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EAN : 9782843376818
319 pages
Anne Carrière (23/08/2012)
3.83/5   493 notes
Résumé :
C'est au cours de l'été 1948 que Charlie Beale arriva à Brownsburg, chargé de deux valises - l'une contenait quelques affaires et des couteaux de boucher, l'autre une importante somme d'argent. Charlie y tomba deux fois amoureux. D'abord, il s'éprit de cette ville paisible de Virginie dont les habitants semblaient vivre dignement, dans la crainte supportable d'un Dieu qu'ils avaient toutes les raisons de juger plutôt bienveillant à leur égard. Une preuve parmi d'aut... >Voir plus
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3,83

sur 493 notes
Dans la petite cité de Brownsburg, en Virginie, fin des années 40, les habitants se connaissent tous, ils sont ordinaires et croient davantage aux prédictions du bon dieu qu'à leur propre conscience. La foi sied à tous comme seule bonté à vénérer. Lorsqu'arrive un vagabond, Charlie Beale n'a qu'une idée en tête, vivre heureux et vivre libre. Il tombe amoureux une première fois des terres de la Virginie qu'il acquiert comme le meilleur achat pour sa liberté. Il tombera une seconde fois en amour, pour la plus belle fille de la région, Sylvan, une jeune fille aux allures de pin up comme celle des photographies que les soldats emporteraient avec eux pour partir au front.
Ce que Charlie ignore en tombant ici amoureux, c'est la tragédie qui entoure cet amour aux contours ravageurs. Sylvan porte un lourd secret qui la rend prisonnière et la prive de sa liberté d'aimer.
Les secrets et non-dits pendent aux cous de nos deux protagonistes comme la passion et le désir les enserrent dans leur chair et leur coeur. Charlie, fou d'amour n'aura de cesse d'acheter la liberté pour sa belle sans se douter qu'une âme enchaînée traîne sa vie dans un labyrinthe sans issue.

Robert Goolrick signe un roman sur fond de drame social, sans naïveté et sans romantisme exacerbé, il plonge dans la nature humaine pour y disséquer les préjugés, les fausses convictions. Il prend un enfant de 6 ans en otage, spectateur et victime de ce qui se joue sous ses yeux innocents. Un roman audacieux où les puissants en sortent gagnants et les saints damnés...
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- pépite !

Etats-Unis, 1948. Brownsburg est une bourgade paisible et modeste de Virginie, avec ses Blancs et ses Noirs qui ne se mélangent pas mais se côtoient sans heurts. La petite ville est peuplée de gens "sans histoires" : la famille sympathique du boucher, une couturière aux doigts de fée, aussi douée pour rendre les femmes lumineuses que les marraines de Peau-d'Âne et de Cendrillon. Et puis "arrive un vagabond", Charlie. Homme sage et doux, il est vite adopté, mais perturbe involontairement cette harmonie en tombant amoureux.

Les protagonistes et leurs interactions sont brillamment dépeints, exprimant les passions et les paradoxes humains. Rêver ou vivre, vouloir plus au détriment d'un équilibre précaire mais confortable, limites de ce qu'on peut montrer et demander à un enfant, menace de l'Enfer brandie par les prêtres lorsque les événements les dépassent... Autant de sujets intéressants que l'auteur expose avec talent et finesse.

Superbe histoire d'une passion ravageuse, destructrice, d'une grande tristesse. Dit ainsi, cela semble annoncer un roman à l'eau de rose. Pensez plutôt à 'Seul le silence', pour la beauté de la plume, l'atmosphère, les personnages et la subtilité, mais aussi à 'Portrait de l'artiste en hors la loi', 'Emma Bovary'...

Intense, douloureux, magnifique.
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Une cité de Virginie à la fin des années quarante. Un nouvel arrivant. Une femme fatale.

Chronique d'un drame annoncé.

Robert Goolrick y dessine avec finesse l'existence d'une bourgade ordinaire, son rythme paisible et les discrets états d'âme de ses habitants, se focalisant en parallèle sur l'inexorable progression d'une histoire qui bouleversera irrémédiablement l'équilibre si parfait de ce tout petit monde.

Ce roman ressemble à la vie : âpre et doux, simple et complexe, et Goolrick utilise à merveille ces puissants paradoxes pour en peindre un tableau somptueusement fort et envoûtant.

Avec en intro ces quelques paroles du Boss qui résument tout...

“ It wasn't the cold river bottom I felt rushing over me
It wasn't the bitterness of a dream that didn't come true
It wasn't the wind in the gray fields I felt rushing thought my arms
No no baby, baby it was you ”

(Ce n'était pas le lit froid de la rivière qui m'emportait
Ce n'était pas la saveur amère d'un rêve jamais réalisé
Ce n'était pas le vent dans les champs qui me cinglait les bras
Non, non, c'était toi)

... impossible de résister à ce vagabond là.



Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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« Je crois à la bonté. Je crois que c'est la seule chose qui compte. La seule qui restera de nous après notre départ ».
Voilà une phrase que j'adore, à laquelle j'adhère absolument.
Je suis donc d'accord avec la femme de Will le boucher, et mère de Sam, 5 ans.

