie, vous êtes en fait déjà mort. Je l'ai moi-même constaté.
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Interview de Jason Goodwin par Barbara Peters. 1/6
Non sous-titré.
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