Nous sommes en 1948, et cette famille de la Virginie rurale accueille Charlie le vagabond, voulant l'intégrer à la communauté de la petite ville de Brownsburg.
Charlie est bon et ne peut provoquer que de la sympathie à son égard. Sam, en particulier, lui voue une adoration sans faille. Adoration mise à rude épreuve lors des mois qui suivent, à cause d'une certaine Sylvan, la belle blonde aux yeux verts malheureusement mariée au plus ignoble des individus…

Histoire d'amour et de bonté, sur fond de racisme, d'indifférence et de religion.
Histoire d'enfance et de confiance.
Histoire de vérité et de mensonges, de paradis et d'enfer.
Histoire tragique et belle à la fois.

Voici enfin, après deux lectures décevantes de cet auteur, le roman de Goolrick que j'apprécie énormément.
Des personnages ambivalents à la psychologie développée évoluent dans une nature apaisante.
A coup de phrases tantôt simples, tantôt poétiques, le drame se prépare à partir de rien, enfin, presque rien : un regard, une silhouette, deux rêves. Celui d'une toute jeune femme et celui d'un homme bon, du moins, qui croyait à la bonté…

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"Il y a dans cette vallée un coeur qui bat. Il est là, toujours" dit l'épilogue de cette histoire donnée pour vraie.

"Arrive un vagabond" est une tragédie -littéralement- "grecque"et transposée par l'écrivain dans la douce Virginie des années 47-50, dans ce "Deep South" du blues, des stars lointaines d'Hollywood et de la ségrégation raciale...

C'est une sorte d' apologue sur la condition humaine: comment les rêves que nous avons déterminent notre existence, et comment les secrets que nous gardons l'empoisonnent lentement mais sûrement.

Au début, il y a un homme en caravane, un bel homme, un homme seul, un vagabond au regard tranquille et franc. Charlie Beale. Un boucher, avec ses beaux couteaux bien aiguisés, le silence d'une autre vie, derrière lui et, devant lui, le désir bien ancré d'en recommencer une autre, plus chaude, plus vibrante, plus pleine.

Au début, il y a l'envie de trouver sa place, sa juste place, toute sa place. Il y a donc beaucoup d'observation, pas mal de réserve, un peu d'hésitation, et du respect.

Puis surgit l'envie d'être aimé, d'être accepté, d'être apprécié. Il y a alors autour de Charlie Beale plus de chaleur, d'échanges, de confiance et d'amitié. Il a des amis, Will et Alma, l'épicier qui l'emploie, et l'institutrice qui le devine et l'entoure de sa prévenance, il a surtout un enfant d'adoption, le petit Sam, fils de Will et Alma, qui l'appelle Beebo et le choisit pour héros,

C'est alors, alors seulement, que Charlie Beale peut faire la place aux rêves, leur donner corps: un chien fidèle qui a le nom d'un joueur de base-ball noir, une maison pleine de vieilles choses et des terres, un peu partout, parce que le Sud c'est beau, plein de bonne terre, sillonné de rivières à truites.

Choisir sa place, choisir sa vie. On pourrait s'en contenter. On pourrait s'arrêter là.

Mais choisir sa vie, tous en rêvent.

Willie et Alma, couple modèle, qui rêvent d'un monde d'accueil et d'amour où les enfants ne mentent pas et où on a toujours toujours, en bons parents, la bonne réponse à la mauvaise question.

Claudie Wiley, la petite black aux doigts de fée qui rêve d'habiller les stars, et même l'affreux Harrison Glass qui s'achète une femme sur mesure pour aller avec sa belle Cadillac et habiller sa solitude.

Et enfin Sylvan Glass, elle-même, la belle qui rêvait d'être Mary Pickford ou Lauren Bacall, et qui en voulait la garde-robe, comme on choisit un cadeau à cause de l'emballage.

Et voilà: Charlie s'est mis à rêver de Sylvan - et seulement d'elle, au point de lui sacrifier ses autres rêves - et l'enfance si tendre et confiante du petit Sam.

Le petit Sam qui rêvait, lui, de ne pas casser le rêve de Charlie.

Une chaîne de rêves qui se croisent et se marchent parfois sur les pieds, déchirés et détricotés par la réalité..

Une chaîne de secrets portés dans l'ombre impénétrable des coeurs.

Et beaucoup d'amour. Mais que peut l'amour quand les rêves, cruellement, se déchirent? Quand les secrets pèsent si lourd qu'ils ravagent et qu'ils tuent?

"Place-moi comme un sceau sur ton coeur, comme un sceau sur ton bras, car l'amour est fort comme la mort..."disent sombrement les Ecritures.

Une belle fable plus vaste, plus universelle, plus intemporelle qu'il n' y paraît. Qui fait mouche et qui bouleverse.

J'y ai retrouvé l'incroyable don de Goolrick pour parler de l'enfance, car si Charlie Beale , ce boucher sincère et passionné, m'a touchée, c'est Sam, ce petit enfant fidèle, confiant, obstinément muet, attaché à lui comme un chien à son maître, marqué dans sa vie et dans sa chair par son amitié indéfectible pour cette figure de père spirituel, qui m'a profondément bouleversée.

C'est lui, le premier et dernier narrateur de la fable, et dans sa voix, dans ses souvenirs on retrouve le narrateur de Féroces.

L'histoire n'est pas la même, et il y a indubitablement de la tendresse et beaucop de bonté dans l'amour de Charlie pour Sam, mais c'est encore une histoire d'enfance malmenée, massacrée par les passions adultes...même avec les meilleures intentions du monde.

"Oui, l'enfance est l'endroit le plus dangereux qui soit. Si l'on devait y rester toujours, on ne vivrait plus très vieux" dit Goolrick, cet éternel enfant abusé.

Un grand livre, plein de force et de profondeur.
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critiques presse (3)
Culturebox
01 juillet 2013
"Arrive un vagabond", est le récit d'une passion dévastatrice entre un homme venu de nulle part et une femme fatale enfermée dans ses rêves hollywoodiens. Amour fou auquel se trouve mêlé malgré lui un enfant de 7 ans, et tragédie qui va bouleverser à jamais une petite ville tranquille de Virginie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Bibliobs
06 juin 2013
Le puritanisme, la ségrégation et la condition féminine dans l'Amérique des années 1950 constituent la trame sociale de cette tragédie. Un grand roman sur l'enfance et la perte de l'innocence.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Liberation
03 décembre 2012
[L'auteur] dit que, dans ses livres, il revient à son enfance «afin d’essayer de préserver du mal l’enfant que j’étais». En même temps que la littérature l’aide à la surmonter, il lui faut chaque fois accepter la ruine du paradis de l’innocence.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (136) Voir plus Ajouter une citation
It wasn't the cold river bottom I felt rushing over me
It wasn't the bitterness of a dream that didn't come true
It wasn't the Wind in the gray fields I felt rushing thought my arms
No no baby, baby it was you

Ce n'était pas le lit froid de la rivière qui m'emportait
Ce n'était pas la saveur amère d'un rêve jamais réalisé
Ce n'était pas le vent dans les champs gris qui me cinglait les bras
Non, non, c''était toi.


Bruce Springsteen, "Valentine's Day"
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Je ne crois pas à l'enfer, enfin il me semble. Je ne suis même pas sûr que le paradis existe. Mais je crois à la bonté. Je crois que c'est la seule chose qui compte. La seule qui restera de nous après notre départ.
(...) L'église, c'est l'endroit où l'on va, une fois par semaine, pour réfléchir et chercher au plus profond de soi si l'on est bien ce genre de personne qu'on espérait devenir, pour mesurer la distance entre cette personne et celle que l'on est vraiment (p. 149)
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Le premier mensonge fut le plus dur, parce que c'était à sa mère que Sam mentait, et qu'il l'aimait et savait qu'elle ne voulait pas qu'il aille en enfer. Et puis, elle ne méritait pas ça, ni de lui ni de n'importe qui d'autre. Elle avait deviné qu'il mentait, il le comprit sur le champ. Et chaque mensonge était ensuite aussi clair et dur qu'une vitre en verre juste avant que le caillou ne la traverse.
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Il y avait cinq cent trente-huit habitants, et ce nombre variait rarement, les naissances équilibrant à peu près les décès.
On ne verrouillait jamais sa porte. On ne voyait jamais un chien en laisse. Par temps de neige, les enfants faisaient de la luge dans la rue. La plupart des hommes fumaient, certaines femmes aussi, qui s'y étaient mises quand leur mari était parti à la guerre.
Les Noirs, une cinquantaine d'adultes et une vingtaine d'enfants, vivaient dans de proprettes maisonnettes en bois, agglutinées pas tout à fait hors de la ville, mais pas tout à fait dedans non plus. Ils travaillaient dur et on peut dire qu'ils faisaient tourner le commerce, maintenaient les maisons impeccables, le linge frais et amidonné et les champs florissants, le tout sans un merci et pour très peu d'argent - gagné chez les Blancs et dépensé ensuite dans les boutiques des Blancs. Ils avaient leur propre église, dans un local désaffecté au bout de la rue principale, et un pasteur qui venait une semaine sur deux pour animer l'office et diriger les chants, qui duraient de dix heures du matin à six heures du soir, avec une pause pour le déjeuner.
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Charlie n'avait jamais été très sensible au charme des enfants. Lorsqu'il rêvait d'un petit à lui, il pensait que c'était plus pour la continuité que pour sa compagnie. Charlie avait été un de ces gamins pour qui l'enfance est une prison dans laquelle il attendait impatiemment d'être adulte, d'être un homme, mais Sam [5 ans] commençait à le faire changer d'avis. Prisonnier de son passé d'enfant, Charlie n'avait jamais vraiment cessé d'en être un. Avec Sam, la conversation lui était naturelle, et Charlie lui racontait les endroits où il était allé et des gens qu'il avait connus, car il savait que Sam ne répéterait rien. Il lui expliquait bien que tout ce qu'il lui disait était privé, juste entre eux, en s'assurant que le petit comprenait le sens du terme. (p. 124-125)
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